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Bob Dylan, le sacre d’un monument de la contre-culture américaine (vidéos)

samedi 15 octobre 2016, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 15 octobre 2016).

Bob Dylan, le sacre d’un monument de la contre-culture américaine

https://www.letemps.ch/culture/2016…

Publié par Antoine Duplan

Spécialiste cinéma

Le jeudi 13 octobre 2016 à 15:39

 

A 75 ans, le chanteur américain touche la suprême récompense : le Prix Nobel de littérature. Une récompense méritée pour cet héritier de Woody Guthrie et de Rimbaud dont la poésie a eu un impact incomparable sur les années 60 et au-delà

Combien de routes un poète doit-il parcourir pour recevoir le prix Nobel de littérature ? Elles sont innombrables qui mènent des brumes de Duluth, Minnesota, à l’effervescence folk de Greenwich Village, des paradis artificiels électriques à la Woodstock Nation, de Sam Peckinpah au pape, de Joan Baez à Francis Cabrel, du judaïsme à Jésus, des clubs enfumés aux stades, des illuminations rimbaldiennes à la musique traditionnelle nord-américaine… Sans oublier toutes celles que Bob Dylan sillonne depuis bientôt trente ans avec le Never Ending Tour, cette tournée sans fin, ce glorieux crépuscule où, soir après soir, devant des audiences de plus en plus sidérées, de plus en plus clairsemées, il s’ingénie à saborder son œuvre…

Combien d’années une montagne peut-elle exister avant d’être balayée par la mer ? Cinquante-quatre ans depuis « Bob Dylan », le premier LP, pour que le monument de la contre-culture américaine reçoive le suprême honneur. Il a longtemps figuré parmi les favoris (Dario Fo, qui vient de mourir, lui avait grillé la politesse en 1997…), mais semblait ne plus avoir la cote. Coup de tonnerre dans le ciel d’octobre, le Prix Nobel de littérature 2016 est décerné à Bob Dylan, 75 ans, « pour avoir créé dans le cadre de la grande tradition de la musique américaine de nouveaux modes d’expression poétique », selon les termes de la secrétaire générale de l’Académie suédoise, Sara Danius. Il est le premier musicien à être récompensé par l’Académie depuis la création du prix en 1901.

« Poésie pour l’oreille »

« Bob Dylan écrit une poésie pour l’oreille », a précisé l’Académie. D’une certaine façon son écriture est difficilement dissociable de son phrasé (cette façon unique de laisser traîner une syllabe, ces bémols de cynisme existentiel), de son timbre que bien des canards lui envient, de cette voix de brouillard ou de mélécasse (selon les périodes). Mais son verbe existe indépendamment de la musique.

Bob Dylan s’est fait en lisant tous les grands classiques américains, russes et français, mais aussi en écoutant tous les classiques du folk américain. Dans ses premiers albums, il se pose en héritier de Woody Guthrie et autres troubadours qui, guitare au poing, propageaient les nouvelles et commentaient l’actualité.

Une première de ces grandes chansons est « A Hard Rain’s Gonna Fall », un commentaire visionnaire de la crise des missiles en octobre 1962. Cette « pluie dure qui va tomber » engendre un monde apocalyptique que le chanteur décrit longuement à un « enfant aux yeux bleus » jusqu’aux « profondeurs des plus profondes forêts noires […] où noir est la couleur, où rien est le nombre ».

Bob Dylan - 1964 - A Hard Rain’s A-Gonna Fall

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Dans sa veine politique, le jeune homme en colère trouve les mots justes pour cingler les maîtres du monde, les facteurs de guerre (« Only A Pawn in Their Game », « With God on Our Side »…) et annonce que les temps changent (« The Times They Are A-Changin’ ») – la jeunesse saura l’entendre. Dans le poignant « The Lonesome Death of Hattie Caroll », il dénonce le jeune gentleman du sud qui, d’un coup de canne, tue sa vieille servante noire et, plus encore la clémence de la justice à l’égard de l’assassin – « Voici le moment de vos larmes »…

Chansons d’amour

Dès 1964, le petit prophète en colère prend des chemins courtois. Ses chansons d’amour mêlent l’inspiration poétique à la cruauté psychologique. Chronique d’une débâcle sentimentale, « Ballad in Plain D » se conclut par ce quatrain fataliste : « Ah, mes amis emprisonnés me demandent, « Est-ce bon, est-ce bon de se sentir libre ? » Et je leur réponds fort mystérieusement « Les oiseaux sont-ils libres des chaînes du ciel ? ».

Au mitan des années 60, Dylan exaspère les puristes du folk en saisissant une guitare électrique. Stimulés par l’idiome rock, ses vers accèdent à une dimension supérieure. « Like A Rolling Stone », l’une des plus grandes chansons du monde, est un réquisitoire impitoyable contre une femme qui croyait avoir l’air mais qui a dégringolé. « Il fut un temps où tu t’habillais si chic Tu jetais la pièce aux clodos, n’est-ce pas ? » siffle-t-il, venimeux, avant de cingler au refrain… « Mais comment te sens-tu D’être livrée à toi-même Comme une pierre qui roule ? »

« Bouche de mercure »

Bob Dylan a sans doute atteint le sommet de son art dans « Blonde on Blonde », le double album de 1966, celui qui contient les plus belles chansons d’amour (« Just Like A Woman », « I Want You »), mais aussi des blues surréalistes convoquant des cortèges de personnages hallucinés (« Stuck Inside of Mobile with the Memphis Blues Again »), une rumination introspective de drogué en attente de l’Armageddon (« Visions of Johanna ») et « Sad-Eyed Lady of the Lowlands », une ballade irlandaise dans laquelle le poète déclare sa flamme à travers un flux d’illuminations : « Avec ta bouche de mercure en tes temps missionnaires Et tes yeux comme de la fumée et tes prières comme des rimes Et ta croix d’argent et ta voix comme un carillon… »

Bob Dylan - 1966 - Sad-Eyed Lady of The Lowlands

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Rimbaud a cessé d’écrire à l’âge où Dylan a commencé. Dylan écrit toujours des chansons (son 37e album, « Fallen Angels », est sorti dans l’indifférence en avril), mais sa verve poétique s’est apaisée, avec d’occasionnels beaux retours de flamme (« Mississippi », « ’cross the Green Mountain », « Love Sick »…).

