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« Pirates somaliens » et mensonges impérialistes

mardi 14 avril 2009, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 14 avril 2009).

Original in english by Johann Hari Editorialiste, : www.huffingtonpost.com/johan…

Traduction de G.L. : http://bellaciao.org/fr/spip.php?ar…

London Independant

4 janvier 2009-04-13

« Pirates somaliens » et mensonges impérialistes …

Qui aurait pu imaginer qu’en 2009 les Gouvernements du Monde pourraient déclarer une nouvelle Guerre à la Piraterie ? Comme vous avez pu le lire, la « Royal Navy », épaulée par des navires de deux douzaines et plus d’autres pays, des navires des Etats-Unis jusqu’à la Chine, croisent dans les eaux somalienes pour arrêter des gens qui sont décrits comme des « méchants » d’opérette. Ils sont là pour combattre les navires somaliens et éventuellement poursuivre les pirates locaux d’un des pays de la Planète qui a été le plus détruit ces dernières années.

Mais derrière les « bonnes intentions » de ce conte de fée il y a un scandale dissimulé.

Les membres du Gouvernement somaliens sont labellisés comme « une des plus grande menace de notre temps » dans une histoire extravagante qui ne permet de prendre en compte aucune action de justice en sa faveur.

Les « Pirates » n’en ont rien à faire de ce que nous pensons d’eux. Au temps de l’ « Age d’Or de la Piraterie », de 1650 à 1730, la légende du fait que les Pirates étaient des "êtres insensibles", et une "menace sauvage", avait été, comme aujourd’hui, créée de toutes pièces par le Gouvernement britannique dans un grand effort de propagande. Mais de nombreuses gens du peuple ordinaire savaient que tout cela était faux. Les pirates les sauvaient bien souvent des griffes de leurs geôliers et de leurs fidèles gardiens. Comment peut-on le savoir ? : Dans son livre, « Gueux des tous les pays », l’historien Mark Rediker en fait une démonstration évidente : Si vous aviez été un marin de la Marchande ou de la Navy, vous auriez été enrôlé de force dans les docks du « London East End », jeune et affamé vous vous seriez vu finir lentement dans un enfer flottant. Vous auriez travaillé sans répit sur un navire de morts de faim, et si vous vous étiez rebiffé contre le second, le capitaine vous aurait traité au « Chat à neuf queues » ; et si vous aviez insisté on vous aurait jeté par-dessus bord. Et après des mois et des années de cette vie on vous aurait volé vos gages.

Les pirates ont été les premiers à se rebeller contre ce monde là. Ils se sont mutinés contre leurs capitaines tyranniques et ont inventé une autre manière de naviguer et de vivre sur la mer. Lorsqu’ils possédaient des navires les pirates élisaient leurs capitaines et prenaient leurs décisions collectivement. Ils géraient et dirigeaient leurs navires, ainsi que le rappelle Rediker, « de la manière la plus égalitaire par rapport aux ressources disponibles qu’on ai pu trouver au XVIIIe siècle ».

Ils libéraient aussi les esclaves africains et vivaient avec eux sur un pied d’égalité. Les pirates ont démontré très clairement, et subversivement, qu’un navire n’avait pas besoin d’être dirigé d’une manière despotique et brutale comme sur les navires marchands et sur ceux de la Navy. C’est pour ces raisons qu’ils étaient aussi populaires chez les gens, malgré leur rôle contreproductif pour la société.

Les paroles d’un pirate de la vieille époque, un jeune Britannique nommé William Scott, résonnent dans ce nouvel âge de la Piraterie. Juste avant d’être pendu en Caroline du Sud, il déclara : « Quoi que j’ai fait cela m’a permit de survivre. J’ai été contraint de devenir pirate pour survivre ».

En 1991, le Gouvernement de la Somalie, pays de la Corne de l’Afrique, a implosé. Neuf millions de personnes se sont retrouvées alors abandonnées et mourantes de faim, et de nombreuses puissances occidentales ont sauté sur l’occasion et l’opportunité de voler les biens de consommation du pays et de transformer ses eaux territoriales en une immense poubelle atomique.

