1 décembre 2001

 

Original en anglais : http://www.zmag.org/pilgertruthes.htm

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New Statesman, 26 Novembre, 2001

Traduit par Cuba Solidarity Project

Les vérités qu'on nous cache : Derrière le jargon sur les états-voyous et les interventions humanitaires se cachent des milliers de morts.

de John Pilger

Dans nos sociétés, les partisans bien élevés des bombardements n'auront pas à attendre bien longtemps pour assister au deuxième round. Le Vice-Président des Etats-Unis, Dick Cheney, a averti la semaine dernière que les Etats-Unis pourraient entreprendre des actions contre "40 ou 50 pays".

La Somalie, accusée d'être une "terre d'asile" pour Al-Qaeda, a rejoint l'Irak sur la liste des cibles prioritaires. Après avoir reçu les louanges pour avoir remplacé les mauvais terroristes afghans par de bons terroristes états-uniens, le Secrétaire de la Défense, Donald Rumsfeld, a demandé au Pentagone "de penser l'impensable" après avoir rejeté les options "post-Afghanes" comme étant "pas assez radicales".

Selon le correspondant du Guardian au Foreign Office, une attaque états-unienne contre la Somalie, "offrirait une opportunité de régler un vieux compte : 18 soldats états-uniens furent brutalement tués là-bas en 1993...". Il oublia de mentionner que les Marines US ont laissé derrière eux entre 7.000 et 10.000 morts Somaliens, selon la CIA. Dix-huit vies états-uniennes représentent un compte à régler, mais pas quelques milliers de vies Somaliennes.

La Somalie serait un parfait terrain d'entrainement pour l'ultime campagne de destruction de l'Irak. Cependant, comme le signale le Wall Street Journal, l'Irak constitue un "dilemme", "parce qu'il ne reste plus grand chose comme cible". "On en est réduit aux dernières cabanes," a dit un officiel des Etats-Unis, faisant référence aux bombardements quasi quotidiennes que tout le monde connait. Après avoir survécu à la Guerre du Golfe, Saddam Hussein a renforcé son emprise sur l'Irak grâce à un des blocus les plus impitoyables des temps modernes, imposé par ses ex-amis et fournisseurs d'armes à Washington et à Londres. En sécurtié dans des bunkers de fabrication Britannique, Saddam survivra à un nouveau raid aérien - contrairement au peuple Irakien, tenu en otage jusqu'à ce que son dictateur souscrive aux exigeances sans cesse changeantes des Etats-Unis.

Chez nous, une propagande voilée jouera son rôle habituel. Etant donné qu'une bonne partie des média Anglo-Américains sont entre les mains des différents gardiens de la vérité, le sort des peuples Irakien et Somalien sera présenté et débattu strictement sur les bases que les gouvernements Etats-Unien et Britannique sont contre le terrorisme. Comme pour l'attaque contre l'Afghanistan, l'enjeu sera de savoir comment "nous" pourrions traiter au mieux le problème des sociétés "non-civilisées".

Les vérités le plus évidentes resteront tabous. Comme la longétivité des Etats-Unis en tant qu'état terroriste et en tant que terre d'asile pour les terroristes, ce qui dépasse l'entendement. Comme le fait que les Etats-Unis soit le seul pays à ce jour à avoir été condamné pour terrorisme international par la Cour de Justice Internationale et qu'il ait opposé son veto à une résolution du Conseil de Sécurité des Nations-Unies appellant tous les gouvernements à respecter les lois internationales [note de CSP - cf. guerre contre le Nicaragua].

Récemment, Denis Halliday, l'ex-secrétaire général adjoint des Nations-Unies qui a préféré démissionner plutot que d''administrer ce qu'il a décrit comme étant "une politique de sanctions génocidaire" contre l'Irak, s'est attiré l'indignation de Michael Buerk de la BBC. "Vous ne pouvez quand même pas établir un parallèle entre Saddam Hussein et George Bush père, n'est-ce pas ?" a demandé Buerk. Au cours d'une de ces émissions bien-pensantes dans lesquelles Buerk se complait, Halliday avait parlé de l'inutile massacre de dizaines de milliers d'Irakiens, la plupart civils, par les Etats-Unis pendant la Guerre du Golfe. Il souligna que beaucoup avaient été enterrés vivants, et que l'uranium appauvri avait été largement employé et que ce dernier était très certainement à l'origine de la vague de cancers dans le sud de l'Irak.

