Danielle Bleitrach est une universitaire, militante communiste, sociologue, elle entre au Comité Central du PCF en 1981. Elle publie ses mémoires Le Temps retrouvé d’une Communiste chez Delga en juillet 2019.
Danielle Bleitrach : Je suis évidemment un produit de l’histoire, le nazisme et la guerre d’Algérie sont au cœur de cette période historique et de mon engagement. Ce à quoi s’ajoutent bien sûr les origines ouvrières de ma famille maternelle. Contrairement à de nombreuses personnes de ma génération, mai 68 n’est pas pour moi un moment essentiel. C’est la guerre qui est fondamentale. Je nais dans une famille juive contrainte de fuir les nazis alors que les communistes restent et se battent, ils m’apparaissent alors comme des héros. Les communistes n’étaient pas destinés à être déportés dans les camps. Ils l’ont été en se battant contre l’injustice. La guerre d’Algérie est l’autre événement fondateur de mon militantisme. Il marque la rencontre avec mon mari, un résistant, torturé pendant la guerre, pour qui la lutte pour l’indépendance de l’Algérie est le juste prolongement de son engagement dans la Résistance. A l’époque nous luttons contre l’OAS. Ces moments de lutte dans lesquels on peut jouer sa vie sont extrêmement différents des autres. Dans les manifestations de 1962, tous les morts français sont membres du PCF ou de la JC. Au sortir de la guerre, les militants communistes sont toujours armés. Comme le disait mon mari, nous avons des camarades paysans dont les poules couvent des grenades.