Oui, en une poubelle atomique. Pas plus tôt le Gouvernement Somalien disparu, de « mystérieux » navires européens sont arrivés et ont commencé à croiser dans les eaux somalienes, larguant d’énormes fûts à la mer. La population côtière a commencé à être malade. En premier ils ont souffert d’étranges maladies cutanées, de nausées, et de malformation post-natales. Puis, après le tsunami, des centaines des ces barils jetés à la mer se sont retrouvés éventrés sur les plages. Les gens ont souffert d’irradiations et plus de 300 en sont morts. Amedhou Ould Albdallah, l’Envoyé des Nations Unies en Somalie m’a déclaré : « Quelqu’un a déversé du matériel nucléaire ici-même. Il y a aussi du plomb, ainsi que des métaux « lourds » ainsi que vous les nommez, tels du cadmium et du mercure ». Plusieurs de ces fûts ont pu être identifiés comme provenant d’hôpitaux et d’usines européennes. Il semblerait que ça soit la Maffia italienne qui se charge de faire le sale boulot ».

Alors que je demandais à Ould Albdallah ce que ces gouvernements avaient fait pour dédommager les populations il me répondit : « Rien. Il n’y a eu ni décontamination, ni dédommagement, ni prévention ».

En même temps, d’autres Gouvernements européens volaient dans les eaux somalienes ses principales ressources de pêche. Ils ont détruit en les surexploitant les réserves initiales de poissons et maintenant nous n’avons plus rien. Plus de 300 millions de pièces de thons, de crevettes, de homards et autres ont été volées chaque année par d’énormes chalutiers-usines pêchant illégalement dans les mers somalienes non protégées. Les pêcheurs locaux ont soudainement perdu leurs moyens de vivre et meurent de faim. Mohamed Hussein, un pêcheur de la vile de Marka, à 100 km de Mogadiscio, déclarait à Reuter : « Il n’y a plus rien à faire. Il n’y a plus un seul poisson dans les eaux côtières somalienes ».

C’est dans ce contexte que des personnes, qualifiées de « pirates » sont apparues. Tout le monde devrait pouvoir comprendre que les pêcheurs somaliens ordinaires qui au début utilisaient leurs navires de pêche pour tenter de « dissuader » les chalutiers et pêcheurs illégaux, ont fini par décider de les taxer. Ils se nomment eux-mêmes les « Gardes Côtes Volontaires » de Somalie et ça n’est pas difficile à comprendre. Dans un coup de téléphone « irréel », un de ces capitaines « pirates », Sugule Ali, déclare quel est leur motivation : « Stopper la pêche et la concurrence illégale dans les eaux territoriales. Nous ne nous considérons pas comme des « bandits de la mer ». Nous considérons que les vrais « bandits de la mer » sont ceux qui pêchent illégalement et nous concurrencent chez nous, qui jettent leurs ordures nucléaires dans nos eaux, et transportent des armes sur nos mers. Ce sont eux les « bandits ».

William Scott aurait pu prononcer ces mots là.

Nous ne justifions pas les « prises d’otages », (Bien sûr il y en a qui sont clairement de simples gangsters, spécialement ceux qui pillent les Aides internationales contre la Faim). Mais les « pirates » ont le support inconditionnel des populations locales pour les raisons que j’évoque. Le site web indépendant somalien « WardherNews » a conduit un sondage sur ce que pensent les Somaliens ordinaires et il a découvert que 70% des Somaliens supportent solidement la « piraterie » comme une forme de Défense nationale du pays dans ses eaux territoriales. Au cours de la Révolution américaine, Georges Washington et les Pères fondateurs payaient des pirates pour protéger l’Amérique et ses eaux territoriales car ils n’avaient ni Marine nationale ni Gardes-côtes. De nombreux américains les soutenaient alors ? Quelle différence ? .

