N°9) 22 juin 1999

JOURNAL

 

"Celui qui dit la vérité, il doit être exécuté."

 

N°9,          22 juin 1999

 


Où l'occident veut décider du chef de l'UCK     Individu et amour


 

Regardez le nouveau texte: L'individu et l'amour

Remarque: je ne suis pas totalement satisfait de cette thèse (en particulier, quelle est la place de l'amour dans le processus d'individuation de la personne? en est-il le moteur ou seulement l'un des moteurs? et quels en sont les autres moteurs? Quel a été le premier moteur du processus en question, au début de sa préhistoire? Sachant que l'histoire de l'amour et celle de l'individuation de la personne commencent fin du XVIeme, quand commence donc la préhistoire du processus d'individuation? quel pourrait bien être l'évènement qui l'a déclenché au tout début? Il n'y a point d'amour sans individu, mais jusqu'à quel point l'histoire et la préhistoire de l'individu et celles de l'amour sont-elles liées?) et je ne sais pas encore bien comment modifier ce texte. Aussi, c'est avec plaisir que je recevrais vos diverses remarques et critiques. Vous êtes, bien sûr, invités à m'envoyer des remarques et critiques sur tous les autres textes, tracts ou numéros du journal.


 

Où l'occident veut décider du chef de l'UCK

 

          Une technique assez couramment utilisée par le pouvoir consiste à essayer de choisir le chef de ses ennemis. Surtout si le principe de ces derniers est de n'en avoir point. Car ainsi, en imposant un chef à des anarchistes, on leur impose de cesser de l'être. Et s'ils ne l'étaient pas, on peut choisir parmi eux un chef qui sera plus conciliant que celui qu'ils se seraient choisi d'eux-mêmes.

           Mais comment s'y prend le pouvoir pour imposer à ses ennemis d'avoir un chef, et pour choisir celui-ci à leur place? Par la négociation!

          Par exemple en fRANCE, regardez le mouvement des cheminots en décembre 1986. Ce mouvement avait choisi de s'autodiriger par une coordination (ce qui signifie qu'il avait choisi que tout le pouvoir appartiendrait aux Assemblées Générales, et qu'elles se coordonneraient entre elles par l'intermédiaire de délégués élus, mandatés, et révocables à tout instant par leur A.G.). Mais qu'à fait le pouvoir? Tant qu'il put, il négocia avec les syndicats, et notamment avec la C.G.T., plutôt qu'avec la coordination. Ainsi, le cheminot de la base pouvait avoir l'impression d'être mieux représenté par les syndicats que par sa coordination. Vous imaginez bien qu'il arrive souvent qu'une telle manœuvre réussisse, surtout si les grévistes de base ont plus confiance dans le spectacle d'eux mêmes que leur montre le pouvoir à la télévision qu'à ce qu'ils en voient dans leurs propres Assemblées Générales (ce en quoi ils auraient bien tord) et que dans ce cas le pouvoir a réussi à choisir le ou les chef(s) des grévistes (les syndicats, et pas la coordination!)). Mais la coordination sentit le danger et fit tout pour que le pouvoir la reconnaisse enfin. D'ailleurs elle y réussit , mais à quel prix! Il lui fallut pour cela reconnaître elle-même le pouvoir, et aussi, pour que ça serve à quelque chose d'être reconnu par lui, il lui fallut accepter de négocier, or au départ, elle s'y refusait. Et la seule chose qu'elle y gagna, ce fut que le pouvoir l'accepte parmi les chefs des grévistes au même titre que la CGT, la CFDT, etc. Pourtant, au départ elle était le chef que s'étaient choisis les grévistes (afin justement de ne pas en avoir, ou d'être leur propre chef). Si le mouvement avait été suffisamment conscient, La stratégie qu'aurait utilisé la coordination aurait été de dire aux grévistes:

                           "Comme vous le savez nous sommes vos seuls représentants élus, mandatés, et révocables à tout instant en Assemblée Générale, bref, nous sommes vos seuls représentants puisque "nous, c'est vous" et que "vous, c'est nous". Le pouvoir croit nous vexer en ne nous reconnaissant pas, il croit nous attirer ainsi dans un piège et nous pousser à discuter avec lui, à négocier pour savoir à quelles conditions il nous reconnaîtrait. Et donc, par là, il espère nous pousser à réclamer nous même ce qu'au départ nous refusions: la négociation! Mais c'est nous qui ne reconnaissons pas le pouvoir, il peut bien 'négocier' avec les syndicats, on s'en fout, ça ne nous regarde pas, nous ne reconnaissons pas les syndicats, et encore moins comme nos représentants! Si nous avons élu une coordination, ce n'est pas dans le but qu'elle soit reconnue par le pouvoir, ce n'est pas pour discuter ou négocier avec lui, c'est seulement afin de nous donner la possibilité de coordonner nos luttes au niveau du pays tout entier. Ce n'est pas par le pouvoir que la coordination doit être reconnue, mais par ceux qui l'ont élue et peuvent la révoquer à tout instant! Aussi, ne tombant pas dans le piège, notre mouvement ne gaspillera pas ses forces a essayer de faire en sorte que sa coordination soit reconnue par le pouvoir, il se contentera d'essayer de développer un rapport de force tel que le pouvoir cédera sur toute la ligne."

          

          Parfois, la négociation ne suffit pas. Ainsi, en Canaquie occupée (les colons français diraient en Nouvelle Calédonie), pour imposer aux Canaques un chef convenable, la fRANCE dut assassiner celui que les Canaques avaient naturellement choisi, et qui était peut-être le seul Canaque à savoir parler correctement la trentaine de langues (le colon appelle ça des dialectes quand il est gentil ou des patois sinon) du pays: Eloi Machoro. Ensuite, le principe de la négociation put enfin fonctionner. Toujours de la même façon: les dominés ont tendance à se choisir pour chef celui ou ceux d'entre eux avec le(s)quel(s) le pouvoir accepte la discussion. Et parmi les dominés, il se trouve toujours un con ou un salaud qui accepte, voire même qui rêve de négocier avec le pouvoir parce qu'il croit que c'est un honneur de pouvoir rencontrer les maîtres, et de discuter avec eux, de serrer leurs mains, il croit que c'est un honneur de "collaborer" (comme on disait pendant la résistance en 39-45).

 

          Ainsi, en ce moment, au Kosovo, les Américains n'ont pas eu de mal à trouver un Kosovar qui accepte de négocier avec eux la "démilitarisation de l'UCK", comme dit la radio. Mais moi j'appelle ça déposer les armes! Et, Bien sûr, dans le spectacle que l'on nous donne à voir, c'est ce triste personnage qui est, paraît-il, le chef de l'UCK(*). Nous, qui vivons en occident, nous pouvons nous laisser abuser facilement, d'autant plus que les journalistes essaient de nous faire croire que "si l'UCK conserve ses armes, elle tuera tous les Serbes." Mais ce qui est plus important, c'est de bien regarder si l'UCK, elle, se laisse tromper par les apparences mises en scène par les maîtres de l'occident. La réponse dans quelques jours:

                                          L'UCK acceptera-t-elle pour chef celui que l'occident veut lui imposer?

L'UCK déposera-t-elle les armes?

           Il est rigolo de noter qu'avant que les Américains entrent au Kosovo et y trouvent un Kosovar qui accepte de collaborer, les médias occidentaux ne nous avaient jamais parlé d'un quelconque chef de l'UCK!

          

 

            *)Mais si ce personnage joue là-bas le rôle de Pétain, quel rôle y joue donc l'occident?

 

 

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