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Le savant Gérard Noiriel

dimanche 7 février 2021, par Jean-Pierre Garnier (Date de rédaction antérieure : 7 février 2021).

Quitte à passer, aux yeux de l'historien Gérard Noiriel et ses séides au Monde diplomatique, pour l'un de ces «intellectuels qui passent leur temps à insulter ceux qui ne sont pas d’accord avec eux» , il y aurait beaucoup à dire… et surtout à redire sur le blog que celui-ci à décidé de relancer après «mûre réflexion» (tu le trouveras sur le site de Agone). Il s’y montre, à propos du «rôle que peuvent jouer les universitaires dans l’espace public quand ils se comportent comme des intellectuels», presque aussi arrogant et auto-satisfait que Lord On sur la même question. Pour ne pas avoir à répéter ce que j’exposais dans mon topo «Lord On, intellodegôche», je me bornerai à relever un des points qui dissocient néanmoins Noiriel de Lord On : sa curieuse addiction à la pensée foucaldienne concernant «l’intellectuel spécifique».

Je passe rapidement sur le renvoi dos à dos par Noiriel des «intellectuels de gouvernement», de droite, bien sûr, et des «intellectuels critiques», de gauche, évidemment, les uns et les autres «persuadés que leur statut d’universitaires leur donne une légitimité pour intervenir sur tous les sujets qui font la une de l’actualité»Car Noiriel, sur son blog et dans la foulée même de cette assertion, s’empresse de faire de même, mais en excipant, sans rire, de son statut de «savant».

La définition dudit savant par Noiriel, qu’il a resservi avec son compère le sociologie Stéphane Beaud sur France 2 dans l’entretien complaisant que leur ont accordé récemment, à l'occasion de la sortie de leur livre «Race et sciences sociales Essai sur les usages publics d'une catégorie» (Agone), le duo Lea Salamé-Nicolas Demorand, piliers de ce media on ne peut plus mainstream, est des plus tautologiques : doit être considéré comme savant celui qui est «évalué comme tel par ses pairs». À cette aune, le corporatisme des chercheurs a de beaux jours devant lui !

Je ne sais pas si Noiriel considère Michel Foucault comme faisant partie de la caste des savants, ce qui impliquerait que la philosophie relève des sciences sociales. Toujours est-il qu’il s’appuie sur ce dernier pour expliquer «ce qui caractérise le véritable intellectuel spécifique» : «sa capacité à se mettre lui-même en question». L’exemple est pourtant on ne peut plus mal choisi car si «chez les autres intellectuels, le pouvoir de la critique s’arrête toujours devant leur porte», on chercherait en vain chez Foucault trace d’une autocritique de certaines ses prises de position pour le moins discutables, du moins d’un point de vue progressiste, dans l’espace public (c’est-à-dire médiatique). 

Faut-il rappeler son engouement pour la révolution iranienne quand il est allé jouer les journalistes-reporters sur place peu après l’arrivée au pouvoir de Khomeiny et des islamistes ? Engouement qui n’était que l’envers de sa détestation d’un autre type de révolution. Selon son biographe Didier Eribon, Foucault manifestait, en effet «une haine féroce de tout ce qui peut évoquer le communisme de près ou de loin» (1)N’oublions pas non plus qu’il a soutenu les «nouveaux philosophes», se montrant particulièrement élogieux vis-à-vis d’André Glucksmann lorsque celui-ci, en 1977 (à la veille d’une possible victoire de l’union de la gauche PCF-PS), affirmait sans ambages que le goulag se trouvait dans Marx. «Mort de Marx», domination d’une pensée «antitotalitaire» et d’une philosophie des droits de l’homme, le contexte idéologique de la France des années 70-80 était propice à l’entreprise foucaldienne. Et l’on ne saurait dire qu’il ait beaucoup changé depuis lors.

Dans son blog, Noiriel glisse une profession de foi : «J’essaie de me tenir constamment à distance des jugements de valeur ; ce qui est particulièrement difficile quand on aborde les problèmes qui nourrissent les polémiques de l’actualité». En fait, il enrobe ses jugements de valeur du voile de la scientificité, déformation professionnelle propre aux chercheurs soucieux de respectabilité. Gare à qui en tout cas, prévient Noiriel, juge qu’il «n’a pas en face de lui un partenaire dans la recherche de la vérité, mais un adversaire, un ennemi qui a tort, qui est nuisible et dont l’existence même constitue une menace». 

Cela ne l’empêche pas de clore son blog de manière assez belliqueuse : «Tous ceux qui refusent la “trumpisation” [sic] de la vie intellectuelle française  — Noiriel préfère sans doute sa «Bidenisation» ! — devraient pouvoir coordonner leurs efforts pour consolider le front de la résistance ». Résistance à quoi ? À la «confusion du savant et du politique». Bref, à céder au goût pour la polémique.


(1) Sur Foucault, je ne saurais trop recommander  la lecture d'un essai du philosophe Jean-Marc Mandosio : «Longévité d'une imposture – Michel Foucault, suivi de Foucaultphiles et foucaulâtres». Encore un qui ne respecte pas les «sachants » !


Lord On, Grand timonier du monde à venir :

http://mai68.org/spip2/spip.php?article5737

Lord On et la flicaille (DOC et PDF) :

http://mai68.org/spip2/spip.php?article7033

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