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LE SOPHISME DE L’OFFRE ET DE LA DEMANDE !

vendredi 28 octobre 2016

L’ARTICLE EST DISPONIBLE SUR LE WEBMAGAZINE

Le moteur de l’économie capitaliste

Récemment, notre webmagazine a publié un article présentant la « Loi » de l’offre et de la demande (1). Pour comprendre la mystification que dissimule cette supposée « Loi », il faut savoir que vendre – ou répondre à la demande du marché – n’est absolument pas le moteur qui propulse le mode de production capitaliste (2). Vendre est simplement un moment nécessaire à la réalisation de la plus-value, condition requise pour la reproduction élargie du profit, moteur et objectif fondamental de la circulation du capital. En d’autres termes, produire – soutenir l’offre pour reprendre l’expression des économistes – et satisfaire à la demande du marché – sont des conséquences et non pas un objectif de ce mode de production dont la mission fondamentale est de valoriser le capital.

Chaque fois que le capital croit avoir déniché une astuce pour ne pas transiter par le sillon de la production des marchandises afin d’assurer sa reproduction élargie il s’engage dans cette voie sans issue avec le bonheur que l’on connait. Ainsi, l’astuce d’imprimer de la monnaie à profusion (QE) ne peut être qu’un pauvre placébo qui ne sert qu’à retarder et à aggraver les conséquences de la crise des capitaux. Nous y reviendrons.

Prix et valeur

Contrairement à ce que laisse entendre la « Loi » de l’offre et de la demande, la « valeur » marchande d’un produit (qui est différente de son « prix ») ne s’établit pas dans la sphère de la commercialisation, mais dans la sphère de la production. Quand un produit est fabriqué ex nihilo et lancé sur le marché, son prix est déjà fixé. Tout « solde » (vente à rabais) ou toute hausse de prix subséquent n’est qu’un ajustement monétaire. Marx a démontré qu’en moyenne une marchandise se vend à sa « valeur ». Si une certaine marchandise est vendue en dessous de sa valeur, c’est qu’une autre est vendue au-dessus de sa valeur. C’est la valeur qui détermine le prix d’un produit et non pas le jeu de l’offre et de la demande, sa rareté ou son abondance ou une autre variable d’une supposée « loi du marché ».

La valeur marchande d’un produit (ou d’un service) est équivalente à la quantité de force de travail qu’il renferme alors que le prix d’un produit est la représentation de cette valeur marchande dans une monnaie particulière. Ainsi, un produit aura un prix en euros, un prix en dollars, et un prix en yuans, etc. En économie capitaliste, en phase impérialiste, les économies nationales étant fortement imbriquées ces prix ont tendance à s’harmoniser. Par contre, si une banque centrale (FED) ou multinationale (BCE ou franc CFA) émet trop de monnaie par rapport à la « valeur » marchande totale disponible sur son marché, le prix des produits aura tendance à augmenter, ce sera l’inflation des prix alors que la « valeur » elle restera inchangée. Ce processus d’ajustement est indépendant de la « loi » de l’offre et de la demande et de la « loi » du marché.

Inflation et déflation

L’inflation (hausse) ou la déflation (baisse) du prix des marchandises est un mécanisme d’ajustement par lequel le « prix » s’ajuste en fonction de la « valeur – du taux de change » – de la monnaie utilisée sur un marché national donné. L’inflation, ou l’augmentation des « prix » est en réalité une dépréciation de la « valeur » de la monnaie ce médiateur universel des échanges. C’est habituellement dû au fait que trop d’argent a été injecté sur ce marché par rapport à la « valeur d’échange » globale disponible. L’accroissement du capital "argent-marchand" se fait habituellement par la propagation du crédit comme nous l’avons décrit dans un texte précédent (3).

