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Bulletin n° 351 - semaine 35 - 2017
LE DRIAN
DE
LA FREGATE AU PAQUEBOT DE CROISIERE *
*****
Les liens étroits entre
le secrétaire général de l’Elysée Alexis Kohler et la compagnie maritime
italo-suisse MSC dont il a assuré la direction financière de 2016 à 2017 jusqu’à son installation à l’Elysée ne
se sont pas desserrés.
En témoigne la récente visite
de M. Le Drian au port de Marseille. Le Ministre des affaires étrangères et de
l’Europe n’a pas de compétences particulières ni d’attributions spécifiques en
matière portuaire. Il avait en apparence d’autant moins de raisons de
s’intéresser aux activités portuaires à Marseille que sa collègue Madame
Elisabeth Borne, en charge du secteur, avait effectué une visite détaillée du
port au début du mois d’Aout
M Le Drian est venu à Marseille
pour s’occuper du développement des croisières maritimes activité où la
compagnie maritime MSC occupe une place importante.
Le marché méditerranéen de la croisière est le second du monde après celui des
Caraïbes, la majorité des croisières se déroulent en Méditerranée occidentale
et Marseille bien que nettement dépassé comme port d’escale par Barcelone et
Civitavecchia (le port de Rome) occupe un rang honorable de 3° ou 4° au coude à
coude selon les années avec Naples et Venise.
Promouvoir la croisière à
Marseille, objectif grand public de la visite repris à son compte par le
nouveau président du Conseil régional le marseillais Renaud Muselier (LR) revient à promouvoir les intérêts de
MSC.
Le plan initial MACRON KOHLER
visait à introduire MSC dans le capital du chantier de St Nazaire STX France
pour empêcher les italiens d’y détenir la majorité. La mise vente par
l’armateur coréen STX de sa filiale française et du chantier de Saint Nazaire
avait conduit l’équipe Hollande-Valls à rechercher de nouveaux actionnaires.
Personne ne s’était présenté à part le groupe public italien FINCANTIERI, fine
fleur de la construction navale italienne tant pour le secteur civil que pour
le secteur militaire et le gouvernement français avait finalement accepté
l’arrivée de deux nouveaux actionnaires italiens FINCANTIERI pour 48 %
accompagné d’un fonds de placement italien portant le nom trompeur mais
conforme à la législation italienne de FONDATION (CTR TRIESTE) pour 7 %. Les analystes financiers
pensaient que la dite « fondation » dont le siège à Triste est voisin
de celui de FINCANTIERI était en fait un faux nez de FINCANTIERI. Les intérêts
italiens prenaient donc la majorité du capital de STX France.
Sitôt au pouvoir MACRON et
KOHLER profitant du lancement à St Nazaire du dernier né de la flotte MSC, le
MSC Meraviglia remettaient publiquement en cause l’opération conduite par
Hollande dans les dernières semaines de son mandat et annonçaient qu’ils
voulaient un partage du capital 50/50 entre la France et l’Italie. Annonce très
mal reçue en Italie qui a déchainé la presse économique et financière italienne
contre la France accusée d’arrogance, le
gouvernement restant lui-même plus discret mais clairement opposé en principe
au partage 50/50. L’Elysée profitant du fait que FINCANTIERI n’avait pas encore
racheté les actions de STX France a fait jouer une disposition des accords
initiaux qui permettaient à la France de bloquer temporairement l’opération
avant règlement du litige. Cela s’est fait sous la forme d’une NATIONALISATION
TEMPORAIRE de STX RANCE garantie par un
dépôt de fonds du Trésor public français dans la caisse de STX France. Le sujet
sera le principal sujet du traditionnel sommet annuel franco Italien qui se
tiendra fin Septembre et promet d’être houleux. Noter au passage que le grand
capital financier quand il contrôle étroitement le pouvoir politique peut
utiliser l’outil NATIONALISATION dans des batailles bancaires ce qui n’a
évidemment aucun rapport avec le contrôle collectif des moyens de production
Dans cette partie de poker
financier international l’équipe MACRON KOHLER dispose de la carte MSC. MSC,
gros client du chantier de Saint Nazaire et très satisfait de son fournisseur,
garantit pas ses commandes nombreuses de très gros navires de croisière déjà signées l’activité du chantier pour au moins les 5 ou 6 ans à venir et
l’Elysée verrait bien MSC rentrer au capital de STX France pour appuyer
l’actionnaire français NAVAL GROUP nouveau nom de la DCNS. La question qui peut
se poser est de savoir si et jusqu’où la
compagnie italo suisse, siège à Genève mais capital entre les mains d’une
famille italienne, est prête à jouer le
jeu de MACRON contre l’Italie.
