3 novembre 2008

Dennis Ross

Le principal conseiller d’Obama est un faucon anti-Iran

Par Doug Ireland

http://mai68.org/ag/1471.htm
http://cronstadt.org/ag/1471.htm
http://kalachnikov.org/ag/1471.htm
http://www.bakchich.info/article5684.html


Dennis Ross

    Un faucon anti-Iran pourrait bien hériter du poste de secrétaire d’État dans la future administration Obama si le démocrate est élu le 4 novembre. Le récit de « Bakchich ».

    Dennis Ross, le principal conseiller de Barack Obama sur l’Iran mais aussi possible successeur de Condoleezza Rice au poste de Secrétaire d’État, a signé un manifeste sur l’Iran qui prône une ligne dure. Tellement dure que, si elle est appliquée, elle provoquera l’entrée en guerre de l’Amérique contre le pays des mollahs.

    À l’origine, Ross, 59 ans, est un expert de feu l’URSS, rompu et formé à la Guerre Froide. Il a servi au Conseil de sécurité nationale de Ronald Reagan et notamment dans le staff du néo-conservateur Paul Wolfowitz, pour ensuite devenir le Directeur du planning du Département d’État sous James Baker, secrétaire d’État dans l’administration de Bush père. Il a également été l’émissaire spécial pour le Moyen-Orient de Bill Clinton.

    Mais, lorsqu’il menait les négociations israélo-palestiniennes, selon les dires de Dan Kurtzner, un juif orthodoxe — cité par Time magazine — qui participait à ces pourparlers aux cotés de Ross et qui est de surcroît un ancien ambassadeur en Israël soutenant Obama, les préjugés pro-israéliens de Ross étaient tellement visibles qu’il n’était pas perçu comme « un médiateur honnête ». Le conseiller du candidat démocrate est en outre le co-fondateur du Washington Institute for Near East Policy, un think-tank établi par l’AIPAC, qui prône une ligne pro-israélienne dure et où Ross officie aujourd’hui comme un « Fellow distingué ».

    Mais il y a plus scabreux à son sujet. Lorsqu'Obama a dévoilé qu’il l’accompagnait comme conseiller principal lors de son voyage en Israël en juillet dernier, Time a intitulé son article sur cet énergumène de la sorte : « Le choix conservateur d’Obama pour le Moyen-Orient » et a relevé que, compte tenu de son passé, il était « surprenant de le voir devenir un membre officiel de l’équipe d’Obama ». Et pour cause ! Ross a été le principal auteur du discours très musclé et guerrier d’Obama à la convention de l’AIPAC (American Israël Public Affairs Committee, le très conservateur lobby pro-israélien) en juin dernier et dont Bakchich s’était fait l’écho.

Un sommaire passé inaperçu dans le Washington Post

    Intitulé « Meeting the Challenge : U.S. Policy Toward Iranian Nuclear Development », le manifeste anti-Iran a été préparé par un groupe de travail de onze personnes dont Ross. Ses 87 pages ont soulevé tant d’inquiétude et d’indignation chez les intellectuels démocrates progressistes et experts en politique étrangère redoutant une frappe contre l’Iran qu’ils préparent pour après l’élection une lettre ouverte de protestation à l’attention d’Obama.

    Deux hommes, précisément deux ex-sénateurs de droite ont présidé à la rédaction de ce texte : Dan Coats de l’État d’Indiana (un républicain conservateur pur et dur) et Chuck Robb de Virginie. Ce dernier est un démocrate conservateur, ancien gendre du Président Lyndon Johnson, ancien officier du Marine Corps qui a servi au Vietnam et co-fondateur du Democratic Leadership Council, l’association de démocrates de droite, très faucons en politique étrangère. Robb a également été nommé membre du President’s Foreign Intelligence Board par George W. Bush en 2005. Coats et Robb ont publié un sommaire vaguement maquillé du manifeste dans un article qu’ils ont co-signé dans le Washington Post du 23 octobre. Un article passé inaperçu…

    Le groupe de travail qui a préparé le manifeste compte parmi ses autres membres une belle brochette de néo-conservateurs et d’ancien militaires de haut rang. Les principaux auteurs en sont Michael Makovsky qui a travaillé au Pentagone de Donald Rumsfeld, sous Doug Feith, sous-secrétaire à la Défense, où Makovsky faisait partie de l’équipe qui a fabriqué de toutes pièces les faux renseignements sur les armes de destruction massive ayant servi à justifier l’invasion de l’Irak. Autre co-auteur : Michael Rubin, aujourd’hui membre du staff de l’American Enterprise Institute, un think tank bastion des néo-conservateurs qui a, lui aussi, travaillé dans le cabinet de Rumsfeld.