Que l'histoire récente des véritables crimes de l'Occident, selon les paroles de Halliday, fasse passer Saddam Hussein pour "un amateur", fait aussi partie de ces tabous. Et parce qu'on ne peut pas nier une telle vérité, ceux qui la mentionnent sont qualifiés "d'anti-Américains".

Richard Falk, professeur de politique internationale à Princeton, l'a expliqué. La politique étrangère de l'Occident, dit-il, est propagé par les médias "à travers un filtre morale/légal à sens unique, imbu d'auto-satisafaction, qui transmet des images positives d'un Occident innocent et de valeurs Occidentales qui seraient ménacées, justifiant ainsi une campagne de violence politique illimitée".

L'influence de Rumsfeld et de son adjoint, Paul Wolfowitz, et de ses associés Richard Perle et Elliot Abrams est telle qu'une bonne partie du monde est à présent ouvertement menacée par un fascisme géopolitique, qui s'est développé depuis 1945 et s'est accéléré depuis le 11 Septembre.

Le gang au pouvoir à Washington est comoposé d'authentiques Intégristes Américains. Ils sont les héritiers de John Foster Dulles et Alan Dulles, des Baptistes fanatiques qui, dans les années 50, dirigeaient respectivement le Département d'Etat et la CIA et qui ont écrasé les uns après les autres les gouvernements réformateurs - Iran, Irak, Guatemala, et qui ont mis en pièces les accords internationaux, tels que les accords de Genève de 1954 sur l'Indochine, dont le sabotage par John Foster Dulles mena directement à la guerre du Vietnam et à cinq millions de morts. Des documents rendus publics révèlent aujourd'hui que les Etats-Unis ont été à deux reprises sur le point de recourir à l'arme nucléaire.

Le parallèle peut être fait avec la menace de Cheney de "40 ou 50 pays", et d'une guerre "qui ne se terminera peut-être pas de notre vivant". Le vocabulaire pour justifier ce militarisme a été conçu depuis longtemps déjà sur les deux rives de l'Atlantique par ces "savants" qui ont retiré toute trace d'humanité dans les études géostratégiques et les ont figées dans un jargon qui sert les intérêts des puissances dominantes. Les pays pauvres sont des pays qui "ont échoué". Ceux qui s'opposent aux Etats-Unis sont des "états-voyous" ; une attaque de l'Occident est "une intervention humanitaire". (un des partisans les plus enthousiastes des bombardements, Michael Ignatieff, est actuellement "professeur des Droits de l'Homme" à Harvard). Et comme à l'époque des Dulles, l'ONU en est réduit à nettoyer les débris des bombes et à fournir des "protectorats" coloniaux.

L'attaque contre le World Trade Center a fourni à l'Administration Bush une excuse et une coincidence remarquable. L'ex-ministre des Affaires Etrangères du Pakistan, Niaz Naik, a révelé qu'en Juillet dernier de hauts officiels des Etats-Unis lui avaient dit qu'une action militaire contre l'Afghanistan serait menée vers le mi-Octobre. A l'époque, le Secrétaire d'Etat des Etats-Unis, Colin Powell, effectuait une tournée en Asie centrale à la recherche déjà d'un soutien pour une "coalition de guerre" anti-Afghane. Pour Washington, le véritable problème avec les Talibans n'était pas les Droits de l'Homme, qui étaient hors-sujet. C'était simplement que les Talibans n'avaient pas le contrôle total de l'Afghanistan : un détail qui faisait hésiter les investisseurs appelés à financer les oléoducs et les gazoducs de la Mer Caspienne, dont la position stratégique entre la Russie et la Chine et les réserves inexploitées réprésentent un très grand intérêt pour les Etats-Unis.

