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27 juin 2025
Assawra
La cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a pourtant présenté, jeudi 26 juin 2025, un rapport démontrant qu’Israël a enfreint une trentaine de principes du droit international, aux chefs des États membres de l’Union européenne. Les Vingt-Sept n’ont, malgré les conclusions du dossier, pas réussi à s’accorder sur une possible révision de son accord d’association avec Israël. La décision est repoussée au mois de juillet.
Alors que l’Union européenne (UE) a durci le ton face à Israël, fin mai, avec en ligne de mire un possible réexamen de son accord d’association avec Tel-Aviv, ses membres se divisent à nouveau sur sa mise en place. La cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a pourtant présenté, jeudi 26 juin, un rapport accablant, qui démontre qu’Israël a enfreint une trentaine de principes du droit international, aux chefs d’État et de gouvernements. L’ancienne première ministre estonienne en a profité pour leur demander une position claire sur cette évaluation. Un nouveau conseil des affaires étrangères est prévu en juillet.
Malgré les conclusions du rapport, les Vingt-Sept n’arrivent pas à se mettre d’accord sur la marche à suivre. Pour rappel, un mouvement s’était enclenché courant mai avec une salve de condamnations du blocus humanitaire imposé par le régime israélien dans la bande de Gaza. La Belgique, la Finlande, les Pays-Bas, la France, le Portugal, l’Irlande, le Luxembourg, la Slovénie, l’Espagne, la Suède ou encore l’Autriche et la Roumanie fustigeaient ainsi d’une même voix une « violation du droit humanitaire international ».
« Israël ne respecte pas les obligations en matière de droits humains »
De quoi justifier la révision de l’article 2 de l’accord d’association avec Israël. Ce dernier stipule que les relations entre Bruxelles et Tel-Aviv « sont fondées sur le respect des droits de l’homme et des principes démocratiques, qui guident leur politique intérieure et internationale et constituent un élément essentiel du présent accord ». La directrice du bureau européen d’Amnesty International, Eve Geddie, estime ainsi que, « en dépit de sa formulation timide, la Commission européenne énonce une évidence : Israël ne respecte pas les obligations en matière de droits humains qui lui incombent au titre de cet accord ».
Le premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, a de son côté dénoncé une « situation catastrophique de génocide », en marge de la réunion du Conseil européen, où a été présenté ledit rapport, jeudi 26 juin. L’Irlande et la Slovénie lui ont emboîté le pas en demandant à ce que l’accord d’association soit « immédiatement » suspendu. Seulement, une telle suspension requiert l’unanimité des 27 États membres.
Un mouvement loin d’être enclenché au vu des déclarations de plusieurs chefs de gouvernement. « L’accord d’association n’a pas grand-chose à voir avec la situation humanitaire à court terme », a par exemple estimé le premier ministre belge, Bart de Wever. La Bulgarie, la Croatie, l’Allemagne, la Hongrie, l’Italie, ou encore, la Lituanie s’opposent quant à eux à tout réexamen de ce partenariat depuis plusieurs semaines. « Il serait contre-productif de prendre des initiatives qui ferment les canaux de dialogue avec Israël », a notamment lancé la première ministre italienne d’extrême droite Giorgia Meloni.
Les États membres de l’UE – premier partenaire commercial d’Israël, avec des transactions évaluées à plus de 45 milliards d’euros par an – ont décidé de simplement « prendre note du rapport », sans affirmer de position politique sur ses conclusions. La prochaine étape pour Kaja Kallas est donc de préparer des propositions pour cette future réunion prévue en juillet, « en tenant compte de l’évolution de la situation sur le terrain ».
Le président du Conseil européen, l’ex-premier ministre portugais António Costa, a de son côté annoncé s’attendre à des décisions « dès le prochain conseil des affaires étrangères ». Si la suspension de l’accord d’association avec Israël semble inatteignable en l’état, plusieurs sanctions – à l’ambition plus limitée – devraient être mises sur la table, comme l’interdiction de l’importation de marchandises produites dans les colonies israéliennes. Un maigre lot de consolation au vu de l’ampleur de l’entreprise génocidaire dans la bande de Gaza et de la répression incessante en Cisjordanie menées par Tel-Aviv.
Tom Demars-Granja
L’Humanité du 27 juin 2025