23 mai 2002

 

A ceux qui pensent qu'il y a dans ce pays un clivage
démocratique/fasciste. Paix à leur idéalisme.


Quelles réformes ont permis l'action d'extrémistes comme
Rosa Luxembourg? s'interrogeait récemment Dominique
Strauss Kahn face un journaliste crédule (1). Il tentait
d'associer tout ce que le vingtième siècle moyen a
nommé ''progrès'' à tout ce que la coutume appelle social-
''démocratie''. C'est au numéro deux du FN que nous
empruntons la formule servant de réponse: ''quand je me
fais enculer, je ne fournis pas la vaseline''.

 

A en croire les tenants du régime et les ayant
droit du débat d'opinion actuel (médiatiques, "
artistes ", " intellectuels ", politiques.), la présence
de l'extrême droite au second tour constituerait un danger
imminent pour la " démocratie ". Cela ne nous intéresse
guère en soi, nous n'y voyons aucune particularité, tout
juste une confirmation de ce que nous avons toujours pensé
sur la ''démocratie représentative''.

L'omertà sur le problème de la nécessité du vote Chirac "
pour faire barrage au fascisme " a été non seulement de
bon ton , mais a donné lieu à une chasse aux sorcières
entre et à l'intérieur des courants politiques (à effet
rétro actif...), qui a permis un instant de promouvoir
tous les faibles individus résignés au vote Chirac au rang
de sauveurs, de héros conscients et bienveillants, de
pompiers de l'incendie social , tandis que tous les autres
étaient devenus sans appel des imbéciles qui n'ont rien
compris et font le jeu de le pen. Les vaches, présumées
folles, sont soumises au " principe de précaution ", pas
le citoyen.

En première ligne, les abrutis du parti socialiste, qui
à toutes les échelles, faute d'avoir des idées et de la
fierté, ont toujours eu beaucoup de rancoeur face à tous
ceux qu'ils désignent inlassablement comme leurs électeurs
et qui soit ne votent pas pour eux, soit ne votent pas du
tout (les ingrats ! Quand on voit tout se que la
social-démagogie à fait pour eux.). Leur argument de
campagne, qui est que de toute façon, comme ils vont
accéder au pouvoir, autant voter pour eux tout de suite,
n'a pas fonctionné cette fois ci. Mais entre les deux
tours, l'idiot du village a largement eu sa
revanche. La gauche, plurielle et autre, au lieu d'assumer
enfin la réalité de ce qu'elle est (et disparaître),
sensée représenter le clivage d'obédience populaire, et
qui ne représente même plus statistiquement son ombre,
bombe le torse et bave de partout, sortant les vieilles
banderoles fanées, les vieilles légendes militantes, et
leurs vieilles tronches de petits bourgeois mal embouchés
pour venir prendre la revanche de la petite histoire
démocratico-mythologique en fustigeant et pamphletant à
tout va contre la jeunesse « ombée » dans « l'abstention
piège à cons »... Cette inversion rhétorique, bon nombre
de ceux qui l'on arborée n'en connaissaient même pas
l'origine. Ce qui indique le peu d'humilité qu'a le petit
peuple bourgeois de gauche face à la désillusion
électorale sanctionnant son arrogante imposture.

A quelques exceptions près qui s'expliquent par le
rattachement d'autant plus profond aux dogmes idéologiques
dans ces temps impénitents, " même " certains anarchistes
ont appelés à faire " barrage au fascisme " par la voie
des urnes, et " même " une partie de l'extrême gauche a
appelée à voter Chirac. Ce qui ne signifie pas que nous
pensions que la situation est effectivement très grave
pour que même les plus intégristes des religions
politiques se soit mises à l'oecuménisme dit antifasciste,
mais il est important de souligner que, pour une raison ou
pour une autre , toute religion en perte de crédibilité
finit un jour par dévoiler ses intentions en se ralliant
au pathos que son idéologie est réellement incapable de
dépasser. En l'occurrence, le mythe de la " démocratie "
au fondement de notre société.

Si nous prenons la parole, ce n'est pas pour
souligner un dédain personnel que nous exprimerions à
l'égard de ces basses manipulations, posture dans laquelle
peut s'enfermer n'importe quel personnage assez malin pour
ne pas gober les cachets du docteur Démago, mais pas assez
pour éviter l'internement du professeur Elite. La chair
n'est pas triste, et nous n'avons pas lu tous les livres.
Nous tenons d'abord à souligner que la situation n'est pas
une situation de crise au sens où quelque chose va changer
; quel ''soulagement'' de voir une France qui , non, n'a
pas de " facho " a sa tête le lendemain du jugement
(avant) dernier. Ne vous sentez pas trop soulagés, flics,
intellectuels, patrons et bureaucrates bien pensants de
toutes chapelles, la " crise " est à venir, et elle ne
sera ni mortifiée ni guidée par vous entre République et
Nation, car elle n'aura pas toujours l'allure d'un vote
''contestataire'' (frontiste ou autre), l'odeur évidente
de zyklon périmé. En tout cas, elle pourrait bien
avoir la forme cubique d'un pavé dans votre gueule de
collabo...