Cependant chacun aura remarqué que malgré la profusion de capital monétaire disponible sur le marché mondial, les dollars notamment, l’inflation est jugulée dans la plupart des pays développés. Comment expliquer cette incongruité ? C’est que le capital est extrêmement concentré entre les mains de quelques privilégiés (et accumulé chez les banquiers) ce qui signifie que ce capital n’encombre pas les marchés de la production et de la consommation et il provoque peu d’inflation des « prix ». Cette masse de capital liquide encombre plutôt les marchés boursiers où elle engendre des surenchères boursières extravagantes, auxquelles les banques participent en attendant leur mise en faillite comme la Deutsche Bank en était menacé récemment (4). Le groupe ATTAC, les ONG stipendiées, les altermondialistes, et d’autres gauchistes réclament à cor et à cri une équitable répartition de cette richesse proposant courageusement que l’on prenne l’argent des riches pour le donner à la « classe moyenne ». Vous aurez compris que ce capital, qui existe réellement – méfiez-vous des gens qui prétendent qu’il est « irréel » –, est spéculativement surévalué. À intervalle régulier le marché boursier connait des ajustements ou le capital financier est dévalué et ramené à sa juste « valeur » et les actifs transigés restaurer à leur juste « prix ». Toujours se rappeler que la "valeur" doit correspondre au temps de travail dépensé. La "valeur" n’est pas le résultat des surenchères spéculatives sur les marchés financiers. Le capital sous sa forme monétaire

La quantité de monnaie de dépôt et de monnaie de crédit disponible n’a aucune incidence sur la valeur d’échange. Par contre, cette variable a une incidence sur le « prix » et ultimement sur la demande de produits. L’émission de monnaie sous forme de billets de banque ou sous forme scripturale ou numérique (cartes de crédit, hypothèques, traites, actions, obligations, etc.) accroit énormément la quantité de monnaie en circulation, alors que la monnaie devrait normalement refléter strictement la valeur marchande produite. Cette surabondance de monnaie – surtout sous forme de prêt à intérêt – modifie la répartition de la plus-value entre les différents acteurs de l’économie. Ce qu’il faut retenir, c’est que l’émission inconsidérée de monnaie (sous toutes ses formes) réduit la valeur de chaque unité (dollar, etc.). Comme à court terme le salaire des travailleurs est inélastique ; tout comme les allocations que l’État distribue ; ainsi que les prestations de retraite, tous ces consommateurs, à revenu fixe, sont confrontés à une baisse de leur pouvoir d’achat à chaque augmentation de « prix », à chaque dévaluation du capital monétaire. Autrement dit, la portion que ces gens reçoivent de la valeur d’échange produite par le travail salarié diminue, autre façon de spolier le salarié. Il en sera de même pour les capitalistes industriels qui négocient leurs achats des mois à l’avance. Seuls les financiers et les banquiers augmentant le loyer de l’argent (les taux d’intérêt sur les prêts) pourront ajuster leurs revenus et s’emparer d’une plus grande partie de la plus-value, réduisant à la portion congrue les autres bénéficiaires (sic).

Cependant, en augmentant la quantité de monnaie sur le marché les banquiers en réduisent la « valeur » unitaire en même temps que la profitabilité. Si le financier ne peut se renflouer en augmentant le loyer de l’argent (taux d’intérêt sur les prêts gelés depuis des années) il court à la faillite comme le démontre la dégringolade récente de la Deutsche Bank (5), et l’endettement se généralise à travers le crédit comme nous l’avons déjà écrit (6).

La fixation du « prix » à partir de la « valeur »

