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Asservissons-nous, et ainsi nous serons libres !

mercredi 8 octobre 2025, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 8 octobre 2025).

Pour en finir avec le chantage à la dette

https://www.monde-diplomatique.fr/2…

Octobre 2025, pages 1, 16 et 17, en kiosques

Frédéric Lordon

Ulysse Bordarias. — « Décrire », 2021
/ Adagp, Paris, 2025 - Ulysse Bordarias

C’est le cœur de l’été et personne ou presque ne prête attention. M. Scott Bessent, le secrétaire au Trésor de M. Donald Trump, se produit sur Fox News (13 août 2025) et, avec la décontraction dont le nouveau pouvoir américain est désormais coutumier, lâche sa bombinette : les épargnes non résidentes investies aux États-Unis pourraient être, pour une part, regroupées dans une sorte de « fonds souverain interne » à la discrétion du gouvernement — du président —, qui déciderait comme bon lui semble de leur allocation dans les secteurs qu’il entend développer.

Seuls quelques internautes qui ne se sont pas affranchis de la veille estivale voient passer la déclaration, en mesurent l’énormité… mais pour aussitôt l’agonir, à la manière réflexe dont à peu près tout ce qui émane du trumpisme peut être reçu. Or, ici, précisément, il faudrait prendre le temps de la réflexion. Car MM. Trump et Bessent, en toute inconscience évidemment, ne font rien d’autre que réinventer le principe du « circuit du Trésor ». Soit l’instrument de reprise de contrôle sur le financement de l’économie.

Installé d’abord sous Vichy, mais mobilisé surtout pendant la reconstruction, le circuit du Trésor consistait en la mise à disposition de l’État des liquidités déposées par les agents auprès d’institutions financières publiques ou parapubliques, à l’image par exemple des comptes chèques postaux. Ces institutions, recevant le statut de « correspondants du Trésor », avaient aussi obligation de diriger une partie des épargnes qu’elles collectaient vers les titres de la dette publique, dont la souscription était ainsi garantie, en une époque où l’étroitesse des marchés obligataires empêchait d’en faire un lieu de financement de l’État.

Ramené à son principe, le circuit du Trésor peut donc en toute généralité être redéfini comme un mécanisme d’allocation dirigiste des épargnes privées. À l’avantage de l’État dans le cas historique français. En faveur du développement de certains secteurs industriels jugés stratégiques dans le cas bizarre des États-Unis de M. Trump, et par application sélective aux seules épargnes non résidentes — puisqu’il va sans dire que la liberté d’investir des citoyens américains est inaliénable… C’est cette dernière clause restrictive qui a induit en erreur jusqu’aux esprits les plus déliés, pour ne leur faire voir dans l’idée Trump-Bessent qu’un grossier avatar de « colonialisme financier », doublé d’une humiliation supplémentaire infligée dans l’ordre économique aux Européens, vassalisés par captation d’épargne interposée (1). Qu’on puisse en dire autant, la chose n’est pas douteuse. L’erreur cependant serait de s’en tenir là et de ne pas voir le délicieux paradoxe par lequel M. Trump réveille dans nos esprits ni plus ni moins que le souvenir d’un mécanisme antimarché de financement de l’économie. Dans son cas, aux fins d’une politique industrielle — ce qui est loin de manquer d’intérêt. Pour notre compte, à l’usage du financement de la dette publique — le moins qu’on puisse dire étant qu’en ces temps de « pédagogie » apocalyptique, la question se pose à nouveau, et de manière aiguë.

