VIVE LA RÉVOLUTION
Accueil du site > Comment publier un article > La question nationale et la situation actuelle en Espagne

La question nationale et la situation actuelle en Espagne

vendredi 20 octobre 2017, par Luniterre (Date de rédaction antérieure : 19 octobre 2017).

En résumé, la position des ML sur la question nationale et ses conséquences sur l’analyse de la situation actuelle en Espagne…

La situation actuelle en Espagne mérite que l’on s’intéresse au point de vue marxiste sur la question nationale. Aussi, avant de discuter du cas de l’Espagne, est-il important de rappeler ce point de vue, que l’on résumera ici. Il s’agit du texte de Lénine, La révolution socialiste et le droit des nations à disposer d’elles-mêmes écrit en 1916, qui doit se comprendre avec d’autres textes sur la question nationale et également L’impérialisme et la scission du socialisme écrit également en 1916. Ces textes mettent en lumière les principes et la tactique des marxistes vis à vis de la question nationale, le lien entre la lutte des classes dans la nation opprimée et dans la nation qui l’opprime.

  – Quel est d’abord le principe du marxisme ? L’exploitation d’une classe par une autre sera résolue par le socialisme. L’exploitation d’une nation par une autre sera résolue par le droit de séparation et l’alliance libre qui permettra une fusion de toutes les nations sur la base de l’égalité en droit des nations.

Il y a donc deux niveaux de lutte : lutte entre exploiteurs et exploités dans chaque pays, lutte entre nation exploiteuse et nation exploitée. Il s’agit donc de savoir quel est lien entre ces luttes.

« Abolissez l’exploitation de l’homme par l’homme, et vous abolirez l’exploitation d’une nation par une autre nation. Du jour où tombe l’antagonisme des classes à l’intérieur de la nation, tombe également l’hostilité des nations entre elles. » Karl Marx, Le manifeste du parti communiste, 1847

Le rôle principal est donné à la lutte des classes, c’est à dire que seul le socialisme à l’échelle mondiale peut mettre fin définitivement à l’exploitation d’une nation par une autre. L’exploitation d’une classe par une autre a tendance à entraîner l’exploitation d’une nation par une autre, tel est le point de vue du marxisme (la formation des empires s’explique par les tentatives de la classe dominante d’échapper aux contradictions sociales en pillant d’autres pays pour corrompre une partie du peuple et acheter la paix sociale). Le marxisme lie donc la question des classes à celles de l’impérialisme, et affirme qu’il ne peut y avoir d’égalité et de paix entre les nations tant qu’il existe une classe exploiteuse au sein de l’une d’entre elles.

Mais cela veut-il dire qu’il faut pour autant négliger les luttes de libération nationales ? Certainement pas. Nous l’avons vu, l’exploitation de classe entraîne l’exploitation de nation. Mais cette exploitation de nation entraîne en retour un effet sur la lutte de classe, un effet recherché consciemment même, par la classe dominante de la nation exploiteuse, afin d’acheter la paix sociale dans son propre pays. Car si les individus qui forment une société au sein d’une nation sont liés entre eux par des rapports de classe, les nations elles-mêmes sont liées entre elles. Aussi est-il absurde d’essayer de comprendre séparément la lutte des classes et l’impérialisme.

Bref, le marxisme sait que nous ne vaincrons définitivement l’impérialisme que par la victoire mondiale du socialisme, mais il reconnaît aussi le rôle des luttes de libération nationale dans ce processus. De même que d’ailleurs, le marxisme sait que nous ne vaincrons définitivement la religion, les préjugés racistes, etc. que par la victoire du socialisme, il ne fait cependant pas de la lutte contre la religion et les préjugés racistes un sujet secondaire où il faudrait être tolérant. Comprenant bien que l’exploitation d’une nation par une autre, la religion, le racisme, etc. sont certes avant tout des produits du capitalisme (des effets) mais aussi des causes, qui renforcent le joug du capitalisme. Il faut comprendre le rapport de la cause et de l’effet de façon hégélienne et non de façon mécaniste. Nous luttons donc contre l’impérialisme, non avec l’illusion de vaincre l’impérialisme sans le socialisme, mais précisément en vue du socialisme, seule solution qui vaincra défintivement l’impérialisme.

– La révolution bourgeoise dans les nations opprimées peut être un point de départ à la révolution socialiste (même si cela ne s’est jamais produit), c’était en tout cas l’un des arguments de Lénine.

