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Suplément :
POUR SAUVER L’HÉGÉMONIE US LE PRÉSIDENT COMMERÇANT
MENACE DE COLONISER LE GROENLAND, PANAMA ET LE CANADA
Reçu par courrier électronique
Diagne Fodé Roland, 18 janvier 2025
Donald Trump menace de s’emparer par la force du Groenland et de Panama. Il envisage aussi d’annexer le Canada et baptise déjà « golfe de l’Amérique » le golfe du Mexique.
Comme le fait remarquer l’analyste Romaric Godin « Washington réfléchit depuis longtemps à renforcer sa maîtrise sur le Groenland. En 1867, en complément de l’achat de l’Alaska à la Russie, une proposition d’achat de ce territoire au Danemark avait été faite. Elle avait été suivie de trois autres en 1919, 1946 et 2019. À chaque fois, Copenhague avait rejeté l’idée et l’affaire en était restée là ».
Ce qu’avaient obtenu les USA jusqu’ici, c’est que « Copenhague avait accordé le droit aux États-Unis d’installer des bases militaires sur l’île géante… Au point que, dans les années 1950, ils ont pu, avec l’accord du gouvernement danois, essayer d’y construire, sous la glace, une base de lancement de missiles nucléaires, le Camp Century, récemment redécouvert par la Nasa. À l’époque, comme l’a révélé la presse locale en 1997, le gouvernement danois avait donné son accord alors même que le pays était officiellement hostile à toute présence d’armes nucléaires sur son sol… En bref : pour Washington, la souveraineté danoise ne posait pas de problème dans la mesure où le Danemark était intégré dans l’alliance atlantique… Le message envoyé aujourd’hui par Donald Trump est que cette garantie n’est plus suffisante. Ce qui suppose donc que les États-Unis n’entendent plus construire leur influence sur un réseau d’alliances, mais sur un système de contrôle direct… il devient essentiel de contrôler directement ce territoire sans passer par une souveraineté intermédiaire, fût-elle aussi faible que celle du Danemark » (Romaric Godin).
Le président commerçant US annonce ainsi qu’il rejoint les guerriers Bush, Obama, Byden dans la stratégie du « contrôle direct des richesses » par les différentes pressions, y compris les agressions militaires tout en cherchant à soumettre économiquement ses alliés vassaux et concurrents européens, nippon, sud coréen, bref le G7 pour maintenir son hégémonie prédatrice sur la planète.
Fulminant contre les « bateaux chinois partout, les bateaux russes partout », Donald Trump indique clairement qu’il s’agit là à Panamá comme à Nuuk, la capitale du Groenland « de contrer l’influence chinoise… le contrôle doit être direct parce que l’enjeu n’est pas seulement de contrer l’influence chinoise, mais aussi d’exploiter le Groenland » (idem). L’implication politique directe des MAGA dont le milliardaire Elon Musk dans la politique US trumpiste s’explique par « une telle logique de rente que certains auteurs parlent à leur sujet de « techno-féodalisme ». Leur modèle économique est fondé sur la dépendance des utilisateurs de leurs outils. C’est ce type de dépendance que Donald Trump tente de reproduire sur le plan géopolitique : rendre les alliés dépendants des intérêts états-uniens et, pour renforcer cette dépendance, réaliser des ‘’acquisitions’’ » (idem) de gré ou de force.
On avait constaté jusqu’ici, à la différence des présidents « néo-cons républicains et démocrates » guerriers antérieurs, à une première présidence Trump très commerçante mais non guerrière fort décriée par les impérialistes vassaux et concurrents d’Europe et leurs politiciens de droite et de gauche socialistes et révisionnistes de gauche. Ils ont tous quasi souhaité, y compris par des sondages médiatiquement truqués, la victoire électorale des « démocrates » fascisants US, ce que les électeurs étasuniens ont démenti. Ils craignent maintenant ce que leurs médias appellent « l’entente entre Trump et Poutine », qui correspond en fait à l’objectif trumpiste de séparer la Russie de la Chine dont la puissance économique, scientifique, technologique fait mettre progressivement le genou US à terre.