Le tiers intrus

Du moment où le financement de l’État a été remis aux marchés de capitaux, d’ailleurs libéralisés à cette fin expresse, la prise d’otages a été armée. Pas celle des cheminots ni celle des éboueurs : celle des investisseurs institutionnels. Selon une anecdote désormais bien connue, M. James Carville, qui fut directeur de campagne de M. William Clinton, et qui n’était pas exactement un demi-sel en matière de rapport de forces, avait déclaré que, s’il devait être réincarné, il souhaitait que ce soit en « marché obligataire » — dont il avait fini par comprendre qu’il était le lieu du vrai pouvoir : le lieu d’un pouvoir supérieur à celui des États, puisque les investisseurs, par leur réaction collective, y forment les conditions, notamment de taux, dans lesquelles la dette publique peut être émise. Et que ces conditions reflètent très exactement leur opinion, et leurs desiderata, quant à ce que doit être, pour eux, la « bonne politique économique ». Hors de ce respect de leur norme, les gouvernements s’exposent à rencontrer des conditions d’émission si défavorables que la charge de la dette peut leur devenir insupportable, le cas échéant jusqu’à les conduire à un défaut. Avant d’en arriver à ces aberrantes extrémités, les États ont le temps de souffrir et de serrer la vis — au nom des « marchés », de la « note du pays » et de la « crédibilité » réunis. Alors il faut se soumettre, tout accepter de ce qui peut complaire aux « investisseurs », et ceci jusqu’au point d’absurdité où les gouvernements, ayant épousé le dogme néolibéral avec la foi du charbonnier, finissent par soutenir que l’indépendance du pays n’est gagnée que par le respect scrupuleux de cette discipline, c’est-à-dire par le dernier degré de la soumission et de l’hétéronomie. Asservissons-nous, et ainsi nous serons libres…

C’est le moment où il va falloir cependant commencer à faire quelques distinctions dans le « nous ». Car tout le monde n’y est pas logé à la même enseigne. La camisole des « marchés » a été conçue à l’avantage exclusif des investisseurs, pour les garantir contre l’inflation, qui éroderait leurs avoirs, et bien sûr contre le défaut, qui leur en ferait perdre tout ou partie. C’est bien pourquoi les politiques économiques nationales sont priées de filer doux — en réalité de ne veiller qu’aux « cibles » qui intéressent la finance : la stabilité nominale (celle des prix) et la stabilité financière (celle du service de la dette et de la trajectoire de solvabilité). De là que la « stabilité » soit devenue par excellence la catégorie du discours économique néolibéral : c’est la stabilité des, la stabilité pour les investisseurs — et ceci jusqu’à la stabilité politique, qui est comme la garantie des deux autres : que rien ne vienne inopportunément déranger l’ordre du bon plaisir de la finance (2).

Une souveraineté en a donc évincé une autre, celle des investisseurs est venue se substituer à celle des citoyens — à quelques ultraminoritaires près, dont les intérêts sont alignés sur les vues de la finance, parce qu’ils sont riches et assis sur de gros patrimoines-titres. Les intérêts de tous les autres passeront après — si seulement ils passent. Les structures de la finance déréglementée ont donc fait entrer dans le contrat social un tiers intrus, à qui tout est consacré, autour de qui tout est organisé, pour qui toute la politique économique est faite, négation absolue du principe démocratique, dont on découvre ce qu’il vaut en capitalisme néolibéral. Les dirigeants tiennent donc systématiquement un double discours, le premier fait de mots creux à l’adresse du bon peuple qu’on promène entre « bon sens » et terreur, le second en direction des investisseurs, à qui les choses sérieuses sont réservées. Discours clivé en raison d’un contrat clivé, où tout a été fait pour que le contractant intrus évince le contractant historique.

L’Union européenne, par excellence machine à dé-démocratiser, pour reprendre les termes de la philosophe Wendy Brown, machine à annuler les souverainetés politiques pour instituer le règne de la souveraineté du capital, ne s’y est pas trompée. Toute son organisation, et notamment l’article 63 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE), qui interdit d’attenter si peu que ce soit à la liberté des mouvements de capitaux, a été pensée à cette fin d’en finir avec les foucades de la politique pour garantir la paix des investisseurs, c’est-à-dire l’éternité de leur empire sur les politiques économiques.

