N7, 9 juin 1999

JOURNAL

"Celui qui dit la vérité, il doit être exécuté"

N°7)          9 juin 1999

LA   BOUFFE

          Le capitalisme a déjà détruit beaucoup de choses. Lors de son accouchement, il a détruit les Indiens d'Amérique. Puis il a détruit tous les anciens liens de solidarité, à tel point qu'il a fallu les recréer artificiellement à travers diverses sécurités sociales, mutuelles, ou mêmes à travers des assurances privées dont le but est plus de faire gagner du fric aux propriétaires d'assurances que de recréer un semblant de solidarité. Mais ce n'est pas tout, il a détruit notre vie ou notre sens de la vie (tout les vieux le disent : "Le sens de la fête s'est perdu"). Et depuis quelques années, il s'attaque aussi à notre survie : Il détruit petit à petit tout l'environnement écologique.

          Il ne se gène pas pour détruire même notre nourriture : "Que voulez-vous manger aujourd'hui? Avec le progrès, tout s'améliore. Avant nous avions les veaux et bœufs aux hormones, maintenant, nous avons aussi de la vache folle. Et le summum vient d'arriver: nous disposons enfin de tout un assortiment d'aliments empoisonnés à la dioxine! Ah ! pardon, c'est vrai, vous êtes devenu végétarien sous prétexte que les salades ne sont pas des êtres vivants, et bien, pour vous tout spécialement, nous avons préparé des légumes aux pesticides, et comme vous aussi vous avez droit au progrès, nous sommes en train de modifier génétiquement tous vos chers végétaux."

           Les dioxines sont bien connues. C'est un poison ultra cancérigène : "La catastrophe de Seveso, survenue le 10 juillet 1976, a donné une illustration saisissante des risques écotoxicologiques associés à un polluant aussi toxique et persistant que la dioxine. Ce jour-là, l'explosion d'un réacteur de synthèse de trichlorophénol provoqua la contamination par ce redoutable sous-produit d'une surface de 1 500 hectares dans la banlieue de Milan où est située cette localité. Moins de 4 kilogrammes de dioxine ont été répandus dans cette zone suburbaine, mais cela suffit pour provoquer la mort de 600 animaux domestiques et l'intoxication de 1 288 personnes!" .Nous dit l'Encyclopaedia Universalis en 97. Cette encyclopédie nous dit combien d'animaux en sont morts, mais elle n'ose pas donner, en 97, 20 ans après la catastrophe, le nombre d'humains qui en sont morts. Comme il est parfois bon de donner quelques précisions, disons aussi que les dioxines s'attaquent plus particulièrement au foi qu'elles cancérisent volontiers. Mais elles sont aussi mutagènes, c'est-à-dire qu'elles transforment nos gènes et ceux des bébés à naître. Ainsi, le pouvoir dut cacher les bébés nés monstrueux à Seveso.

          Si nous ne mangeons pas de chat, mais du lapin, ce n'est pas parce que les chats seraient plus mignons ou plus intelligents que les lapins, c'est parce que l'être humain n'est pas fait pour manger de la viande qui mange de la viande, il doit manger de la viande à peu prêt végétarienne. On sait par exemple que la maladie de Kreutzfeld Jacob est courante dans les tribus qui pratiquent le cannibalisme rituel. Alors, pourquoi nourrit-on des poulets ou des vaches avec des farines animales? "Pour que la viande soit bonne, il faut qu'elle ait vécu heureuse." Des animaux végétariens nourris avec des "farines animales" peuvent-ils avoir vécu heureux?

          Vous savez, il ne faut pas trop bouffer d'antibiotiques, nous dit-on, parce que sinon, au bout d'un moment, les microbes s'habituent et les antibiotiques deviennent inefficaces. Et on nous dit aussi qu'on nous en donnera moins, dorénavant, ça fera faire des économies aux capitalistes qui en ont mare de financer notre sécu et comme ça, les antibiotiques seront plus efficaces quand on en aura vraiment besoin. Mais on nous ment sur l'essentiel: Ce n'est pas parce que les humains avalent trop d'antibiotiques que les microbes se sont habitués à eux. Mais parce qu'à titre préventif, les industriels de l'agro-alimentaire en donnent en permanence, je dis bien en permanence, à tous les animaux d'élevages, qu'il s'agisse de poulets, de vaches ou autres... Alors bien sur, les microbes, ils ont de quoi s'habituer. Mais il y a autre chose que vous devez aussi savoir: il existe des antibiotiques inconnus du public, comme par exemple la vancomicine, qui sont interdit en pharmacie afin qu'aucun microbe ne puisse s'y habituer. Ces antibiotiques sont réservés aux hôpitaux pour les cas graves. Et bien, Cette vancomicine, on a changé son nom, et la viande qu'on bouffe, elle est nourrie avec ça. Il faut croire et d'une que les industriels de l'agro-alimentaire (que je n'appelle pas "paysans" par respect pour les vrais paysans) réussissent à se la procurer à beaucoup moins cher que les hôpitaux et que donc elle est très nettement surfacturée aux hôpitaux et que c'est une des vraies raisons du déficit de la sécu. Et de deux, il faut croire aussi que les industriels de la pharmacie comme ceux de l'agro-alimentaire se foutent pas mal de la santé publique, puisque les uns vendent aux autres de quoi habituer les microbes aux meilleurs antibiotiques, c'est-à-dire aux plus récents.

