Le banco-centralisme
mardi 24 août 2021, par do
"Le banco-centralisme est une théorie développée par Luniterre.
Voici le banco-centralisme tel que je le comprends. Voici comment on peut le vulgariser.
Le banco-centralisme succède au capitalisme.
Je pense que la théorie de Luniterre est bien plus facile à accepter et à comprendre en commençant par faire remarquer que les prix sont complètement déconnectés de la réalité (la société de l’arnaque) :
http://mai68.org/spip/spip.php?arti…
Ensuite, il faut expliquer la théorie de la plus-value à ceux qui ne la connaissent pas. Ce qui n’est pas compliqué : le prix d’une marchandise est égal au temps de travail humain nécessaire à sa production. La plus-value est la différence entre ce prix, et le prix qu’est payé le travail humain par le capitaliste. Je crois que tout le monde peut comprendre ça.
Et, tout de suite après, commencer directement par la fin du raisonnement de Luniterre : Comme bientôt toutes lignes de production existeront sans aucun travailleur (humain), la plus-value disparaitra complètement. Donc, l’argent devrait disparaître avec elle. Donc, seuls les grands-maîtres de la monnaie (les banco-centralistes, ceux à qui appartiennent les banques centrales) peuvent conserver le pouvoir à condition de rendre artificiellement indispensable l’utilisation de l’argent.
Après, ceux qui veulent plus de précisions liront les articles de Luniterre sur ce site. Je lui laisse le soin de mettre en commentaire les liens qu’il juge indispensables.
Bien à vous, do
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Bonjour, camarade !
Tout d’abord, je tiens à préciser que cette initiative pour relancer le débat de fond sur la mutation banco-centraliste en cours du système de domination de classe est essentiellement la tienne, et que je ne l’ai nullement sollicitée. Au contraire, même, en un sens, vu que dans nos derniers échanges je faisais le constat d’un refus quasi systématique de débattre de cette question par les divers « mandarins » plus ou moins autoproclamés des divers pseudos « marxisme révolutionnaires » et gauchismes assimilés…
Néanmoins, la tentative de vulgarisation que tu fais de cette question peut être intéressante comme essai de toucher un autre public, qui n’a pas forcément une culture « économique » très poussée, comme c’est le cas de la nouvelle Résistance contre la dictature pseudo-« sanitaire » !
Dans ton approche, même si ultra simplifiée, il n’y a rien de faux, quant au fond, ce qui change déjà par rapport à bien d’autres « thèses » d’apparences plus sophistiquées.
Ce qui manque, néanmoins, pour caractériser le stade actuel, dans le processus de cette mutation en cours, c’est une approche du point de passage dialectique d’une situation à l’autre, c’est-à-dire du stade capitaliste « classique » comme forme dominante, au stade ou la forme banco-centraliste devient dominante par rapport au capitalisme « classique ».
Dans ton texte c’est :
« Comme bientôt toutes lignes de production existeront sans aucun travailleur (humain), la plus-value disparaitra complètement. »
Ce qui est rigoureusement exact : un système de production entièrement automatisé et robotisé, c’est zéro plus-value extraite de la force de travail humain, par définition. Une évidence, et, quasiment, une « lapalissade », mais qu’il reste absolument nécessaire de souligner pour expliquer. (1)
Pour autant, et comme on le voit presque tous les jours avec les « restructurations » industrielles, le processus d’exclusion de la force de travail humaine est un processus continu et non pas « instantané ».
La même évidence logique implique donc que la part de plus-value réelle extraite de la production industrielle diminue elle aussi de manière continue avec les processus d’automatisation et de robotisation. (2)
La question essentielle, pour comprendre où se situe le point de basculement d’un système de domination dans un autre, du capitalisme au banco-centralisme, c’est donc de savoir à partir de quel moment la valeur encore produite n’est plus suffisante pour l’élargissement du capital, et non pas simplement de voir à quel moment le travail humain productif disparaîtra complètement.
