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Sous la terreur « pandémique » un front uni de Résistance est-il possible ?-(II)

vendredi 20 novembre 2020, par Luniterre (Date de rédaction antérieure : 19 novembre 2020).

Reçus, de M. Bibeau, cette question :

« Est-il vrai que la défense des droits démocratiques en société capitaliste incombe à la classe ouvrière ennemie de ce mode de production moribond ??? »

Et cet « Edito » :

« Il faut se réjouir que la petite bourgeoisie intellectuelle se lève pour défendre son droit de parole – d’opinion et d’expression dont elle est si fière (HOLD UP : https://les7duquebec.net/archives/259667) Elle a compris cette petite bourgeoisie de la pensée, des médias, de la recherche, de la science, de la santé qu’elle sera la prochaine victime de cette répression au « complotisme » patentée – de cette oppression au « conspirationnisme » alambiquée – de cette aliénation de classe comme la petite bourgeoisie des affaires et des services qui ploie déjà sous le poids de la crise économique systémique.

Faire taire les soi-disant »complotistes » est devenu un impératif pour les États totalitaires qui n’ont d’autres choix que d’ordonner la paupérisation et la prolétarisation de cette couche sociale pléthorique dont le système mondialisé n’a plus besoin : https://les7duquebec.net/archives/259989

Nous saluons le courage de ceux et celles qui mettent leur carrière en péril pour faire barrage à la vague de répression totalitaire orchestrée par les larbins politiciens aux ordres du grand capital mondialiste terroriste et véritable comploteur : https://les7duquebec.net/archives/259709

N’oublions pas cependant que pendant que « l’intelligentsia » petit bourgeoise débat la plume (le clavier – la caméra – le micro) à la main, le prolétariat internationaliste résiste le pavé à la main pour défendre ses conditions de travail, ses moyens d’existence et ses besoins humains fondamentaux, attaqués par le Capital surarmé et tenté par le totalitarisme sanitaire avant la guerre : https://les7duquebec.net/archives/259748.

PROLÉTAIRES DU MONDE ENTIER UNISSEZ-VOUS CONTRE LE CAPITAL MONDIAL ! »

Robert Bibeau

Or, même si cela n’est pas formalisé, ces questions s’inscrivent donc dans ce qui doit logiquement être le débat nécessaire sur le début de révolte de la petite bourgeoisie et des « classes moyennes », tel que nous lui avions déjà répondu, sur ce sujet, sans réaction de sa part :

« Sous la terreur « pandémique » un front uni de Résistance est-il possible ? »

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2020/11/08/sous-la-terreur-pandemique-un-front-uni-de-resistance-est-il-possible/

Même si ce nouveau questionnement de sa part ne semble pas susciter, de la part de son public sollicité, davantage de réactions que le premier, ce n’en est pas moins, pour nous, une occasion de poursuivre notre réflexion sur ce thème. La voici :

*************************

Bonjour à tous,

Selon M. Bibeau, la petite bourgeoisie en révolte, qu’il qualifiait hier d’ « ultra-réactionnaire » est aujourd’hui devenue « antifasciste » ! Il faudrait savoir…

M. Bibeau prétend, peu ou prou, parler « en tant que prolétaire », sinon carrément, « au nom du prolétariat »… Où en est le prolétariat, dans cet embryon de révolte contre la politique de confinement ?

Pour l’instant, effectivement, les seules forces « politiques » organisées qui s’expriment clairement, sur le terrain, contre cette politique de confinement, sont essentiellement des forces issues de la petite bourgeoisie idéaliste et qualifiée par le pouvoir de « complotistes ».

Si une fraction marginale du prolétariat se mêle à cette lutte, c’est parce qu’elle est entraînée à son tour dans cette mouvance, et non parce qu’elle a élaboré ses propres revendications et ses propres organisations, et surtout pas, malheureusement, sur le plan politique.

S’en suit-il que la petite bourgeoisie « complotiste » soit devenue l’avant-garde révolutionnaire, à la place du prolétariat ?

En réalité, dès avant la « crise du Covid » ce qui restait du mouvement ouvrier était déjà en voie de réduction-intégration-annihilation sous l’influence du réformisme et du révisionnisme se développant sous toutes leurs formes, et depuis des décennies, déjà.

Les bases culturelles permettant la reconstruction d’une avant-garde prolétarienne étant détruites, et y compris et surtout, avec l’appui de la petite bourgeoisie idéaliste « de gauche », il était donc improbable qu’une telle reconstruction commence à s’opérer « spontanément », même sous l’effet de la violence de la crise.

