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Algérie - 8 février 2016 - La nouvelle constitution

lundi 8 février 2016, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 8 février 2016).

Note de do : L’article 51 de la nouvelle constitution algérienne interdit aux Algériens ayant une autre nationalité l’accès aux hauts postes dans la fonction publique. Si on avait un article 51, en France, qui interdirait entre autres aux binationaux d’être chef de l’État ou ministre, peut-être que la France aurait pu éviter de devenir une colonie d’Israël ?!

Rappel : Les situationnistes interdisaient la double-appartenance. Parce qu’on ne peut servir deux maîtres à la fois !

Remarque de do : Je ne vois pas d’inconvénient à ce qu’un simple citoyen français ait une autre nationalité. Et il est inconcevable qu’on puisse déchoir les gens de leur nationalité. Par contre, selon le principe d’interdiction situationniste de double-appartenance, je pense qu’un binational ne devrait pas avoir le droit d’atteindre un poste de dirigeant au sein de l’État français ; car, sinon, au service de QUEL PAYS sera-t-il, de la France ou bien d’un autre ?


Nouvelle Constitution - Algérie : la presse partagée, la diaspora et l’opposition critiques

http://assawra.blogspot.fr/2016/02/…

Lundi 8 février 2016

Annoncé en 2011 au lendemain des Printemps arabes et présenté comme l’un des derniers chantiers du président Abdelaziz Bouteflika, le texte final de la nouvelle Constitution algérienne aura nécessité quatre ans. Il a été approuvé le 11 janvier dernier en conseil des ministres, avant d’être présenté devant le Parlement ce dimanche 7 février. Depuis plusieurs semaines déjà, le débat fait rage dans la presse nationale sur le contenu de la révision constitutionnelle. En jeu : les articles 51 et 73 présentés par les autorités comme majeurs dans l’accélération de la démocratisation du pays. L’opposition voit globalement dans ce nouveau texte un « alibi » permettant le maintien des pouvoirs entre les mains du chef de l’État. Seule l’officialisation de la langue amazighe reçoit l’unanimité de l’opinion publique.

Un tournant historique

« La démocratisation de la vie politique », c’est le principal argument qui est repris par le pouvoir algérien. Le chef de l’État Bouteflika a transmis, par la voix du président du Parlement Abdelkader Bensalah, un message dans lequel il décrit l’adoption du texte de la Constitution comme une avancée majeure et historique pour son pays : « L’édifice constitutionnel que nous nous sommes engagés à rénover ensemble, sous la dictée des exigences de notre société et des valeurs universelles, et auquel j’avais appelé à maintes reprises et à différentes occasions, doit être à la hauteur des ambitions de notre nation, une nation digne et sereine, fidèle à ses racines et ouverte à la modernité », peut-on lire dans le texte du président algérien. Pour L’Expression, l’analyse est toute faite : « En fait, dans l’environnement géopolitique afro-arabe, on s’attend à ce que cette Constitution fasse date et inspire beaucoup de pays sur la voie de la démocratisation. Comme la réconciliation nationale, la nouvelle Constitution peut être considérée comme une autre oeuvre historique de l’Algérie indépendante. » Le quotidien national El-Moudjahid fournit un éclairage du journaliste Mohamed Koursi qui affirme que ce jour « historique sera consigné dans les manuels scolaires pour que les générations futures sachent comment leurs aînés ont gravé dans le marbre leurs choix de vie, leurs convictions dans ce monde dans lequel ils ont décidé de vivre, leur façon d’être acteurs et non pas sujets de l’histoire, les leçons qu’ils ont tirées de leur origine, des épreuves qu’ils ont traversées pour être ce qu’ils sont aujourd’hui. »

Et maintenant ?

Un avis et une analyse pas forcément partagés par d’autres médias algériens. Pour beaucoup d’entre eux, l’heure est déjà à l’après, comme El Watan qui pose franchement la question « Bouteflika change sa Constitution : Et maintenant ? ». Dans ce texte, le journal fait un rappel historique sur le fait que le président Bouteflika en est à sa troisième Constitution en seize ans de pouvoir. Il note également que, si le projet a été adopté à sa grande majorité, c’est grâce d’abord à un calcul arithmétique. « En effet, sur les 606 parlementaires (462 députés et 144 sénateurs), seulement une centaine ne cautionnera pas cette démarche. Les promoteurs de ce projet sont déjà certains d’avoir largement les trois quarts des voix nécessaires pour avaliser et promulguer la nouvelle Constitution. Sur le plan arithmétique, les voix de la majorité (FLN-RND) suffisent pour faire passer ce texte », souligne l’article. Avant d’aligner une suite d’interrogations sur le devenir de la nouvelle Constitution. « Que faire maintenant ? Le pouvoir va-t-il organiser de nouvelles joutes électorales pour réduire l’ampleur de la contestation à laquelle il fait face ? Ira-t-il jusqu’à dissoudre l’APN dans laquelle il détient la majorité ? Le gouvernement déposera-t-il sa démission ? » Sur Twitter, Actualité 24 rappelle le boycott de l’opposition.

