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Les labos auront-ils la peau de De Simone ?

mercredi 23 septembre 2020, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 23 septembre 2020).

Le professeur Claudio De Simone est un spécialiste mondialement reconnu du microbiote intestinal. Au début des années 2000, il a mis au point un mélange de probiotiques qui s’est révélé efficace dans le traitement de certaines maladies. Compte tenu des récentes découvertes, cette thérapeutique révolutionnaire est un marché phénoménal, les grands labos l’ont bien compris et se sont appropriés les recherches de De Simone… La bataille devant les tribunaux fait rage, qui gagnera ?

Le professeur De Simone est entré en résistance :

« Embêter un vieux comme moi qui est persuadé d’avoir raison, c’est une mauvaise idée. C’est plus dangereux que de s’attaquer à un jeune homme, car gagner contre mes adversaires, c’est désormais ce qui me maintient en vie. »

En effet, à 69 ans, Claudio De Simone n’a pas le temps de prendre une retraite pourtant bien méritée et s’il parcourt la planète, ce n’est pas en touriste, il réalise un tour du monde des tribunaux. De Rome à Séoul, de Londres à Bombay, il défend non pas ses intérêts mais celui des patients contre les attaques en règle des grands labos qui ont choisi de mettre sur le marché un ersatz de son médicament. Tout avait pourtant bien commencé. Jeune gastroentérologue, le professeur italien, qui n’est pas encore un citoyen vaudois, se passionne presque par hasard pour l’immunologie cellulaire, ce qui au début des années 80 était une science encore en balbutiement. C’est la combinaison de ces deux spécialités qui l’entraîne à faire une découverte majeure : les bienfaits des bactéries vivant à l’intérieur du corps. À l’époque, les vertus du « microbiote », cet ensemble de bactéries, virus et champignons vivants dans l’organisme, n’avaient pas encore été découvertes. Le professeur De Simone était donc un pionnier en la matière. Flairant la bonne affaire, la plus grande société pharmaceutique italienne, Sigma-Tau l’approche et lui propose de mettre au point un probiotique destiné à lutter contre les inflammations intestinales.

Un succès médical, scientifique et commercial

Ce sera fait avec le VSL#3, un mélange de probiotiques composé par De Simone : 8 souches, 450 milliards de bactéries. Au début des années 2000, cette formulation est une révolution. La presse scientifique montre son engouement, pas moins de 200 publications dans ces médias spécialisés et des recommandations internationales. Les patients atteints de colite ou de pochite guérissent sans avoir à subir de traitements lourds. D’un point de vue commercial c’est également une bonne affaire. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Mauvais deal

Sauf que, les laboratoires pharmaceutiques se fichent pas mal du meilleur des mondes, ils pensent en termes de bénéfices et non pas en termes d’intérêt des patients. Le VSL#3 coûte cher à produire, Sigma-Tau propose à De Simone de réduire sa formulation pour augmenter les marges. Cette proposition ne passe pas et le professeur se sépare de Sigma-Tau, devenu après sa mise en bourse Alfasigma. Toutefois l’entreprise reste propriétaire du VSL#3 et elle est libre de continuer à le produire.

Publicité mensongère

Mais ça se corse pour Big pharma. Très avisé, car probablement très au fait des pratiques douteuses de ces grands labos, De Simone n’a jamais divulgué sa formulation précise. Alfasigma et sa filiale aux États-Unis ne peuvent donc pas utiliser les publications scientifiques, les recommandations internationales et les mêmes arguments de vente, puisque le probiotique ne peut être identique. C’est pourtant ce qu’elle fait.

Partie de ping-pong

Pour ne pas que les patients soient floués, De Simone a commercialisé à nouveau la formule initiale sous les marques Vivomixx ou Visbiome. Alfasigma est furieux et attaque devant les tribunaux. Le professeur réplique et s’en remet aussi à la justice. La partie de ping-pong tourne en sa faveur. Un tribunal du Maryland inflige 18 millions de dollars d’amende à trois sociétés qui utilisaient injustement la formule de son ancien partenaire. Fort de cette jurisprudence, les patients ayant utilisé la formule tronquée lancent une class action…

La partie est loin d’être terminée, les labos disposent d’une armada d’avocats et de moyens conséquents pour faire plier le pionner des probiotiques. Mais De Simone ne lâche rien. « Embêter un vieux comme lui » est une bien mauvaise idée…

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