Comme tous les régimes dictatoriaux, le système Bouteflika nourrissait en son sein les germes de son auto-destruction.
Le système Bouteflica a parfaitement fonctionné tant que le prix du baril de pétrole oscillait dans la plage de 100 à 140 dollars et que l’Algérie attirait les investisseurs étrangers. Les choses commencèrent à tourner au vinaigre à partir de l’année 2011. La première alerte eut lieu quand des rumeurs disant que les réserves de gaz de l’Algérie étaient surestimées, se mirent à circuler dans les milieux pétroliers à travers le monde. Le nouveau ministre de l’énergie, Youcef Yousfi, démentait et déclarait que le pays possédait des réserves de gaz naturel suffisantes pour couvrir, aussi bien les demandes du marché intérieur que les engagements à l’exportation. Les chiffres sont cependant têtus. La production de gaz de l’Algérie avait effectivement chuté de 89 milliards de m3 en 2005 à 83 en 2011, tandis que l’exportation était passée de 65 milliards de m3 en 2005 à 49 en 2012. Il dut donc se rendre à l’évidence et reconnaître que l’Algérie éprouvait de plus en plus de difficultés dans la commercialisation de son gaz, y compris au plan du prix ; car les États-Unis étaient en train de passer du statut de gros consommateur à celui d’exportateur, en raison de l’exploitation intensive du gaz de schiste qui y avait démarré une dizaine d’années auparavant. Il admettait aussi que la consommation intérieure de gaz naturel connaissait une très forte croissance depuis quelques années et qu’à ce rythme l’Algérie risquait, à terme, de ne plus être en mesure d’honorer ses engagements avec l’étranger.