Vous pensiez peut-être que les Somaliens allaient rester passifs sur leurs plages, piétinant dans votre poubelle nucléaire, en regardant comment vous mangez leurs poissons dans les restaurants de Londres, Paris ou Rome ? Vous ne voulez pas prendre pas acte de ces crimes mais quand ils y répondent en perturbant 20% du trafic pétrolier dans le corridor qui en permet le transit vous les qualifiez de « mal absolu ». Si vous désirez réellement combattre la piraterie commencez par stopper les causes de celle-ci, vos propres crimes, avant d’envoyer vos canonnières pour arrêter les « criminels » somaliens.

L’histoire de la « Guerre de 2009 contre la Piraterie » pourrait bien avoir été être résumée par un autre pirate qui vivait et mourut au IVe siècle avant JC : Il fut capturé et présenté à Alexandre le Grand qui lui demanda pourquoi il se croyait le Maître de la Mer. Il sourit et répondit : « Quand bien même je voudrait prendre la totalité du Monde, comme je ne possède qu’un petit navire on me nommera « voleur ». Alors que toi, comme tu possèdes une flotte entière, on te nomme « Grand Empereur ».

Peut après la flotte impériale appareilla. Mais qui était donc le plus grand voleur des deux ?

Envoyé par Kamau.

Traduct libre Gilong.

6 Messages de forum

  • http://www.huffingtonpost.com/johan…

    Who imagined that in 2009, the world’s governments would be declaring a new War on Pirates ? As you read this, the British Royal Navy - backed by the ships of more than two dozen nations, from the US to China - is sailing into Somalian waters to take on men we still picture as parrot-on-the-shoulder pantomime villains. They will soon be fighting Somalian ships and even chasing the pirates onto land, into one of the most broken countries on earth. But behind the arrr-me-hearties oddness of this tale, there is an untold scandal. The people our governments are labeling as "one of the great menace of our times" have an extraordinary story to tell — and some justice on their side.

    Pirates have never been quite who we think they are. In the "golden age of piracy" - from 1650 to 1730 - the idea of the pirate as the senseless, savage thief that lingers today was created by the British government in a great propaganda-heave. Many ordinary people believed it was false : pirates were often rescued from the gallows by supportive crowds. Why ? What did they see that we can’t ? In his book Villains of All nations, the historian Marcus Rediker pores through the evidence to find out. If you became a merchant or navy sailor then - plucked from the docks of London’s East End, young and hungry - you ended up in a floating wooden Hell. You worked all hours on a cramped, half-starved ship, and if you slacked off for a second, the all-powerful captain would whip you with the Cat O’ Nine Tails. If you slacked consistently, you could be thrown overboard. And at the end of months or years of this, you were often cheated of your wages.

    Pirates were the first people to rebel against this world. They mutinied against their tyrannical captains - and created a different way of working on the seas. Once they had a ship, the pirates elected their captains, and made all their decisions collectively. They shared their bounty out in what Rediker calls "one of the most egalitarian plans for the disposition of resources to be found anywhere in the eighteenth century." They even took in escaped African slaves and lived with them as equals. The pirates showed "quite clearly - and subversively - that ships did not have to be run in the brutal and oppressive ways of the merchant service and the Royal navy." This is why they were popular, despite being unproductive thieves.

    The words of one pirate from that lost age - a young British man called William Scott - should echo into this new age of piracy. Just before he was hanged in Charleston, South Carolina, he said : "What I did was to keep me from perishing. I was forced to go a-pirating to live." In 1991, the government of Somalia - in the Horn of Africa - collapsed. Its nine million people have been teetering on starvation ever since - and many of the ugliest forces in the Western world have seen this as a great opportunity to steal the country’s food supply and dump our nuclear waste in their seas.

    Yes : nuclear waste. As soon as the government was gone, mysterious European ships started appearing off the coast of Somalia, dumping vast barrels into the ocean. The coastal population began to sicken. At first they suffered strange rashes, nausea and malformed babies. Then, after the 2005 tsunami, hundreds of the dumped and leaking barrels washed up on shore. People began to suffer from radiation sickness, and more than 300 died. Ahmedou Ould-Abdallah, the UN envoy to Somalia, tells me : "Somebody is dumping nuclear material here. There is also lead, and heavy metals such as cadmium and mercury - you name it." Much of it can be traced back to European hospitals and factories, who seem to be passing it on to the Italian mafia to "dispose" of cheaply. When I asked Ould-Abdallah what European governments were doing about it, he said with a sigh : "Nothing. There has been no clean-up, no compensation, and no prevention."

