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D’une Chapelle pseudo-"marxiste", le bréviaire, le chapelet et sa perle : brève exégèse...

vendredi 9 avril 2021, par Luniterre

Un "courageux anonyme" a récemment tenté de s’en prendre à notre analyse de l’évolution banco-centraliste du système de domination de classe en stigmatisant un éventuel "oubli" des tensions inter-impérialistes :

"…la classe dominante, est seulement apparemment d’accord au niveau international mais les conflits inter-impérialistes demeurent et s’aiguisent même de plus en plus au fil de la crise . Ils s’aiguisent car la baisse tendancielle du taux de profit devient insupportable et seule la guerre pourra y remédier temporairement car , elle seule , permettra la destruction des forces productives anciennes et leur reconstruction avec un niveau d’exploitation plus élevé … L’épisode actuel n’y remédiera en rien et s’il devait durer , l’Humanité s’enfoncerait dans la barbarie et s’acheminerait vers sa fin , issue que le marxisme n’a jamais écarté …" - http://mai68.org/spip2/spip.php?art…

C’est le type même de discours du gars qui récite son bréviaire de chapelle sur la baisse tendancielle du taux de profit, sans être capable d’ouvrir les yeux sur le monde réel d’aujourd’hui, où ce cap est déjà dépassé par le système, via la compensation en profits fictifs assurés par le roulement de la dette et la création monétaire suffisante pour la garantir, gérée et contrôlée par les Banques Centrales.

Dans le monde actuel, le pouvoir de contrôler les économies modernes est concentré entre les cinq principales Banques Centrales : FED, PBoC, BCE, BoE, BoJ. Chacune a sa zone d’influence et sa zone monétaire, mais les cinq sont interdépendantes, malgré les contradictions inter-impérialistes subsistantes, parce que les politiques monétaires « modernes », depuis 2008, ne sont possibles que de façon coordonnées, en réalité.

Même le cours du Yuan et du Dollar restent nécessairement liés et indexés l’un à l’autre, dans une fourchette nécessairement très étroite, (+ ou — 2% du « cours pivot »), sans quoi les variations « spontanées » du change entraineraient ces deux géants dans un krach en quelques jours, tout comme un relèvement un tant soit peu « inattendu » des taux directeurs FED et BCE, entrainerait l’ensemble de l’économie occidentale à la faillite.

Depuis le début de ce siècle, et surtout depuis 2008, l’ensemble de l’économie mondiale repose sur le fragile équilibre des politiques monétaires, que personne n’a intérêt à rompre, ce qui est une relative garantie face à l’éventualité d’un conflit planétaire, dont personne ne tirerait avantage.

Les seuls « francs tireurs », si l’on peut dire, dans ce monde, sont, paradoxalement, mais logiquement, en fait, les nations qui ont précisément été mises « au ban des nations » pour les diverses raisons historiques et politiques, comme la Russie et l’Iran, et qui se sont donc trouvées obligée de survivre en relative autarcie, et de façon la plus endogène possible, sinon, en termes de développement économique.

Ils sont donc « francs tireurs » en termes de résistance nationale et de protection de leurs zones d’influences respectives, nécessaires à leur survie comme nations indépendantes, mais ils n’ont évidemment pas davantage intérêt à des confrontations armées systématiques, contrairement à ce que prétendent les impérialistes.

Il s’agit essentiellement d’une stratégie de défense coordonnée, qui implique parfois des actions vitales de contre-offensives nécessaires.

Mais entre les pôles financiers impérialistes et ces quelques nations bourgeoises encore indépendantes, demeure donc toujours, sur le plan économique, une différence d’échelle tellement considérable que l’on peut réellement parler, dans leur cas, de survivances de bourgeoisies nationales. Idem pour le Bélarus, comme autre exemple. La RPDC, Cuba, sont dans ce type de situation, également. Dans ce cas, les pays les plus petits ou affaiblis économiquement sont donc constamment pris dans les influences contradictoires, avec le plus souvent beaucoup de difficultés à résister, comme le Venezuela, la Syrie, etc…

Le système à donc bien effectivement désormais un problème avec la population improductive surnuméraire, mais la solution guerrière n’est pas l’option majeure, au delà de conflits d’importance régionale néanmoins considérable. La solution est manifestement le tristement fameux "tittytainment"(*), principe de maintien et de soumission dans l’oisiveté de cette masse. C’est le prototype de cette situation qui est constitué par l’expérience du confinement massif. Bien évidemment, cela n’exclut pas forcément des solutions de " régulation " plus drastiques, dont l’obligation de vaccination pourrait également être le prototype.

Voilà donc sur le point des tensions inter-impérialistes encore subsistantes.