Sur ce point, et pour prolonger formellement, et même "Quoi qu’il en coûte", la survie de leur domination de classe, les économistes bourgeois reprennent en apparence le concept marxiste d’ « augmentation de la productivité du travail » dérivée de la « plus-value relative », mais sans en voir (…ou plutôt, sans montrer !) la limite, où, à laquelle, au contraire, ce processus s’inverse :
Selon ce mythe bourgeois (…et pseudo-« marxiste » !) de l’augmentation « infinie » de la productivité du travail, les quelques derniers ouvriers travaillant encore sur une ligne en cours de robotisation presque totale seraient donc « hyper-productifs », et donc hyper-« rentables », et le tout dernier prolo en ligne, quasiment une « poule aux œufs d’or » absolument fabuleuse et on comprendrait donc mal, selon cette logique, le besoin impérieux du capitaliste de virer ce dernier « carré d’as », et/ou ce mythique « dernier ouvrier sur la ligne de production » !!!
Alors que même les études des économistes travaillant directement pour les banques centrales en sont arrivées à ce constat : arrivés un certain degré d’automatisation et de progrès technique, les « gains de productivité » procurés par les nouvelles technologies sont de plus en plus faibles, et la productivité du travail chute, de manière relative, au lieu d’augmenter. Et donc il n’y a plus d’augmentation de la plus-value relative possible, au-delà d’une certaine limite, et conformément, en réalité, à une lecture simple et directe du texte de Marx sur le sujet, de plus !
Il y a donc un double discours des économistes bourgeois, celui destiné aux « chroniques économiques » des médias « grand public », axés en permanence sur la « compétitivité », et ceux, plus discrets, destinés aux gestionnaires « macro-économiques » du système, (…genre Banques Centrales !) et qui explorent, implicitement ou explicitement, les voies de la restructuration banco-centraliste, en vue d’assurer la pérennité du système de domination de classe, en deçà et au-delà de la « limite de rentabilité » du capitalisme « classique », fondé sur l’extraction de plus-value de la force de travail humaine.
Et dans ce cas, pourrait-on penser, pourquoi poursuivre ce processus, pourquoi ne pas chercher à « arrêter le progrès technologique », en vue de sauvegarder la « rentabilité » du système ?
La raison la plus simple et la plus évidente, c’est que chaque « progrès » apporte au capitaliste qui le maîtrise en premier un « avantage concurrentiel » en termes de coût de production, tel qu’il lui procure donc un avantage provisoire important, en termes de « concurrence » et donc de « conquête des marchés », par rapport à ses concurrents.
« Arrêter le progrès » suppose donc non seulement une entente explicite mettant fin à la concurrence entre tous les intervenants, un truc déjà intenable en soi, et de plus, que cela soit scrupuleusement respecté par tous, alors que les travaux de recherche sont souvent « secrets » jusqu’au dépôt des brevets, et il suffirait donc d’un seul qui mette « discrètement » en œuvre une innovation "productive" pour que tout l’accord vole en éclat…
L’histoire montre que même les périodes de destructions guerrières sont particulièrement favorables aux innovations technologiques, sous l’emprise de la nécessité. Le développement des forces productives est une force intrinsèque de l’activité économique qui dépasse largement la simple volonté humaine individuelle. Il est possible de l’orienter, vers tel ou tel objectif, plus ou moins « rentable » ou plus ou moins socialement utile, mais certainement pas de l’arrêter, sauf destruction complète de la civilisation.
Le développement des forces productives peut donc s’entendre de deux manières, qui sont, au fond, radicalement antinomiques :
__En fonction de la croissance du capital
__En fonction des besoins sociaux à satisfaire.
Au cours de l’histoire économique et sociale humaine le capital ne devient « productif » que par nécessité, avec l’apparition de la manufacture puis de l’industrie moderne, donnant naissance à ce que l’on peut donc désormais appeler le « capitalisme classique » au sens où l’entend précisément la pensée économique « classique », dont celle de Marx, et « néo-classique », à la suite.
Comme on le comprend bien, maintenant, c’est donc cette période elle-même qui est désormais en train de s’achever, avec la réduction systémique de production de plus-value extraite du travail productif humain.
En un sens, cette nouvelle période pourrait apparaître comme le triomphe de l’économie « néo-classique » sur sa devancière « classique », marxiste ou non, mais on va vite voir pourquoi précisément il n’en est rien, et pourquoi il faut simplement aborder cette période avec un regard entièrement neuf, pour la comprendre, même si précisément en tenant compte des leçons de l’histoire passée.