Nous voulons avancer, puisque strictement personne ne l'a
fait, une idée sur les clivages réels qui découpent la "
France ", et autant dire l'ensemble de l'Europe et du
monde sous contrôle économique. Deux cacophonies
volaillères sévissent en France particulièrement depuis le
21/04, qui donnent à tous les idéologues la possibilité de
discourir main dans la main avec tous ces frères "
ennemis " au sein de larges " fronts ". Fronts par
amalgame, qui plus est moral, mais peu importe à nos
sophistes! Il y a quelques semaines, les jeunes
socialistes collaient partout des
sticks " pour contrer la droite, je vote Jospin ". Le
Cadore dénoncait " l'affaiblissement de la gauche " auquel
se livre une extrême gauche improbable... qui fera
finalement 2 tiers de ces résultats en pourcentage,
pulvérisant ex-staliniens et néo libéro-écolo, les " amis
pluriels " du PS. Bruno Mégret taxait Le Pen de "
raciste " et d'" extrémiste " (ils ne manquent pas
d'humour, chez les fascistes!), tentant de se donner
l'image d'un démocrate rallié aux idéaux républicains dont
est moralement exclu le candidat FN. Jean Marie Le Pen
faisait campagne sur le fait qu' " on " voulait l'empêcher
de parler, de lui donner des signatures, un micro, une
audience, le respect. En débarquant au deuxième tour, il
aurait pu perdre son image démoniaque, au profit par
exemple, de celle d'un beauf tirant parti de la crédulité
de ses électeurs, bouffant à tous les rateliers de la
vieille France gâteuse qui bégaye
et pue du cul. Un sombre raté aux croyances nauséabondes.
Un candidat parmi tant d'autre en somme ! Mais justement
pour éviter la ressemblance et la comparaison (et non pour
autre chose de plus honorable) , les secours ne tardent
pas d'arriver et lui permettent de rester encore et
toujours ''l'homme à abattre'', celui qui marque la limite
morale entre normalité (république) et anomalie (fascisme)
. Aujourd'hui, la bonne conscience de gauche trouvent dans
différents " actes d'incivilités " -dont l'incendie de la
maison de " popaul " à Orléans (l'émotion), l'assassinat
d'un père d'enfant racketté (la surenchère), et le carnage
à l'arme de guerre au conseil municipal de Nanterre (le
chaos )-, ainsi que dans l'abstention massive des jeunes
la responsabilité du vote extrême droite ; car il est
électoralement moins dangereux de fustiger des jeunes, des
enragés délinquants ou forcenés (et qui ne vont même pas
votez, rendez-vous compte !), des " destructurés ", des
non votants invétérés, voire les sondages et les médias qui
relatent les dits actes d'incivilités que de culpabiliser
la masse des 5 millions de frustrés, et souvent frustrés de
la gauche, qui ont voté pour l'extrême droite au premier
tour. Et bien entendu, fidèles à leurs statuts idéologiques
aucune autocritique de la part des sortants. Quand
au gros Pen, il est satisfait du " jihad "
proclamé contre lui. Il avait cru un instant devoir
construire un programme crédible pour ne pas se
ridiculiser, et était soulagé de voir qu'au lieu d'un
démontage réglé de son ramassis d'idéologie et de ce qu'est
réellement le FN, c'est encore le drapeau de la morale et
du péché politique qui s'est dressé devant lui, pour lui
permettre de prolonger son rôle de martyr, d'homme " qui
gêne ". De soupape pour le dire autrement. Il tient les
autres par les couilles. Quand à la droite, dont le
candidat a simulé de ne pas vouloir de débat avec Le Pen
(il est où l'homme fort de la droite?), elle semble avoir
trouvé durant la campagne sa position dans un l'immobilisme
dont elle a un certain savoir faire. Jacques Chirac, qui
n'a pas cessé de brailler sur l'insécurité, s'est
curieusement retiré dans une version de sa campagne sans
bruit ni odeur; et visiblement, la nullité est payante!...