– Le principe du marxisme est le centralisme démocratique et la fusion des nations, mais l’autodétérmination des nations opprimées et le fédéralisme est préférable à l’inégalité nationale et mène aussi au centralisme démocratique. Ainsi Lénine reprend l’exemple de l’Irlande et de l’Angleterre où Marx prônait une séparation pour pouvoir retourner à l’unité ensuite, sur une base où les deux parties sont égales en droit.

– A l’époque de l’impérialisme, l’internationalisme prend une forme nouvelle : le prolétariat de la nation oppressive doit lutter pour le droit des nations opprimées à disposer d’elles-mêmes, sans quoi « ni la confiance, ni la solidarité de classe entre les ouvriers de la nation opprimée et de celle qui opprime ne sont possibles » (Lénine). Le prolétariat de la nation opprimée doit quant à lui avoir une politique indépendante de sa bourgeoisie, même dans la période où le prolétariat est allié avec la bourgeoisie (révolution bourgeoise, et guerres défensives contre l’impérialisme). Ces deux conditions permettent l’unité entre le prolétariat de la nation oppimée et celui de la nation qui l’opprime.

– Les revendications démocratiques bourgeoises en général, et celles des nations opprimées en particulier, ne sont pas un absolu, elles être doivent subordonnées à la révolution prolétarienne. C’est à dire que le prolétariat ne doit pas soutenir ces revendications pour elles-mêmes mais comme un moyen possible de réaliser la révolution socialiste contre la bourgeoisie. C’est là que le marxisme et le maoisme divergent notamment, les maoistes ayant une idéologie de révolution bourgeoise, et transforment cette alliance tactique et temporaire (des communistes et de certaines luttes de libérations nationales) en une alliance absolue, éternelle, qui n’est qu’une trahison du socialisme (comme le fut intégralement le « socialisme » en Chine).

Ce que les marxistes soutiennent par tactique et dans des contextes précis, les maoistes le tiennent en principe, c’est leur principe bourgeois de « démocratie nouvelle » (« démocratie » bourgeoise) qui nie au prolétariat le droit à sa révolution, comme d’ailleurs tous les opportunistes, mencheviques et réformistes. Il est très facile de rajouter des intentions prolétariennes à une pratique bourgeoise. Il est très facile de rajouter les mots « prolétariens » et « socialistes » et de jurer que c’est bien là l’objectif final, mais l’expérience chinoise du siècle dernier nous permet d’en douter.

Le soutien de certains pays impérialistes à certains processus d’autodétermination ne peut pas servir de prétexte à refuser le droit des nations opprimées à disposer d’elles-mêmes.

– « Un peuple qui en opprime un autre ne saurait être libre », cette phrase de Marx est particulièrement vraie à l’époque de l’impérialisme où la domination du capital financier crée dans les nations exploiteuses un « prolétariat bourgeois » (selon les mots d’Engels), une classe moyenne que la bourgeoisie impérialiste entretient grâce aux surprofits extorqués sur le dos des nations exploitées. La lutte contre l’impérialisme est une phrase creuse sans lutter contre l’opportunisme et le réformisme, qui y est lié. Les luttes économiques dans la nation exploiteuse tendent vers le social-chauvinisme et le social-impérialisme.

Là encore, on peut mettre les opportunistes actuels face à leurs propres contradictions. Comment prétendre lutter contre l’impérialisme tout en soutenant chez nous l’opportunisme des « acquis sociaux », financés précisément par le pillage impérialiste.

« Les gens les plus dangereux à cet égard sont ceux qui ne veulent pas comprendre que, si elle n’est pas indissolublement liée à la lutte contre l’opportunisme, la lutte contre l’impérialisme est une phrase creuse et mensongère. » Lénine, L’impérialisme, stade suprême du capitalisme, 1916

Lénine distingue trois types d’oppression nationale en 1916 : des nations opprimées au sein même des pays d’europe occidentale et aux états unis où les révolutions bourgeoises ont déjà eu lieu, pour ceux-là, il faut une séparation politique puis une fédération sur la base d’une alliance libre pour servir de base à une unité nouvelle ; les pays d’Europe centrale et de l’est (empires austro-hongrois et russes), où les révolutions bourgeoises n’ont pas encore eu lieu, dans ces pays, il faut être pour le droit des nations à disposer d’elles-mêmes et prendre en compte la difficulté de fusionner les luttes des prolétariat de la nation opprimée et de la nation qui l’opprime ; les pays semi-coloniaux (Perse, Turquie, Chine), dans ces pays le prolétariat doit soutenir le droit des nations à disposer d’elles-mêmes et la révolution bourgeoise et la guerre contre l’impérialisme.

