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la colonie française du Mali va-t-elle devenir russe ?

mercredi 22 septembre 2021, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 22 septembre 2021).

Wagner, un épouvantail russe au Sahel

https://www.letemps.ch/monde/wagner…

Publié mardi 21 septembre 2021 à 18:20
Modifié mardi 21 septembre 2021 à 18:32

Simon Petite

La France s’insurge contre une possible arrivée de mercenaires russes du groupe Wagner au Mali. Mais Paris cherche une porte de sortie dans une guerre impossible à gagner

En juin dernier, à moins d’un an de la présidentielle française, Emmanuel Macron a pris prétexte du second coup d’Etat malien pour annoncer un « redéploiement » des forces françaises au Mali. — REUTERS/Benoit Tessie

Il a suffi d’un article de l’agence de presse Reuters le 13 septembre dernier, citant des sources anonymes et faisant état de négociations avancées entre le Mali et la société de mercenaires russes Wagner, pour déclencher une tempête de réactions. Les Etats-Unis, l’Allemagne et l’ONU ont tour à tour mis en garde les militaires au pouvoir à Bamako contre une telle collaboration. A les entendre, l’arrivée de mercenaires russes – le chiffre d’un millier a été articulé – mettrait en péril l’engagement des Occidentaux contre les djihadistes qui contrôlent de facto une grande partie du territoire malien.

Mais la plus véhémente est bien sûr la France. L’ancienne puissance coloniale est présente militairement dans le pays depuis 2013, quand elle avait stoppé l’avancée des djihadistes vers la capitale. Lundi, Florence Parly, la ministre française des Armées, s’est rendue à Bamako pour mettre en garde les colonels maliens au pouvoir après deux coups d’Etat successifs en août 2020 et mai 2021. La ministre dit avoir insisté sur le fait « qu’au moment où jamais la communauté internationale n’a été aussi nombreuse » à combattre les djihadistes au Sahel, le choix de Wagner « serait celui de l’isolement ».

Un retrait qui ne veut pas dire son nom

Ce que ne dit pas la ministre, c’est que l’engagement français aux côtés du Mali vacille. En juin dernier, à moins d’un an de la présidentielle française, Emmanuel Macron a pris prétexte du second coup d’Etat malien pour annoncer un « redéploiement » des forces françaises au Mali. Paris refuse de parler d’un retrait, même partiel. De fait, les soldats tricolores abandonneront d’ici l’an prochain les bases isolées de Kidal, Tombouctou et Tessalit, dans le nord du pays, pour se concentrer sur la zone, plus au sud, des trois frontières avec le Niger et le Burkina Faso.

Les Européens, censés à l’avenir davantage épauler la France, s’interrogent eux aussi. L’humiliant retrait occidental d’Afghanistan a servi de révélateur. L’effondrement éclair du gouvernement afghan face aux talibans a montré toute la difficulté de construire une armée et des institutions robustes.

Les sirènes de Moscou

L’éventualité d’un rapprochement entre Bamako et Moscou est d’autant plus prise au sérieux que les putschistes maliens se sont toujours montrés sensibles aux sirènes russes. Le ministre de la Défense malien, le colonel Sadio Camara, s’est rendu en Russie le 4 septembre dernier. Les divergences sur un renversement des alliances du Mali auraient été l’une des causes du second coup de force des colonels maliens, qui avaient évincé le gouvernement civil de transition en mai dernier.

La Russie sert aussi d’épouvantail aux militaires maliens.Selon une enquête du média en ligne Daily Beast, l’armée malienne a organisé en mai dernier une manifestation soi-disant spontanée réclamant une intervention de la Russie. Une manière aussi de mettre en garde la communauté internationale qui montre des signes de lassitude face à la mauvaise gouvernance du pays et les coups d’Etat à répétition.