Il ne s’agit pas, ici, essentiellement, d’une « querelle d’écoles », « classiques » contre « néoclassiques », ce qui, même avec les enjeux sociopolitiques qui la sous-tendent, serait hors-sujet, en réponse au camarade Do, et on va encore plus précisément voir pourquoi : en effet, reprenons l’ensemble des deux propositions consécutives du camarade :
« Comme bientôt toutes lignes de production existeront sans aucun travailleur (humain), la plus-value disparaitra complètement. Donc, l’argent devrait disparaître avec elle. »
Le lien direct, établi ainsi, entre plus-value (extraite du travail) et argent (…et donc, monnaie, en fait !), repose, en réalité, sur le lien entre valeur et prix. En toute logique, il est donc nécessaire, pour une compréhension complète de cette question, d’explorer les différents liens :
__Travail >>> valeur
__Valeur >>> prix
__Monnaie >>> prix
__Valeur >>> monnaie (« argent »)
__Monnaie (« argent ») >>> marchandise
__Marchandise >>> valeur
__Marchandise >>> prix
…etc… Pour en arriver au stade ou la « valeur » de la production est donc totalement déconnectée du travail humain vivant…
Au stade banco-centraliste achevé elle ne lui est plus reliée que par la trace historique selon laquelle la production des machines est l’héritage cumulé du travail des générations précédentes.
Dans les siècles passés, au stade le plus primitif de l’accumulation, celui des terres cultivables, le travail humain, sous une forme ou sous une autre, restait nécessaire pour les mettre en valeur.(3)
Au stade « final » de l’accumulation du capital fixe (la machinerie entièrement automatisée/robotisée), le travail humain est donc par contre exclu, et la valeur de la production n’est plus que celle de la reproduction de ce capital fixe accaparé. (Plus, évidemment, les divers intrants en matières premières, énergies, etc…)
Fondamentalement, la production n’a plus ainsi qu’une valeur d’usage, dans la mesure où elle répond à des besoins exprimés par la société.
…Et que ce soient des besoins vitaux incontournables, de simple survie, en bas de l’échelle sociale, ou des besoins purement fantasmagoriques et subjectifs, en haut de l’échelle sociale.
Dans la mesure où elle n’a plus besoin de travail humain productif directement intégré à la production, la classe dominante, jusque là « capitaliste » au sens classique du terme, qui s’est accaparé l’appareil productif, n’a donc plus besoin de la majorité de la population du globe, qui, à ses yeux et selon son intérêt de classe ne fait que gaspiller des ressources naturelles en voie de raréfaction, et même "polluer la planète" par la part de production « basique » simplement nécessaire à la survie de cette masse populaire devenue inutile à son intérêt de classe.
Si la partie la plus consciente de la grande bourgeoisie à l’égard de cet enjeu planétaire pour sa survie en tant que classe n’entend évidemment pas le proclamer tel quel sur les toits, et on comprend aisément pourquoi, on ne peut effectivement pas parler de « complotisme » pour autant, même si cela en prends, de fait, la forme, alors qu’il s’agit tout simplement d’une nécessité économique impérative pour elle !
Nous n’en sommes pas encore exactement à ce stade « final », mais le sentiment de révolte exprimé par une partie des classes populaires contre la dictature pseudo-« sanitaire » correspond bien à une prise de conscience quasi-« instinctive » de cet enjeu et du sort qui leur sera réservé, si l’on peut dire, par cette « solution finale » d’un nouveau type et répondant à de nouvelles contraintes, effectivement différentes de celles qui reposaient sur le Reich nazi et ses alliés. (4)
Et comme on l’a vu, donc, entre ce « stade final » du banco-centralisme et le stade capitaliste « classique » finissant, il y a donc un « stade de transition » qui est d’ores et déjà banco-centraliste, dans son principe économique fondamental, mais semble rester formellement compatible avec le capitalisme « classique », tout simplement parce qu’il doit, tout aussi formellement, le maintenir en survie « artificielle » pour mener à bien le processus complet de banco-centralisation, sans attiser, ou le moins possible, les révoltes populaires, de façon à pouvoir les réduire, et au besoin, les écraser brutalement, sans que cela ne génère une résistance durable et éventuellement rédhibitoire pour l’ensemble du processus.
A ce "stade de transition", et à l’instar d’une boisson bien connue d’origine canadienne, « Ça a la couleur du Capitalisme, le goût du Capitalisme,… mais ce n’est pas du Capitalisme… » , vu que c’est déjà du banco-centralisme, dans le principe économique fondamental !