– Lénine montre le lien entre le social-chauvinisme chez les opportunistes de la nation oppressive et le refus du droit des nations opprimées à disposer d’elles-mêmes. Ce lien s’est montré pendant la guerre impérialiste de 1914-1916 (Lénine écrit en 1916). Le droit des nations à disposer d’elles-mêmes à été utilisé à tort pour justifier les soit disant guerres défensives en 1914. Il faut considérer chaque conflit national dans son contexte particulier. Le droit des nations à disposer d’elles-mêmes n’est pas un principe général mais un mot d’ordre qui concerne les nations opprimées par une autre. Autrement, ce n’est qu’un principe de droit bourgeois prétenduement « au-dessus » des antagonismes.

– Le droit des nations opprimées à disposer d’elles-mêmes a un rôle comme mot d’ordre dans la nation oppressive : séparer les marxistes et les opportunistes (qui refusent la révolution prolétarienne et se limitent aux revendications démocratiques bourgeoises).

Nous pouvons maintenant analyser la situation en Espagne en prenant en compte tout ce qui vient d’être dit sur le droit des nations à disposer d’elles-mêmes.

Historiquement, la Catalogne est l’une des différentes nations qui constitue l’Espagne, avec des relations conflictuelles qui remontent à la loin. Contrairement à la France, l’Espagne n’a connu l’industrialisation que tardivement. Ainsi, la centralisation économique, base de toute intégration nationale (au niveau politique) ne s’y est pas réalisée complètement. En France, la centralisation a commencé avec Hugues Capet, qui a commencé à discipliner la féodalité, les rois de France ont progressivement construit le système qui s’est appelé plus tard la monarchie absolue, dont l’apogée se situe à l’époque du règne Louis XIV, et qui a permis ensuite le poursuite de cette centralisation par la révolution française, et en particulier par les jacobins, puis par l’empire et la république. La France a imposé une culture et une langue unique, au détriment de la langue d’oc et du breton par exemple, et cela n’a été possible que parce que la bourgeoisie française s’est développée de façon importante sur le plan économique tout au long de son histoire. C’est ce développement économique qui a permis l’émergence des routes, des cartes, des réseaux de poste, qui ont facilité la centralisation.

L’Espagne n’a pas connu un développement capitaliste aussi important parce qu’elle s’est contentée de s’enrichir par le commerce de l’or à partir de la découverte de l’Amérique et le pillage des colonies. Au lieu d’être réalisé par la bourgeoisie, ce processus s’est fait autour de la noblesse et de l’Eglise, qui conservait l’or ou bâtissait des cathédrales, là où la bourgeoisie anglaise par exemple, utilisait cette accumulation primitive pour investir dans l’industrie.

Au lieu d’avoir une bourgeoisie espagnole s’imposant et centralisant le pays sur le plan économique, linguistique et culturel, il s’est développé à des échelles plus petites diverses bourgeoisies, avec diverses langues et cultures. C’est ce qui explique que l’intégration nationale espagnole ne soit pas achevée. Lorsque la bourgeoisie espagnole a commencé à émerger, elle avait alors à faire face à des petites nations déjà solidement constituées, et donc plus difficiles à intégrer (tout comme la Russie, de façon encore plus importante avec l’Ukraine, les pays du Caucase, etc.).

Les trois langues de la Catalogne sont le catalan, devenu langue administrative, juridique et littéraire à partir du XIIe siècle, l’occitan et l’espagnol.

Aujourd’hui, la Catalogne est une région dont l’économie est basée sur l’agriculture à 2,8%, notamment la production de viande et de vin. L’industrie représente 37,2% du PIB catalan et les services 60%. Par comparaison, le PIB espagnol est moins basé sur l’industrie (29%) et davantage sur les services (67%). 19% des voitures produites en Espagne sont produites en Catalogne.

Avec ses 18 millions de visiteurs en 2016, la Catalogne est la première destination touristique de l’Espagne, en particulier Barcelone, le littoral et les stations et de ski dans les pyréennées. Cela explique le prix élevé des logements. Le prix moyen du mètre carré y est de 3700€, juste derrière Madrid (3397€). Certains économistes considèrent que l’immobilier espagnol est dans une bulle (c’est à dire que le prix augmente par la spéculation immobilière et peut s’effondrer, provoquant des dégâts financiers majeurs).