Enfin, si une partie de la petite bourgeoisie part en guerre contre le système, ce n’est précisément qu’une partie, ou même plutôt, de fait, un ensemble de fractions diverses qui ont tendance à se coaliser sous la pression de la crise et de la détérioration, effectivement, de leurs positions sociales.

Mais le caractère hétéroclite de cette coalition tient aussi au fait que la détérioration de ces positions sociales de la petite bourgeoisie n’est pas homogène, ni comme processus, ni dans le temps.

Celle qui se sent « frustrée » de longue date de ses « droits démocratiques » est aussi celle qui a produit le « corpus idéologique » des Gilets Jaunes, sur le thème du RIC, notamment. Prise au dépourvu par le manque de rationalité apparente du processus de confinement, elle s’est donc assez naturellement engouffrée dans la brèche « idéologique » formellement ouverte par le « complotisme ».

Ce que montre le décalage de plus en plus flagrant entre la résilience et même le rebond de plus en plus spectaculaire du capital financier, d’une part, et le creusement inexorable de la crise de l’ « économie réelle », du moins en Occident, d’autre part, c’est que la rationalité du processus de confinement n’est pas une rationalisation de la valorisation du capital dans le cycle classique de la valeur-travail et de la plus-value qui en résulte. (*)

Il y a donc une frange de la petite bourgeoisie, et même, désormais, de la bourgeoisie, qui se trouve exclue de ce processus de valorisation, tout comme elle était déjà exclue des processus spéculatifs à grande échelle du capital financier.

En ce sens, c’est celle qui produit, par la force de ces circonstances nouvelles, l’idéologie de contestation la plus rationnelle, et sur les bases les plus réellement scientifiques, dans le contexte actuel. C’est celle qui a trouvé son centre de lutte idéologique autour de l’IHU-Méditerranée et des diverses sommités professorales convergentes sur le thème de ramener l’impact social de la « pandémie » à des proportions réalistes.

Et si une troisième partie, en quelque sorte, arrive à se tenir à la limite des deux autres, entre rationalité et « complotisme », c’est bien que les intérêts de classe de l’ensemble, en passe d’être annihilés par le système, les poussent inexorablement à une convergence contre lui.

En termes de développement des forces productives, la rationalité du confinement réside dans un développement de ce qui est le plus en avance en termes d’informatisation, d’automatisation et de robotisation. Le confinement est, à terme, un processus d’exclusion du travail socialisé et du travail, en général, comme processus de socialisation.

C’est la différence essentielle avec les processus de crises des premières révolutions industrielles. C’en est même carrément l’antithèse, du point de vue de l’analyse marxiste. A l’époque de Marx et jusqu’au milieu du siècle dernier les processus de modernisation des forces productives produisaient également une plus grande socialisation du travail et présentaient, en ce sens, un aspect « révolutionnaire » par rapport aux processus productifs obsolètes, défendus par une petite bourgeoisie de plus en plus réactionnaire, de par ce fait même.

Dans l’actuelle nouvelle révolution industrielle et technologique c’est la désocialisation inéluctable du travail, et même l’exclusion du travail, qui pousse l’organisation « sociale » du système vers une forme de confinement permanent, à terme, et vers des formes de restructuration politique de type fasciste et social-fasciste, que l’on peut qualifier de cyber-fascisme.

Alors que quel que soit le niveau de développement technologique des forces productives, l’intérêt du prolétariat reste dans leur socialisation et dans la socialisation et le partage du travail encore socialement nécessaire à la survie et au développement de la vie humaine.

C’est donc dans la mesure où elle aspire au maintien et même au renouvellement de la socialisation du travail, dont sa propre survie dépend également, désormais, en tant que « classe moyenne », que la petite bourgeoisie, ou du moins, une fraction importante de cette classe, peut effectivement jouer un rôle « révolutionnaire », et non pas réactionnaire, comme ce fut jusqu’ici traditionnellement le cas, et comme le rabâchent encore les pseudos-« marxistes », et même de pseudos-« marxistes-léninistes », et M. Bibeau, à leur suite !

Pour autant, et bien évidemment, cela ne saurait suffire à reconstituer la base de l’autonomie politique du prolétariat, base qui est nécessaire, essentielle, et même tout à fait indispensable à toute construction d’une alternative au monde cyber-fasciste et banco-centralisé déjà en voie d’établissement sur la planète.