Evidement ce genre de manipulation relève de la
communication plus que de la ''politique''. Mais qu'en est
il des autres groupes, plus " engagés " ? l'extrême gauche
de la LCR, de LO, pour citer les intégrés, les anarchistes
de la FA, de la CNT, pour citer les désintégrés, la FSU, la
CGT, la CFDT, SUD, etc. pour évoquer les récupérateurs
syndicaux, Ras l'front, pour les " antifafs " de longues
date. Et tout les autres, les militants de gauche dans leur
ensemble compris. Qu'ils aient appellé à voter Chirac,
comme la plupart l'on fait, ou même à s'abstenir, ou à
voter blanc, que représentent ils que la gauche
gouvernementale ait manqué ? Tout ces " petits soldats
d'un monde qui s'écroule ", comme le dit un de nos tracts,
ne sont- ils pas les alliés de fait de la gauche, de la
droite, de la république, de la démocratie représentative,
de l'ordre capitaliste, tendance libérale ou sociale
démocrate, peu importe, dont les nuances ne suffisent plus
à cacher que leur souhait le plus cher, c'est finalement
que RIEN NE CHANGE ?.

A notre sens, il n'y a pas un front antifasciste et
un fasciste qui s'affrontent. Bien sûr il apparaît visible
dans le débat d'opinion actuel, bien sûr il y a eu des
manifestations massives le premier mai, et bien sûr Chirac,
le fabuleux poulain du front républicain, à reçu une sorte
de plébiscite . Mais, et personne ne s'en faisait vraiment
illusion, y avait il une seule chance pour que Le Pen passe
? Et même dans ce cas, y avait il une seule chance pour
qu'il soit à même de gouverner plus d'une semaine un pays
capitaliste dans lequel, outre le syndicat des patrons et
l'administration publique, le principal syndicat de la
police lui même s'est déclaré hostile à un pouvoir
d'extrême droite ? Et même dans ce cas (non tout à fait
chimérique puisqu'il paraît que même certains imbéciles
peuvent changer d'avis), aurions nous été trop manchots,
trop peureux pour nous débarrasser de cet épouvantail? Ceci
dit, effectivement, quand on voit le peu d'ardeur qu'ont
les esclaves modernes à lutter contres leurs maîtres en
" temps normal ", on est en droit de douter qu'un
gouvernement, surtout s'il bat le menaçant pavillon brun et
gammé, aurait soulevé une opposition réelle, les citoyens
étant plus attachés à leur pauvre survie consommable qu'à
la crédibilité de leur courte existence. Ils vivent déjà à
genoux, baisser un peu plus la tête plutôt que de se battre
doit être dans leur corde. Cette misère, passive et
individuelle, mais paisible, est promise à tout " honnête "
travailleur soumis, en guise de récompense, et constitut la
base du consensus de tout état capitalisme. Quelque soit sa
chapelle, y compris fasciste, qui n'est jamais qu'un genre
de capitalisme un peu particulier, voire simplement un
degré d'intensité plus ou moins élevé. Et si cette
situation d'apathie, comme toute situation, est amenée à
changer, ce ne sont pas les clivages électoraux qui s'y
attaqueront, même de gauche, même extrême, même avec un
couteau entre les dents et une plume dans le cul. Ils nous
donnent plutôt la confirmation d'être là pour enterrer un
peu plus le débat, manifester le fait " qu'après, il sera
trop tard ", sans comprendre le choc de ce qui se prépare
réellement. Gauchistes, la débandade n'est que le signe
d'une dissolution totale du parti de la mort dont
vous êtes membres.

Ce " mouvement ", justement, emmené par les partis
politiques mauvais perdants du jeu électoral (piège à
cons), qu'est il capable de dire à part que le FN, c'est
pas bien, et que ça ressemble à des nazis ? Qu'est il
capable de dire, en d'autre moment, à part " l'insécurité
est un problème majeur"? Faux débats d'un monde qui
rencontre de vrais problèmes. Nous qui ne votons pas, non
parce que nous sommes abstentionnistes, mais simplement
parce qu'à aucun moment nous ne nous sentons concerné par
la politique, sommes sensés participer depuis quelques
jours au premier fléau de la démocratie. quelle genre de "
démocratie " donne le choix entre l'idéologie de la
corruption, de la communication publicitaire, de la
manipulation à peine masquée, allié à un front, sinon de la
république, au moins de la bonne marche sociale et
économique, en ligne bien droite et rangs biens serrés, du
spectacle de la légitimité populaire derrière laquelle se
cache l'ordre figé du temps mort et de l'absence, contre
l'idéologie-poubelle de la vieille France , gluante et
malodorante, le cadavre du fascisme qui subsiste comme tous
les autres cadavres idéologiques et traditionnels, tant que
personne ne les achève ? Ces deux là ne sont pas opposés
dans un débat, ils sont complémentaires dans le consensus
de la fin de l'histoire.

