Depuis 1989, alors même qu’il existe dans la société polonaise, une forte sensibilité socialisante, anticapitaliste, et souvent nostalgique à l’égard des aspects sociaux de la Pologne socialiste, aucune force de gauche sociale conséquente n’a pu voir le jour de façon durable, car la gauche a été d’abord monopolisée par l’ancienne aile droite du parti « ex-communiste » au pouvoir dans les années 1944-1989 (Parti ouvrier unifié polonais – PZPR) qui s’est alignée totalement après 1989 sur une ligne pro-capitaliste, néolibérale, pro-OTAN, pro-UE, sociétale, et très superficiellement pro-sociale ou même seulement pro-laïcité.
Le seul mouvement de masse qui a pu émerger après 1989 sur une ligne de « gauche patriotique » a été l’éphémère syndicat agricole et parti « Autodéfense » dirigé par Andrzej Lepper qui a publiquement posé la question de l’OTAN, de la participation de la Pologne aux agressions contre l’Irak et de sa participation au programme des prisons secrètes de la CIA.
Ce mouvement a finalement disparu, son fondateur ayant été trouvé « suicidé » dans des conditions troubles et son ancien porte-parole parlementaire, Mateusz Piskorski, ayant été emprisonné plus tard trois ans sous l’accusation d’espionnage au profit de la Russie et de la Chine, et qui n’a dû sa libération, conditionnelle, que sous la pression du Bureau des Nations Unies contre les arrestations abusives.