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Le "Out" donné gagnant, la livre chute de plus de 10%
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Vendredi 24 juin 2016 07h00
Partisans du Brexit à Londres. La possibilité de voir le Royaume-Uni mettre fin à 43 années d"appartenance à l"Union européenne semblait quasi-certaine vendredi matin, à l"heure où les chaînes de télévision BBC, Sky News et ITV projettent la victoire du "Out". /Photo prise le 23 juin 2016/ REUTERS/Toby Melville
Par Kylie MacLellan et Paul Sandle
LONDRES (Reuters) - La possibilité de voir le Royaume-Uni mettre fin à 43 années d’appartenance à l’Union européenne semblait quasi-certaine vendredi matin, à l’heure où les chaînes de télévision BBC, Sky News et ITV projettent la victoire du "Out".
Après dépouillement de plus des deux tiers des 382 circonscriptions et en tenant compte des estimations de la BBC en Irlande du Nord, une majorité de Britanniques se prononce en faveur d’une sortie de l’UE, à 51,6% contre 48,4% pour le camp du "Remain", selon des calculs Reuters.
Dans le sillage d’une victoire du "Out" qui se confirme, la livre plongeait de plus 10,5% face au dollar, sa plus forte chute jamais subie en un jour.
La devise britannique est tombée à son plus bas niveau depuis septembre 1985, alors qu’elle avait atteint jeudi soir un pic de six mois face au billet vert dans la foulée de sondages, publiés après la fermeture des bureaux de vote, prévoyant une victoire du "In"
Signe de l’inquiétude internationale, Masatsugu Asakawa, responsable de la politique de change japonaise, a annoncé qu’il allait consulter le ministre des Finances en vue d’élaborer une réponse aux mouvements des marchés, décrits comme très rudes.
Autre signe d’un mouvement de panique sur les marchés financiers à la suite de la victoire quasi-certaine du camp du Brexit, la Bourse de Tokyo plongeait de plus de 6% en fin de séance et les cours du pétrole perdaient quelque 6%.
Sur la base de données venant de la totalité des 382 circonscriptions, la participation est à cette heure de 72,1%, soit plus que le taux de participation de 66% lors des élections législatives de 2015 rapporte la Press Association.
FARAGE "OSE RÊVER"
Le dirigeant du parti europhobe UKIP, Nigel Farage, qui avait estimé jeudi soir que le pays avait fait le choix de rester dans l’Union européenne, d’après "certains de ses amis dans les marchés financiers", a changé son fusil d’épaule pour évoquer un jour "d’indépendance" et a appelé le Premier ministre David Cameron à démissionner si le "Out" l’emporte.
"J’ose maintenant rêver que l’aube s’est levée pour un Royaume-Uni indépendant", a tweeté le leader Ukip.
Le résultat officiel définitif ne devrait être proclamé que vendredi matin, sans doute après 05h00 GMT.
La victoire du camp du "Out" est un coup de massue pour le Premier ministre David Cameron, qui a engagé sa légitimité dans le référendum et fait campagne pour le maintien dans l’Union tout en laissant libres certains membres de son gouvernement de prendre le parti inverse.
"Merci à tous ceux qui ont voté pour garder une Grande-Bretagne plus forte, plus sûre et plus riche dans l’Europe, et aux milliers de militants Remain dans tout le Royaume-Uni", a dit David Cameron sur Facebook.
Dans une lettre, 84 députés conservateurs ont appelé Cameron à rester Premier ministre quelle que soit l’issue du vote, marquant la première tentative d’union du parti depuis le début d’une campagne qui y a ouvert de nombreuses failles.
L’ancien maire de Londres Boris Johnson, chef de file de la campagne pour le "Out", mais aussi Michael Gove, député Tory pro-Brexit et proche de Cameron, comptent parmi les signataires.
Pendant la campagne, les enquêtes d’opinion ont dressé le tableau d’une Grande-Bretagne profondément divisée, avec de grandes différences entre les personnes âgées et les plus jeunes et entre une Ecosse et une ville de Londres pro-européennes et un centre du pays eurosceptique.
Quel que soit le résultat du vote, l’accent mis au cours de la campagne sur l’immigration en Grande-Bretagne, en forte hausse ces dernières années, pourrait accentuer les fractures d’un pays, également marqué par un creusement de l’écart de richesse entre les pauvres et les plus fortunés.
"L’EUROPE NÉCESSAIREMENT VA CHANGER"
Quelque 46 millions d’électeurs étaient appelés à se prononcer sur l’avenir européen de la Grande-Bretagne à l’issue d’une campagne marquée par de profondes divisions et le choc de l’assassinat d’une députée travailliste en faveur du maintien dans le bloc communautaire.
Dirigeants de la communauté internationale, investisseurs et multinationales se sont également invités dans la campagne dominée par les thèmes de l’immigration et de l’économie.
L’issue de cette consultation, sur fond de montée de l’euroscepticisme à l’échelle continentale, sera aussi déterminante pour l’avenir de la construction européenne.
"L’Europe nécessairement va changer quel que soit le vote des Britanniques", a déclaré dans la journée François Hollande, qui rencontrera Angela Merkel lundi à Berlin.
(avec Estelle Shirbon, Sarah Young, Ana Nicolaci da Costa, Michael Holden et Elizabeth Piper ; Eric Faye, Nicolas Delame, Jean-Philippe Lefief, Benoît Van Overstraeten, Henri-Pierre André et Julie Carriat pour le service français)