La décision d’imposer l’abattage d’une partie d’un troupeau de rennes au nord de la Scandinavie contre l’avis de l’ONU révèle une face sombre de la politique environnementale norvégienne, selon Ian Florin, doctorant à l’Institut des sciences de l’environnement de l’Université de Genève.
Alors que la page de deux siècles de discrimination raciale systématique à l’égard des peuples autochtones est officiellement tournée, ce passage en force fait ressurgir une attitude coloniale que d’aucuns pensaient révolue. L’argumentaire écologique utilisé par le gouvernement pour justifier la réduction drastique du cheptel ne convainc pas la communauté samie, qui dénonce une grave violation de son droit à l’existence.
L’esthétique macabre de sa Pile o’Sápmi était là pour faire directement écho aux Piles o’Bones, ces amas de têtes de bisons entassées par les chasseurs occidentaux dans les plaines nord-américaines. Pour Máret Anne Sara, il s’agit de montrer que la réduction forcée du cheptel norvégien ressort de la même logique que celle qui guidait les colons européens quand ceux-ci s’attaquaient aux bisons pour mieux conquérir le territoire des Amérindiens.