En 1998, Dick Cheney a dit aux cadres dirigeants de l'industrie pétrolière : "Je n'ai pas souvenir d'une région qui soit devenue si brusquement d'une telle importance stratégique comme la Mer Caspienne." Certes, lorsque les Talibans sont arrivés au pouvoir en 1996, non seulement ont-ils été bien accueillis par Washington, mais leurs dirigeants s'envolèrent pour le Texas, dont le gouverneur à l'époque était Georges W. Bush. Leur divertissement fut pris en charge par des dirigeants de la compagnie pétrolière UNOCAL. On leur offrit un part du gateau. On parlait de leur offrir 15 pourcent des profits.

Un officiel US fit remarquer qu'avec le pétrole et le gaz de la mer Caspienne traversant le pays, l'Afghanistan deviendrait "comme l'Arabie Saoudite", une colonie pétrolière sans démocratie et avec une persécution légale des femmes. "On pourra vivre avec" a-t-il dit. La négociation échoua après les attentats attribués à Al-Qaeda contre deux ambassades des Etats-Unis en Afrique de l'est.

Sans surprise, les Talibans devinrent les nouveaux démons des médias, qui appliquèrent l'amnésie habituelle requise dans ces cas. Par exemple : le régime de Vladimir Poutin à Moscou, responsable de la mort d'au moins 20.000 personnes en Tchétchénie. La semaine dernière, Poutin fut reçu par son nouvel "ami", George W. Bush, dans son ranch au Texas.

Bush et Blair bénéficient d'une amnésie permanente - même si plus d'enfants Irakiens meurent chaque mois, principalement à cause de l'embargo Anglo-Américain, que le nombre total de morts dans les tours. Encore une vérité qui n'est pas autorisée à pénétrer les consciences du public.

La mort d'enfants Irakiens, comme la mort des Tchétchènes, comme la mort des civils Afghans, est considéré comme moralement moins horrible que la mort d'états-uniens.

J'ai été le témoin de nombreux bombardements et je suis frappé par la capacité des soi-disant "libéraux" et "progressistes" à tolérer sans scrupules les souffrances des innocents en Afghanistan. Qu'ont-ils à dire, ces commentateurs nombrilistes qui ne connaissent pratiquement rien des luttes du monde extérieur, aux familles des réfugiés bombardés dans la ville de Gardez, bien après que celle-ci soit tombée entre les mains des forces anti-Talibans ? Qu'ont-ils à dire aux parents des enfants dont les cadavres jonchèrent les rues de Kunduz, dimanche dernier ? "40 personnes sont mortes", a dit Zumeray, un réfugié. "Certaines ont été brulées par les bombes, d'autres furent écrasées par les murs et les toits de leurs maisons qui se sont écroulés sous les explosions". Que lui dira Polly Toynbee, du Guardian : "Vous ne voyez donc pas que les bombardements produisent un effet ?". Dira-t-elle que Zumeray est un anti-Américain ? Que diront les "interventionnistes humanitaires" aux personnes qui seront tuées ou estropiées par les 70.000 fragments [des bombes à fragmentation] qui n'ont pas encore explosé ?

Pendant plusieurs semaines, the Observer, un journal libéral, a publié des articles sans fondements tendant à établir un lien entre l'Irak et les attentats du 11 Septembre et les attaques par la maladie du charbon. "Selon des sources de Whitehall" et "selon les services secrets" semblent être les principaux auteurs de ces histoires. "Les preuves s'accumulent..." pouvait-on lire dans un de ces articles. La vérité est que la somme des preuves s'élève à zéro. Ces articles ne sont que de l'eau apportée aux moulins de gens comme Wolfowitz, Perle et probablement Blair, sur qui on peut toujours compter pour une agression. Dans son livre "The Banality of Evil" (la Banalité du Mal), le grand dissident états-unien Edward Herman a décrit la division du travail entre ceux qui concoivent et produisent des armes telles que les bombes à fragmentation, ceux qui prennent les décisions politiques de s'en servir et ceux qui créent les illusions pour justifier leur utilisation. "La fonction des experts et des grands média" écrit-il, "est de normaliser l'impensable au sein de l'opinion publique".

