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Le rameau de la liberté - Raoul Vaneigem

dimanche 27 décembre 2020, par Dominique (Date de rédaction antérieure : 27 décembre 2020).

Une chanson de Raoul Vaneigem qui termine son manifeste La liberté enfin s’éveille au souffle de la vie.

LE RAMEAU DE LA_ LIBERTE
Raoul VANEIGEM - Jean-Philippe RAMEAU
Par Fanchon_DAEMERS

Le rameau de la liberté – Raoul Vaneigem

C’en est fini de L’État / c’en est fini des tyrans / à bas les gouvernements / serviteurs des financiers / peuple enfin souverain / donnons un sens à notre destinée / plus de maîtres plus d’esclaves / notre vie c’est notre liberté peuple enfin souverain / donnons un sens à notre destinée / plus de maîtres plus d’esclaves / notre vie c’est notre liberté

La vie ne veut pas de maître / le pouvoir est un suaire / dirigeants vous crèverez / des ordres que vous donnez / fossoyeurs de la terre / que notre joie retrouvée vous enterre / plus de maîtres plus d’esclaves / notre vie c’est notre liberté

Dans les saisons du profit / les fruits sont plastifiés / l’argent sème ses poisons / du sillon à nos foyers / nous perdons la santé / pour épargner la faillite aux banquiers / plus de maîtres plus d’esclaves / notre vie c’est notre liberté

Aux abattoirs pour les bêtes / nous avons vu s’ajouter / les abattoirs pour les vieux / ça marche de mieux en mieux ! / on allège les budgets / pour la relance espérée des marchés / plus de maîtres plus d’esclaves / notre vie c’est notre liberté

La gestion de la santé / sert la rentabilité / la mafia des thérapies / pollue la terre et la vie / contre leurs cimetières / décrétons l’autodéfens’ sanitaire / plus de maîtres plus d’esclaves / notre vie c’est notre liberté

Journaliste policier / vous puez comme l’argent / que partout vous défendez / ce qui vous faits mépriser / éveillez- vous pantins / au(x) vrai(s) plaisir(s) de devenir humain / plus de maîtres plus d’esclaves / notre vie c’est notre liberté

Nous ne voulons plus payer / pour garder les milliardaires / instaurons la gratuité / qui conchie l’économie / vous volez nos impôts / pour vous bâfrer d’hommages à nos frais / plus de maîtres plus d’esclaves / notre vie c’est notre liberté

Machisme et racisme sont / les ordures du passé / homme femme noir blanc gris / ne valent pas un conflit / être humain nous suffit / c’est notre véritable identité / plus de maîtres plus d’esclaves / notre vie c’est notre liberté

C’en est fini de l’état / c’en est fini des tyrans / à bas les gouvernements / serviteurs des financiers / peuples enfin souverains / donnons un sens à notre destinée / plus de maîtres plus d’esclaves / notre vie c’est notre liberté peuples enfin souverains / donnons un sens à notre destinée / plus de maîtres plus d’esclaves / notre vie c’est notre liberté

Note : La jouer en la chantant m’a permis de corriger la coquille qui était signalée par (?).

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Raoul Vaneigem vient de rééditer son manifeste dans une édition revue et corrigée suite au covid. Il livre ses réflexions dans médiatv.fr :

https://www.lemediatv.fr/articles/2…

Écrivain et philosophe, il anima l’Internationale situationniste. Auteur, entre autres, du "Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations", publié en 1967.

"Sous l’effet de la panique, l’État oligarchique est contraint d’adopter des mesures qu’hier encore il décrétait impossibles. La quarantaine est propice à la réflexion. Le confinement n’abolit pas la présence de la rue, il la réinvente". Les réflexions confinées du philosophe Raoul Vaneigem.

Contester le danger du coronavirus relève à coup sûr de l’absurdité. En revanche, n’est-il pas tout aussi absurde qu’une perturbation du cours habituel des maladies fasse l’objet d’une pareille exploitation émotionnelle et rameute cette incompétence arrogante qui bouta jadis hors de France le nuage de Tchernobyl ? Certes, nous savons avec quelle facilité le spectre de l’apocalypse sort de sa boite pour s’emparer du premier cataclysme venu, rafistoler l’imagerie du déluge universel et enfoncer le soc de la culpabilité dans le sol stérile de Sodome et Gomorrhe.

Quel cynisme que d’imputer à la propagation du fléau la déplorable insuffisance des moyens médicaux mis en œuvre ! Cela fait des décennies que le bien public est mis à mal, que le secteur hospitalier fait les frais d’une politique qui favorise les intérêts financiers au détriment de la santé des citoyens.

La malédiction divine secondait utilement le pouvoir. Du moins jusqu’au tremblement de terre de Lisbonne en 1755, lorsque le marquis de Pombal, ami de Voltaire, tire parti du séisme pour massacrer les jésuites, reconstruire la ville selon ses conceptions et liquider allègrement ses rivaux politiques à coups de procès « proto-staliniens ». On ne fera pas l’injure à Pombal, si odieux qu’il soit, de comparer son coup d’éclat dictatorial aux misérables mesures que le totalitarisme démocratique applique mondialement à l’épidémie de coronavirus.

Quel cynisme que d’imputer à la propagation du fléau la déplorable insuffisance des moyens médicaux mis en œuvre ! Cela fait des décennies que le bien public est mis à mal, que le secteur hospitalier fait les frais d’une politique qui favorise les intérêts financiers au détriment de la santé des citoyens. Il y a toujours plus d’argent pour les banques et de moins en moins de lits et de soignants pour les hôpitaux. Quelles pitreries dissimuleront plus longtemps que cette gestion catastrophique du catastrophisme est inhérente au capitalisme financier mondialement dominant, et aujourd’hui mondialement combattu au nom de la vie, de la planète et des espèces à sauver.