Face à cette nouvelle situation la gauche bureaucratique bourgeoise traditionnelle, même dans ses composantes « extrêmes », anarchisantes, trotskysantes et même pseudos-« marxistes-léninistes », a fait une fois de plus la preuve de sa carence complète, qui confine à une Kollaboration de classe, qu’elle soit délibérée ou simplement de fait.

Ce n’est donc plus simplement une collaboration de classe avec le capitalisme « classique », mais bien une Kollaboration très objective avec le cyber-fascisme banco-centraliste, comme nouvelle forme de domination de classe.

Dans ce contexte, les rares éléments prolétariens qui rejettent le Kollaborationnisme réformiste et souhaitent s’engager dans une contestation radicale du nouvel ordre établi n’ont concrètement pas d’autre choix que de soutenir et participer aux initiatives de la fraction « révoltée » de la petite bourgeoisie.

Pour autant ils doivent absolument éviter de relayer les thèses idéalistes « conspirationnistes » et rechercher plutôt l’analyse matérialiste rationnelle qu’ils peuvent donc en partie trouver du côté des scientifiques ralliés à la contestation.

En partie, donc, puisque cela ne peut donc pas aller jusqu’à une analyse sociologique remettant en cause radicalement les bases anciennes de la structure sociale capitaliste « classique », même si elles sont déjà remises en cause, d’une autre manière, par le cyber-fascisme banco-centraliste.

Le rôle révolutionnaire du prolétariat, en reconstruisant son autonomie politique, est donc de montrer et d’ouvrir la voie d’une alternative qui ne soit ni le retour aux formes « classiques » du capitalisme, désormais irrémédiablement obsolètes, ni l’avancée à marche forcée vers le cyber-fascisme banco-centraliste et ses processus de confinement et de reconfinement sans autre fin que l’emprisonnement final des peuples du monde, pour le seul profit d’une caste plus que jamais ultra-minoritaire.

Pour un tel processus de reconstruction prolétarienne, il n’y a pas de recette miracle, mais il ne peut naître que du rejet des préjugés idéologiques accumulés par la « gauche » bureaucratique traditionnelle, y compris prétendument « marxiste » et même pseudo-« marxiste-léniniste ».

Le « complotisme », en tant que nouvelle forme idéologique de la petite bourgeoisie radicale, a au moins le mérite de déstabiliser les structures idéologiques et même médiatiques existantes, et, dans cette limite, constitue un facteur de déstabilisation du processus de confinement et de cyber-fascisation banco-centraliste en cours. Il introduit un doute « public » tel que le système en est à occulter la réalité des manifestations radicales qu’il engendre, au lieu de les utiliser, comme il le faisait encore avec les Gilets Jaunes, comme épouvantail pour asseoir son règne de la peur.

Avec le confinement, la bourgeoisie a réussi à enclencher un cycle de la peur encore bien plus efficace qu’elle ne l’avait fait avec le terrorisme, même si, comme on peut le constater, elle ne crache pas sur une synchronisation des deux moyens.

Toutefois, la peur d’un « doute public » généré par le « complotisme » semble maintenant également gagner son camp, comme une sorte de retour de flamme tout à fait insupportable pour elle.

Ce n’est que lorsque le doute concernant la « parole officielle », y compris « de gauche », aura gagné une part suffisante du corps social, et principalement, du prolétariat, que, la quantité se transformant en qualité, un processus dialectique d’organisation de l’autonomie politique prolétarienne pourra réellement commencer à se développer.

D’ici là les rares éléments prolétariens conscients de cette situation se trouvent donc dans la difficile situation de devoir encourager le doute sans cautionner, pour autant, le « complotisme ».

Luniterre

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2020/11/19/sous-la-terreur-pandemique-un-front-uni-de-resistance-est-il-possible-2/

(*En Chine, par exemple, la situation semble différente, sous le rapport de la plus-value, mais ce n’est qu’un effet provisoire du au rebond des exportations induit par le décalage du confinement de l’Occident. Structurellement, la Chine est plutôt « en avance », et non pas en retard, sur le processus de banco-centralisation et de cyber-fascisme comme moyen de contrôle des populations.)