    Et que dit exactement ce manifeste ? Qu’aucun accord permettant à la République islamique d’Iran d’enrichir de l’uranium sur son propre territoire de quelle que manière que ce soit (y compris sous le contrôle strict d’inspecteurs internationaux) n’est possible. Mais aussi que l’abandon total par Téhéran de l’enrichissement d’uranium est un préalable à toute négociation.

Pouvoir attaquer l’Iran depuis « plusieurs endroits »

    Toujours selon ce texte, pour montrer à l’Iran qu’il ne laissera rien passer, le nouveau président doit en outre fortement accroître la présence militaire américaine dans la région dès « le premier jour où il accède à la Maison-Blanche ». Plus précisément, il devra « mettre en place dans la région des forces militaires américaines et alliées plus importantes, déployer des groupes de porte-avions et des navires démineurs, implanter dans la région des stocks de matériel de guerre (y compris des missiles), augmenter localement le nombre de bases militaires, conclure des partenariats stratégiques avec des pays comme l’Azerbaïdjan et la Géorgie pour pouvoir être opérationnel contre l’Iran depuis plusieurs endroits ».

    Le manifeste va même encore plus loin dans l’hostilité à l’encontre de Téhéran et ajoute que « la présence des forces U.S. en Irak et en Afghanistan offre de nombreux avantages en cas de confrontation avec l’Iran car l’Amérique peut y implanter plus de forces armées et de matériel sous couvert des conflits en Irak et Afghanistan ; et ainsi maintenir un effet de surprise [sic !] stratégique et tactique ».

    En clair, si Téhéran n’est pas prêt à abandonner tout enrichissement d’uranium sur son propre territoire (ce que l’Iran n’acceptera jamais comme préalable à une négociation), la guerre devient inévitable. Et toutes les étapes intermédiaires, y compris des négociations directes si le nouveau président américain choisit d’en mener, ne seront en réalité que du bla bla et prétexte à relations publiques pour se faire soutenir par la communauté internationale en vue d’une attaque contre le pays des mollahs. [Note de do : technique déjà plusieurs fois utilisée contre l'Irak, lors de la première et lors de la seconde guerre du Golfe.]

    Le fait que ce conseiller très écouté par Barack Obama ait signé et aidé à rédiger ce manifeste de faucons anti-Iran n’a pas encore été relevé par la presse américaine. Mais qu’un tel type ait l’oreille du candidat démocrate et semble destiné à un poste important aux Affaires étrangères au sein de la future administration de Barack Obama fait tout simplement froid dans le dos.

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REMARQUES d'Himalove :

Dans l’histoire contemporaine américaine, il y eut deux présidents démocrates, à ma connaissance, qui ont engagé des conflits militaires de grande envergure : Harry Truman, qui lança deux bombes atomiques sur le Japon, déclara la guerre à la Corée du nord, en juin 1950 ; John Kennedy, au Vietnam.

La transition entre G.W. BUSH et un éventuel OBAMA se fait actuellement sur le terrain : on assiste à une escalade de la guerre en Afghanistan et au Pakistan ; il n’y a pas un jour qui passe sans que des missiles ou des drônes soient lancés contre les populations.

Sont-ce véritablement les Présidents américains qui sont véritablement aux commandes ?

Les présidents américains semblent les marionnettes d’intérêts qui les dépassent.

Signé : Himalove

Des journalistes américains disaient récemment sur France 5 (Calvi) que les français vont être déçus dans leur vision [idéaliste et pacifique] qu’ils se font d’Obama et votre article vient le confirmer.