Le laboratoire centrafricain

Le Mali passant de la sphère d’influence française à celle de la Russie ? Le scénario n’est pas une vue de l’esprit depuis que Moscou a pris pied en Centrafrique. Dans cet ancien pré carré français, les instructeurs russes et les mercenaires de Wagner ont montré leur efficacité. Avec l’aide des Casques bleus onusiens et de renforts rwandais, les Russes sont parvenus à faire reculer les rebelles qui menaçaient la capitale Bangui en décembre dernier. Même si la même ONU dénonce les exactions commises par les Russes dans ce conflit.

Le Kremlin prétend n’avoir rien à faire avec le groupe Wagner. La société serait en réalité dirigée par un proche de Vladimir Poutine. L’utilisation de mercenaires privés permet de nier les engagements militaires à l’étranger, comme auparavant en Ukraine ou en Libye. « La Russie ne négocie pas de présence militaire au Mali », a déclaré mercredi dernier le porte-parole du Kremlin. Interrogé par le magazine Jeune Afrique, le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra jurait lundi n’avoir « rien signé avec Wagner ». « Nous avons en Centrafrique des sociétés qui se sont créées conformément à la loi et qui agissent sur des marchés libéralisés », justifiait-il.

A Bamako, on répète que rien n’a été décidé concernant Wagner. Les militaires disent aussi que le choix des « partenaires » étrangers relève de la « souveraineté » du Mali. Ils voient dans ces « rumeurs » une tentative de « dénigrer le pays ». La junte malienne est effectivement sous pression, pas seulement des groupes djihadistes mais aussi de la communauté internationale. Laquelle réclame l’organisation d’élections en février prochain pour redonner le pouvoir au civil, comme prévu lors de la charte de transition consentie par les militaires. Le scrutin doit être précédé d’une réforme électorale. Or le président de transition, le colonel Assimi Goïta, montre peu d’empressement à préparer ces échéances électorales. La junte malienne espère peut-être aussi que les partenaires russes seraient moins regardants sur les exigences démocratiques.

Derrière le coup d’Etat au Mali, la rivalité entre Paris et Moscou

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Publié mardi 1 juin 2021 à 17:23
Modifié mardi 1 juin 2021 à 19:55

Simon Petite

Certains officiers putschistes maliens sont proches de Moscou. Paris ne cache pas une certaine nervosité

Des manifestants brandissent le portrait des officiers putschistes maliens aux côtés d’un drapeau russe, le 28 mai 2021 à Bamako. — REUTERS

Neuf mois après son premier coup d’Etat, le colonel Assimi Goïta est le nouveau président du Mali. Exit les civils chargés de mener le pays jusqu’aux prochaines élections. Les militaires sont désormais seuls à la barre. Et les condamnations internationales, d’abord virulentes, ont baissé d’un ton.

Une semaine après avoir écarté le président et le premier ministre, le jeune colonel est revenu conforté d’un sommet extraordinaire dimanche des pays de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), qui menaçait d’imposer des sanctions à leur voisin enclavé et exsangue.

Finalement, Bamako n’a été que suspendu des instances de la Cédéao. Même Emmanuel Macron, très remonté la semaine dernière contre le nouveau coup de force du putschiste malien, s’est rangé derrière la position de la Cédéao, pourvu que les élections se tiennent comme prévu en février 2022.

De mystérieux contrats d’armement

La France est revenue à de meilleurs sentiments, car elle ne veut pas s’aliéner les militaires maliens. Ceux-ci combattent les groupes djihadistes aux côtés des soldats français déployés dans le désert malien depuis 2013. D’autant que l’ancienne puissance coloniale voit sa relation exclusive avec le Mali contestée. Au lendemain du coup de force du colonel Goïta, qui avait arrêté le président et le premier ministre, la presse malienne voyait le résultat des divergences sur des contrats d’armement russe.

Certains putschistes, qui avaient renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta en août 2020, sont en effet proches de Moscou. « Le colonel Sadio Camara était en Russie juste avant le coup d’Etat d’août 2020 », analyse Mohamed Amara, sociologue à l’Université des lettres et des sciences de Bamako et à l’Université de Lyon, auteur des « Marchands d’angoisse, le Mali tel qu’il est, tel qu’il pourrait être » (Editions Grandvaux, 2019).