Gods and Generals - Bob Dylan - Cross The Green Mountain

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La puissance de certains de ses textes, l’impact qu’ils ont eu sur les années 60, les tonnes d’exégèses qu’ils ont inspirées, font indéniablement de lui un des plus grands poètes des temps modernes (« Modern Times », 2005). Quant à ceux qui n’aiment pas sa musique ni sa voix, « Tarantula », roman expérimental, et « Chroniques, volume 1 », autobiographie parcellaire, prouvent que Dylan est l’héritier légitime de la grande littérature américaine.

Bob Dylan Prix Nobel de littérature 2016 (vidéo) :

http://mai68.org/spip/spip.php?article11466

Enregistré sur France 2 le 13 octobre 2016 vers 20 heures

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Note de do : Moi je trouve ça très bien que Bob Dylan soit ainsi reconnu. Pierre Assouline est un gros jaloux ! Et bien entendu, le beau Bama n’a pas pu s’empêcher de faire de la récup !

Cliquer ici pour l’article et les commentaires

Bob Dylan - 1965 - Il se passe quelque chose, Mr Jones, et vous ne savez pas quoi… (vidéo 5’58) :

http://mai68.org/spip/spip.php?article11467

Bob Dylan - 1965 - The Ballad of a Thin Man

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Cliquer ici pour les paroles, leur traduction et une explication de texte, et les commentaires

2 Messages de forum

  • Bib Dylan, de son vrai nom Robert Zimmerman n’est rien d’autre qu’un juif sioniste.

    Bob Dylan, 1961-1971 : la révolte sans la révolution :

    Le père de Bob fréquente le Rotary Club et la loge juive maçonnique B’nai Brith.

    Pour mémoire, le B’nai Brith n’était pas qu’une "loge" maçonnique, mais belle et bien une organisation sioniste, et ce dés sa fondation, à tel point que son grand maitre, en 1897, au 1er congrès sioniste de Bâle, s’était illistré en faisant un discour qui est comparé par certains au protocole des sages de Sion.

    Donc quand je lis : « on cherche encore le “ Dylan ” des guerres d’Irak et d’Afghanistan, à commencer par Dylan lui-même », allez je vais être gentil et dire seulement Heureusement ! Car les faux-culs qui ne voient pas leur propre racisme et critiquent celui des autres, ils n’ont toujours servis que le racisme qu’ils cachent.

    Dans les commentaires de Le militantisme des chanteurs prétendument engagés a ses limites : Neil Young obligé d’annuler son concert en Israël, nous pouvons lire :

    Dylan est, justement, un bel exemple de l’opportunisme de ces gens-là, qui ont surfé sur la vague libérale pacifiste et antimilitariste dans les années 60 parce que c’était dans l’air du temps et que cela rapportait des sous.
    Et Dylan vit encore sur la réputation qu’il avait acquise alors.

    Mais qui sait, par exemple, qu’il soutient inconditionnellement Israël, et cela depuis longtemps ?
    Dans cet article en anglais, écrit en 2011, l’auteur explique pourquoi Dylan, qui devait se produire, le 20 juin de la même année, au stade de Ramat Gan en Israël ne cèderait pas aux demandes de boycott de l’association BfW (Boycot from Within), créée en Israël pour soutenir le mouvement BDS.

    En 1971, déjà, Time Magazine écrivait que Dylan "retournait à sa judéité", qu’il lisait toutes sortes de livres sur le judaïsme et qu’il s’était rendu en Israël l’année précédente.

    Cela n’aurait rien de répréhensible, évidemment, s’il n’avait aussi déclaré à l’époque avoir une grande admiration pour la LDJ et son dirigeant, le rabbin Meir Kahane, qu’il avait décrit comme "un type très sincère".

    Or, c’est ce même Meir Kahane, qui prônait l’expulsion forcée de leur terre natale de tous les Palestiniens, et qui fondait le parti Kach, qui avait par la suite été interdit de participation à la politique israélienne pour racisme.
    On doit pouvoir trouver plus modéré.

    En 1983, Dylan publiait une chanson dans son album Infidels intitulée "Neighborhood Bully” (la brute du quartier) où il défend les actions d’Israël et son "droit de se défendre".
    Cette chanson était une réponse au tollé international à la suite de l’offensive menée en 1982 au Liban, qui avait tué 18000 civils libanais et en avait blessé environ 30000.
    (Voir les paroles de la chanson dans l’article cité).
    Etc.
    Alors, évidemment, Dylan s’est bien produit, ce fameux 20 juin 2011, au stade de Ramat Gan.
    Il y a chanté "Blowing in the Wind’, où il demande, par ex : combien de fois doivent être lancés les boulets de canons avant qu’on les interdise pour toujours ?.
    C’est une bonne question.

    Pas mieux, en ajoutant que ."Neighborhood Bully” est aujourd’hui un des hymnes de la droite dure israélienne.

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