Et par voie de conséquence, toute la "gauche critique" de ce "capitalisme", dupe plus ou moins complaisante de cette mutation carrément délétère pour les prolétaires, n’est plus elle-même, malgré ses rodomontades verbales et sa rhétorique redondante, que le "Canada Dry" du marxisme-léninisme !
C’est dans ce « stade de transition », celui dans lequel nous sommes, en fait, et depuis 2008 déjà, que se situe le triomphe apparent de l’ « école néoclassique », et, singulièrement, de sa composante « autrichienne », la plus « radicale », selon laquelle « Valeur = Prix », point barre. C’est à dire prix du marché, simple fonction « subjective » de l’offre et de la demande, indépendamment de toute autre considération.
On pourrait donc, ici, passer en revue les différentes méthodes théoriques expliquant la transformation des valeurs en prix, et même, on le devrait, mais cela implique pratiquement un article long et compliqué, quasiment un bouquin, en fait, et le raccourci du camarade Do nous permet donc, en fait de vulgarisation, d’abréger cette étape à ses deux « extrémités », sinon ces deux « extrêmes »…
Réduire la valeur au prix implique donc au moins une contrainte : qu’il y ait, précisément, de l’argent en circulation, bref, une quantité suffisante et à tout le moins, non nulle, quoi qu’il en soit, de monnaie.
Et lorsque vous et moi, c’est-à-dire la grande masse des « consommateurs » plus ou moins nécessiteux, sortons de la monnaie de notre poche, fût-ce sous la forme d’une carte bancaire, c’est, le plus souvent, et même si parfois indirectement (pour les retraités), le fruit de notre travail, que nous dépensons, quel que soit le besoin vital ou l’envie fantaisiste que nos envisageons de satisfaire ainsi.
En réalité, et à l’évidence, le simple bon sens indique qu’il y a déjà immédiatement une hiérarchie des besoins et des motivations de consommation, et donc, également, de la formation des valeurs et des prix, même si on veut la réduire à une simple problématique de marché (offre/demande). La satisfaction des besoins les plus subjectifs et les plus fantaisistes, voire même, carrément fantasmagoriques, n’est possible que si les besoins vitaux les plus essentiels sont déjà satisfaits, d’une manière ou d’une autre : supposons un SDF affamé qui ramasse par hasard un ticket gagnant du loto malencontreusement égaré par le joueur initial… (Ce que l’on pourrait appeler la parabole du ticket gagnant-perdu… !) Il est évident qu’avant de penser éventuellement à se payer une Ferrari ou un tableau de Picasso, ce SDF pensera d’abord à se payer tout de suite un très bon sandwich…
Même sans être encore réduits tout à fait à la situation de ce SDF avant sa trouvaille, nous répartissons instinctivement, le plus souvent, le bon sens aidant, la hiérarchie de nos dépenses en fonction de la hiérarchie de nos besoins, en commençant par les plus vitaux. Tant qu’il subsiste une masse de travailleurs productifs, même si en voie de réduction relative, il reste donc toujours une partie « incompressible » de l’activité économique, et relative à l’importance de cette masse, qui se comporte selon les lois basiques de l’économie « classique », n’en déplaise aux « néos-… » !
Et comme la masse des consommateurs est donc aussi, pour l’essentiel, la masse des travailleurs salariés, il est en fin de compte essentiel de comprendre dans quelle mesure et dans quelles proportions ils échangent entre eux, même si indirectement, les produits de leur travail, en dépensant, par leur consommation, l’argent de leurs salaires respectifs.
C’est cet aspect encore « survivant » de la circulation monétaire, et donc aussi, de la circulation du capital, qui est complètement négligé par les « économistes » actuels, aussi bien « autrichiens » que pseudos-« marxistes », pseudos-« révolutionnaires » ou simplement « marxiens » universitaires, selon leur propre appellation.
Il est clair, ou tout au moins, devrait l’être, que cette circulation est la condition sine qua non de la reproduction de la force de travail, et donc, de la réalisation de la plus-value encore extraite de cette force.
