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BULLETIN COMAGUER N°600
08.01.2025
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La Chute de Damas
L’article dont suit la traduction publié « à chaud » le 10 Décembre tout de suite après la chute du gouvernement de la République Arabe syrienne n’a pas pris une ride puisque chaque jour qui passe apporte la preuve que certains pays arabes soutiennent financièrement le gouvernement provisoire.
Le site ECSSAHARAUI est un blog d’information sur la République arabe saharaoui démocratique écrit en espagnol et basé en Espagne.
Ne pas confondre avec l’agence de presse officielle de la RASD https://www.spsrasd.info/
Il souligne à juste titre le leurre de l’unité arabe, confirmée par le peu de poids réel des organisations comme la Ligue arabe, l’Union du Maghreb arabe. Le rassemblement dans ces institutions de régimes politiques que tout oppose ne fait qu’entretenir cette illusion.***
La chute de Damas : fin de la guerre ou début d'une longue nuit sans lune ?
Par ECSAHARAUI
10 décembre 2024
Taleb Alisalem
En ce moment décisif, le panorama du Moyen-Orient se déroule devant nous dans toute sa dureté, c'est pourquoi je me débarrasse des pièges rhétoriques et des illusions romantiques pour faire une analyse de la triste réalité que vit le monde arabe. Nous ne sommes pas confrontés à une confrontation entre « dictature » et « démocratie » ou entre « bien » et « mal » dans son sens absolu, mais plutôt à un échiquier complexe, où nous ne sommes même pas autorisés à choisir notre propre position. Dans des bureaux éloignés, où l'on n'entend ni les coups de feu ni les cris des victimes, les architectes de ces tragédies regardent et savourent leurs victoires obtenues sans se salir les mains avec du sang.
Washington, Tel-Aviv et d'autres capitales occidentales suivent le spectacle avec une froideur calculée, maîtres dans l'art de la « guerre par procuration », où il n'est pas nécessaire d'envoyer des troupes quand il y a des acteurs locaux prêts à se battre et à mourir pour des agendas qui ne leur appartiennent pas. Aujourd'hui, nous ne parlons pas seulement de la chute d'une ville historique comme Damas, mais aussi de l'effondrement spirituel de l'un des derniers bastions qui incarnaient, bien que symboliquement, l'idée de souveraineté et de résistance. Ce n'est pas seulement la défaite d'un gouvernement ou d'un régime, mais la perte de tout un concept.
Pendant des décennies, nous, les Arabes, avons été enivrés par des chants sur « l'unité arabe », le panarabisme et la promesse de retrouver une « dignité » qui tiendrait tête aux puissances dominantes. Nous répétons ces slogans dans des poèmes, des discours, des manuels scolaires et des hymnes fervents, mais aujourd'hui, nous nous réveillons de la torpeur pour faire face à une vérité déchirante : il n'y a pas de nation arabe unie, pas de fraternité solide, pas de destin commun auquel s'accrocher au milieu de cette tempête.
Ce qui s'est passé, et continue de se produire, n'est pas seulement l'œuvre d'« ennemis extérieurs », mais aussi le résultat de notre propre faiblesse et de nos déceptions accumulées en tant que société arabe.
Pendant des générations, nous sommes allés d'une défaite à l'autre : de l'occupation aux guerres civiles, des dictatures oppressives aux mouvements extrémistes, des dirigeants qui ont promis de résister et qui ont ensuite trahi, des peuples qui ont succombé aux discours sectaires, tribaux et partisans.
Des dirigeants qui vendaient la souveraineté à bas prix, et des sociétés qui cherchaient le « salut » dans les promesses creuses de fanatiques religieux. Nous tombons sans cesse dans le même piège, comme si nous n'avions rien appris de l'Irak en 2003 ou de la Libye en 2011. Et maintenant, en 2024, l'histoire se répète en Syrie, et nous sommes confrontés à un scénario encore plus déchirant : la chute de Damas comme coup final au rêve d'un monde arabe cohésif qui rêvait autrefois que Damas serait la capitale de cette nation des « Nations arabes unies ».
Qui aurait imaginé que nous pleurerions l'absence de dirigeants accusés d'oppression et d'autoritarisme ? Nous les pleurons, peut-être pas par amour pour eux, mais parce que leur chute a laissé un vide terrifiant. Alors que nous nous souvenons de la mort de Saddam Hussein, beaucoup pleurent aujourd'hui, non pas par nostalgie, mais à cause du chaos qui a suivi l'Irak. C'est la même chose avec Kadhafi en Libye : peut-être pas par sympathie, mais par peur de ce qui allait suivre. Ce qui a remplacé ces régimes, ce n'est pas la démocratie, la liberté ou la justice, mais une fragmentation encore plus grande, plus de milices militantes à couteaux tirés, plus de groupes islamistes radicaux, plus de pillages occidentaux et plus de chaos, dirigés en coulisses par des acteurs internationaux qui ne cherchent que leurs propres intérêts.
Personnellement, je refuse d'être victime des loups du sectarisme, de l'extrémisme et de la division tribale ou d'intérêts. Je refuse de faire l'autruche et de croire en un « triomphe arabe » inexistant qui naît avec la « libération » de Damas. Je ne ferai pas partie de cette tragédie, où les complots extérieurs vainquent le peu qui reste de la volonté intérieure. Je resterai fidèle à ceux qui ont défendu leur souveraineté et résisté, même s'ils ont été vaincus par l'avalanche d'argent, d'armes et d'intérêts enchevêtrés. Parce qu'à une époque où nous ne recherchons pas tant la victoire que la façon de gérer nos défaites, être loyal envers ceux qui n'ont pas vendu leur terre ou leurs principes est une valeur rare et qui mérite d'être protégée.
Le nouveau visage du Moyen-Orient est clair : des États fragmentés, des peuples dispersés, sans espoir et l'idée d' une « unité » arabe enterrée sous le poids des complots impérialistes et des faiblesses internes. Malheureusement, nous sommes devenus un laboratoire ouvert pour des expériences extérieures, un terrain fertile pour l'extrémisme et l'échec. Alors que les capitales arabes tombent, les unes après les autres, les ingénieurs audacieux de cette dévastation se prélassent dans l'ombre dans leurs réalisations, se frottant les mains de satisfaction dans l'attente de leur butin.
La chute de Damas n'est pas seulement la fin d'une guerre, c'est le début d'une longue nuit sans lune, une nuit où nous serons obligés de faire la distinction entre les ombres du chaos, en nous demandant s'il y aura une issue. C'est une nuit habitée par un silence pesant et une tristesse sans bornes, où il ne reste plus qu'à accepter la défaite, non pas dans une bataille spécifique, mais dans la lutte pour la conscience, l 'identité et la dignité. En fin de compte, la chute de Damas n'est pas seulement la perte d'une capitale, mais la signature finale de l'acte de décès d'une « nation arabe » qui n'a peut-être jamais vu le jour.
Traduction automatique revue par COMAGUER