Ce colonel avait hérité du Ministère stratégique de la défense. Mais il ne figurait plus dans le gouvernement remanié annoncé la semaine dernière par le président de la transition malienne Bah N’Daw. Réplique immédiate d’Assimi Goïta : le président, juste revenu de Paris où il avait assisté à un sommet sur le financement des économies africaines, et le premier ministre étaient emmenés par les militaires et démis de leurs fonctions.

Manifestation pro-russe

Les divergences sur un éventuel rapprochement avec la Russie ne sont pas la seule explication du second putsch malien. « Il est certain que le feu vert international à la succession dynastique au Tchad a donné des idées aux officiers maliens », continue Mohamed Amara. La junte au pouvoir joue aussi sur le ressentiment grandissant envers la France. Depuis son intervention militaire, la situation sécuritaire du pays a empiré.

Durant le week-end, plusieurs centaines de Maliens ont manifesté contre la présence militaire française, brandissant des drapeaux russes. Quelques jours plus tôt, le président Emmanuel Macron avait dénoncé un « coup d’Etat dans le coup d’Etat », prônant même des sanctions ciblées contre les colonels maliens.

Précédent centrafricain

Il est certain qu’aucun reproche de ce type ne serait à craindre de Moscou. Une aide militaire doublée d’un soutien diplomatique, voilà ce que fournit la Russie à la Centrafrique depuis quelques années. Les Russes sont d’abord arrivés dans ce pays délaissé, ancien pré carré français, sur la pointe des pieds. Il apparaît aujourd’hui que les instructeurs russes combattent en réalité aux côtés du gouvernement et des Casques bleus de l’ONU contre les rebelles, en échange d’un accès aux ressources minières du pays. Trois de ces « instructeurs » russes ont d’ailleurs été tués jeudi dernier.

La France ne cache pas son irritation. Dimanche, au retour d’un voyage en Afrique, Emmanuel Macron a estimé que le président centrafricain était « l’otage » des mercenaires russes qui assurent sa protection. Dans le même entretien, accordé au Journal du dimanche, le président français a aussi menacé Bamako de retirer les troupes françaises. La majorité des 5100 soldats français de la force Barkhane sont basés au Mali.

Emmanuel Macron veut donner des gages à son opinion publique, moins d’un an avant la présidentielle française. Mohamed Amara ne croit pas que le président mettra ses menaces à exécution, car ce serait un terrible aveu d’échec de la lutte contre les djihadistes. « La France et le Mali ont des relations très étroites, pas seulement militaires mais aussi économiques. C’est comme un vieux couple qui s’engueule mais qui reste ensemble. »

Duel entre Moscou et Paris au cœur de l’Afrique

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Publié mercredi 27 janvier 2021 à 17:17
Modifié jeudi 28 janvier 2021 à 17:32

Simon Petite

La Russie a renforcé sa présence militaire en Centrafrique, au grand dam de la France, qui voyait ce pays enclavé comme son pré carré

Le président de la Centrafrique, Faustin-Archange Touadéra, en campagne électorale à Bangui le 19 décembre 2020, protégé par un garde du corps rwandais un russe. — REUTERS

L’armée centrafricaine affirme être repassée à l’offensive pour desserrer l’étau autour de la capitale, Bangui, menacée d’asphyxie par une coalition rebelle qui s’est juré de faire tomber le président Faustin-Archange Touadéra. Les forces armées de Centrafrique disent avoir repris la ville de Boda, à 120 kilomètres de la capitale, et tué des dizaines de rebelles. « Les Russes sont avec nous », a déclaré lundi un porte-parole de l’armée.

La présence de militaires russes est de plus en plus visible dans ce traditionnel pré carré français délaissé au cœur de l’Afrique. Paris intervenait en effet régulièrement dans cet Etat instable. La dernière fois, c’était en 2013 pour empêcher des massacres intercommunautaires. Une mission de l’ONU a ensuite pris le relais. Mais, malgré la présence de 12 000 Casques bleus, l’Etat centrafricain n’a jamais réussi à regagner le contrôle d’un territoire grand comme la France et riche en ressources minières.

