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« La torture en Algérie ? On la pratiquait partout, et encore sous de Gaulle »

samedi 7 juin 2025, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 7 juin 2025).

https://www.letemps.ch/monde/tortur…

Publié le 01 décembre 2000 à 01:40.

Antoine Bosshard, Paris

Les aspects les plus sombres de la guerre d’Algérie ne cessent de remonter à la surface. Au cœur de ce dévoilement : tout ce qu’on peut savoir de la pratique, généralisée, de la tortureOutre le témoignage, « L’Express » publie des photos prises à l’époque par le grand reporter Jacques Duquesne : liquidation des combattants algériens, la tête d’un fellagha accrochée au pare-chocs d’un blindé

La guerre d’Algérie, dont en France, beaucoup aimeraient tant voir le souvenir enterré, vient, jour après jour, hanter les colonnes des journaux. Comme un revenant qui ne voudrait pas disparaître. Il y eut au mois de juin dernier, en une du Monde, les révélations d’une fellagha, Louisette Ighilariz, sur les sévices dont elle fut l’objet il y a plus de 40 ans ; puis les témoignages contradictoires des généraux Massu et Bigeard sur le recours à la torture dans la bataille d’Alger. Massu, qui ne les a jamais cachées, regrette alors ces pratiques : « On aurait pu s’en passer », dit-il, et note que Bigeard s’y était livré lui-même. Coup de sang de Bigeard, qui nie les faits. L’été passe là dessus. Et voilà que le lancement d’une pétition, en novembre, d’une poignée d’intellectuels, dans les colonnes de L’Humanité, relance le débat sur la nécessaire vérité, quelque 40 ans après la guerre. Le Monde fait parler un ancien de la bataille d’Alger, le général Aussaresses, qui, sans état d’âme, confirme que de nombreux combattants algériens arrêtés et comptés pour disparus – entre 3000 et 5000 – ont été systématiquement liquidés.

Le mouvement est lancé. Dans la foulée des plus hauts gradés de l’époque, ce sont les soldats du contingent qui, dans les jours qui suivent, sortent de leur silence et racontent à la télévision qu’ils ont dû, eux aussi, se livrer à ce sale boulot : la « corvée de bois », qu’on l’appelait. Le dévoilement de cette page à la fois douloureuse et honteuse de la guerre d’Algérie ne pouvait manquer de provoquer une réaction du pouvoir. Au dîner du Crif, début novembre, Jospin admet qu’il va bien falloir revenir là-dessus et que soit « poursuivie l’œuvre de mémoire ». Au Congrès du Parti socialiste, à Grenoble le week-end dernier, il demande que les historiens fassent leur travail. Et il promettra d’ouvrir, dans la foulée, les archives aux chercheurs.

Et voilà que la parution, dans l’Express de cette semaine, du témoignage de Jacques Duquesne, grand reporter à La Croix à l’époque, jette une nouvelle lumière sur ces événements. Car il élargit, en quelque sorte, le champ de l’histoire. Par des photos d’abord, conservées sous le coude pendant plus de 40 ans. Des photos pénibles, de combattants algériens liquidés ; de la tête d’un fellagha accrochée, comme un trophée, au pare-chocs d’un blindé ; d’une jeune Algérienne nue, livrée à l’objectif par deux troufions amusés. Ou de blindés détruisant, pour l’exemple, des villages du bled. Le témoignage du journaliste, ici, intéresse à plusieurs titres. Non seulement, il lève le voile sur un entretien censé rester secret : en 1957 déjà, en pleine bataille d’Alger, Massu a reconnu sans détours que la torture était pratiquée par les forces de l’ordre. Mais il montre, témoignages de soldats à l’appui, que la torture ne s’est pas cantonnée à la bataille d’Alger, comme on l’a dit, mais à l’ensemble du territoire.

Car on torturait dans le bled. Un exemple : dans la vallée du Cheliff, un soldat, séminariste et infirmier, lui raconte que chaque matin, il doit soigner des hommes qui ont été torturés toute la nuit et dont les cris obsèdent les soldats qui ne participent pas aux opérations. Rien de manichéen et de simpliste dans cet article, où l’auteur montre que c’est souvent sous l’emprise de la colère que des hommes torturent des Algériens, qui de leur côté n’ont pas lésiné sur les méthodes barbares elles aussi. Mais que la torture est vite devenue routine – « sadisme ou maladie qui s’attrape vite ». Les représailles font encore partie des moyens de l’armée, qui après une opération des nationalistes, détruit couramment une série de villages. Avec pour effet de rallier par dizaines de milliers les Algériens aux maquisards. Il remarque que, très largement inefficace, elle s’est poursuivie jusque sous la présidence du général de Gaulle. Les photos publiées par l’Express datent de 1959 et 1960.

A elles seules, ces quelques pages d’un journaliste respecté – menacé de mort par l’OAS à l’époque – sont sans doute plus fortes et plus marquantes que cette repentance que réclament, dans un étrange chorus, le général Massu et le… Parti communiste. Le PC, dont certains militants – une Germaine Tillon, un Henri Alleg – firent preuve de beaucoup de courage à l’époque, semble s’être trouvé là une cause respectable à un moment où le Parti, lui, est en plein désarroi.