Le taux de chômage officiel de la Catalogne était de 17,5% en 2016, contre 20% dans toute l’Espagne. Avec ses 7 millions et demi d’habitants (dont un peu plus de 14% d’immigrés), la Catalogne représente environ 16,15% de la population espagnole (qui comptait au total 46,56 millions d’habitants en 2016). Le chômage de l’Espagne, Catalogne exclue, est donc probablement autour des 20,5%. Barcelone représente à elle seule 1,6 millions d’habitants, soit 21% de la population catalane.

La population catalane est assez semblable au reste de l’Espagne en terme d’âge et d’espérance de vie.

Les exportations de la Catalogne ont été multiplié par 3,5 en 20 ans. Sur 255 milliards d’euros, la Catalogne constitue 63,8 milliards d’euros d’exportations. Environ 30% des exportations espagnoles sont faites depuis la Catalogne et la région affichait en 2016 un excédent commercial de 27 milliards d’euros. La catalogne exporte 70% de sa production en Espagne.

Le secteur bancaire espagnol, qui est en grande difficulté depuis la crise économique de 2008, a récemment été affecté par la vente pour 1€ de la Banco Popular (6e banque du pays) à la Banco Santander. Le secteur bancaire espagnol est très développé en Catalogne. C’est en effet en Catalogne que se trouve La Caixa, première caisse d’épargne d’Europe, et la Banc Sabadell, quatrième banque privée espagnole.

La Bourse de Barcelone est la deuxième bourse d’Espagne après celle de Madrid. La Catalogne reçoit 56% des investissements étrangers dans les fonds dédiés aux start-up.

En 2012, le président de la Catalogne, Artur Mas, envisageait un défaut de paiement de la dette catalane, tant celle-ci est élevée (41 milliards d’euro en 2012). Aujourd’hui, la dette de la Catalogne atteint un montant de 75,4 milliards d’euro, ce qui en fait la troisième région la plus endettée d’Espagne.

L’union europenne, qui dans ses textes se déclare opposée à toute secession régionale, participe néanmoins au renforcement économique, culturel et linguistique des régions dans le cadre du projet fédéraliste européen, dont l’Allemagne se sert pour contourner les nations déjà constituées, en espérant avoir dans le rapport de force européen, des interlocuteurs de moindre envergure.

Les vielles nations impérialistes du contient européen, fragilisées par 10 années de crise économique, deviennent des entités plus faciles à déstabiliser dans leur intégrité politique et territoriale. Tous les pays de l’union européenne, y compris l’Allemagne, ont une dette publique et privée très importante, un chômage réel qui n’a cessé d’augmenter. Tandis que l’Europe s’effondre, l’union européenne, dont la nation dominante est aujoud’hui l’Allemagne, tente de profiter de cette situation pour redessiner la carte à son avantage.

La Catalogne est donc une région développée économiquement, en relation avec l’économie espagnole et le capital financier international ; elle est en même temps une nation qui possède une identité culturelle et linguistique différente de celle l’Espagne.

On observe des points communs dans d’autres régions en Europe : Bretagne, Corse, Occitanie, Ecosse, nord de l’Italie et d’autres. Des régions qui pour des raisons économiques, voient les nations existantes comme un poids. Dans un contexte de crise économique mondiale, l’économie, socle de l’intégration nationale passée, ne croit plus suffisament. D’un autre côté, la question culturelle et linguistique sert de front pour faire reculer l’intégration nationale existante, le tout, aidé par des intérêts de certaines puissances impérialistes.

Y a-t-il une oppression nationale de l’Espagne sur la Catalogne ? Sur le plan économique, c’est faux. La Catalogne se développe depuis des années grâce à la dette de l’état espagnol. En effet, en tant que région au statut d’autonomie relatif, la Catalogne pourrait emprunter directement sur les marchés financiers, mais à quel prix ? Certainement pas le même que celui d’un état comme l’Espagne, qui, même s’il est tout autant en faillite, est suffisament stable pour payer sa dette grâce aux impôts. Sur le plan des impôts, le différentiel est peu important, il est surtout du au fait que les impôts sont payés par les villes alors que l’Espagne a connu un certain retard dans le développement urbain.

Sur le plan culturel et lingustique, là encore, le catalan est enseigné dans les écoles et couramment utilisé, il n’y a pas de répression culturelle. La Catalogne bénéficie d’une large autonomie sur ce plan. Bref, sur quoi repose donc les renvendications des indépendantistes catalans ? Etre indépendant de Madrid pour être dépendant directement de Bruxelles ?