La visite inattendue de
Monsieur Le Drian à Marseille est un élément de réponse. En effet le Ministre
des Affaires étrangères était accompagné et soutenu dans sa démarche de soutien aux croisières à Marseille par le
porte parole du lobby international des armateurs de croisières et président de CLIA (lobby des croisiéristes
opérant sur le marché français) un certain Ermino Eschena qui se trouve être
aussi directeur des affaires institutionnelles et des relations industrielles
pour le groupe MSC , autant dire son Ministre des Affaires étrangères.
M. Le Drian est donc venu :
1- pour le grand public et le
patronat marseillais continuer à faire croire que les escales de navires de
croisière sont une mine d’or pour l’économie locale. Cette affirmation est
largement contestée : le croisiériste qui chaque jour change de port ne
dépense pas des sommes folles à chaque escale pendant les quelques heures qu’il
passe à terre d’autant plus qu’il est fortement sollicité aussi à bord. La croisière,
leurre agité depuis plusieurs années ne peut masquer la difficulté structurelle
des ports français et de Marseille en particulier qui provient de la
désindustrialisation de la France et du déséquilibre persistant du commerce extérieur
– la France importe plus qu’elle n’exporte - aggravé ces dernières semaines par
la remontée du cours de l’Euro face au dollar. Mais sur ce sujet de fond,
l’équipe Macron-Philippe est bien peu loquace. Soutenir l’activité CROISIERE c’est inscrire encore plus l’économie
portuaire et l’économie nationale dans l’ « INDUSTRIE » du divertissement,
synonyme pour la majorité des emplois qu’elle crée de bas salaires, de travail
au noir, de creux saisonniers et de précarité, c’est une sorte de
DISNEYLANDISATION de l’économie nationale.
2- pour démontrer que le
gouvernement français soutient MSC et que Marseille peut être et va se donner les moyens
de devenir la tête de pont des croisières MSC en Méditerranée. Bien
conseillé par Monsieur Eschena dont le groupe a pour ambition de ravir la
première place des armateurs de croisière opérant dans les ports français à son
confrère italien COSTA Le Drian a lancé
quelques idées pour attirer à Marseille la clientèle croisiériste : ouvrir
des vols directs vers l’aéroport de Marseille depuis la Chine et les
Etats-Unis pays cibles des armateurs,
créer à Marseille un colloque international sur la croisière, bref et pour le dire simplement prendre
la place de Barcelone comme port d’embarquement initial favori des
croisiéristes car au lieu de passer quelques heures à terre au cours des
escales suivantes, le passager croisiériste (nom commercial : PAX) peut arriver la veille de son embarquement ,
dormir à l’hôtel , diner au restaurant, bref dépenser plus que dans les autres
ports.
Jean Yves Le Drian, à qui on
attribue le rare mérite d’avoir vendu à l’étranger des RAFALE considérés
jusqu’alors comme invendables, continue
sa carrière d’agent commercial pour un nouveau produit et inscrit son action
dans une opération où le grand capital italien affronte le grand capital
français dans « la meilleure Union Européenne
possible ».
- Voir sur ce
sujet notre bulletin 345 sur le blog http://comaguer.over-blog.fr