Gaza : Israël a pris d’assaut l’hôpital Kamal Adwan

Outre la prise de contrôle de l’hôpital Kamal Adwan, l’armée israélienne a bombardé le camp de réfugiés de al-Meghazi, dans la bande de Gaza. / Eyad BABA / AFP

Le directeur de l’établissement du nord de la bande de Gaza avait tiré le signal d’alarme en début de semaine mais le monde n’a pas voulu entendre. Ce raid meurtrier est dénoncé par l’Organisation mondiale de la santé. Il s’inscrit dans la volonté de Netanyahou de créer une zone tampon à l’intérieur du territoire palestinien.

« Le monde doit comprendre que notre hôpital est pris pour cible dans l’intention de tuer et de déplacer de force les personnes qui s’y trouvent ». C’était le 23 décembre 2024. Hussam Abu Safia, directeur de l’hôpital Kamal Adwan dans le nord de la bande de Gaza, lançait un cri d’alarme. Mais le monde n’a pas compris ou plutôt n’a pas voulu entendre. Vendredi 27 décembre, l’armée israélienne lançait son assaut, mettant hors service le dernier grand établissement de santé du nord de l’enclave palestinienne. « Les premiers rapports indiquent que certains services clés ont été gravement incendiés et détruits pendant le raid », a déclaré l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans un communiqué sur X vendredi soir.

Le matin même, l’hôpital abritait environ 350 personnes, dont 75 patients, ainsi que 180 membres du personnel médical. Les patients dans un état modéré à grave ont été contraints d’être évacués vers l’hôpital indonésien détruit et non fonctionnel, a déclaré l’agence sanitaire des Nations Unies, ajoutant qu’elle était « profondément préoccupée pour leur sécurité ».

Elle a réitéré son appel à un cessez-le-feu. « Ce raid sur l’hôpital Kamal Adwan intervient après l’escalade des restrictions d’accès pour l’OMS et ses partenaires, et des attaques répétées sur ou à proximité de l’établissement depuis début octobre », a fait savoir l’organisation. « De telles hostilités et ces raids anéantissent tous nos efforts et notre soutien pour maintenir l’établissement dans un état fonctionnel minimal. Le démantèlement systématique du système de santé à Gaza est une condamnation à mort pour des dizaines de milliers de Palestiniens qui ont besoin de soins de santé. Cette horreur doit cesser et les soins de santé doivent être protégés. »

Comme à chaque fois, l’armée israélienne a expliqué qu’elle avait lancé un raid sur l’hôpital Kamal Adwan car il « sert de bastion terroriste au Hamas », mais n’a pas fourni de preuves. On se souvient que Tel Aviv avait proféré les mêmes accusations lors de l’attaque contre l’hôpital al-Shifa en 2023, l’armée déclarant que le Hamas utilisait l’établissement comme centre de commandement et de contrôle. À ce jour, aucun élément soutenant ces allégations n’ont été fournis.

Des zones systématiquement rasées

« Les forces d’occupation ont emmené des dizaines de membres du personnel médical de l’hôpital Kamal Adwan dans un centre de détention pour interrogatoire, y compris le directeur, Hussam Abu Safia », a déclaré le ministère palestinien de la Santé dans le territoire contrôlé par le Hamas dans un communiqué publié le samedi 28 décembre. L’agence de défense civile de Gaza a également signalé qu’Abu Safia avait été arrêté. Le même avait indiqué que cinq membres du personnel, dont un pédiatre, avaient été tués. Le directeur du ministère de la santé, Munir Al-Bursh a révélé que l’armée avait ordonné à 350 personnes de quitter Kamal Adwan pour une école voisine abritant des familles déplacées. Parmi elles se trouvaient 75 patients, leurs accompagnants et 185 membres du personnel médical.

L’attaque israélienne contre l’hôpital Kamal Adwan n’a rien de surprenant. Une grande partie de la zone autour des villes du nord de Jabalia, Beit Hanoun et Beit Lahiya a été vidée de sa population et systématiquement rasée. Israël entend créer une zone tampon de plusieurs kilomètres et garder la main, d’une manière ou d’une autre, sur la bande de Gaza. D’où les tergiversations concernant un accord pour la libération des prisonniers israéliens. Netanyahou n’entend pas s’arrêter en si bon chemin.

Pierre Barbancey
L’Humanité du 28 décembre 2024