Si vous souhaitez connaitre la « valeur » d’une marchandise, additionnez son cout de production et la plus-value (valeur ajoutée) qu’elle contient. Des « valeurs » que le marché des producteurs et des grossistes fixe bien avant l’apparition des articles en magasin. Ainsi, les vêtements (chemisiers) qui seront offerts à l’été 2017 sont préfinancés en 2016 et manufacturés une année à l’avance sur les chaines de montage des « sweats shops » du Bangladesh, du Vietnam ou de l’Inde. C’est pendant ce processus de production que la « valeur » – qui deviendra un « prix » pour le consommateur – sera produite en même temps que la marchandise et à travers cette marchandise. La production de la « valeur » d’un chemisier procèdera de la façon suivante ; le capitaliste industriel qui aura arraché la commande obtiendra peut-être une avance qu’il complètera en contractant un emprunt de capital – avec ce pécule il achètera du tissu, du fil, des boutons, de l’énergie, des machines à coudre, un vieil édifice chambranlant à Calcutta où il paiera le prolétariat au plus bas salaire qui soit et ces salariés dépenseront une partie de leur temps de vie au travail à transférer au produit fini la « valeur » déjà incluse dans les matières premières, l’énergie, la machinerie (capital fixe ou Cc) ; une autre partie de leur temps de vie au travail sera consacré à produire la « valeur » de leur force de travail (salaire ou capital variable ou Cv), et la dernière partie de leur temps de vie au travail sera expropriée par le capitaliste et deviendra le dividende industriel, mais aussi la rente, l’intérêt sur le prêt, le profit commercial, les prélèvements de l’État, tous les éléments qui, additionnés, constitueront la « valeur » – mais pas encore le « prix » – du produit qui sera mis en marché l’année suivante dans une boutique de Montréal, à des milliers de kilomètres de Calcutta. Si ce manufacturier indien à force d’ingéniosité perverse parvient à augmenter la productivité de ses esclaves salariées en augmentant les cadences sur la chaine de montage, ou en innovant pour un gain d’efficacité (gain de temps et gain de valeur), il vendra pourtant ses chemisiers au prix conventionné, empochant au passage une plus-value extra à l’insu de la « Loi de l’offre et de la demande », du marchand et de ses clients, bien avant la mise en marché des chemisiers. Toujours se rappeler qu’économiquement parlant, l’ensemble de ce procédé n’a pas pour objet de mettre en marché des chemisiers, mais de valoriser le capital engagé, de le reproduire et l’accumuler pour lui faire refaire un nouveau cycle et profiter.

Le « prix » d’un produit

Le « prix » d’un chemisier, préfixé l’an passé, au moment de le commander, sera ajusté en fonction de sa « valeur », c’est-à-dire en fonction du temps de travail qu’il contient ; en fonction du taux de change de la monnaie (ici le dollar canadien) ; et en fonction des redevances et des taxes en vigueur au moment de l’entrée des chemisiers sur le marché. Il faut se rappeler que le « prix » d’un produit est la représentation de sa valeur marchande dans une monnaie sonnante et trébuchante. Comme on peut le constater, la rareté ou l’abondance d’un produit n’ont aucune incidence sur sa valeur ni sur son prix.

Écologie, environnement, productivisme

Nonobstant la pseudo « loi » de l’offre et de la demande chacun doit comprendre que, quel que soit le mode de production en vigueur, que ce soit sous l’esclavagisme de la Rome antique, sous le féodalisme au Moyen-âge, ou sous le capitalisme industriel, produire des biens et des services, produire des marchandises pour satisfaire les besoins humains impliquera toujours d’extraire, de transformer et de consommer des ressources que seule la Terre mère peut offrir, en attendant de pouvoir les extraire des astéroïdes.

Ce n’est pas l’application du sophisme de la « loi » de l’offre et de la demande, ou de la « loi » du marché et de la concurrence qui engendre le « productivisme », le « réchauffement climatique » et les modifications de l’environnement. Contrairement à ce que prétendent les petits-bourgeois altermondialistes, éco-socialistes, écologistes, ainsi que les apologistes de la pauvreté volontaire pour les prolétaires, le grave problème qui confronte les sociétés humaines vivant sous le capitalisme en phase impérialiste n’est pas de nature écologique, climatique, géographique, démographique, ou « islamiste » (sic), il est de nature économique. Ce mode de production ne parvient plus à valoriser et à reproduire le capital. Or, c’est sa mission fondamentale. C’est pourquoi s’enchainent les cataclysmes industriels, financiers, monétaires, boursiers, sociaux, militaires qui pourraient bien nous conduire à la guerre nucléaire (7). Conséquemment, au lieu de tenter de « réformer » ce mode de production pour le rendre moins gourmand et plus performant écologiquement pourquoi ne pas le détruire en même temps que l’État qui le gouverne ? Le mode de production capitaliste fonctionne comme il est prévu qu’il fonctionne, et ses ratés ne sont pas causés par une mauvaise gouvernance, des manigances ou un complot de Bilderberg, qui ne sont que de misérables atermoiements avant la déchéance du système. Rendez service aux riches, abrégées leurs souffrances.