Qui détient le pouvoir réel aujourd'hui ? Qui " tire les
ficelles " de la dite démocratie ? Sûrement pas les hommes
de paille de la république, qui cachés sous leur cape
opaque de représentants du peuple, lui administrent tous
les sévices économiques nécessaires. Et pas seulement les
excroissances désagréables, qu'il peuvent eux aussi
dénoncer à peu de frais, mais avant tout, la soumission
normale, quotidienne, constante et jamais remise en cause
par la politique. Au nom de grands problèmes jamais
dépassés, mais subtilement entretenus: le " Malin " est
partout, dans les banlieues, sous l'équateur, à côté de
chez vous. Il vous attend, mauvais pêcheurs qui vous
attardez le soir, au coin d'une rue sans lumière. Il vous
guête, vous qui êtes chez vous devant la télé et ne faites
de mal à personne, individu positif que vous êtes. C'est le
jeune basané, le voyou, celui qui est ''méchant''; mais
parfois aussi le dictateur exotique, la pub qui va un peu
trop loin, le yaourt qui licencie trop, le groupe pétrolier
qui glisse sur une peau de banane. Ou le pen. Ce n'est
jamais l'honnête travailleur moyen, en revanche, celui qui
nourrit l'énorme bébé marchand et lui torche son gros cul
politique, celui qui, pestant contre le patron déloyal et
le flic omniprésent, est bien content d'avoir à deux pas de
chez lui, une caserne de cow boys pour protéger sa Citroën
toute neuve qu'il paie sur 10 ans grâce à l'esclavage
salarié. Lui qui en fabrique 10 par jour, mais peu importe
, en retour, le pouvoir le protège de ce Mal omniprésent
... Les contre-feux aux crises de l'histoire ne sont pas
que l'art des «conservateurs»; le meilleur bilan du Cac40,
c'est à dire la meilleure période de santé et d'insouciance
économique de la 5éme république, c'est sous la gauche
(Fabius) qu'il a eu lieu... La démocratie, c'est l'économie
politique qui la guide et la gère. Que celle ci soit plus
ou moins au fait des coutumes ''civilisées'' et bon ton des
démocraties sociales/libérales, cela ne change pas grand
chose. Personne ne vote pour l'économie, mais elle entre
autre, trie sur le volet les candidats qu'elle veut voir au
pouvoir. Et choisi les modalités d'élections, de règne, de
fin de règne. Elle a choisit aussi de façon tout à fait
autonome le fait même du rêgne politique. De l'interieur,
elle fait les " bilans " des candidats, se mêle
d'opinions dans les pays démagogiques et n'a pas honte
de faire de sanglantes guerres à ses opposants dans les
zones du monde les plus ingérables, à la tête desquels elle
arme et place des bouchers de la rédemption. Quand nous
parlons d'économie, ne croyez surtout pas que nous
condamnons quelques Bill Gates, quelques Mac Do, Quelques
paires de Nike sans éthique, face à tout le reste du peuple
mondial, foncièrement honnête et naïf. Quelque complot
secret dont nous aurions connaissance et vous non. "Vous
G8, nous 6 milliards", comme disent les imbéciles, mimant
l'attitude de celui qui sait tout mais n'y est pour rien.
Nous condamnons avant tout le fait de l'économie, et tous
Ce qui en est le curé ou l'artisan, à n'importe quel
niveau, car tant qu'elle n'est pas réellement remise en
cause dans une lutte totale entre maîtres et esclaves, elle
les associe dans l'inconsciente désagrégation de leur
société, parc de la vanité sur les flancs d'un volcan au
sommeil léger. En l'absence (l'attente) de communication
réelle, de vie, d'émeutes, de soulêvement, de la
destruction exutoire de la société de l'aliénation, le
ciment des hommes reste ses lois sur la propriété et la
valeur séparées.

Tout fantasme politique banni, les esclaves révoltés de
demain ne sont autres que les esclaves soumis
d'aujourd'hui. Nous condamnons notre époque et désirons la
voir mourir totalement.

john smith


(1) : nous nous excusons, pour cette formulation, auprès
de nos lecteurs ; en effet, comme chacun le sait, à l'instar
de " petit nain ", " journaliste crédule " est une forme
caractéristique de pléonasme...

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Note de do :

Vous pouvez lire aussi mon texte intitulé : LE SUFFRAGE UNIVERSEL , CHARME DISCRET DE LA DEMOCRATIE BOURGEOISE



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