Pour autant, elle se perd, inévitablement, face au développement du capital fixe (machinerie automatisée), telle qu’un oued dans les sables du désert, et cela sous deux aspects essentiels, le plus évident étant sa raréfaction relative, en masses de capitaux comparées (évolution défavorable du rapport C/V, capital constant (fixe) sur capital humain « variable »), et l’autre, moins évident, par son « absorption » par le cycle de reproduction du capital fixe.
Ce deuxième aspect est tout aussi déterminant, pour l’évolution banco-centraliste du système de domination de classe, et c’est même le plus prégnant, dans la phase actuelle de « transition », avec survivance artificielle du capitalisme « classique », déjà caduque, mais encore utile à la mutation actuelle et à l’achèvement du banco-centralisme intégral, qui sera, in fine, essentiellement débarrassé de ce vestige.
Dans un article plus ancien nous avions évoqué la création d’une ligne de fabrication automobile entièrement automatisée et robotisée pour expliquer l’intégration du travail intellectuel créatif directement au cycle de reproduction du capital fixe et non à la création de valeur par le cycle de la plus-value :
« Great Reset » : le banco-centralisme est-il un « complot pervers » ou simplement la conséquence incontournable d’une évolution systémique ?
http://mai68.org/spip2/spip.php?article7752
Dans un autre un peu moins ancien nous avions comparé, pour expliquer le surdéveloppement du capital fictif, dans la phase actuelle, l’emplette, par un particulier, d’une voiture d’occasion, à l’emplette d’une voiture neuve qui sortirait de la chaîne automatisée du précédent article…
“Le Crime du Garagiste” – Le Casse Banco-centraliste !
http://mai68.org/spip2/spip.php?article8195
Pour illustrer le concept d’ « absorption » de la valeur-travail par le cycle de reproduction du capital fixe on évoquera donc la comparaison de l’emplette, par un ouvrier A, d’une voiture issue d’une chaîne entièrement robotisée à celle, par un ouvrier B, d’une voiture issue d’une chaîne semi-automatisée, et comprenant donc encore une part résiduelle de travail productif humain. Il est bien évident que l’argent dépensé par l’ouvrier A qui choisit le modèle issu de l’usine-robot ne sert, pour l’essentiel, qu’à l’amortissement de l’investissement et du fonctionnement cette chaîne robotisée, incluant évidemment la matière et l’énergie consommées. Pour simplement arriver à contribuer au renouvellement de cet investissement, incluant son élargissement ultérieur en fonction des nouveaux progrès technologiques, c’est encore une fraction supplémentaire de la valeur-travail créée par ce client A qui doit être absorbée par le prix de la voiture, et de même pour les intérêts du crédit d’investissement dus par le constructeur à son banquier.
Et quant à la marge « bénéficiaire » que s’octroie le constructeur, non seulement elle ne correspond, comme on l’a déjà vu dans les précédents articles, à aucune valeur nouvelle réellement créée, mais elle constitue même une destruction supplémentaire de capital variable circulant au titre du renouvellement de la force de travail, qui se trouve convertie directement en capital fictif, de même que pour la part constituant les intérêts du banquier.
Dans cet achat, c’est l’ensemble de la somme dépensée par l’ouvrier client A, issue de la valeur-travail crée par son propre travail productif, qui est convertie directement en capital fixe et en capital fictif, qui se trouvent ainsi « élargis » sans qu’un seul centime de plus-value n’ait été créé.
Dans le cas de l’achat, par le client B, d’une voiture provenant de l’usine seulement partiellement robotisée il en va de même, en termes de transferts de valeur, mais pour une part proportionnelle au rapport C/V dans cette usine.
En considérant les choses dans l’autre sens, du point de vue d’un ouvrier C travaillant encore dans cette usine de construction automobile semi-robotisée, et si on suppose, par exemple, que les deux ouvriers « clients » B et A, l’un de son usine et l’autre de la production 100% robotisée, travaillent eux-mêmes dans l’agro-industriel, et dans deux secteurs dont C est lui-même un client-consommateur, le même phénomène se reproduit nécessairement, dans l’autre sens et exactement dans la proportion du rapport C/V selon laquelle les deux usines où travaillent A et B sont relativement automatisées.
Seule une fraction de la valeur-travail résiduelle encore créée par C dans l’usine de voitures semi-robotisée va réellement continuer à circuler en tant que capital variable permettant le renouvellement de la force de travail. …Et ainsi de suite, en considérant l’ensemble des travailleurs productifs encore en fonctions dans les divers secteurs.
