17 janvier 2001

 

MOTIVÉ-ES

23 rue Sainte Famille 13008 Marseille

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Citoyenneté et Représentativité

En mars 2001, commence le cycle décisif qui, jusqu’au printemps 2002, verra se succéder des élections municipales, cantonales, présidentielle et législative.

Où en sont les forces politiques à Marseille ? Le tableau est difficile à peindre, dans un champ politique bien aléatoire où le seul phénomène solide est … l’abstention. Si l’on s’en tient aux sondages Jean-Claude GAUDIN serait actuellement le gagnant par défaut.

Alors quels sont les défauts de cette gauche marseillaise ? Le deferrisme, le clanisme, le clientélisme … malheureusement la gauche se nourrit de deux grandes tentations politiques : la simplification du système partisan par l’hégémonie recherchée d’une formation politique dans chaque camp ; la conquête des majorités par l’attraction du camp d’en face. Les deux voies peuvent se combiner explicitement.

Dans un contexte de crise politique accentuée, le Parti Socialiste peut être tenté par une voie approchante qui lui permettrait, en cas de besoin, de compenser les frilosités et le déclin du Parti Communiste par l’apport d’un centrisme qui n’aurait pas renoncé à ses rêves de position charnière, même à Marseille. D’où les débats faussésqui ont lieu actuellement sur la société civile ou sur le dangereux " communautarisme ".

On doit insister sur la gravité de ces dernières péripéties, présentées par certains comme un mauvais coup à Marseille ; même si l’objectif des initiateurs de ces actes, dont les échecs sont annoncés, n’est pas de malmener pour le conduire à sa perte cet instrument inestimable de la démocratie et de la participation citoyenne qu’est l’élection municipale, le résultat est là, qui fait de ceux-ci une technique politicienne sans épaisseur politique.

 

Aujourd’hui, une conception particulièrement réductrice du citoyen s’impose, malgré les discours sans consistance ni vérité.

Pourtant, être citoyen c’est voter.

Mais être citoyen ce n’est pas seulement glisser son bulletin dans l’urne, c’est participer de façon permanente et protéiforme à la vie de la cité. Mais encore faut-il glisser son bulletin dans l’urne.

Ce débat est récurrent puisqu’il s’impose à chaque moment électoral pour disparaître dès la proclamation des résultats du scrutin. C’est pourtant une question cruciale dans la mesure où elle touche aux fondements mêmes de la démocratie. La question est simple : Comment se fait-il qu’aujourd’hui tous les Marseillais-es n’expriment pas une fibre citoyenne et ne sentent pas concernés par la chose publique ?

Y aurait-il déficit de la démarche républicaine, démocratique et laïque à l’adresse de ces trop nombreux citoyens abandonnés, déficit qui ne leur permet pas d’appréhender l’influence majeure qu’exerce la politique, à quelque échelon que ce soit, sur la vie quotidienne de chacun ?

La désaffection est telle que s’agissant de la vie de tous les jours, et malgré des différences qui sont des différences de nature et pas seulement de degrés, OLMETA, HERMIER, GAUDIN et les autres peuvent apparaître comme des clones pour de nombreux marseillais-es. Lesquels se mettent en situation de ne pas prendre la carte de citoyenneté qu’est la carte d’électeur.

C’est peut-être là que l’essentiel du débat se situe. Comment, au niveau municipal, et marseillais en particulier, mettre en place les voies et moyens nécessaires à l’expression de la citoyenneté, en dehors du scrutin, pour que le citoyen participe à la vie de la cité et qu’aucune décision ne soit prise sans qu’il intervienne d’une façon ou d’une autre lorsque celle-ci le concerne ? Il faut bien constater qu’au-delà des slogans et des déclarations d’intention, peu de propositions apparaissent.

Mais, les canaux associatifs pour précieux qu’ils soient, ne développent pas encore toutes leurs immenses potentialités. Et c’est certainement là une voie particulièrement féconde qui reste néanmoins à explorer.

Car les Marseillais-es se disent mécontents de la place qui leur est octroyée dans le processus de décision.

Combien d’entre eux vous disent : " La circulation est de plus en plus difficile à Marseille, on ne nous propose pour l’instant que des projets déjà ficelés pour nous rendre la vie soi-disant plus belle ! Mais pour ces réalisations, on ne nous demande jamais comment nous les habitants on voudrait que soit organisé autrement l’espace urbain et les transports publics ".

L’un des défis de la gauche pour la gauche est certainement de réussir à associer à ses projets les nombreuses aspirations issues des mouvements sociaux et de la société civile.

La citoyenneté s’est prendre la parole à la base et la porter au sommet. Curieusement, cette volonté forte se manifeste à une époque où les concertations n’ont jamais été aussi nombreuses. Mais visiblement pas de façon satisfaisante, puisque la volonté d’être mieux consulté et plus écouté est revendiquée souvent sur le mode de la critique.

L’intérêt des marseillais-es pour leur environnement quotidien se traduit par une grande diversité de luttes urbaines. Les actions contre les hausses de loyers, les expulsions, autour des opérations de réhabilitation furent longtemps les plus nombreuses.

Elles sont aujourd’hui rejointes par des mobilisations qui concernent l’environnement et la santé comme contre l’incinérateur dans le Nord, le POS, les nuisances sonores des voies rapides ; par des luttes pour la protection des calanques, la création de pistes cyclables ou l’arrivée de tramway ou contre la transformation d’un quartier populaire. Ces mobilisations engendrent des associations, provoquent des recours en justice.

Pendant ces luttes urbaines, de simples citoyens ont mêlé leur vécu aux compétences des professionnels pour faire émerger des propositions sociales et humaines.

Ils ont ouvert des ateliers de réflexion pour chaque projet. Ils ont jeté les bases d’une démocratie de voisinage, où les gens se parlent, ne revendiquent pas le pouvoir, mais le droit d’agir dans la cité.

Parce que les difficultés et les souffrances qui s’accumulent dans la ville sont au cœur du monde moderne, le devoir d’innovation auquel sont confrontés les acteurs publics, militants, professionnels, citoyens, en font les creusets de l’avenir.

Encore faut-il en déployer tous les possibles.

S’il nous faut inventer Marseille de demain, n’oublions pas qu’il n’est de culture urbaine sans culture populaire. C’est cette culture populaire qu’il s’agit aujourd’hui de relégitimer et requalifier.

En travaillant à faire reculer les inégalités et les discriminations, mais aussi en travaillant à des projets communs qui appellent et valorisent tous les métissages, qu’ils soient sociaux, culturels ou générationnels.

A Marseille, il nous faut réinventer le local, le quartier, non comme un camp retranché à l’abri des tempêtes sociales, mais comme le lieu à partir duquel peut se déployer la vie de chacun.

Marseille, le 17 janvier 2001

Pour "Motivé-es" : Michel PIRROTTINA

 

Nous serions heureux de pouvoir en débattre avec des citoyens

Le jeudi 18 janvier 2001 à partir de 19 heures

Aux AIL du Rouet

25 rue Sainte Famille Marseille 8ème

 

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