Des questions qui n’ont pas encore trouvé de réponses. Alors que la principale inconnue reste ce que le pouvoir en place va faire maintenant qu’il a obtenu le vote. Ainsi, le journaliste Azzeddine Bensouiah s’interroge sur l’avenir du gouvernement « La Constitution révisée prévoit, en effet, que le chef de l’État désigne le Premier ministre, après avoir consulté la majorité parlementaire. Mais elle n’oblige pas l’actuel Premier ministre à soumettre la démission de son gouvernement. Toutefois, les usages voudraient que l’actuel exécutif démissionne afin de permettre au président de la République de désigner un gouvernement en phase avec les nouvelles donnes. Une démission qui pourrait n’être qu’une simple formalité pour sauver les apparences et donner l’impression que quelque chose aurait changé, puisque le chef de l’État pourrait reconduire le Premier ministre et même la majorité de son équipe. C’est, d’ailleurs, le scénario le plus plausible, dans la mesure où Abdelmalek Sellal fait convenablement ce qu’on lui demande et, qui plus est, fait partie du FLN, dont le patron n’a eu de cesse de réclamer le droit de son parti, majoritaire au Parlement, que le Premier ministre soit issu de ses rangs », écrit-il pour Liberté. On comprend donc que les changements, s’ils ont lieu dans un premier temps, le seront essentiellement d’un point de vue formel. En attendant, ce ne sont pas les polémiques et rumeurs qui manquent à la lecture de la presse algérienne. Pour aller plus loin, certains médias, comme Beur tv, ont choisi de décrypter cette période en plusieurs étapes avec des émissions dédiées, telle Abdou sans tabou, l’émission préparée par le rédacteur en chef d’Algérie Focus Abdou Semmar.

La diaspora monte au créneau

Si la presse interroge l’avenir, les polémiques concernant l’article 51 interdisant aux Algériens ayant une autre nationalité l’accès aux hauts postes dans la fonction publique ne sont pas près de s’éteindre. Surtout au regard des discussions houleuses qui ont cours en France concernant la déchéance de la nationalité. Un débat qui fait écho en Algérie d’autant plus qu’il y a près de sept millions de Franco-Algériens. Les politiques sont rapidement montés au créneau. L’opposant Djamel Zenati juge dans une tribune publiée par le quotidien El Watan qu’« avec la présente révision la Constitution de notre pays réunit enfin les principaux matériaux nécessaires à la construction démocratique ». Il va même plus loin quelques lignes après en affirmant que « le viol de la loi est devenu la loi » et que cela « n’incite guère à accorder un soupçon de sincérité ». Plus critique, l’ancien Premier ministre Ali Benflis, deux fois adversaire malheureux de Bouteflika, a dénoncé un « coup de force constitutionnel » pour « régler les seuls problèmes du régime politique en place et non ceux du pays ». Il doit publier un livre blanc, mardi 9 février, sur les dessous de la nouvelle Constitution, a-t-il déclaré dimanche. Pour Le Quotidien d’Orient, « si l’article 51 du projet de révision constitutionnelle exigeant la nationalité algérienne exclusive pour l’accès aux hautes responsabilités de l’État continue de faire polémique sur la scène politique et au sein des partis de l’opposition, son application est apparemment effective avant même l’adoption du projet au Parlement, prévue aujourd’hui », écrit Mokhtaria Bensaâd, qui révèle des informations selon lesquelles « certains ministres et parlementaires ayant la double nationalité ont déjà renoncé à leur nationalité étrangère pour préserver leurs postes ». « D’autres, et ils sont nombreux, comptent le faire dans les prochains jours. » Selon Dine Bendjebara, ex-membre du Conseil constitutionnel et actuellement membre de la Conférence des institutions constitutionnelles africaines, rencontré au regroupement régional de la jeunesse organisé au cinéma Maghreb par le RND sur le projet de la révision constitutionnelle, « des personnalités qui occupent actuellement de hauts postes de responsabilité comme des ministres et des parlementaires ont renoncé à leur double nationalité pour ne préserver que la nationalité algérienne et maintenir ainsi leur poste de responsabilité ». Le site Tout sur l’Algérie fait clairement le parallèle avec les débats qui prévalent en France sur la déchéance de nationalité et crie à l’injustice. Plus tôt dans la journée, c’est la députée des Algériens de l’extérieur, Chafia Mentalecheta, qui a réagi sur son compte Facebook, tout en étant critique vis-à-vis des partis politiques : « Ils l’ont fait. Quant au Parti des travailleurs, comme d’hab, un pied dedans, un pied dehors. Dans les deux cas, ils auront validé la machinerie par leur présence. »

(08-02-2016 - Par Viviane Forson)

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