                       

          Et maintenant les sommets sont atteins avec les aliments transgéniques, ou O.G.M., ou organismes génétiquement modifiés. La manipulation génétique des aliments a plusieurs conséquences. Comme les patrons des usines qui produisent des semences transgéniques déposent des brevets sur leurs produits, les paysans n'ont plus le droit de conserver un peu du blé qu'ils ont produit pour ensemencer leurs champs l'année suivante. Avec le transgénique, les patrons deviennent propriétaires du vivant lui-même. Et comme ils ont peur que certains paysans ne respectent pas la loi, ils ont fabriqué, en modifiant leurs gènes, des semences qui produisent des céréales qui ne peuvent plus se reproduire. Comme ça, ils sont sûrs que les paysans ne pourront pas les ressemer l'année suivante. C'est pas beau le progrès? Et ne croyons surtout pas que l'on pourra s'en sortir en ensemençant nos champs avec des semences datant de Mathusalem? tout a été prévu, ou en tout cas, tout s'agence pour que cela devienne impossible. Les paysans qui feraient cela seraient dors et déjà voués à la faillite parce qu'ils ne pourraient soutenir la concurrence face aux industriels de l'agro-alimentaire. De plus, comme on fabrique, par exemple, du colza génétiquement modifié afin qu'il puisse supporter du désherbant total et que ce colza là a refilé ses gènes de résistance à diverses plantes sauvages autour de lui, on ne pourra bientôt plus désherber qu'avec un nouveau désherbant qui n'est pas encore inventé. Et si un jardinier de l'avenir souhaite faire son jardin non dans un but de rentabilité, mais pour donner de la nourriture digne de ce nom à ses enfants, il ne pourra tout simplement pas, même s'il réussit à trouver de vieilles semences de l'époque où le mot jardin avait encore un sens, puisque ce qu'il aura semé sera tué au fur et à mesure par la nouvelle vie génétiquement manipulée ou par les nouveaux désherbants très spéciaux que ne manqueront pas d'utiliser ses voisins. Car, même si les voisins ne viennent pas empoisonner votre jardin, les poisons qu'ils mettent dans les leurs finissent tout de même par arriver chez vous. "Oui, c'est vrai que ces O.G.M., c'est bien un peu la merde, mais au moins, on peut les manger en toute sécurité, ils ne sont pas nuisibles à la santé", aurez-vous peut-être envie de me dire. Et bien voici sans commentaire un article en bref tiré du journal "La Montagne" du samedi 13 février 1999:

"APPEL  A  LA  RÉHABILITATION  D'UN  CHERCHEUR

          LONDRES.-- Des scientifiques de 13 pays ont signé un appel à la réhabilitation d'un chercheur, le professeur Arpad Pusztai, de l'institut Rowett, à Aberdeen, censuré après avoir révélé que des tests sur des rats nourris avec des pommes de terre génétiquement manipulées montraient des modifications de leurs organes."

            http://www.cybersciences.com/cyber/3.0/n1092.asp

          Tout ça pour que quelques salauds puissent s'enrichir. Ah! ça ira ça ira, les capitalistes à la lanterne! Ah! ça ira ça ira les capitalistes on les pendra !

Note de do du 1° mars 2007 : le lien ci-dessus étant rompu, vous pouvez consulter cet article de Cybersciences tel qu'il était à l'époque en cliquant ci-dessous :

            http://mai68.org/journal/N7/arpad.htm

          

Vive la révolution : http://www.mai68.org
                                    ou : http://www.cs3i.fr/abonnes/do
           ou : http://vlr.da.ru
              ou : http://hlv.cjb.net