4 Messages de forum

  • Salut Luniterre,

    Ton analyse est très bonne ; à ceci près qu’il faudrait savoir ce qu’est un "prolétaire". D’après les situationnistes, « Le prolétaire est celui qui n’a aucun contrôle sur l’emploi de sa vie et qui le sait. »

    Mais, les gens qu’on prend habituellement pour des "prolétaires" en sont-ils vraiment ? que dire de tous ces ouvriers qui font grève pour avoir un confinement plus strict, pour un plus grand contrôle sur les masques, pour des gestes barrières plus énormes, pour plus de télétravail ? J’ai seulement envie de les mépriser. Ils ne font que réclamer un isolement plus grand qui empêche encore plus la conscience de classe.

    Quand à ceux qu’on appelle habituellement des "petits bourgeois", le sont-ils toujours ? la prolétarisation fait son oeuvre d’une façon énormément accélérée grâce au confinement.

    Pour qu’il y ait révolution, il faut d’abord qu’il y ait révolte. C’est peut-être non la situation, mais le passage d’une situation à une situation plus précaire qui provoque la révolte. PAS la situation précaire, mais le PASSAGE.

    J’ai souvent entendu dire que « celui qui vie par l’épée, périra par l’épée ». J’espère de tout coeur que ceux qui vivent par le confinement périront par le confinement.

    Amicalement,
    do
    http://mai68.org

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    • « Le prolétaire est celui qui n’a aucun contrôle sur l’emploi de sa vie et qui le sait. » Effectivement, c’est une très bonne définition, déjà dans le contexte des années 60, et encore plus, aujourd’hui !

      Comme tu as pu le voir, un de mes logos favoris, ces temps-ci, porte la mention :

      « Prenons le Pouvoir sur l’Usage de nos Vies ! »

      Cela provient essentiellement de mes réflexions sur la notion de valeur d’usage, et principalement, dans les Grundrisse de Marx, mais certainement influencées par ce qui est quasiment mon passage favori chez Debord :

      « 49 - Le spectacle est l’autre face de l’argent : l’équivalent général abstrait de toutes les marchandises. Mais si l’argent a dominé la société en tant que représentation de l’équivalence centrale, c’est-à-dire du caractère échangeable des biens multiples dont l’usage restait incomparable, le spectacle est son complément moderne développé où la totalité du monde marchand apparaît en bloc, comme une équivalence générale à ce que l’ensemble de la société peut être et faire. Le spectacle est l’argent que l’on regarde seulement, car en lui déjà c’est la totalité de l’usage qui s’est échangée contre la totalité de la représentation abstraite. Le spectacle n’est pas seulement le serviteur du pseudo-usage, il est déjà en lui-même le pseudo-usage de la vie. »

      Si l’on ne veut pas chercher à comprendre la relation continue entre valeur d’échange et valeur d’usage, si l’on croit possible d’évacuer la valeur d’usage, comme le font la plupart des pseudos-« marxistes », on ne peut rien comprendre à Marx, ni, me semble-t-il, à Debord ! Mais surtout, on ne peut rien comprendre à la société actuelle…

      Au mieux, cela a pu donner une caricature de « marxisme » plus ou moins opérationnelle jusqu’à la fin du siècle dernier, pour des luttes revendicatives, mais certainement pas, déjà, pour construire une alternative. Et depuis, la situation a encore évolué, et de manière radicale, concernant la valeur d’usage du capital fixe, ce qui change les formes concrètes par lesquelles se manifeste la loi de la valeur, que les pseudos-« marxistes » n’avaient déjà pas compris dans ses formes anciennes, de toutes façons !

      "Est prolétaire celui qui n’a aucun pouvoir sur l’emploi de sa vie quotidienne et qui le sait".

      C’est une formule que l’on retrouve sur le net, imputée à un slogan de Mai 68, sans plus de précisions…

      En cherchant un peu on retrouve ce qui en est probablement, sinon tout à fait évidemment, l’origine, dans le petit bouquin, mais néanmoins historique :

      « De la misère en milieu étudiant :

      considérée sous ses aspects économique, politique, psychologique, sexuel et notamment intellectuel et de quelques moyens pour y remédier »

      De plus, c’est dans le passage final…

      « C’est au travail lui-même qu’il faut s’en prendre. Loin d ’être une "utopie", sa suppression est la condition première du dépassement effectif de la société marchande, de l’abolition -dans la vie quotidienne de chacun- de la séparation entre le "temps libre" et le "temps de travail", secteurs complémentaires d’une vie aliénée, où se projette indéfiniment la contradiction interne de la marchandise entre valeur d’usage et valeur d’échange. Et c’est seulement au-delà de cette opposition que les hommes pourront faire de leur activité vitale un objet de leur volonté et de leur conscience, et se contempler eux-mêmes dans un monde qu’ils ont eux-mêmes créé. La démocratie des Conseils Ouvriers est l’énigme résolue de toutes les scissions actuelles. Elle rend "impossible tout ce qui existe en dehors des individus".