Il est temps que les journalistes réfléchissent à la question et prennent le risque de dire la vérité sur une folie qui menace une bonne partie de l'humanité et qui se trouve juste à côté de nous.

http://www.zmag.org/ZNET.htm

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The truths they never tell us

Behind the jargon about failed states and humanitarian interventions lie thousands of dead

John Pilger

Polite society's bombers may not have to wait long for round two. The US vice-president, Dick Cheney, warned last week that America could take action against '40 to 50 countries'. Somalia, allegedly a 'haven' for al-Qaeda, joins Iraq at the top of a list of potential targets. Cheered by having replaced Afghanistan's bad terrorists with America's good terrorists, the US defence secretary, Donald Rumsfeld, has asked the Pentagon to 'think the unthinkable', having rejected its 'post-Afghanistan options' as 'not radical enough'.

An American attack on Somalia, wrote the Guardian's man at the Foreign Office, 'would offer an opportunity to settle an old score: 18 US soldiers were brutally killed there in 1993 . . .' He neglected to mention that the US Marines left between 7,000 and 10,000 Somali dead, according to the CIA. Eighteen American lives are worthy of score-settling; thousands of Somali lives are not.

Somalia will provide an ideal practice run for the final destruction of Iraq. However, as the Wall Street Journal reports, Iraq presents a 'dilemma', because 'few targets remain'. 'We're down to the last outhouse,' said a US official, referring to the almost daily bombing of Iraq that is not news. Having survived the 1991 Gulf war, Saddam Hussein's grip on Iraq has since been reinforced by one of the most ruthless blockades in modern times, policed by his former amours and arms suppliers in Washington and London. Safe in his British-built bunkers, Saddam will survive a renewed blitz - unlike the Iraqi people, held hostage to the compliance of their dictator to America's ever-shifting demands.

In this country, veiled propaganda will play its usual leading role. As so much of the Anglo-American media is in the hands of various guardians of approved truths, the fate of both the Iraqi and Somali peoples will be reported and debated on the strict premise that the US and British governments are against terrorism. Like the attack on Afghanistan, the issue will be how 'we' can best deal with the problem of 'uncivilised' societies.

The most salient truth will remain taboo. This is that the longevity of America as both a terrorist state and a haven for terrorists surpasses all. That the US is the only state on record to have been condemned by the World Court for international terrorism and has vetoed a UN Security Council resolution calling on governments to observe international law is unmentionable. Recently, Denis Halliday, the former assistant secretary general of the UN who resigned rather than administer what he described as a 'genocidal sanctions policy' on Iraq, incurred the indignation of the BBC's Michael Buerk. 'You can't possibly draw a moral equivalence between Saddam Hussein and George Bush Senior , can you?' said Buerk. Halliday was taking part in one of the moral choice programmes that Buerk comperes, and had referred to the needless slaughter of tens of thousands of Iraqis, mostly civilians, by the Americans during the Gulf war. He pointed out that many were buried alive, and that depleted uranium was used widely, almost certainly the cause of an epidemic of cancer in southern Iraq.

That the recent history of the west's true crimes makes Saddam Hussein 'an amateur', as Halliday put it, is the unmentionable; and because there is no rational rebuttal of such a truth, those who mention it are abused as 'anti-American'. Richard Falk, professor of international politics at Princeton, has explained this. Western foreign policy, he says, is propagated in the media 'through a self-righteous, one-way moral/legal screen with positive images of western values and innocence portrayed as threatened, validating a campaign of unrestricted political violence'.

The ascendancy of Rumsfeld and his deputy, Paul Wolfowitz, and associates Richard Perle and Elliot Abrams means that much of the world is now threatened openly by a geopolitical fascism, which has been developing since 1945 and has accelerated since 11 September.

The present Washington gang are authentic American fundamentalists. They are the heirs of John Foster Dulles and Alan Dulles, the Baptist fanatics who, in the 1950s, ran the State Department and the CIA respectively, smashing reforming governments in country after country - Iran, Iraq, Guatemala - tearing up international agreements, such as the 1954 Geneva accords on Indochina, whose sabotage by John Foster Dulles led directly to the Vietnam war and five million dead. Declassified files now tell us the United States twice came within an ace of using nuclear weapons.