Plusieurs articles et faits vont dans le sens d’une prochaine guerre USA-Israël-Iran [après février 2009] :

1) Les dangers du Likoud, par William S. Lind

« l’échec de Tzipi Livni [de de son parti modéré Kadima] à former un gouvernement pourrait ouvrir la voie d’un retour des faucons à la tête d’Israël [élections de février 2009]. William S. Lind y voit un risque majeur de déclenchement de nouvelles aventures militaires visant le Hezbollah et l’Iran. Avec pour résultat probable, l’encerclement du corps expéditionnaire américain en Irak et éventuellement en Afghanistan, risques contre lesquels il met sans cesse en garde ses lecteurs… À l’heure actuelle, certains sondages indiquent une probable victoire du Likoud. Si tel est le cas, cet événement sera d’une grande importance, tant pour l’Amérique que pour Israël. Pourquoi ? Parce que la politique américaine au Moyen-Orient est un appendice du Likoud. » 

[Note de do : voir ma réponse si dessous : c'est pas Israël qui commande, c'est les USA ! Cependant, pour le raisonnement d'Himalove, cela ne change pas grand chose ; disons que, dans le couple USA-Israël, même si c'est pas Israël qui commande mais les USA, Israël influence tout de même fortement la politique américane au moyen-Orient. Alors, si la ligne dure revient au pouvoir en Israël en même temps que Ross devient conseiller du président américain, ça risque de faire du dégat !]

http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2308

2) Budget du Pentagone, mission accomplie, par Manlio Dinucci

"Souriant, le président Georges Bush a signé mardi (14 octobre 2008), dans le bureau ovale, la loi qui porte à 512 milliards de dollars le budget annuel du Pentagone pour l’année fiscale 2009 (qui a commencé le 1er octobre 2008)… Le fait que les USA misent toujours plus sur la guerre est confirmé par ce dernier budget du Pentagone."

http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=10608

3) Votre article qui complète parfaitement le premier article de William S. Lind sur l’inconnue encore pour lui de la future politique d’Obama au Proche et Moyen-Orient.

Après février 2009, si Ross est effectivement nommé comme vous l’indiquez, que Benyamin Netanyahou (chef du Likoud, droite dure, sionisme très agressif) est revenu au pouvoir en Israël, avec une crise financière persistante qui pourrait diminuer les futurs budgets du Pentagone et une première bombe nucléaire iranienne potentiellement opérationnelle courant 2009, le déclenchement de la guerre totale contre l’Iran et le Hezbollah libanais sera inéluctable dans quelques mois.

Certains prévoient alors des conséquences effrayantes (nouvelle guerre mondiale) :

http://fr.youtube.com/watch?v=EEpp9E6aJGw

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RÉPONSE de do :

Contrairement à ce qui est dit à la fin de l'extrait N°1 donné par Himalove, la politique américaine au Moyen-Orient n'est PAS un appendice du Likoud ! Bien au contraire : « Israël est le gendarme américain du moyen-Orient », comme disait Nixon en 1973. Mais, dans cet extrait, ce n'est pas Himalove qui parle, c'est William S. Lind.

Mais, je tiens à le dénoncer d'une manière forte :

Certains personnes disent que "c'est Israël qui donne les ordres aux USA et non l'inverse" ! sans se rendre compte de l'énormité de leur propos.

Elles voient le monde à travers le trou de serrure de la Palestine et en concluent abusivement, sous prétexte que c'est Israël qui commande en Palestine, qu'Israël dirige le monde entier. Mais, c'est bien évidemment celui qui finance l'autre qui commande.

C'est les USA qui ramassent le fric du pétrole, pas Israël, et c'est les USA qui financent Israël, et pas l'inverse, et c'est donc les USA qui commandent. La main qui donne est en haut et la main qui reçoit est en bas !

D'ailleurs, les dirigeants sionistes d'avant la création d'Israël ne disaient-ils pas qu'Israël se mettrait aveuglément au service de n'importe quelle puissance qui les soutiendrait en Palestine ?

De plus, prétendre que c'est Israël qui commande et non l'Amérique peut facilement être interprêté comme de l'antisémitisme (même quand ce n'est pas le cas) dans le style "le complot juif dirige le monde de façon occulte". Courir le risque de passer pour antisémite est nuisible quand c'est pour soutenir une thèse inutile et fausse. Hassan Nasrallah du Hezbollah n'est pas tombé dans un tel piège :

http://mai68.org/ag/1027.htm

http://mai68.org/ag/1043.htm


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