Attenter, il va donc falloir commencer à y songer, et un peu sérieusement. Merveilleuse providence, c’est à ce moment que M. Trump nous en remet en tête le moyen par excellence : un circuit du Trésor. Telle est bien, par construction, la vertu première de la chose puisqu’elle nous dispense d’avoir à plonger dans les marchés de taux internationaux pour financer les déficits en permettant d’orienter directement — et, oui, coercitivement — une partie des épargnes privées vers les titres publics. M. Trump, avec son circuit à lui, fait de la politique industrielle, nous pouvons parfaitement en faire autant, si c’est à notre manière, pour financer par exemple de grands programmes d’investissement public, dont il est très légitime qu’ils donnent lieu à déficit puisque, engageant l’avenir, ils échappent à la logique des dépenses courantes. Et sans préjudice d’autres usages plus étendus.

Ulysse Bordarias. — « Planifier », 2023
/ Adagp, Paris, 2025 - Ulysse Bordarias

Sans préjudice de vues stratégiques plus larges également. Car un circuit du Trésor est par excellence également l’instrument de la sortie de l’Union européenne. La zone euro nous tient par l’enfermement dans les marchés ? C’est simple comme l’œuf de Colomb : sortons des marchés. Mais qui, dans le champ politique institutionnel, cette perspective peut-elle intéresser ? Plus le Rassemblement national (RN), dont la normalisation eurolibérale est parachevée. La France insoumise (LFI) ? La question est des plus indécises. À l’évidence, la sortie de l’euro a disparu de son discours. L’idée a jeté ses derniers feux lors de la campagne de 2017. Deux ans après le pic de la crise grecque, et sa résolution dramatique par la renégation- Tsipras, il y avait assurément lieu d’en parler encore. Plus rien ou presque depuis.

Une interprétation charitable mettrait cette disparition au compte d’une rationalité tactique bien comprise : la sortie de l’euro, comme celle des marchés de capitaux, fait partie de ces questions qu’il est impossible de poser dans le débat public de la fausse démocratie bourgeoise, celle qui se targue pourtant de pouvoir discuter de tout, et qui laisse en fait discuter de si peu. Impossible, en effet, car il suffit que le débat renaisse pour qu’aussitôt la finance s’en émeuve — on la comprend : c’est bien elle qui est visée — et réagisse, comme à son habitude, en abandonnant les titres de la dette publique, donc en en faisant monter les taux, on ne sait pas jusqu’où, possiblement très haut si la crise s’envenime, le cas échéant au point de rendre l’équation budgétaire insoluble. Régis Portalez, polytechnicien passablement dissident et intervenant, disons, tonique sur les réseaux sociaux, écrit fin août, au moment où se profile la chute de M. François Bayrou : « Les macronards seraient capables de lancer une attaque des marchés spéculatifs de la dette française, juste pour se dédouaner et conserver un pouvoir qu’ils ont usurpé après les dernières législatives » (26 août 2025). Le style est fleuri mais on pourra difficilement lui en vouloir : car l’analyse est bien fondée — et d’une grande généralité. On s’en apercevra lorsque LFI, à la prochaine élection présidentielle, s’approchera du pouvoir — et cela sans même avoir dit « sortie de l’euro ». Tout projet politique de modification significative du rapport de pouvoir entre le corps social et le capital se heurtera à la fureur du capital, et celle-ci aura pour premier lieu d’expression les marchés obligataires. On en ferait presque un baromètre de la teneur « en gauche » d’une ligne politique : déclencher, ou non, la tempête spéculative.

Avant l’ouverture des hostilités

Il reste que, déclenchée, la tempête met en grande difficulté, peut-être en échec, sa politique, et ceci possiblement, c’est d’ailleurs la chose la plus remarquable, avant même l’arrivée au pouvoir de cette gauche. Tel est le pouvoir insensé des anticipations financières, qui ramènent dans le présent immédiat une représentation de l’avenir et, ce faisant, refaçonnent entièrement la trajectoire temporelle. On comprend qu’une telle arme ne restera pas inutilisée dans le combat politique, et que le camp de la bourgeoisie radicalisée, déjà prêt à tout, ne se privera pas d’en faire usage : mettre en échec l’opposant politique qui menace de prendre le pouvoir avant même qu’il ait pris le pouvoir, quelle merveilleuse possibilité. Voilà les conditions dans lesquelles « on peut débattre de tout » dans la démocratie capitaliste. On comprend, dans telles conditions, que la prudence s’impose, que l’évitement des questions explosives puisse être de rigueur — et même que la dissimulation soit entièrement légitime.