8 Messages de forum

  • En tout et pour tout, et pour seule justification du titre, manifestement destiné à faire la "promotion putaclick" de l’article du "Temps" suisse en 2000, il y a donc cette seule occurrence :

    "elle [la torture] s’est poursuivie jusque sous la présidence du général de Gaulle. Les photos publiées par l’Express datent de 1959 et 1960."

    Or la réalité historique évidente c’est que De Gaulle lui-même, à partir de son discours du 16 septembre 1959 sur l’autodétermination, était devenu la "bête noire" et la cible désignée des généraux colonialistes et tortionnaires, et qu’il a bien failli y laisser sa vie à plusieurs reprises.

    Lui imputer la responsabilité directe des exactions commises en Algérie n’a donc aucun sens au regard de l’histoire.

    Jusqu’aux derniers jours de la dite Guerre d’Algérie, et même encore après, pour quelques temps, De Gaulle était sous la menace permanente d’une grande partie de sa propre armée et des commandos terroristes de l’extrême-droite colonialiste et n’avait donc pas d’autre choix que de manœuvrer en fonction.

    Dès septembre 1959 son but était d’arriver à un référendum d’autodétermination, et qui était donc logiquement supposé se dérouler dans des conditions suffisamment pacifiques pour être valide.

    Ce qui n’a donc pas réellement été possible, vu la violence en cours des parties colonialistes et indépendantistes en conflit, mais a néanmoins abouti en deux étapes :

    _1_ Référendum global Algérie-Métropole sur le droit à l’autodétermination :

    >>> 8 janvier 1961 >>> OUI à l’autodétermination, à 74,99%

    _2_ Référendum en Algérie sur l’indépendance, en coopération avec la France selon les accords du 19 mars 1962 :

    >>> 1er juillet 1962 >>> OUI à l’indépendance, à 99,72%

    Du 16 septembre 1959 au 1er juillet 1962, deux ans, neuf mois et deux semaines pour aboutir et mettre fin à cette guerre.

    Luniterre

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    • Salut Luniterre,

      À propos du documentaire de Marie-Monique Robin sur la torture en Algérie :

      https://mai68.org/spip3/spip.php?ar…

      Tu me disais :

      « "Ces "techniques de la guerre moderne" ont été enseignées par les militaires français aux généraux argentins qui ont conduit l’une des dictatures militaires les plus sanglantes de 1976 à 1982."

      « Pour info : De Gaulle est décédé en novembre 1970. »

      Je t’avais fait cette réponse :

      https://mai68.org/spip3/spip.php?ar…

      Tu ne veux pas comprendre que c’est une continuité, avant, pendant et après de Gaulle ?

      De toute façon, Pierre Messmer est cité [dans le documentaire de Marie-Monique Robin] à l’époque où il était ministre du Général.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierr…

      Engagé dans les Forces françaises libres (FFL), il est après-guerre administrateur colonial. Il est impliqué dans la guerre du Cameroun entre 1956 et 1958, où il pilote la contre-insurrection contre les indépendantistes communistes de l’UPC, faisant des milliers de morts[1]. Ministre des Armées du général de Gaulle de 1960 à 1969, il est nommé ministre d’État chargé des Départements et Territoires d’Outre-Mer en 1971.

      Pierre Messmer occupe le poste de Premier ministre du 5 juillet 1972 au 27 mai 1974, sous la présidence de Georges Pompidou et l’intérim d’Alain Poher. Il est également maire de Sarrebourg de 1971 à 1989 et président du conseil régional de Lorraine de 1978 à 1979.

      Tu devrais vraiment regarder le documentaire de Marie-Monique Robin, car il n’y a pas que Messmer qui est cité. Loin de là :

      https://mai68.org/spip3/spip.php?ar…

      Bien à toi,
      do
      http://mai68.org

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      • A ce propos, je t’ai déjà répondu sur un autre fil où tu as déjà abordé le sujet Messmer & Cie :

        https://mai68.org/spip3/spip.php?article1291#forum2503

        Messmer, ce n’est donc pas De Gaulle. Diriger un pays, ce n’est pas diriger une équipe de foot, c’est des milliers de fonctionnaires, de responsables politiques, militaires, etc… Cela implique, même si c’est regrettable, un modus vivendi avec les uns et les autres, et les différentes factions qu’ils constituent de fait.

        Des milliers d’individus qui restent responsables de leurs propres actes.

        La situation est la même aujourd’hui pour Poutine, Trump, comme elle l’était également pour Staline, et tous les dirigeants de nations qui dépassent la taille du rocher de Monaco, et encore, il y a un tas de problèmes similaires, le plus souvent, à l’échelle d’une simple commune, et je suis assez bien placé pour le savoir, en tant qu’ex-délégué CGT du personnel ouvrier d’une commune de grande banlieue… Vu ???

        Luniterre

        PS : addenda suite à :

        "Si de Gaulle a choisi Messmer comme Ministre des Armées de 1960 à 1969, c’est qu’il approuvait ses actions."