      La domination consciente de l’histoire par les hommes qui la font, voilà tout le projet révolutionnaire. L’histoire moderne, comme toute l’histoire passée, est le produit de la praxis sociale, le résultat -inconscient- de toutes les activités humaines. A l’époque de sa domination totalitaire, le capitalisme a produit sa nouvelle religion : le spectacle. Le spectacle est la réalisation terrestre de l’idéologie. Jamais le monde n’a si bien marché sur la tête. "Et comme la critique de la religion, la critique du spectacle est aujourd’hui la condition première de toute critique".

      C’est que le problème de la révolution est historiquement posé à l’humanité. L’accumulation de plus en plus grandiose des moyens matériels et techniques n’a d’égale que l’insatisfaction de plus en plus profonde de tous. La bourgeoisie et son héritière à l’Est, la bureaucratie, ne peuvent avoir le mode d’emploi de ce surdéveloppement qui sera la base de la poésie de l’avenir, justement parce qu’elles travaillent, toutes les deux, au maintien d’un ordre ancien. Elles ont tout au plus le secret de son usage policier. Elles ne font qu’accumuler le Capital et donc le prolétariat ; est prolétaire celui qui n’a aucun pouvoir sur l’emploi de sa vie, et qui le sait. La chance historique du nouveau prolétariat est d’être le seul héritier conséquent de la richesse sans valeur du monde bourgeois, à transformer et à dépasser dans le sens de l’homme total poursuivant l’appropriation totale de la nature et de sa propre nature. Cette réalisation de la nature de l’homme ne peut avoir de sens que par la satisfaction sans bornes et la multiplication infinie des désirs réels que le spectacle refoule dans les zones lointaines de l’inconscient révolutionnaire, et qu’il n’est capable de réaliser que fantastiquement dans le délire onirique de sa publicité. C’est que la réalisation effective des désirs réels, c’est-à-dire l’abolition de tous les pseudo-besoins et désirs que le système crée quotidiennement pour perpétuer son pouvoir, ne peut se faire sans la suppression du spectacle marchand et son dépassement positif.

      L’histoire moderne ne peut être libérée, et ses acquisitions innombrables librement utilisées, que par les forces qu’elle refoule : les travailleurs sans pouvoir sur les conditions, le sens et le produit de leurs activités. Comme le prolétariat était déjà, au XIXº siècle , l’héritier de la philosophie, il est en plus devenu l’héritier de l’art moderne et de la première critique consciente de la vie quotidienne. Il ne peut se supprimer sans réaliser, en même temps, l’art et la philosophie. Transformer le monde et changer la vie sont pour lui une seule et même chose, les mots d’ordre inséparables qui accompagneront sa suppression en tant que classe, la dissolution de la société présente en tant que règne de la nécessité, et l’accession enfin possible au règne de la liberté. La critique radicale et la reconstruction libre de toutes les conduites et valeurs imposées par la réalité aliénée sont son programme maximum, et la créativité libérée dans la construction de tous les moments et événements de la vie est la seule poésie qu’il pourra reconnaître, la poésie faite par tous, le commencement de la fête révolutionnaire. Les révolutions prolétariennes seront des fêtes ou ne seront pas, car la vie qu’elles annoncent sera elle-même créée sous le signe de la fête. Le jeu est la rationalité ultime de cette fête, vivre sans temps mort et jouir sans entraves sont les seules règles qu’il pourra reconnaître. »

      Ce texte là n’est pas de Debord, et pas non plus du même niveau, et son origine (collective, semble-t-il) est discutée, mais il a incontestablement fait une partie essentielle de l’histoire de Mai 68, et je le poste donc tel quel ici, comme sujet de réflexion utile, sur lequel je développerai quelques unes des miennes par la suite…

      Bien à toi,

      Amicalement,

      Luniterre

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  • Ces discussions d’intellos me font bien rigoler car ce ne sont pas eux qui se retroussent les manches tous les matins pour aller nettoyer les écuries des riches, trimer sur des chantiers pour des salaires de misères ou qui sont prêts à risquer de se noyer en Méditerranée pour pouvoir le faire. Si le problème qu’ils sont s’arrêtait là, j’en rigolerais franchement, mais leur indécrottable productivisme prouve qu’en pratique, ils ne sont intéressés que par une seule chose : sauver le mode de production (sic !) dont ils se disent l’ennemi.

