28 mai 2002

 

Pantxo Belin
Askatasunaren ordezkaria
Représentant d'Askatasuna association de soutien et de défense des
prisonnièr-e-s politiques basques
00 33 (0)6 22 76 27 76
hareman@camaileon.com

          

          
Des dizaines de basques ayant été torturé(e)s et leurs familles ont
mis en marche une initiative contre la torture qui prend forme dans
un manifeste. Ils appellent à adhérer à ce manifeste qui sera le
thème de la manifestation du 8 juin prochain.

Nous vous transmettons ce manifeste contre la torture dont les
adhésions seront recueillies à l'adresse :
stoptortura@euskalerria.org,
puisque comme le dit le texte "Nous pouvons tous faire quelque chose
pour faire disparaître la torture, nous avons tous quelque chose à
apporter"

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INITIATIVE STOP À LA TORTURE

          

          Nous, qui appelons à cette manifestation sommes des personnes qui avons été torturées ou dont les membres de nos familles l'ont été durant les mois passés. Nous avons subi les tortures les plus cruelles et sauvages, et nous y avons été soumis contre notre volonté. Nous sommes nombreux à en avoir souffert dans nos chairs, et tout aussi nombreux à voir de manière évidente les séquelles sur les corps de nos proches. Nous sommes 75, les personnes, les citoyens et citoyennes basques détenus pour raisons politiques au Pays basque et dans l'État espagnol et qui avons dénoncé avoir été victimes de la torture depuis le mois de septembre dernier.

          Nous croyons que nous pouvons parler d'une réapparition sauvage de la torture. Nous sommes témoins de cette réalité cruelle du fait que nous nous avons été plongés dans cet enfer. Au-delà de la confirmation de la réapparition sauvage de la torture, nous voulons souligner le fait que cette pratique est systématique. Tous les corps de police ont torturé, d'une manière ou d'une autre, selon différentes méthodes et intensité, mais tous ont violé les droits fondamentaux des personnes arrêtées ainsi que les garanties judiciaires. La quasi-totalité des personnes arrêtées pour raisons politiques, ont dénoncé des tortures.

          De plus, il faut ajouter la dimension sexiste, qui se manifeste avec une telle cruauté qu'elle met en exergue la dégénérescence des tortionnaires et le manque de scrupules de ceux qui permettent ce genre de pratiques.

          La torture a été une expérience fort douloureuse. Nous pourrions difficilement vous faire comprendre cette expérience par des mots, ce que nous pouvions ressentir nous victimes directes de la torture ou notre souffrance lorsqu'un membre de nos familles se trouvait entre les mains de la police. Ce furent des jours très durs, et nous n'avons toujours pas surmonté les conséquences et les séquelles de ce que nous avons subi. Les séquelles physiques et psychiques perdurent, et le doute nous habite quant à savoir si ces séquelles arriveront à disparaître un jour.

           La torture est sans conteste quelque chose qui peut être évité. Si au XXIè siècle, cette réalité existe en Europe Occidentale, c'est parce qu'il existe une volonté en ce sens. La torture n'est pas quelque chose qui arrive par hasard, ce ne sont pas des faits isolés provoqués par cinq ou six personnes. Tout gouvernement possède les instruments nécessaires à l'éradication de telles pratiques. Si le Gouvernement -dans ce cas précis de l'État espagnol- le voulait, la torture disparaîtrait immédiatement. Si le Gouvernement ne graciait pas les tortionnaires, si au lieu de les protéger, il dénonçait les policiers impliqués dans des cas de tortures, si les juges dénonçaient ce qu'ils voient, si au lieu de peines symboliques celles-ci étaient exemplaires... Il y aurait bien longtemps que la torture aurait disparu.

          De plus, la torture est possible parce qu'il existe une législation qui la rend possible. Ils mettent les personnes arrêtées au secret, il n'est pas permis aux avocats désignés par la famille de les voir, ils transfèrent les personnes arrêtées en-dehors du Pays Basque tant que dure la mise au secret, ils les mettent entre les mains de juges inconnus et agressifs. Et tout ceci est légal.

          Mais ce ne sont pas seulement les gouvernements qui rendent la torture possible. Le silence de la société y contribue aussi. La majorité des acteurs de la société basque refuse la torture. Les institutions, partis politiques, syndicats, organismes populaires, agents culturels, personnes à titre individuel, tout le monde condamne la torture. Et nous sommes convaincus qu'il s'agit d'un rejet sincère, que ce rejet montré par tout le monde est réel. Mais les problèmes surgissent au moment de l'adoption de mesures efficaces. Problèmes qui surgissent pour diverses raisons et l'une d'entre elles est sans doute la cruauté du sujet. La torture est douloureuse. Le seul fait de penser qu'elle existe nous créée de la douleur, nous terrorise. Mais, la cécité est fort commode parfois. La torture devient souvent un sujet tabou, qui nous bloque.

           Faire l'autruche ne sert à rien. Nous pouvons tous faire quelque chose pour éradiquer la torture, nous avons tous quelque chose à apporter. La société se doit de dire bien haut qu'elle refuse la torture et qu'elle est prête à faire quelque chose en ce sens. Cette question ne peut attendre. La torture est un indicateur sinistre de la qualité démocratique de cette société dont nous faisons partie et qui dans une certaine mesure nous salit tous et toutes. Il n'existe pas de justification pour la torture, il n'y a pas d'argument qui la justifie. Elle doit disparaître, pour toujours et avec la garantie qu'elle ne réapparaîtra plus. Nous devons faire preuve de cohérence, sans euphémismes en adoptant les mesures exigées par la gravité de la situation.

          Quiconque est contre la torture a l'occasion de faire, avec nous, le premier pas lors de la manifestation que nous organisons. Parce que l'on ne peut pas se cacher, parce que la torture nous éclabousse tous, tout le monde dans la rue. Nous avons été torturé(e)s, au cours des derniers mois, 75 personnes ont été torturées, et l'on ne peut oublier que n'importe qui peut être le suivant.

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Note de do :

Témoignage de torture par la jeune Basque Iratxe Sorzabal : intervention 377

Preuves de torture : intervention 335

De surcroît, il est important de ne pas croire que la torture contre les prisonniers politiques basques puisse se justifier par un quelconque terrorisme aveugle qu'ils pratiqueraient, car ce terrorisme que les médias disent commis par les indépendantistes basques est en fait totalement manipulé et commandité par l'État espagnol, où, de même que le pouvoir de Franco s'était établi sur le mensonge de Guernica, le pouvoir d'Aznar s'établit sur un prétendu "terrorisme aveugle basque", alors qu'il ne s'agit qu'un d'un spectacle mis en scène par le pouvoir pour justifier ses lois répressives. Lire sur ce thème mon journal N°54 ou ce texte trouvé sur un excellent site que j'ai eu la chance de découvrir il y a longtemps maintenant.

A+
do           


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