La question reste cependant ouverte de savoir où en est réellement la principale force de gauche institutionnelle sur l’euro et la finance : dissimulation… ou abandon ? L’hypothèse de l’abandon ne peut malheureusement être complètement écartée. On pourrait en effet prêter à LFI une ligne d’accommodation qui convaincrait la Commission européenne de laisser faire le relèvement de fiscalité sur les riches et les grosses entreprises, solution somme toute simple et logique pour revenir dans les clous budgétaires. Et pour qu’on ne se fâche pas inutilement.

Il ne faut pas se faire d’illusions pour autant : la construction européenne a été fondamentalement conçue pour écarter des projets politiques de gauche. En fait : pour les rendre impossibles — et ceci, de nouveau, grâce à, et par, la coercition des marchés, dont elle a très sciemment organisé le règne. Il existe donc quelque part (mais on ne sait pas où) un point critique au-delà duquel, mis bout à bout, orientations impies, projets de régulation variés, nationalisations et aides publiques, désobéissances à des traités (marchés de l’électricité, traités commerciaux aux pesticides, etc.) conduiraient à l’ouverture des hostilités. Aussitôt mise en cacophonie par la caisse de résonance des marchés. Nul ne peut dire ex ante jusqu’où celle-ci portera les niveaux de l’adversité financière par taux d’intérêt interposés, dûment encouragée par les discours incendiaires des institutions européennes, des médias capitalistes (comme de service public…) et de tous ceux qui ne louperont pas pareille occasion d’en finir immédiatement avec un pouvoir de gauche. Car, en effet, ce peut être au point d’en finir — comme le savent les Grecs après l’expérience Syriza-Tsipras.

Dans un long entretien, M. Jean-Luc Mélenchon, il y a quelques années, a répondu par anticipation à l’objection (3). La France n’est pas la Grèce, dit-il, et on ne joue pas avec une économie à banques systémiques et à 3 000 milliards de dette publique. « Je recommande à tout le monde d’être raisonnable », laisse-t-il planer en guise de menace — ce qui est, en effet, la meilleure façon de parler aussi bien aux marchés qu’aux institutions européennes. Le fait est qu’on imagine à peine l’ampleur du désastre financier que représenterait un défaut sur la dette française. Mais qui est ce « tout le monde » appelé à être raisonnable ? La Commission et le Conseil européen bien sûr. Et « les marchés » ? Le problème avec « les marchés » est qu’on n’en a pas le numéro de téléphone, et qu’on ne négocie pas avec eux. En première approximation, les marchés sont une entité acéphale, sans aucune rationalité d’ensemble, et sans autre coordination que les bourrasques mimétiques qui les parcourent parfois dans les crises. Or ce sont bien eux qui font l’état — ou les cataclysmes — de la finance… le cas échéant jusqu’à leur propre ruine collective. Tous ceux qui connaissent les charmes de la finance savent que des ruées peuvent survenir du seul et simple fait que les investisseurs ont peur d’une ruée — des autres. Il suffit que quelques éléments objectifs traînent dans le paysage, un gouvernement de gauche-épouvantail, des données économiques qu’on ne lui passera pas alors qu’on les passerait à n’importe quel gouvernement de droite, une situation de conflit empoisonné avec l’Union européenne, pour que tout parte en fusée. Et peut-être jusqu’au point où, en retour, Bruxelles préférerait sortir le plan de sauvetage du siècle, pour toutes ses banques… sauf celles du pays qu’elle aura choisi de jeter dehors.

Ulysse Bordarias. — « Espace public », 2021
/ Adagp, Paris, 2025 - Ulysse Bordarias

On peut bien espérer que les institutions européennes « n’oseront pas ». Et c’est vrai : elles préféreraient ne pas. Mais c’est un espoir joueur. Et si le pari tourne mal, il s’agira de ne pas se retrouver à poil. Seule la disposition d’un plan en bonne et due forme, peut-être tenu dans les cartons jusqu’ici, mais prêt à en sortir à tout instant, nous extirpe de la passivité. Dans ce plan, il y aura nécessairement un circuit du Trésor.