    Ce faisant, ils font toujours l’impasse et ils ignorent le fait têtu que la hiérarchie propre au mode de production industriel globalisé renforce les hiérarchies basées sur la richesse et le pouvoir, ainsi que sur le fait tout autant têtu que sans Kapital, ils ne pourront simplement pas construire leur version de la société industrielle globalisée qui nique la planète et nous asservit.

    Cette société industrielle globalisée, malgré ses progrès techniques incessants vendus à coups de nouvelles technologies qui toutes, ne font que renforcer l’asservissement et l’aliénation de l’humain ainsi que contribuer à l’accélération de la solution finale par extermination de la Vie, est en pleine décadence et sa seule rationalité, pour autant que nous puissions appeler cela une rationalité, et de continuer à tous prix sa course mortifère. Pour cela, elle devient de plus en plus autoritaire.

    Le plus gros problème est qu’aujourd’hui dans les discours dominants, à part des groupuscules comme DGR (Deep Green Resistance) qui appellent à rompre avec le passé et à stopper ce mode de vie avant qu’il n’ait fini de tout détruire, tous les intellectuels ne sont intéressés qu’à vouloir le sauver en le peignant en Vert, en Rouge, en Noir, en Bleu marine ou en tout autre couleur à la mode et surtout sans changer ses hiérarchies, surtout pas celle du travail industriel. à gauche, ils appellent à la révolution prolétarienne alors que celles et ceux qui triment comme des bêtes ont majoritairement compris que leur sort est identique en régime capitaliste comme en régime communiste. Bref, ils nous demandent de faire une révolution qui laissera perdurer les hiérarchies existantes. Mais ça, je ne connais personne qui soit prêt à prendre les risques inhérents à une révolution pour une résultat aussi nul.

    Cette question de l’après est fondamentale car l’après ne sera jamais fait que de ce que nous mettons aujourd’hui. Ce qui implique qu’une révolution qui n’est pas capable d’en finir avec les hiérarchies existantes ne fera jamais que changer la caste au pouvoir, ceci d’autant plus que les riches ont beaucoup plus de moyens à leur disposition pour en ressortir indemne.

    Le fait que le Kapital sert à financer le mode de production industriel globalisé implique que quiconque prétend vouloir socialiser ce mode de production joue en fait sur le terrain du Kapital et que donc, il ne peut être sur que d’une chose, c’est in fine de se faire avoir jusqu’à l’os.

    Dans ce contexte où la gauche, même radicale ou extrême, n’a que de la collaboration à leur offrir, les peuples vivent les conséquences pratiques de ce chaos dans leurs chairs et ont de moins en moins à perdre. Ce qui implique que s’ils se lèvent, ce ne sera pas pour sauver ce mode de production et son productivisme mais pour les détruire.

    Depuis que je suis né et dés que j’ai commencé à comprendre quelque chose à la politique, j’ai vu toutes les luttes, à commencer par Mai 68, se faire, avec la complicité active des médias, se faire récupérer, phagocyter et travestir par d’indécrottables productivistes, d’indécrottables collabos. Vu que les conditions sociales ne cessent de se dégrader, il va bien arriver un moment où le contrôle des luttes va leur échapper. C’est là où nous aurons un gros problème car après des décennies, si ce n’est des siècles, de contrôle des luttes et de leurs dialectiques par des collabos, je vois mal comment des peuples en révoltes après des siècles d’aliénation pourraient avoir la lucidité de faire autre chose que de tout casser. Je pense aussi qu’ils l’ont compris (mes discussions dans la vraie vie avec toutes sortes de gens me le montrent) et que c’est uniquement pour cette raison qu’ils ne se sont pas encore levés. Il ne reste plus qu’à espérer que de cette lucidité des peuples va naître un véritable mouvement de résistance, un mouvement de résistance qui soit capable, non seulement de stopper le mode de vie actuel et son mode de production en sabotant ses infrastructures, mais aussi de rassembler les gens pour les aider à développer des modes de vie multiples basés sur le local, seul moyen de garder le contrôle sur les hiérarchies et sur les ressources ainsi que sur l’environnement, un mouvement de résistance qui, contrairement à la politique dont le seul but réel est de nous diviser, soit capable de nous rassembler.

    Vive la résistance !
    Vive la Vie !

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