La réalité est qu’une partie de la bourgeoisie et de la petite bourgeoisie catalane suit son intérêt, c’est à dire est persuadée de payer pour les « faignants » du reste de l’Espagne. Et en effet, pas besoin de l’Espagne pour le tourisme, ni pour exporter du vin en dehors de l’Espagne. Une autre partie de la bourgeoisie catalane vit du commerce avec l’Espagne, et d’ailleurs les grandes sociétés n’ont aucun problème avec les impôts. Le mouvement indépendantiste est donc un mouvement bourgeois et petit bourgeois, qui s’oppose à la bourgeoisie madrilène et à une partie de la bourgeoisie catalane. Du côté de Madrid, le pays est resté sans gouvernement pendant presque un an en 2016. Le gouvernement actuel fait face (en dépit des mensonges de « reprise » économique), à une véritable montée de la pauvreté, du « populisme », et voit donc le nationalisme comme une parfaite diversion dans laquelle il pourra détourner le peuple des véritables problèmes. De chaque côté, la bourgeoisie tente de mobiliser le prolétariat derrière la question nationale, ce qui est un succès moyen.

Par sa propre force interne, la Catalogne ne peut pas avoir son indépendance sans le soutien du prolétariat, car la bourgeoisie catalane est elle-même divisée. La question d’entraîner le prolétariat dans cette lutte est, pour la bourgeoisie des deux côtés, une nécessité absolue. Car la bourgeoisie catalne, divisée, ne peut à elle seule remporter son indépendance et la bourgeoisie madrilène utilise le nationalisme catalan pour faire resurgir un nationalisme espagnol, entraînant ainsi dans un conflit national sans issue où l’arme du chauvinisme est le chiffon rouge dont le toréador se sert pour diviser le prolétariat espagnol.

Dans cette situation, il est absurde de qualifier le processus d’indépendance actuel comme une lutte de libération nationale. En tant que mouvement populaire, il pourrait servir de base à un mouvement révolutionnaire socialiste si les communistes espagnols et catalans travaillaient à l’unité du prolétariat. Le problème, c’est que comme la Catalogne n’a rien d’une nation opprimée par l’Espagne, cette lutte de « libération » est totalement artificielle et le prolétariat espagnol ne comprend pas pourquoi la Catalogne veut se séparer du reste du pays, ce qui ouvre la porte au chauvinisme de part et d’autre.

Les marxistes sont de véritables internationalistes, ils reconnaissent le droit des nations opprimées à disposer d’elles-mêmes, et travaillent à l’unité du prolétariat de tous les pays, à l’indépendance du prolétariat de la politique de toute bourgeoisie, y compris lorsqu’il faut la soutenir tactiquement. Les marxistes mettent en avant non pas la culture nationale de la nation opprimée, mais la culture internationale du prolétariat, qui prend dans chaque culture nationale les aspects démocratiques socialistes.

Dans le cas présent, l’indépendance de la Catalogne tourne à la surenchère nationaliste, au moment où la crise économique s’aggrave et où c’est la question du renversement du capitalisme et de la « démocratie » bourgeoise qui est à l’ordre du jour.

« Est-ce que la reconnaissance du droit à l’autodétermination des nations exige vraiment le soutien de n’importe quelle revendication d’autodétermination émanant de n’importe quelle nation ? La reconnaissance du droit pour tous les citoyens d’organiser des associations libres ne nous oblige nullement, nous, social-démocrates, à soutenir la formation de n’importe quelle association nouvelle, elle ne nous empêche nullement de nous prononcer et de faire de la propagande contre l’idée de former telle ou telle nouvelle association, si l’idée en est inopportune et déraisonnable. » (Lénine, LA QUESTION NATIONALE DANS NOTRE PROGRAMME, 1903)

********************************

Sources :

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2017/10/16/la-question-nationale-et-la-situation-actuelle-en-espagne/

Sur le site du camarade W-H. :

http://www.proletaire.altervista.org/recherche%20marxisme/actualite.php

Sur le même thème, voir également :

https://solydairinfo.wordpress.com/2017/10/11/catalogne-espagne-jaune-et-rouge-ou-bien-rouge-ou-jaune/

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2017/10/14/sur-la-catalogne-un-nouvel-echange-avec-le-camarade-do-du-site-vlr-mai-68/

https://solydairinfo.wordpress.com/2017/10/15/dommage-pour-la-catalogne-un-topo-de-son-histoire-recente/

****************************

Répondre à cet article

SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0