Le président Touadéra, réélu pour un second mandat le 27 décembre dernier, alors que la moitié de la population n’a pas pu voter à cause de l’offensive des rebelles, est dans une position critique. Il compte plus que jamais sur les Casques bleus de l’ONU, des militaires rwandais appelés en renfort avant l’élection et, bien sûr, les militaires russes.

« La Russie a investi dans des activités à forte visibilité », analyse Paul-Simon Handy, conseiller à l’Institut d’études de sécurité à Dakar. Officiellement, il y aurait des centaines d’instructeurs militaires russes en Centrafrique. Ils occupent une place stratégique, en assurant, par exemple, la sécurité du président Touadéra, ce qui offre à Moscou un accès privilégié au chef de l’Etat. A contrario, la mission européenne de formation de l’armée centrafricaine, avec des centaines d’instructeurs, passe inaperçue.

L’opportunisme russe

La France voit d’un très mauvais œil cette omniprésence russe. Le 19 janvier, Paris a pris « note » de la réélection du président Touadéra contestée par l’opposition. On a connu des messages plus chaleureux. « La France a été prise de court par l’implication russe, qui ne découlait pas d’une stratégie mûrement réfléchie. Moscou a plutôt agi par opportunité », continue Paul-Simon Handy. La Centrafrique est un laboratoire sur le continent pour Moscou, qui est également présent au Soudan, en République démocratique du Congo, en Guinée ou en Egypte.

L’opportunité, c’était le désengagement français et le dénuement du gouvernement centrafricain recherchant désespérément des soutiens militaires. Moscou a d’abord envoyé des mercenaires de la compagnie de sécurité privée Wagner, proche du Kremlin, pour tâter le terrain. Le modèle a été éprouvé en Syrie ou en Libye. Trois journalistes russes enquêtant sur les activités de Wagner en Centrafrique ont été tués en juillet 2018. L’organisation de l’opposition russe qui les avait mandatés soupçonne un crime commandité, mais l’enquête est au point mort.

L’ombre du Tchad

Des sociétés russes dépendant du groupe Wagner ont obtenu du gouvernement des permis d’extraction dans les mines de diamants et d’or. Moscou fournit de l’armement à la Centrafrique et milite pour une levée de l’embargo de l’ONU auquel le pays est soumis depuis 2013. Jeudi dernier, Bangui a essuyé un nouveau refus au Conseil de sécurité de l’ONU pour lever les restrictions sur le commerce des armes, malgré le soutien de la Russie et de la Chine. Les Occidentaux craignent qu’un afflux d’armes tombe entre de mauvaises mains. Ils font valoir qu’avec les exceptions prévues par l’ONU, l’armée régulière a toute latitude pour s’approvisionner.

Paris et Moscou se livrent aussi une guerre de l’information en Centrafrique, comme en témoigne la suspension en décembre de plusieurs comptes Facebook accusés de diffuser de fausses informations pendant la campagne électorale. Certains étaient liés aux services de renseignement russes, d’autres à l’armée française, selon le réseau social.

La France irait-elle jusqu’à soutenir les groupes rebelles pour donner une leçon aux Russes ? Les autorités centrafricaines accusent en tout cas le voisin tchadien, un proche allié de Paris, de déstabiliser leur pays. « Le fait qu’il y ait des mercenaires tchadiens en Centrafrique n’est pas une preuve de l’implication du gouvernement tchadien », répond Paul-Simon Handy.

En revanche, selon l’analyste camerounais, l’offensive des rebelles visant à empêcher la présidentielle n’a pas pu se faire sans soutien extérieur, même si les rebelles peuvent se financer avec les ressources minières ou la taxation des voies de transhumance du bétail. « Mais l’offensive des rebelles est un échec, car elle n’a pas de soutien populaire, conclut Paul-Simon Handy. Les Centrafricains sont fatigués de la guerre. »

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