Mais de plus, dans le chapelet du récitant de ce bréviaire de chapelle pseudo-« marxiste » (…laquelle, au fait ?), il y a une de ces perles qui est bien le signe caractéristique de l’ignorance et de la bêtise crasse de la « gauche » française (et/ou francophone) actuelle :

« …seule la guerre pourra y remédier temporairement car, elle seule, permettra la destruction des forces productives anciennes et leur reconstruction avec un niveau d’exploitation plus élevé… »

En réalité, du point de vue de l’analyse historique, c’est déjà une contre-vérité si flagrante que l’on reste tout d’abord sans voix devant la capacité de ce genre de prêcheur à se complaire dans ses propres proclamations messianiques de bazar…

En effet, si le constat d’évidence est bien que les guerres ont jusqu’ici permis au système de se débarrasser des forces productives obsolètes pour généraliser les techniques les plus modernes, non seulement il ne va pas de soi que cela a renforcé à chaque fois le degré d’exploitation du prolétariat, mais c’est même le contraire qui s’est le plus souvent produit, comme le montre suffisamment l’exemple type des « 30 Glorieuses », aux lendemains de la 2e GM.

La rationalisation productive du temps de travail ne va pas forcément avec un recul du capital investi dans la masse salariale, comme le montre l’exemple de l’instauration et de la généralisation du taylorisme sur la ligne de production de la Ford T, en 1914, qui voit les salaires plus que doubler.

Au contraire, donc, dans les périodes de nouvelle expansion du capital productif, le capitaliste perçoit très bien l’intérêt de maintenir une part élevée du capital circulant dans la masse salariale, afin précisément d’assurer la rotation complète et le développement du cycle production-consommation. Ce qui prouve, du reste, que les bourgeois avisés ont toujours lu attentivement Marx, contrairement à la plupart des pseudos-« marxistes », et qu’ils en ont tiré les conséquences pratiques utiles pour leur bizness, dès le début du XXe siècle. Dès lors, il n’y a aucune raison de supposer qu’ils soient devenus des andouilles complètes depuis, et, hélas, la suite de l’histoire le confirme…

Ce principe de circulation du capital exige donc une relative entente tacite, sinon explicite, entre monopoles des diverses branches d’activité et un frein relativement « naturel » à la concurrence, qui se trouve du fait de l’endogénéité, également relative, des bassins de développement économique, dans les premières phases de la mondialisation, entre deux guerres et encore, dans les premières décennies suivant la seconde.

Mais ce consensus a commencé à réellement voler en éclats avec le premier « choc pétrolier » et la nouvelle « compradorisation » de la Chine maoïste, au début des années 70. C’est également à cette époque que l’industrie occidentale, et même japonaise, atteint son pic de productivité maximum. Dès lors, la tertiairisation de l’économie devient la roue de secours de la circulation du capital par le biais de la masse salariale, tout en rencontrant assez vite ses limites.

La « financiarisation » exacerbée de l’économie impérialiste permet néanmoins à ce système d’atteindre son apogée à la fin du XXe siècle, avec le passage progressif de la Chine par tous les stades « classiques » plus ou moins entremêlés, d’une économie néo-comprador à une économie financière en soi et pour soi, de type potentiellement impérialiste.

Mais dans sa lancée le développement chinois avance aussi l’ère de l’automatisation et de la robotisation à grande échelle des forces productives, celle qui voit s’amorcer une décorrélation entre temps de travail et valeur d’usage produite, qui n’est de plus en plus que la seule et simple reproduction de la valeur d’usage du capital fixe. Syndrome que Marx avait déjà parfaitement analysé et décrit, dans ses Grundrisse, dès 1857, en observant simplement le développement de l’industrie primitive, entièrement et encore exclusivement mue par la machine à vapeur.

Sur les dernières décennies, depuis la fin du XXe siècle, les analystes au service du système ont largement eu le temps d’étudier toutes ces questions et il est donc parfaitement présomptueux, et même, carrément idiot, de supposer qu’ils soient donc aujourd’hui moins « réactifs » que leurs prédécesseurs aux mutations inexorables de leur propre système et qu’ils n’aient pas déjà agit en conséquence, non pour un pseudo-« modèle » de conservatisme psycho-rigide, voué à la ruine à brève échéance, mais bien pour faire évoluer formes et processus fondamentaux de leur système de domination de classe, en fonction de toutes les données observables et de la dynamique intrinsèque qui s’en dégage.

C’est à l’évidence ce qui peut se comprendre avec l’analyse des politiques monétaires menées depuis 2008 et de leurs incidences sur la survie du capital financier et l’évolution de sa corrélation avec le développement du cycle du capital fixe.

Cycle qui ne peut continuer à se développer que par un endettement systémique entièrement sous le contrôle des Banques Centrales, impliquant, à terme, leur mainmise directe sur l’ensemble de la production de valeurs d’usage, monopolisant ainsi tout usage matériel de la vie, ce qui ne peut aller sans le monopole correspondant de ce qui reste de conscience humaine.

Luniterre

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