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5 Mai 2020 – Retour sur une tentative avortée de Contre-Coup d’État « juridique » de la Cour Constitutionnelle de Karlsruhe contre la BCE !!!

jeudi 4 juin 2020, par Luniterre

5 Mai 2020 – Retour

sur une tentative avortée

de Contre-Coup d’État « juridique »

de la Cour Constitutionnelle de Karlsruhe

contre la BCE !

 

En pleine « pandémie du Covid-19 », et à quelques encablures du déconfinement, l’événement est passé quasi-inaperçu des non spécialistes des questions économiques. Il a pourtant été qualifié d’événement historique exceptionnel par une grande partie des spécialistes, par contre, et pas seulement outre-Rhin. Il continue depuis de faire l’objet d’études approfondies quant à ses fondements juridiques et à ses conséquences encore possibles…

Il s’agit pas moins que d’un jugement de la Cour Constitutionnelle Allemande portant injonction à la BCE de justifier dans les trois mois sa politique de « Quantitative Easing », c’est à dire, en fait et en clair, de financement de la dette des États… Justification à défaut de laquelle la Cour de Karlsruhe intimerait donc à la Banque Centrale allemande, Deutsche Bundesbank, de se retirer du dispositif en revendant les obligations qu’elle détient encore à ce titre… (534 Milliards d’€uros…).

Bien entendu, ce « contentieux » était déjà connu des analystes, et nous n’en ignorions pas non plus l’existence, mais dans le contexte déjà défini par le revirement spectaculaire de Macron le 12 Mars, « L’État paiera, quoi qu’il en côute »(*), il nous paraissait déjà évident que l’affaire était entendue, et le Coup d’État des Banques Centrales un mouvement déjà tellement irréversible que cela ne valait guère la peine de s’attarder sur un tel épiphénomène de « résistance » d’une fraction, fut-elle importante, du capital allemand.

Depuis, si nous avons eu la possibilité d’affiner l’analyse des causes de ce revirement de la politique macronienne et européenne en général, et à l’identique, dès la même époque, pour le capital US, il s’avère que la compréhension de cette nouvelle réalité, malgré ses prémisses remontant aux lendemains de la crise de 2008, malgré son évidence chaque jour plus actuelle, échappe encore à l’immense majorité des pseudos « marxistes » et autres « analystes de gauche », prétendus « anticapitalistes », etc…

Aujourd’hui il n’est donc pas inutile de revenir sur cet événement, et s’il convient d’en relativiser la portée, c’est précisément pour souligner à quel point le caractère relatif de cette « résistance juridique » souligne le basculement du rapport de forces qui s’est définitivement opéré à l’occasion de la « crise du covid », au sein des superstructures de la classe dominante.

D’un point de vue marxiste, matérialiste dialectique, il est donc encore nécessaire de rappeler que le mouvement essentiel des transformations économiques et sociales se fait en partant de la base économique vers les superstructures administratives, étatiques et politiques.

Dans les derniers développements de nos analyses nous avons suffisamment insisté sur l’évolution des forces productives les plus modernes et sur l’influence déterminante qu’elles ont sur le déplacement des zones de pouvoir réel dans les superstructures de la société, en direction des Banques Centrales, et l’on n’y reviendra pas ici.

Ce qui est caractéristique, original et révélateur, dans cet « accroc » juridique, ce ne sont pas non plus les arguties juridiques formelles des uns ou des autres, mais derrière ce formalisme, la compréhension du rôle réel de chacun des intervenants, en ce qu’il bat en brèche les idées reçues et ressassée par nos pseudos-« marxistes » de toutes chapelles…

Contrairement à une idée notamment répandue par nos « souverainistes » et sociaux-chauvins des divers micro-partis, on voit donc bien que le capital industriel et financier allemand n’était déjà plus depuis longtemps le maître d’œuvre des politiques monétaires et financières de l’UE.

Ce qu’il a tenté à cette occasion, c’est donc bien de reprendre, et vainement, un rôle clef qui lui échappait déjà depuis des années, et en fait, surtout depuis la mise en place systématique des politiques de « Quantitative Easing » initiée après 2008, mais qui n’ont pris une ampleur décisive que depuis 2015, en UE.

Comme nous l’avons vu au cours de nos études sur le sujet, ces politiques ne sont possibles avec une telle extension qu’à l’échelle mondiale, et elles n’ont donc rien à voir avec une volonté commune spécifique des États européens. Elles sont devenues depuis 2008 la condition de survie la plus basique du capital mondial total, et même les institutions de l’UE ne sont plus, dans cette affaire, qu’un relais de la volonté commune des Banques Centrales mondiales, qui sont, dans tous les cas et dans tous ces processus, les bailleurs de fonds en dernier ressort, celui de leur capacité à créditer l’ensemble des circuits financiers et de « garantir », et le plus souvent en la « rachetant », même si indirectement, la dette des États.

Ce qui équivaut, en fait, à la financer, et c’est précisément là l’objet du contentieux soulevé par une fraction importante du capital allemand, qui n’entendait pas se laisser dépouiller aussi facilement de son reste de pouvoir, et d’autant moins qu’elle se pose encore comme l’une des forces économiques formellement dominantes dans le monde actuel.

En réalité son « heure » historique et bel et bien passée, et même avec toute sa force productive encore intacte, elle ne peut se passer de débouchés extérieurs, ce qui implique la survie des dits marchés extérieurs, survie qui est précisément au bon vouloir des Banques Centrales, et ce qui implique donc également la réalisation de cette volonté par ce qui est devenu son instrument, l’UE. Ce que s’est permis de rappeler Thierry Breton… :

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« Réponse de Thierry Breton aux juges allemands.

