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Cardiologie - Sport et stress, un dangereux cocktail

mardi 10 janvier 2017, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 10 janvier 2017).

Des scientifiques ont mis en évidence que les efforts intenses sont associés à un risque accru d’accident du cœur : il serait 2,31 fois plus important lorsqu’on transpire à grosses gouttes. Même chose lorsqu’on est particulièrement énervé : le risque est multiplié par 2,44. Et en combinant l’effort intense et le stress, il est alors triplé.


Sport et stress, un dangereux cocktail

https://www.letemps.ch/sciences/201…

Fabien Goubet
Publié lundi 9 janvier 2017 à 16:54

Les efforts physiques intenses et un état d’énervement peuvent déclencher des crises cardiaques. Bon à savoir si vous comptez vous remettre au sport en ce début d’année

De toutes les résolutions de nouvelle année, celle de se remettre au sport figure sans doute en haut de la liste. Rechausser les baskets, enfiler ce maillot décidément un peu étroit et aller brûler des calories est en effet un des meilleurs moyens pour prendre soin de sa santé.

Attention toutefois à ne pas transformer les bénéfices en risques, rappelle une étude parue en fin d’année dans la revue scientifique « Circulation ». S’intéressant aux facteurs de déclenchement des infarctus du myocarde, les auteurs concluent que les efforts physiques intenses et l’état d’énervement durant la pratique sportive peuvent accroître le risque de subir un tel accident, du moins chez les personnes à risque.

Large échantillon

Alors que les études habituellement publiées sur ce sujet se contentent d’échantillons modestes de participants au sein d’un unique pays, souvent occidental, les présents travaux ont été menés auprès de 12 461 hommes et femmes vivant dans 52 pays et ayant récemment subi leur premier accident cardiaque. L’objectif des médecins était de comprendre quels facteurs avaient pu déclencher un tel accident chez ces patients, en s’intéressant notamment à leur activité physique et à leur état émotionnel durant les quelques jours précédant les faits, sans biais lié à un mode de vie particulier.

Le lendemain ou le surlendemain de l’accident, chaque personne a rempli un questionnaire standardisé dont le but était de déterminer si il ou elle avait fait des efforts intenses ou était dans un état d’énervement ou de stress particulier durant l’heure précédant l’attaque, ainsi que la veille à la même heure à titre de comparaison.

De nombreuses autres données concernant l’âge, l’origine ethnique, le régime alimentaire, le niveau d’éducation ou encore l’hygiène de vie ou les antécédents familiaux ont également été collectées. Puis les chercheurs ont lancé leurs analyses statistiques.

Un risque doublé

Ils ont ainsi mis en évidence que les efforts intenses sont associés à un risque accru d’accident du cœur : il serait 2,31 fois plus important lorsqu’on transpire à grosses gouttes. Même chose lorsqu’on est particulièrement énervé : le risque est multiplié par 2,44. Et en combinant l’effort intense et le stress, il est alors triplé comparé à la veille. Quant aux autres facteurs pris en considération, ils n’ont pas fait varier ces résultats.

Comment interpréter ces conclusions a priori en contradiction avec les recommandations médicales ? « Les résultats sont à manier avec précaution », avance perplexe Gérald Gremion, médecin du sport au Centre hospitalier universitaire de Lausanne (CHUV). Et le spécialiste d’expliquer que le type d’effort, explosif ou d’endurance, n’est par exemple pas pris en compte. Ils ont pourtant leur importance. Si les premiers peuvent contribuer à un risque accru d’infarctus, les seconds en revanche permettent la sécrétion d’endorphines, à l’effet protecteur. « Les problèmes cardiaques aigus surviennent le plus souvent pendant un effort, donc oui le sport peut tuer, mais il ne faut pas oublier qu’il protège avant tout ! »

Cardiologue au CHUV, Vincent Gabus confirme que « l’association du stress et du sport augmente le risque de subir un infarctus immédiatement après l’effort, mais encore faut-il quantifier ce risque : on ne meurt pas dès qu’on fait du sport ou qu’on est stressé ! Ces deux facteurs restent quoi qu’il arrive beaucoup moins importants que les facteurs de risque habituels que sont l’obésité, le tabac et la sédentarité ». Ce que l’étude met en évidence, c’est que stress et sport constituent ce que les spécialistes appellent un « trigger » (déclencheur en français) d’infarctus.

Y aller molo

Les auteurs ne se sont pas penchés sur les mécanismes physiologiques impliqués dans les infarctus analysés. Les efforts et les émotions intenses « accélèrent la fréquence cardiaque ce qui finit par augmenter la pression artérielle par vasoconstriction, explique Gérald Gremion. Au final, cela peut boucher les vaisseaux sanguins cardiaques et déclencher un infarctus ».

« C’est une étude observationnelle, avec les limites que cela implique, ajoute Vincent Gabus. Il faut par exemple garder en tête que les patients de l’échantillon ont tous subi une crise cardiaque et sont donc considérés comme à risque. » Chez de tels patients, autrement dit des personnes sédentaires depuis une longue période, ou diabétiques, obèses, ou encore fumeurs, les efforts violents sont donc à proscrire, en particulier en cas de stress.

Les deux médecins sont formels, une activité sportive régulière et modérée ne présente aucun risque pour la santé. « Nous conseillons aux personnes qui reprennent le sport après des années d’inactivité d’y aller progressivement », explique Vincent Gabus. « Lors d’une journée stressante au travail, se dépêcher d’aller se défouler à la salle de fitness ou au squash durant la pause déjeuner n’est pas la meilleure idée : mieux vaut y aller en soirée, lorsque le stress est retombé », abonde Gérald Gremion.

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