Huxley dans Île explique très bien le problème des médias et de la politique en prenant le contre-pied de Mein Kampf de Hitler.
Dans Mein Kampf, Hitler classe les gens en 3 catégories :
* Les gens bien, ceux que Huxley appellent les salauds : ils savent et ils font le mauvais choix. Ce sont les plus dangereux.
* Les salauds, ceux que Huxley appellent les gens bien : ils savent et ils font le bon choix.
* Les masses à manipuler que Huxley appelle les ignorants. Ce sont les plus nombreux et on ne peut pas leur en vouloir car ils ne savent pas.
Et bien sur, les médias sont l’instrument que les salauds utilisent pour manipuler les masses.
Ensuite, il faut voir deux choses. La première, c’est que dans notre société dominée par le capitalisme, et en l’absence d’un projet révolutionnaire, les citoyens désorientés par la contradiction entre l’appauvrissement et l’idéologie libérale votent fascistes ou stalinien, généralement fascistes comme notre système est capitaliste.
La deuxième, c’est que tout notre système politique est pourri. Il n’y a pas un parti ni une association de gauche pour racheter les autres, et les rares qui pourraient faire la différence sont systématiquement tournées en ridicule autant par les médias que par les politiciens de tous bords.
Dans notre système politique, toutes les décisions viennent d’en haut, et nous retrouvons ce fonctionnement même dans des associations marxistes d’extrême-gauche. La droite, même si elle est divisée sur la façon de partager le gâteau, et même avec la tendance actuelle du capitalisme où il y a de moins en moins de parts de plus en plus grandes pour de moins en moins de monde qui va la diviser de plus en plus, est toujours bien d’accord sur le principal : c’est son gâteau et le peuple n’a que les miettes.
La gauche elle passe son temps à mettre en avant ses divisions, au nom d’autant d’interprétations théoriques des classiques du Marxisme, et derrière ces divisions à savoir qu’elle avant-garde va écraser les autres.
Ce qui implique qu’à part de très rares exceptions, à gauche comme à droite les seules raisons qui motivent les politiciens sont le pouvoir et ses avantages.
À l’opposé, un projet révolutionnaire est quelque chose qui vient d’en bas et qui cherche à imposer une structure horizontale de pouvoir dans la société. Nous en avons un magnifique exemple au Venezuela : Chavez et son parti se sont appuyés sur un gigantesque mouvement de solidarité de la base de la société. Sur son lit de mort, il a demandé à Maduro de développer le pouvoir populaire. Le système politique au Venezuela est toujours très vertical, mais les partis bolivariens et les mouvements de la société civile collaborent.
Aujourd’hui, la révolution bolivarienne est à un point crucial. Les acquis sociaux de base sont pour l’essentiel garanti et les gouvernement peut commencé à développer d’avantage la collaboration entre les associations de masse et le pouvoir. Ce qui passe par donner le pouvoir aux associations de masse dans leurs sphères de compétence. Si cela réussit, la révolution bolivarienne sera irréversible, comme à Cuba. Je suis sur qui si la droite et les secteurs de gauche inspirés du marxisme occidental sont si hystériques en ce moment au Venezuela, c’est qu’ils l’ont bien compris.
Un dernier point est que tant que les principaux pays capitalistes ne seront pas des pays révolutionnaire, il n’y aura pas de véritable révolution, et des pays progressistes comme Cuba où le Venezuela seront obligé de garder un pouvoir fort. Pour ces pays, tout l’art aujourd’hui consiste à trouver la meilleure balance possible entre le pouvoir de la société civile, seule garante de la révolution, et le pouvoir de l’état. Cela implique qu’être révolutionnaire ici et maintenant ne consiste pas à jeter la pierre à des pays qui font ce qu’ils peuvent, mais à faire ici et maintenant la révolution.
Cela passe par le développement des luttes de la société civile en se foutant complètement des partis et associations politiques conventionnelles. En pratique il est facile de reconnaître si une lutte mérite d’être soutenue : si elle est solidaire des autres luttes, elle le mérite. Si au contraire elle appelle à la division sous quelque prétexte que ce soit, elle doit être au mieux ignorée, au pire combattue.
Il faut que ces luttes soient de luttes pratiques. La théorie c’est bien joli, mais ce n’est qu’en la confrontant avec la pratique que l’on peut la valider et l’améliorer. De plus, les masses ne sont pas sensibles à la théorie. Hitler l’avait très bien compris, il parlait aux fantasmes des gens, pas à leur esprit rationnel. Par contre, les gens sont sensibles aux réalisations pratiques. Si une lutte réussi à obtenir son but ou un des ses buts, il suffit de montrer le résultat et les gens viendront d’eux-mêmes poser des questions.
Maintenant la question subsidiaire. Est-ce que je crois qu’une révolution est possible en occident ? J’espère me tromper mais je dis non. Nous sommes trop coupés de notre véritable nature pour que cela soit possible. Par contre, je crois à un effondrement du capitalisme de l’intérieur. Comme l’empire romain, l’empire capitaliste n’a pas d’ennemi à sa taille. De plus le capitalisme a atteint ses limites, ce qui implique que les luttes entre capitalistes vont devenir de pire en pire. Nous assistons déjà à des guerres semblables à celles qui ont précipiter la chute de l’empire romain, où des armées barbares (Al-Quaida etc.) étaient alliées à des légions romaines pour faire la guerre à d’autres armées barbares alliées à d’autres légions romaines. Et comme dans l’empire romain de cette époque, de plus en plus de citoyens sont mécontents et cherchent la tangente. Il y a toujours une tangente. Cela peut être de vivre en autarcie dans une ferme, de fonder une communauté de troc de services, en fait tous les modes de vie qui permettent de ne payer moins d’impôts. Les riches n’en paient déjà presque pas, alors si en plus les pauvres s’organisent pour ne pas en payer, le compte est vite fait.
Le fond de l’histoire est toujours le même et c’est aussi pourquoi je suis très pessimiste. Marx a très bien montré que le problème de notre société commence au moment où l’être humain a commencé à dominer la nature. Cela a influencé tous les autres rapports humains et donc le mouvement historique de la société. À leur tour, ces nouveau rapports humains de domination ont renforcé la domination de l’homme sur la nature, ce qui consiste en un cercle vicieux qui tend à se renforcer avec le temps. Avec l’industrialisation, nous avons passé la vitesse supérieure de cette domination, et il est juste de constater qu’il existe un couple fasciste-machine qui est opposé au couple pouvoir populaire-naturalité.
Cela implique que l’exploitation de l’homme par l’homme dont la guerre est la forme ultime, et l’exploitation de la nature jusqu’à sa destruction sont un seul et même problème. Et aussi que pour le résoudre, il faut changer le rapport de l’homme avec la nature.
Le manifeste communiste est très joli, mais en voulant subordonner l’économie la seule satisfaction égoïste des besoins humains, il ne peut que produire un système productiviste basé sur l’exploitation des ressources de la nature. Cela ne changera jamais rien de plus que la forme du problème. Pour pouvoir changer le fond, il est indispensable de subordonner l’économie à la satisfaction des besoins de la nature, l’être humain faisant partie de la nature. Je ne vois pas d’autre moyen pour inverser ce cercle vicieux du pire dans lequel nous vivons depuis l’Antiquité et dans lequel le capitalisme n’est rien de plus que la dernière version d’un système d’exploitation généralisée.
Toutes les sociétés ne séparent pas comme nous nature et culture, et celles qui ne les séparent pas sont beaucoup plus paisibles que la nôtre.