Les valets néocoloniaux et les impérialistes de l’UE sont de fait confrontés à la nécessité de choisir ou la soumission ou la concurrence face à l’hégémonisme US dont ils ont jusqu’ici bénéficié dans le cadre de leur lutte de classe commune contre le socialisme réel, l’URSS, le camp socialiste d’Europe de l’est qu’ils ont temporairement vaincu sans oublier les États souverainistes du Sud qu’ils ont ramené à « l’âge de pierre » par leurs guerres d’agression coloniale. Est-on en train d’assister à la mort programmée du projet impérialiste européiste social-démocrate défini ainsi clairement dans un texte intitulé « socialistes de toute l’Europe, unissez-vous ! », signé par Laurent Fabius, Pierre Mauroy et Michel Rocard, tous ténors et hauts responsables de l’Internationale Socialiste : « le socialisme dans un seul pays n’a évidemment plus de sens. Si l’on veut être efficace et peser vraiment sur le cours des choses, les politiques à mettre en œuvre et les régulations à construire se situent désormais à l’échelle des continents et du monde. (…) La social-démocratie se définit par la recherche d’un triple compromis entre le capital et le travail, le marché et l’Etat, la compétition et la solidarité. (…) Les trois compromis de la social-démocratie doivent donc être actualisés, nos méthodes réformées et internationalisées. (…) Il faut aussi éviter tout repli sur soi, car le déséquilibre actuel qui fait des Etats-Unis l’acteur dominant du système international doit être corrigé. (…) La refondation de la social-démocratie passera d’abord par l’Europe. (…) devant les enjeux de la gouvernance internationale … l’Europe constitue le bon échelon d’intervention et de représentation. (…) nous voyons ce qu’elle peut d’ores et déjà dans la sphère économique ! Puissance douce, soft power, comme diraient les Anglo-Saxons ? (…) un monde qui se structurera autour de quatre ou cinq grands ensembles régionaux, dont l’Europe. (…) la social-démocratie doit prendre appui sur l’Europe » (Le Monde du 29 octobre 2002).
Ou bien l’avenir nous réserve-t-il une réaction souverainiste des bourgeoisies impérialistes vassales et concurrentes d’Europe pour se dépêtrer de cet hégémonisme fascisant des « démocrates » et des « républicains » US et anglo-saxons comme le suggérait tactiquement Staline, dès 1952 : « En apparence, la « sérénité » règne partout : les États-Unis d’Amérique ont réduit à la portion congrue l’Europe occidentale, le Japon et autres pays capitalistes ; l’Allemagne (de l’ouest), la Grande Bretagne, la France, l’Italie et le Japon, tombés dans les griffes des États-Unis, exécutent docilement leurs injonctions. Mais on aurait tort de croire que cette « sérénité » puisse se maintenir « pour l’éternité » ; que ces pays supporteront sans fin la domination et le joug des États-Unis d’Amérique ; qu’ils n’essayeront pas de s’arracher au joug américain pour s’engager sur le chemin de l’indépendance. (…) Ces pays mènent aujourd’hui une existence lamentable sous la botte de l’impérialisme américain, leur industrie et leur agriculture, leur commerce, leur politique extérieure et intérieure, toute leur existence sont enchaînés par le « régime » d’occupation américain. Pourtant, hier encore, c’étaient de grandes puissances impérialistes… Penser que ces pays n’essayeront pas de se relever, de briser le « régime » des États-Unis et de s’engager sur le chemin de l’indépendance, c’est croire aux miracles » (Les problèmes économiques du socialisme, 1952, p.123/124, édition Lignes de Démarcation).
Manifestement la question nationale donc celle de la souveraineté nationale jusqu’ici réservée principalement aux peuples colonisés devient une équation posée et à résoudre même pour les pays impérialistes affaiblis par l’hégémonisme fascisant US.
Les classes laborieuses, le prolétariat des nations du sous continent européen doivent être à l’avant-garde de la lutte contre le choix de la vassalisation par les bourgeoisies des pays impérialistes de l’UE tout comme les classes laborieuses politiquement organisées des pays dépendants et semi-coloniaux doit le faire pour assurer la marche du mouvement révolutionnaire de libération nationale panafricaine, panarabe, pan-sud américaine et panasiatique.
18/01/25