La Russie, désormais classée adversaire stratégique des Etats-Unis dans les documents officiels du Pentagone, doit faire face à un véritable état de siège organisé à ses frontières par l’OTAN. Cette tension alimente une hostilité renouvelée de ses voisins : les Etats baltes et la Pologne où elle prend la forme politique d’un anti-communisme virulent comme s’il fallait détruire dans les consciences le souvenir d’une puissance socialiste dont la Russie était le cœur : l’URSS.
La Russie tire patiemment les conséquences de cette nouvelle situation. Elle vient de le faire pour l’enclave de Kaliningrad.
Cette république de la Fédération de Russie qui compte un demi-million d’habitants était jusqu’à présent alimentée en gaz russe par un gazoduc traversant le Belarus et la Lituanie. La Lituanie obéissant à Washington et à l’Union Européenne avait créé en 2014 une installation portuaire lui permettant de recevoir par navire du gaz naturel liquéfié venant d’abord de Norvège et depuis 2017 des Etats-Unis (gaz de schiste). Elle manifestait ainsi sa capacité à se passer du gaz russe et se trouvait à même de fermer le gazoduc alimentant Kaliningrad. Pareille menace n’a évidemment pas été proférée officiellement mais, instruite par les précédents ukrainiens, la Russie a décidé d’éviter toute mauvaise surprise et un conflit inutile.