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Le nouveau chef de la Syrie croit qu’il va pouvoir dissoudre les services secrets et le parti Baas

samedi 1er février 2025, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 1er février 2025).

« La mission des vainqueurs est lourde » : Ahmed Al-Charaa nommé président intérimaire de la Syrie

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31 janvier 2025

Assawra

L’homme fort du groupe Hayat Tahrir al-Cham (HTC), Ahmed Al-Charaa, a été nommé président de la Syrie par intérim. Alors que les regards sont tous tournés vers lui, le chef de guerre va devoir rassurer tant au sein du peuple syrien, désireux de tourner la page de l’autoritarisme, qu’à l’international, où la chute de Bachar Al-Assad rebat les cartes au Moyen-Orient.

Chef du Hayat Tahrir Al-Cham (HTC, Organisation de libération du Levant) et principal interlocuteur auprès des gouvernements extérieurs depuis la chute du régime autoritaire de Bachar Al-Assad, Ahmed Al-Charaa a été désigné président par intérim de la Syrie. L’annonce a été réalisée mercredi 29 janvier, alors que les nouvelles autorités syriennes confirmaient la dissolution de l’ancien Parlement et le gel de la Constitution de 2012.

Ahmed Al-Charaa, chef de file des groupes islamistes armés ayant mené la révolte, jusqu’à la prise du pouvoir, le 8 décembre dernier, va superviser la phase de transition en cours dans le pays, scruté à l’international sur la direction politique qu’il va prendre. Le nouveau président syrien doit ainsi former un « conseil législatif intérimaire pour la période de transition », dont la durée n’a pas été précisée. Il assumera aussi la représentation de la Syrie « dans les forums internationaux ». Rôle qu’il occupait déjà officieusement, multipliant les entretiens avec des médias et accueillant les délégations étrangères.

« Toutes les agences de sécurité affiliées à l’ancien régime » dissoutes

Ces mesures, publiées par l’agence de presse officielle de la Syrie Sana, interviennent à l’issue d’une rencontre organisée mercredi soir entre Ahmed Al-Charaa et plusieurs chefs de factions armées ayant participé à l’offensive contre Assad. « Tous les groupes armés, les organes politiques et civils se réclamant de la révolution, sont dissous, et doivent être intégrés aux institutions de l’État », a par la suite annoncé le colonel et porte-parole de l’armée Hassan AbdelGhani, dans un communiqué cité par Sana.

Outre ces annonces en lien avec le futur politique de la Syrie, les autorités ont aussi poursuivi leur entreprise de démantèlement du régime de Bachar Al-Assad. Le parti Baas, au pouvoir pendant près de six décennies, a été dissous, tout comme les institutions militaires héritées de la dictature, en vue de « la reconstruction de l’armée syrienne ». De même, « toutes les agences de sécurité affiliées à l’ancien régime » sont dissoutes, le pouvoir s’engageant à « former un nouvel appareil sécuritaire qui préservera la sûreté des citoyens ». La durée de cette période de transition, elle, n’a pas été confirmée. Ahmed Al-Charaa avait déjà estimé, à l’occasion d’une interview avec la chaîne saoudienne Al-Arabiya (dimanche 29 décembre), que la tenue de toute élection en Syrie « pourrait prendre quatre ans ». La rédaction d’une nouvelle Constitution pourrait quant à elle durer « deux ou trois ans », estimait le nouveau président. « La mission des vainqueurs est lourde et leur responsabilité est immense », aurait-il ainsi lancé, dans la soirée du mercredi 29 janvier.

Dans une Syrie meurtrie par plus de treize années de guerre civile, les nouvelles autorités multiplient les gestes pour rassurer les minorités, inquiétées par des arrestations arbitraires et des exécutions sommaires. De même, l’évolution de l’offensive turque dans le Nord-Est syrien ne peut être négligée.

Pour rappel, l’Armée nationale syrienne – créée par Ankara et composée de nombreux islamistes syriens, dont des anciens de Daech – s’est donnée pour mission d’attaquer les combattants kurdes regroupés au sein des Forces démocratiques syriennes. La Turquie, mais également les nouveaux dirigeants de Damas, entendent retirer aux Kurdes toutes leurs prérogatives, pour en finir avec l’administration autonome mise en place en 2013.

Lors de la réunion, Ahmed Al-Charaa a défini « les priorités de la Syrie d’aujourd’hui », affirme son entourage : « Combler le vide du pouvoir, préserver la paix civile, construire les institutions de l’État, œuvrer à bâtir une économie tournée vers le développement et redonner à la Syrie son rôle international et régional. »

À l’international, le chef du HTC devrait continuer de plaider pour une levée des sanctions occidentales, imposées du temps de l’ancien régime Assad, qui pèsent sur la Syrie. L’Union européenne (UE) s’est justement accordée, lundi 27 janvier, sur une « feuille de route » pour assouplir les sanctions. Une annonce qui fait suite à la réunion organisée début janvier 2025 à Riyad, en Arabie saoudite, où des diplomates des Nations unies, de l’UE et du Moyen-Orient – ainsi que le sous-secrétaire d’État sortant des États-Unis, John Bass – se sont rencontrés pour discuter de la Syrie.

Riyad, l’un des parrains du nouveau pouvoir en place à Damas, avait alors appelé à « lever les sanctions unilatérales et internationales imposées à la Syrie ». De quoi permettre « son développement et sa reconstruction », résumait le ministre saoudien des Affaires étrangères, Fayçal ben Farhane. Les Vingt-sept emboîtent ainsi le pas aux États-Unis, qui ont déjà annoncé un allègement temporaire de leurs sanctions, pour éviter d’entraver les services de base, comme la « fourniture d’électricité, d’énergie, d’eau, l’assainissement », ou encore l’aide humanitaire.

Tom Demars-Granja
L’Humanité du 30 janvier 2025

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