A l’inverse de la valeur "cornélienne", la valeur-travail encore produite, au delà d’un certain seuil d’automatisation et de robotisation, n’attend pas la disparition du dernier ouvrier sur la ligne de production pour disparaître, et même à une vitesse exponentiellement accélérée, au fil des années déjà présentes…!
Pour comprendre avec plus de précision l’évolution globale du système il faudrait pouvoir étudier minutieusement l’évolution de tous ces rapports de proportions dans le temps, avec l’évolution des forces productives. Mais on comprend bien que la tendance générale ne fait pas de doute, selon les données et projections macro-économiques existantes, et qu’elle est d’ores et déjà connue, étudiée et actée par ceux, précisément, qui sont en responsabilité de la gestion macro-économique du système, et en tout premier lieu, les banquiers centraux !
Il ne sert donc à rien de les prendre pour des imbéciles, des incapables courant tête baissée à leur propre faillite, que ce soit selon les « analyses » pseudo-« marxistes » encore actuellement en « vogue » dans les restes de la « gauche » française, où selon celles des divers « économistes » qui en déduisent un futur "krach" ou une « future » faillite du capitalisme, alors que selon l’évidence des politiques monétaires banco-centralistes depuis 2008, celle-ci est d’ores et déjà actée par les éléments les plus conscients du système de domination de classe, et que le « fonctionnement », c’est-à-dire la survie formelle, de l’économie capitaliste n’est maintenu qu’à grands coups de perfusions monétaires et, on le voit bien avec la présente crise, essentiellement comme écran de fumée destiné à masquer les restructurations en profondeur du système.
Ce qui ne signifie pas, bien au contraire, que la bourgeoisie soit incapable d’extraire jusqu’à la dernière goutte de plus-value de la dernière goutte de sueur du dernier prolétaire, et elle le prouve tous les jours…
Mais la vieille image du citron que l’on jette après l’avoir pressuré n’a jamais été autant d’actualité, et on commence à le comprendre, bientôt littéralement !
Du moins, c’est bien ce qu’ont compris une grande partie de la fraction prolétarienne et des classes populaires qui se sont mises en mouvement depuis le 17 Juillet…
Mais c’est ce que n’ont toujours pas compris les « dirigeants » de la gauche française, même pseudo-« révolutionnaires » (…"Canada Dry" !), qui se contentent de relayer les sarcasmes méprisants et diviseurs des médias du pouvoir, tout en tentant de récupérer ce qu’ils peuvent, en abaissant le niveau de la révolte à l’aune de leurs idéologies retardataires et kollabos, au lieu de contribuer à faire avancer et progresser le mouvement.
C’est le mouvement de masse tel quel, avec encore tous ses défauts de « spontanéisme », qui a mieux saisi qu’eux, et quasi instinctivement, le véritable danger mortel induit par les « mesures d’urgence » imposées et les restructurations effectuées sous couvert de « crise pandémique ».
Pour en revenir au propos du camarade Do, qui est l’objet de cet article, ce qui disparaît donc avec la plus-value, c’est l’argent fonctionnant en tant que capital, comme valeur investie dans la production en vue de son élargissement dans ce cycle de production.
La mutation qu’opère le banco-centralisme est donc de continuer à faire fonctionner l’argent simplement, si l’on peut dire, comme moyen de domination et de contrôle social, indépendamment, in fine, de tout critère classique de rentabilité.
Dans la mesure où il permet de contrôler la production et la répartition de toutes les valeurs d’usages, les plus indispensables comme les plus futiles, mais nécessaires à la vie, l’argent banco-centralisé contrôle tout simplement l’usage de la vie.
La question centrale de la construction d’une alternative n’est pas essentiellement dans l’argent comme représentation de la valeur d’usage, mais dans l’usage de la vie lui-même, et dans le contrôle que nous pouvons exercer dessus.
C’est pourquoi, dans une phase de transition révolutionnaire qui soit compréhensible pour tous la première étape essentielle semble être celle de la démocratie économique par le contrôle démocratique du crédit, c’est-à-dire de la création monétaire actuellement banco-centralisée, afin de commencer à contrôler démocratiquement la répartition des forces productives, y incluant le partage du travail encore socialement nécessaire, et des équipements publics, de santé et autres, en vue de les faire correspondre aux besoins sociaux réels.