The parallels are there in Cheney's threat to '40 to 50' countries, and of war 'that may not end in our lifetimes'. The vocabulary of justification for this militarism has long been provided on both sides of the Atlantic by those factory 'scholars' who have taken the humanity out of the study of nations and congealed it with a jargon that serves the dominant power. Poor countries are 'failed states'; those that oppose America are 'rogue states'; an attack by the west is a 'humanitarian intervention'. (One of the most enthusiastic bombers, Michael Ignatieff, is now 'professor of human rights' at Harvard). And as in Dulles's time, the United Nations is reduced to a role of clearing up the debris of bombing and providing colonial 'protectorates'.

The twin towers attacks provided Bush's Washington with both a trigger and a remarkable coincidence. Pakistan's former foreign minister Niaz Naik has revealed that he was told by senior American officials in mid-July that military action against Afghanistan would go ahead by the middle of October. The US secretary of state, Colin Powell, was then travelling in central Asia, already gathering support for an anti-Afghanistan war 'coalition'. For Washington, the real problem with the Taliban was not human rights; these were irrelevant. The Taliban regime simply did not have total control of

Afghanistan: a fact that deterred investors from financing oil and gas pipelines from the Caspian Sea, whose strategic position in relation to Russia and China and whose largely untapped fossil fuels are of crucial interest to the Americans. In 1998, Dick Cheney told oil industry

executives: 'I cannot think of a time when we have had a region emerge as suddenly to become as strategically significant as the Caspian.'

Indeed, when the Taliban came to power in 1996, not only were they welcomed by Washington, their leaders were flown to Texas, then governed by George W Bush, and entertained by executives of the Unocal oil company. They were offered a cut of the profits from the pipelines; 15 per cent was mentioned. A US official observed that, with the Caspian's oil and gas flowing, Afghanistan would become 'like Saudi Arabia', an oil colony with no democracy and the legal persecution of women. 'We can live with that,' he said. The deal fell through when two American embassies in east Africa were bombed and al-Qaeda was blamed.

The Taliban duly moved to the top of the media's league table of demons, where the normal exemptions apply. For example, Vladimir Putin's regime in Moscow, the killers of at least 20,000 people in Chechnya, is exempt. Last week, Putin was entertained by his new 'close friend', George W Bush, at Bush's Texas ranch.

Bush and Blair are permanently exempt - even though more Iraqi children die every month, mostly as a result of the Anglo-American embargo, than the total number of dead in the twin towers, a truth that is not allowed to enter public consciousness. The killing of Iraqi infants, like the killing of Chechens, like the killing of Afghan civilians, is rated less morally abhorrent than the killing of Americans.

As one who has seen a great deal of bombing, I have been struck by the capacity of those calling themselves 'liberals' and 'progressives' wilfully to tolerate the suffering of innocents in Afghanistan. What do these self-regarding commentators, who witness virtually nothing of the struggles of the outside world, have to say to the families of refugees bombed to death in the dusty town of Gardez the other day, long after it fell to anti-Taliban forces? What do they say to the parents of dead children whose bodies lay in the streets of Kunduz last Sunday? 'Forty people were killed,' said Zumeray, a refugee. 'Some of them were burned by the bombs, others were crushed by the walls and roofs of their houses when they collapsed from the blast.' What does the Guardian's Polly Toynbee say to him: 'Can't you see that bombing works?' Will she call him anti-American? What do 'humanitarian interventionists' say to people who will die or be maimed by the 70,000 American cluster bomblets left unexploded?

For several weeks, the Observer, a liberal newspaper, has published unsubstantiated reports that have sought to link Iraq with 11 September and the anthrax scare. 'Whitehall sources' and 'intelligence sources' are the main tellers of this story. 'The evidence is mounting . . .' said one of the pieces. The sum of the 'evidence' is zero, merely grist for the likes of Wolfowitz and Perle and probably Blair, who can be expected to go along with the attack. In his essay 'The Banality of Evil', the great American dissident Edward Herman described the division of labour among those who design and produce weapons like cluster bombs and daisy cutters and those who take the political decisions to use them and those who create the illusions that justify their use. 'It is the function of the experts, and the mainstream media,' he wrote, 'to normalise the unthinkable for the general public.' It is time journalists reflected upon this, and took the risk of telling the truth about an unconscionable threat to much of humanity that comes not from faraway places, but close to home.

 


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