Sans verser dans cette resucée de la punition divine qu’est l’idée d’une Nature se débarrassant de l’Homme comme d’une vermine importune et nuisible, il n’est pas inutile de rappeler que pendant des millénaires, l’exploitation de la nature humaine et de la nature terrestre a imposé le dogme de l’anti-physis, de l’anti-nature. Le livre d’Eric Postaire, Les épidémies du XXIe siècle, paru en 1997, confirme les effets désastreux de la dénaturation persistante, que je dénonce depuis des décennies. Évoquant le drame de la « vache folle » (prévu par Rudolf Steiner dès 1920), l’auteur rappelle qu’en plus d’être désarmés face à certaines maladies, nous prenons conscience que le progrès scientifique lui-même peut en provoquer.

Dans son plaidoyer en faveur d’une approche responsable des épidémies et de leur traitement, il incrimine ce que le préfacier, Claude Gudin, appelle la « philosophie du tiroir-caisse ». Et pose la question suivante : « À subordonner la santé de la population aux lois du profit, jusqu’à transformer des animaux herbivores en carnivores, ne risquons-nous pas de provoquer des catastrophes fatales pour la Nature et l’Humanité ? ». Les gouvernants, on le sait, ont déjà répondu par un OUI unanime. Quelle importance puisque le NON des intérêts financiers continue de triompher cyniquement ?

Fallait-il le coronavirus pour démontrer aux plus bornés que la dénaturation pour raisons de rentabilité a des conséquences désastreuses sur la santé universelle - celle que gère sans désemparer une Organisation mondiale dont les précieuses statistiques pallient la disparition des hôpitaux publics ? Il existe une corrélation évidente entre le coronavirus et l’effondrement du capitalisme mondial. Dans le même temps, il apparaît non moins évidemment que ce qui recouvre et submerge l’épidémie du coronavirus, c’est une peste émotionnelle, une peur hystérique, une panique qui tout à la fois dissimule les carences de traitement et perpétue le mal en affolant le patient.

Lors des grandes épidémies de peste du passé, les populations faisaient pénitence et clamaient leur coulpe en se flagellant. Les managers de la déshumanisation mondiale n’ont-ils pas intérêt à persuader les peuples qu’il n’y a pas d’issue au sort misérable qui leur est fait ? Qu’il ne leur reste que la flagellation de la servitude volontaire ? La formidable machine médiatique ne fait que ressasser le vieux mensonge du décret céleste, impénétrable, inéluctable où l’argent fou a supplanté les Dieux sanguinaires et capricieux du passé.

Le déchaînement de la barbarie policière contre les manifestants pacifiques a amplement montré que la loi militaire est la seule chose qui fonctionnait efficacement. Elle confine aujourd’hui femmes, hommes et enfants en quarantaine. Dehors, le cercueil, dedans la télévision, la fenêtre ouverte sur un monde fermé ! C’est une mise en condition capable d’aggraver le malaise existentiel en misant sur les émotions écorchées par l’angoisse, en exacerbant l’aveuglement de la colère impuissante.

L’Espagne se résout à nationaliser les hôpitaux privés, comme si elle redécouvrait la sécurité sociale, comme si l’État se souvenait de l’État-providence qu’il a détruit.

Le coronavirus est devenu le révélateur de la faillite de l’État. Voilà au moins un sujet de réflexion pour les victimes du confinement forcé. Lors de la parution de mes Modestes propositions aux grévistes, des amis m’ont remontré la difficulté de recourir au refus collectif, que je suggérais, d’acquitter les impôts, taxes, prélèvements fiscaux. Or, voilà que la faillite avérée de l’État-escroc atteste un délabrement économique et social qui rend absolument insolvables les petites et moyennes entreprises, le commerce local, les revenus modestes, les agriculteurs familiaux et jusqu’aux professions dites libérales. L’effondrement du Léviathan a réussi à convaincre plus rapidement que nos résolutions de l’abattre.

Le coronavirus a fait mieux encore. L’arrêt des nuisances productivistes a diminué la pollution mondiale, il épargne une mort programmée à des millions de personnes, la nature respire, les dauphins reviennent batifoler en Sardaigne, les canaux de Venise purifiés du tourisme de masse retrouvent une eau claire, la bourse s’effondre. l’Espagne se résout à nationaliser les hôpitaux privés, comme si elle redécouvrait la sécurité sociale, comme si l’État se souvenait de l’État-providence qu’il a détruit.

Rien n’est acquis, tout commence. L’utopie marche encore à quatre pattes. Abandonnons à leur inanité céleste les milliards de bank-notes et d’idées creuses qui tournent en rond au-dessus de nos têtes. L’important, c’est de « faire nos affaires nous-mêmes » en laissant la bulle affairiste se défaire et imploser. Gardons-nous de manquer d’audace et de confiance en nous !

Notre présent n’est pas le confinement que la survie nous impose, il est l’ouverture à tous les possibles. C’est sous l’effet de la panique que l’Etat oligarchique est contraint d’adopter des mesures qu’hier encore il décrétait impossibles. C’est à l’appel de la vie et de la terre à restaurer que nous voulons répondre. La quarantaine est propice à la réflexion. Le confinement n’abolit pas la présence de la rue, il la réinvente. Laissez-moi penser, cum grano salis, que l’insurrection de la vie quotidienne a des vertus thérapeutiques insoupçonnées.

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