Ce qui, à terme, règle aussi les équilibres écologiques, d’une part en évitant les gaspillages genre obsolescence programmée, et d’autre part en régulant naturellement la démographie du fait de l’accès de tous à un niveau de vie décent, comme l’expérience le montre.
Luniterre
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( 1 _ Sur ce point précis, un tas d’ « intellectuels » et de « théoriciens » objecteront le travail créatif « intellectuel » des ingénieurs, des techniciens, etc… Or, comme on l’a vu, (http://mai68.org/spip2/spip.php?art…) ce travail créatif est tout à fait une réalité, mais qui est nécessairement incorporée, en termes de valeur, en « amont » du processus de production, et donc intégrée, en termes de valorisation proprement dite (…et non en « comptabilité » bourgeoise !), dans le coût d’amortissement de la ligne de production, et donc en dernière analyse, comme capital fixe, valeur d’usage de la machinerie automatique, et donc reproduite sans élargissement, sans plus-value, donc, comme fraction correspondante de la valeur du produit fini. Le travail « intellectuel », pour précieux et indispensable qu’il soit, n’augmente jamais que la valeur d’usage du capital fixe.)
( 2 _ Sur ce point, les mêmes « intellos de service » nous serviront des tirades alambiquées sur l’ « augmentation de la plus-value relative », avec force citations de Marx, auxquelles ils n’ont en réalité encore quasiment rien compris… Les conditions dans lesquelles la plus-value relative peut compenser la perte en masse totale de plus-value absolue sont en réalité, dès l’origine, déjà intrinsèquement limitées.)
( 3 _ En revenir au stade de l’accumulation primitive du capital, basé essentiellement sur l’accaparement des terres cultivables et le commerce de quelques denrées non localement productibles n’aurait évidemment aucun sens, sauf, à nouveau, destruction complète de la civilisation, et le terme de « décroissance » n’a donc aucune signification concrètement progressiste sur le plan humain et social.)
(4 _ L’analogie avec le Reich nazi tient néanmoins en ce qu’il s’agissait déjà d’éliminer une partie des populations et de réduire l’autre en esclavage, simplement pour assurer la "survie" de la pseudo-"élite" du Reich !)
A PROPOS DE LA RÉALITÉ ACTUELLE DE LA "PANDÉMIE" :
Du « blob » comme antithèse du « blabla » autour du covid 19… !
http://interfrsituation.eklablog.com/du-blob-comme-antithese-du-blabla-autour-du-covid-19-a209605536
POUR ALLER PLUS LOIN SUR LE FOND ECONOMIQUE :
L’ONU DÉCLARE OFFICIELLEMENT LA « GUERRE ÉCONOMIQUE » …CONTRE LES PEUPLES, EN RÉALITÉ, ET POUR LE COMPTE DES BANCO-CENTRALISTES !
http://mai68.org/spip2/spip.php?article8833
Mort cérébrale du capitalisme, mort cérébrale de la gauche !
http://mai68.org/spip2/spip.php?article8724
“Le Crime du Garagiste” – Le Casse Banco-centraliste !
http://mai68.org/spip2/spip.php?article8195
« Great Reset » : le banco-centralisme est-il un « complot pervers » ou simplement la conséquence incontournable d’une évolution systémique ?
« Merveilleux » Monde d’Après : face à l’émergence du banco-centralisme, quelle forme de Résistance ?
http://mai68.org/spip2/spip.php?article6329
Paradoxe et suspense économique en 2021 : le Capital atteindra-t-il, ou non, le Nirvana par la Dette Mondiale ?
http://interfrsituation.eklablog.com/paradoxe-et-suspense-economique-en-2021-le-capital-atteindra-t-il-ou-n-a209197288
SUR LE CONTEXTE :
A propos du N.O.M. comme forme évoluée « moderne » du totalitarisme, …et de son « Innommable » succursale en France !
« PREMONITOIRE » ??? Mars 2015, la BCE met en œuvre son premier « Quantitative Easing »… Sur RTL François Lenglet « crache le morceau » sur la réalité du banco-centralisme… !
Autre pays, autres mœurs, débusquée en Inde, une responsable de l’OMS, « Criminelle de guerre sanitaire » ? Comment désigner les génocidaires mondialistes ?
http://mai68.org/spip2/spip.php?article9237