Thierry Breton : « sans le marché unique, les industries allemandes et néerlandaises sont condamnées »

L’avertissement de Thierry Breton : Grâce au marché unique européen, l’Allemagne réalise 50 % de ses exportations, donc s’il n’y a pas de marché unique, il n’y a pas d’industrie allemande, a déclaré Thierry Breton, le commissaire européen chargé du marché intérieur.

« Pour les Pays-Bas, c’est plus de 60%. Sans le marché unique, leur industrie va mourir », a-t-il renchéri dans une interview accordée aux chaînes grecque MEGA TV et portugaise Expresso.

« Le marché intérieur ne peut être maintenu si nous ne sauvons que quelques industries d’un ou deux États membres. Nous sommes tous dans le même bateau et pour nous, ce bateau c’est l’Europe », a-t-il souligné. (Sarantis Michalopoulos, Euractiv.com) »

https://www.euractiv.fr/section/lac…

http://www.economiematin.fr/news-th…

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Et comme on le voit dans les différents extraits de presse collectés à la suite, il est clair que la Cour de Karlsruhe vise bien la BCE comme pouvoir responsable de cette situation, et non les institutions de l’UE, qui n’en sont plus qu’un rouage et un paravent prétendument « juridique » qui n’est justement rien de plus qu’un paravent.

La « contre-attaque » venant de la « commission européenne » et de la « cour de justice européenne » montre qu’elles se posent d’elles-mêmes comme interfaces d’un « droit » qui est d’abord et avant tout celui décrété par la BCE, et non pas une sorte de « droit communautaire » qui émanerait « démocratiquement » des États européens. Un « droit » nouveau dans ses applications, sinon dans ses formes, et auquel la plupart n’ont pas d’autre choix que de se plier, dont la France de Macron, le petit chien servile de tous les puissants de ce monde, et guère davantage pour la fraction allemande de Merkel, qui lui a emboîté déjà le pas, même si en tortillant quelque peu pour ne pas perdre tous ses électeurs.

Entre les différentes strates de la bourgeoisie s’est opérée une nouvelle hiérarchisation, déjà depuis 2008, en réalité, mais qui s’est donc définitivement confirmée à l’occasion de cette « crise du covid ». Le statut d’ « indépendance » des Banques Centrales a définitivement cessé d’être une fonction de « régulation » formellement « neutre » pour devenir une force de direction économique, sociale et politique, et en dernière analyse, celle du pouvoir politique réel dans le monde du XXIe siècle.

Que cela plaise ou non, s’il est aussi solidement établi, c’est bien parce qu’il est, comme on l’a vu au cours des récents débats et des analyses qui en ont découlé, le reflet superstructurel de l’évolution profonde des forces productives les plus modernes.

Ceux qui prétendent encore lutter contre le système de domination de classe sans tenir compte de cette réalité perdent leur temps, leur énergie, et gaspillent celle de ceux qu’ils entraînent encore avec eux.

Luniterre

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2020/06/04/5-mai-2020-retour-sur-une-tentative-avortee-de-contre-coup-detat-juridique-de-la-cour-constitutionnelle-de-karlsruhe-contre-la-bce/

( * Verbatim Macron - 12/03/2020 https://tribunemlreypa.files.wordpr… )

A la suite, sur TML, et ici en doc PDF, une revue de presse des principaux extraits significatifs de la grande presse économique sur le sujet, et encore à la suite, quelques liens vers des études juridiques plus spécialisées sur cette question.

Et d’abord, pour ceux qui ne nous ont pas encore suivi, quelques liens récents vers les analyses et débats parus sur TML :

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2020/05/28/quel-avenir-dans-le-monde-post-covid-pour-lupr-et-les-autres-micros-partis-sociaux-chauvins-prcf-etc/

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2020/05/31/quel-avenir-dans-le-monde-post-covid-pour-lupr-et-les-autres-micros-partis-sociaux-chauvins-prcf-etc-une-suite-au-debat/

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2020/05/24/critiques-du-concept-de-coup-d-etat-mondial-des-banques-centrales-une-reponse-en-7-points/

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2020/05/21/la-croix-et-la-banniere-ou-le-coup-detat-des-banques-centrales-pour-les-archi-nuls/

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COUR CONSTITUTIONNELLE DE KARLSRUHE - CONTRE BCE

EXTRAITS DE PRESSE

https://tribunemlreypa.files.wordpress.com/2020/06/cour-de-karlsruhe-contre-bce-extraits-de-presse.pdf

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Dans quelques décennies, les historiens, s’il en existe encore, ce qui n’est pas certain, étudieront le procès "Cour de Karlsruhe contre BCE" comme un événement particulièrement significatif, non pour l’impact qu’il aura eu, mais précisément pour le contraire et pour le tournant que cela représente d’ores et déjà dans l’histoire des rapports économiques et sociaux au sein de la civilisation humaine du début du IIIe millénaire…

Quelques traces pour l’Histoire…

http://institut-thomas-more.org/2020/05/20/portee-juridique-et-politique-des-decisions-de-la-cour-de-karlsruhe/

https://www.franceculture.fr/economie/cour-de-karlsruhe-contre-bce-un-combat-politique-plus-que-monetaire

__https://www.leclubdesjuristes.com/blog-du-coronavirus/que-dit-le-droit/la-bce-et-la-cour-constitutionnelle-allemande-comprendre-larret-du-5-mai-de-la-cour-constitutionnelle-allemande/

http://blog.juspoliticum.com/2020/05/13/larret-bce-tension-dans-la-relation-de-cooperation-entre-la-cour-constitutionnelle-federale-et-la-cour-de-justice-de-lunion-europeenne-par-ruth-weber/

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