        …Ou qu’il n’avait pas le choix, comme Poutine avec Choïgou, encore bien plus "durable" que Messmer, et qui conserve des responsabilités diplomatiques importantes, vu ses "relations", même si après avoir été viré du ministère de la Défense, et la plupart de ses "collaborateurs" jetés en prison !

        *****************************************

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        • À propos des amoureux de de Gaulle :

          « Ils ont des yeux pour voir, mais ne voient pas ».

          Car l’amour rend aveugle.

          Bien à toi,
          do
          http://mai68.org

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          • Il ne s’agit pas "d’être amoureux" mais simplement de faire le bilan des réalités historiques. C’est toi-même qui me dit :

            Tu ne veux pas comprendre que c’est une continuité, avant, pendant et après de Gaulle ?

            Or justement le seul point historique qui met quasiment tout le monde d’accord, sauf exception dont tu sembles être : la période de la France avec De Gaulle au pouvoir est une "parenthèse historique", en bien pour les uns, en mal pour les autres !

            Mais, généralement, plutôt en bien, sans jeux de mots…

            Le fait qu’une bonne partie du personnel politique soit un héritage des régimes précédents, et qu’une bonne partie ait continué à participer ensuite à d’autres gouvernements est aussi une évidence commune à l’histoire de la plupart des pays, y compris l’URSS/Russie, la Chine, etc…

            Ce n’est donc pas ce qui est déterminant dans l’analyse dialectique du "leadership" particulier de tel ou tel dirigeant, mais bien l’impact particulier de son passage au pouvoir, et pour "escamoter" la différence manifestement positive qu’a fait De Gaulle par rapport aux autres, même si "insuffisante" par rapport à un hypothétique "idéal", il faut ne pas vouloir tenir compte des réalités, selon sa formule bien connue, et que l’on peut justement appliquer au bilan de son oeuvre.

            Ce n’est peut-être pas ton cas, mais la très grande majorité des gens de ma génération préféreraient évidemment voir revenir une période semblable à celle de la France sous De Gaulle plutôt que la déchéance où nous mène la macronie à tous points de vue !

            Mais à présent, il ne s’agit pas de "nostalgie", mais de s’inspirer de l’esprit d’indépendance du Général pour reconstruire une alternative française au banco-centralisme, qui soit capable d’unir la très grande majorité de la population bafouée par les conséquences de la mondialisation.

            Luniterre

            Répondre à ce message

            • Si de Gaulle était si bien que tu crois, il n’y aurait pas eu mai 68 !

              C’est parce que la France a tellement viré à droite que de Gaulle n’apparaît pas si mal aujourd’hui. Du moins, à ceux qui ont oublié la torture ou qui en ont rien à foutre. Et qui ont oublié la terrible répression en mai 68 :

              http://mai68.org/spip/spip.php?arti…

              Cliquer ici pour télécharger cette vidéo

              Cliquer ici pour télécharger cette vidéo dans son format originel (FLV)

              Moi j’ai rien oublié et j’ai pas du tout viré à droite. Pour moi de Gaulle reste de Gaulle !

              Bien à toi,
              do
              http://mai68.org

              Répondre à ce message

              • 200 personnes dans 2 cellules de 6x2,5m, cela fait tout de même 200 personnes sur 15 mètre carrés, soit en moyenne plus que 13 personnes par mètre carré ! Matériellement impossible. Cela décrédibilise donc au moins ce témoignage, sans justifier pour autant la violence policière éventuellement disproportionnée par rapport à celle des manifestants. Et évidemment pas les violences "gratuites", et encore moins, le viol, si avéré.

                Luniterre

                PS : Je pense toujours que Mai 68 était justifié comme révolte antiautoritaire, précisément par rapport aux excès de cette époque, dans le genre autorité psychorigide et sans fondement. Néanmoins, le but était pour moi la recherche d’une autorité démocratique et représentative, fondée sur un esprit de responsabilité, et non pas une absence totale d’autorité, telle que cela a finalement été promu par la suite.

                L’idée de démocratie directe me semblait aussi intéressante, mais elle exige encore plus d’esprit de responsabilité collective, ce qui ne s’est finalement jamais trouvé, et encore bien des années plus tard, même au début du XXIe siècle, avec des pseudos-"AG" qui n’en finissent pas de tourner en rond et en palabre infinis pour finalement n’aboutir à rien du tout (au mieux !), et autrement à des trucs insensés et finalement négatifs, sinon plus ou moins catastrophiques.

                Donc ma conclusion est plutôt qu’une organisation politique structurée reste nécessaire. Reste à inventer celle qui correspond aux conditions et aux objectifs pour notre époque.

                Pour l’instant, on n’en voit pas le moindre début !

                Luniterre

                Répondre à ce message

  • Si de Gaulle a choisi Messmer comme Ministre des Armées de 1960 à 1969, c’est au minimum qu’il approuvait ses actions. Mais le vrai chef des armées, c’est le président de la république, c’est de Gaulle.

    Bien à toi,
    do
    http://mai68.org

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