Il y en aura nécessairement un car, que ce soit pour une sortie voulue ou pour une sortie forcée, il faudra être équipé. Il le faudra d’autant plus qu’au-delà de l’Union européenne et de l’euro un circuit du Trésor est la silver bullet (4) contre le chantage par « la dette », contre ses gramophones médiatiques et gouvernementaux, contre le tiers intrus qu’il est temps de dégager du contrat social. Que ce soit M. Trump qui nous fasse nous en ressouvenir est sans doute une ironie à mettre au compte de temps décidément troublés. Mais il est différentes manières de troubler les temps, et pourvu qu’on ait la bonne, il ne faut pas craindre d’y ajouter. En finir avec le règne de la finance et des investisseurs est indiscutablement la meilleure. En réalité, elle est même l’étalon, le critère de ce en quoi consiste, de ce que doit être une politique de gauche. À force de renoncements, nous en sommes arrivés à un point de rétrécissement de nos ambitions où les patchs fiscaux à la Piketty-Zucman nous semblent un summum d’audace, peut-être même les ultimes marqueurs de « la gauche », le seuil au-delà duquel commencerait la déraison — comme en témoigne l’assaut de prudents codicilles dont Gabriel Zucman assortit ses propositions : « Non, non, non, pas d’inquiétude, les riches ne partiront pas. » La demeure des riches, ou l’indice de la raison aliénée.

Liquider les liquidateurs

Or on pourrait imaginer de se désorbiter des riches, de leur approbation ou de leur présence supposée bienfaisante à maintenir — dit autrement : de cesser d’en faire les preneurs d’otages de la société entière. On pourrait rappeler aussi que les corrections fiscales, précisément, ne sont que des corrections, qui laissent largement inchangés les mécanismes structurels générateurs des inégalités — soit la social-démocratie réduite au passage de la serpillière. Il est maintenant plus qu’établi que la financiarisation est le facteur numéro un des enrichissements obscènes, en même temps que des épreuves subies par tous les autres, comme salariés, comme (petits) contribuables au nom de la dette, ou comme usagers des services publics paupérisés (pour mieux faire place aux services privés) (5). Il n’y a pas d’autre critère de « la gauche » — précisons tout de même : de la gauche dans le capitalisme… — que la rupture avec la finance. Le circuit « Donald » n’est donc même pas une affaire d’Europe et d’euro, de sortie dissimulée ou de sortie subie. Il est l’un des indispensables instruments d’une politique déterminée à en finir avec la financiarisation, c’est-à-dire à refermer une parenthèse historique maintenant vieille de quatre décennies. Dont on ne se lassera jamais de rappeler qu’elle fut ouverte par une autre « gauche », celle des prétendus socialistes, en les personnes de François Mitterrand, Jacques Delors, Pierre Bérégovoy et tous leurs continuateurs, à qui l’on devra les règnes combinés de la finance et de l’Europe libérale, c’est-à-dire la liquidation de toute politique de gauche. Nous savons donc quel sens politique prendrait la « refermeture » de cette séquence historique : celui de la liquidation des liquidateurs. Et de la réouverture d’autre chose.

Frédéric Lordon
Philosophe et économiste.

(1) Arnaud Bertrand, « Not at the table : Europe’s colonial moment », 10 août 2025.

(2) Dans l’édition imprimée, l’auteur déplorait ici, par erreur, que la Confédération générale du travail (CGT) se soit associée à un appel à la « stabilité » de fait signé par le Mouvement des entreprises de France (Medef) et les autres syndicats représentatifs.

(3) « Où va la France ? Jean-Luc Mélenchon », 28 mars 2022.

(4) La balle en argent — qui tue les vampires.

(5) Lire Pierre Rimbert et Grégory Rzepski, « Austérité, le festin des actionnaires », Le Monde diplomatique, septembre 2025.

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