Suite à la révolution prolétarienne ce n’est pas l’économie socialiste qu’il faudra construire, mais le mode de production communiste que le prolétariat devra ériger, d’ici là camarades, éloigner « l’avant-garde », nos ennemis on s’en charge.

Notes

(1) http://www.les7duquebec.com/7-daill… (2) https://fr.wikipedia.org/wiki/Offre… (3) http://www.les7duquebec.com/7-au-fr… (4) http://www.les7duquebec.com/7-au-fr… (5) http://www.les7duquebec.com/7-au-fr… (6) http://www.les7duquebec.com/7-au-fr… (7) http://www.les7duquebec.com/7-daill…

1 Message

  • LE SOPHISME DE L’OFFRE ET DE LA DEMANDE ! 29 octobre 2016 22:58, par Luniterre

    https://www.marxists.org/francais/marx/works/1865/06/km18650626e.htm


    Salaire, prix et profit_Karl Marx

    « Mais examinons la question d’un point de vue plus large. Vous seriez tout à fait dans l’erreur si vous admettiez que la valeur du travail ou de toute autre marchandise est, en dernière analyse, déterminée par l’offre et la demande. L’offre et la demande ne règlent pas autre chose que les fluctuations momentanées des prix du marché. Elles vous expliqueront pourquoi le prix du marché pour une marchandise s’élève au-dessus ou descend au-dessous de sa valeur, mais elles ne peuvent jamais expliquer cette valeur elle-même. Supposons que l’offre et la demande s’équilibrent ou, comme disent les économistes, se couvrent réciproquement. Eh bien ! au moment même où ces forces antagonistes sont d’égale puissance, elles s’annihilent réciproquement et cessent d’agir dans un sens ou dans un autre. Au moment où l’offre et la demande s’équilibrent et par conséquent cessent d’agir, le prix du marché pour une marchandise coïncide avec sa valeur réelle, avec le prix fondamental autour duquel oscille son prix sur le marché. Lorsque nous recherchons la nature de cette valeur, nous n’avons pas à nous préoccuper des effets passagers de l’offre et de la demande sur les prix du marché. Cela est vrai pour les salaires comme pour le prix de toutes les autres marchandises. »

    .


    Comme d’hab, sous prétexte de faire plus « marxiste » que Marx lui-même, Bibeau simplifie à l’extrême, oublie la dialectique la plus élémentaire,
    et se trouve en difficulté (sur Agoravox…) pour faire des réponses cohérentes…


    Même Wikipédia fait mieux :

    _ https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9orie_de_la_valeur_(marxisme)

    "Quand une machine est utilisée pour fabriquer un objet, la valeur transmise doit prendre en considération le temps de travail humain qui fut nécessaire pour fabriquer la machine, qu’on répartira ensuite sur le nombre total d’objets qu’est capable de fabriquer la machine avant d’être détruite. Lorsque les machines sont performantes, ou lorsqu’elles sont faciles à construire, la valeur des objets baisse car elles transmettent moins de travail humain à chaque objet. C’est effectivement le cas pour les métiers fortement automatisés aujourd’hui.

    Le prix de l’objet est la mesure de la valeur. Ce prix peut varier (à la différence de la valeur intrinsèque définie précédemment), selon la monnaie et le marché, c’est-à-dire l’offre et la demande totale en marchandises. Le prix oscille autour de la valeur moyenne de l’objet."

    .

    En résumé, il est donc évident que le prix et la valeur sont deux notions très différentes, quoique dialectiquement liées.

    Si en règle général et en temps »normal« , ces deux notions en viennent à »s’égaliser« , ce n’est évidemment pas le cas en période de crise, et notamment de crise de surproduction…

    La production capitaliste, pour valoriser le capital, vise à répondre à des besoins solvables…

    Lorsqu’il n’y a plus d’acheteurs solvables, ou moins de demande, le »prix« baisse, mais pas la »valeur« , liée au travail et au coût de production…

    C’est ce »découplage" valeur-prix, qui est une des causes évidentes de la crise…

    Ne pas confondre les efforts pathétiques, même si parfois méritoires, de Bibeau, et la dialectique marxiste, difficile à résumer dans un seul article, quoiqu’il en soit !

    Luniterre

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