13 février 2001

 

Porto Alegre :

Calme ta joie !

 

Du 25 au 30 janvier 2001 s’est tenu le premier " Forum social mondial " a Porto Alegre (Brésil). Ce sommet avait pour but de formaliser une sorte " d’Internationale citoyenniste ", et de " faire des propositions concrètes " en vue de " lutter contre la mondialisation ". Ce Forum se tenait en parallèle avec le Forum économique mondial de Davos.

Cette rencontre est pour le citoyennisme un pas de plus vers ses insolubles contradictions.

Voulant se démarquer des " casseurs " qui accompagnaient systématiquement les manifestations contre les instances internationales qu’ils critiquent, ils se voient contraints à concilier "crédibilité " et " radicalité ".

Les citoyennistes en avaient assez de risquer l’amalgame avec les " casseurs ". On sait qu’à l’occasion ils n’ont pas hésité à se faire auxiliaires de police. Ces " casseurs " leur donnaient cependant un petit parfum sulfureux susceptible d’attirer la sympathie de quelques " contestataires " égarés. A l’heure de la respectabilité, comment vont-ils désormais résister aux louanges des  " maîtres du monde " ?

L’heure est venue, disent-ils, de " faire des propositions concrètes ".

A qui vont-ils faire ces propositions ? Et quelles seront-elles ? Ont-elles la moindre chance d’aboutir ?

Comment concilier l’effacement de la dette du Tiers-Monde, " favoriser la production destinée aux marchés intérieurs ", avec les intérêts du capitalisme ? Les pays du " premier Monde " accepteront-ils de limiter leurs exportations, de cesser le pillage systématique des ressources, pour permettre à l’humanité de manger à sa faim ?

Les intérêts des agriculteurs brésiliens sont-ils les mêmes que ceux des agriculteurs européens, dans le cadre de la mondialisation?

Les citoyennistes siègeront-ils bientôt officiellement au FMI ?

José Bové sera-t-il bientôt sous-secrétaire d’Etat à l’agriculture ? Que fera, en France, la Confédération Paysanne lorsqu’elle sera dominante dans les Chambres d’agriculture?

Pour qui nous demanderont-ils de voter, pour faire appliquer ces fameuses " propositions positives " ?

Autant de questions qui ne tarderont pas à se poser cruellement à " l’Internationale citoyenniste ".

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Pour l’instant, de leur aveu même, ils ont moins de propositions à faire qu’un exemple à proposer : celui du lieu même où s’est déroulée leur réunion, la ville de Porto Alegre. La gestion de cette ville serait paraît-il un modèle de démocratie " directe " - on dit plutôt " participative ".

On voit ici ce qu’est réellement une politique " citoyenne " : 10 à 15 % du budget de la municipalité est " géré " plus ou moins directement par les " citoyens ", pour ce qui concerne les transports, l’éducation, etc... En réalité, moins de 10 % de la population intervient dans ces choix. Les autres ont sûrement autre chose à faire, survivre, par exemple. Ces 10 % de population, ce sont bien les " citoyens ", la classe moyenne de gauche.

On voit où se situe pour eux la " citoyenneté " : dans le fait que les " gens aient leur mot à dire ", soient " écoutés ", pour tout ce qui concerne le " quotidien ", les transports, l’école : le " citoyen ", c’est l’usager.

La " citoyenneté " c’est le rapport entre l’usager et la Mafia de ses élus, qu’il doit caresser dans le sens du poil s’il veut obtenir satisfaction. Ceux qui ont le pouvoir consentent à écouter ceux qui reconnaissent ce pouvoir, et seulement ceux-là.

Cette " démocratie participative " entend faire passer sous les fourches caudines de l’Etat, via ses représentants, toute forme de contestation et de revendication. Se dire " citoyen ", c’est reconnaître d’emblée ce rapport de domination, c’est embrasser la bague du Parrain : le ministre, l’élu.

Il en est d’autres qui n’ont rien à revendiquer, qui savent n’avoir rien à attendre de cette Mafia, qui refusent le racket citoyenniste. Ceux-là ne sont pas " citoyens ".

 

Nous ne sommes pas " citoyens "!

 

Une brochure intitulée " L’impasse citoyenniste " critique plus précisément cette idéologie. Elle est disponible contre un timbre à 3F50 à cette adresse :

" en attendant " 5, rue du Four 54000 Nancy e-mail : en_attendant@hotmail.com

 


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