La vie du prince Talal résume donc l’histoire de la famille saoudienne régnante : il est né en 1931, un an avant la fondation du Royaume. En 1958, année où il a tenté de fonder « son Royaume » à travers le « Mouvement des princes libres », proche de Nasser, et avait 27 ans, il a demandé l’établissement d’un régime constitutionnel parlementaire prenant la place de la famille régnante. Cet acte était révolutionnaire à l’époque, car ce prince avait occupé les postes de ministre des transports en 1952 et ministre du budget en 1954.
En plus de la confiscation de ses biens et de son passeport diplomatique en réaction à ses positions politiques d’alors, Talal a été par la suite écarté des candidats au trône, mais la plus lourde attaque est venue en 2017 avec l’arrestation de ses deux fils, Al-Walid et Khaled, pour assouvir symboliquement une vengeance ancienne.
Le régime de Salman et de son fils ne veut pas seulement enterrer les concepts de démocratie, de collégialité et de constitution, portés par Talal durant sa jeunesse. Il veut aussi donner le pouvoir à un « Roi tyrannique ». Cette grave décision, qui a le soutien des Etats-Unis, a, elle aussi subi une attaque sanglante avec la mort de Talal Ben Abdelaziz, qui a rouvert une période que l’on voulait clore.