    At the same time, other European ships have been looting Somalia’s seas of their greatest resource : seafood. We have destroyed our own fish-stocks by over-exploitation - and now we have moved on to theirs. More than $300m worth of tuna, shrimp, lobster and other sea-life is being stolen every year by vast trawlers illegally sailing into Somalia’s unprotected seas. The local fishermen have suddenly lost their livelihoods, and they are starving. Mohammed Hussein, a fisherman in the town of Marka 100km south of Mogadishu, told Reuters : "If nothing is done, there soon won’t be much fish left in our coastal waters."

    This is the context in which the men we are calling "pirates" have emerged. Everyone agrees they were ordinary Somalian fishermen who at first took speedboats to try to dissuade the dumpers and trawlers, or at least wage a ’tax’ on them. They call themselves the Volunteer Coastguard of Somalia - and it’s not hard to see why. In a surreal telephone interview, one of the pirate leaders, Sugule Ali, said their motive was "to stop illegal fishing and dumping in our waters… We don’t consider ourselves sea bandits. We consider sea bandits [to be] those who illegally fish and dump in our seas and dump waste in our seas and carry weapons in our seas." William Scott would understand those words.

    No, this doesn’t make hostage-taking justifiable, and yes, some are clearly just gangsters - especially those who have held up World Food Programme supplies. But the "pirates" have the overwhelming support of the local population for a reason. The independent Somalian news-site WardherNews conducted the best research we have into what ordinary Somalis are thinking - and it found 70 percent "strongly supported the piracy as a form of national defence of the country’s territorial waters." During the revolutionary war in America, George Washington and America’s founding fathers paid pirates to protect America’s territorial waters, because they had no navy or coastguard of their own. Most Americans supported them. Is this so different ?

    Did we expect starving Somalians to stand passively on their beaches, paddling in our nuclear waste, and watch us snatch their fish to eat in restaurants in London and Paris and Rome ? We didn’t act on those crimes - but when some of the fishermen responded by disrupting the transit-corridor for 20 percent of the world’s oil supply, we begin to shriek about "evil." If we really want to deal with piracy, we need to stop its root cause - our crimes - before we send in the gun-boats to root out Somalia’s criminals.

    The story of the 2009 war on piracy was best summarised by another pirate, who lived and died in the fourth century BC. He was captured and brought to Alexander the Great, who demanded to know "what he meant by keeping possession of the sea." The pirate smiled, and responded : "What you mean by seizing the whole earth ; but because I do it with a petty ship, I am called a robber, while you, who do it with a great fleet, are called emperor." Once again, our great imperial fleets sail in today - but who is the robber ?

    Johann Hari is a writer for the Independent newspaper. To read more of his articles, click here. or here.

    POSTSCRIPT : Some commenters seem bemused by the fact that both toxic dumping and the theft of fish are happening in the same place - wouldn’t this make the fish contaminated ? In fact, Somalia’s coastline is vast, stretching to 3300km. Imagine how easy it would be - without any coastguard or army - to steal fish from Florida and dump nuclear waste on California, and you get the idea. These events are happening in different places - but with the same horrible effect : death for the locals, and stirred-up piracy. There’s no contradiction.

    • Je suis loin d’être calé sur le sujet, toutefois il se trouve être toujours agréable de constater que des gens sont ici pour faciliter votre compréhension. Bravo !

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  • « Pirates somaliens » et mensonges impérialistes 15 avril 2009 07:56, par Himalove

    Les Frères de la côte somalienne méritent plus de respect que les crapules d’armateur, quintescence de la pourriture capitaliste.

    Il y a quelques années, le capitaine d’une honorable compagnie maritime n’avait pas hésité à jeter à la mer des passagers clandestins, sans papier, qui ne pouvaient pas payer leur transport.

    Par ailleurs, beaucoup d’armateurs n’hésitent pas, sous pavillon de complaisance, à trafiquer toute sorte de marchandise même des esclaves !

    Les plaisanciers les craignent comme la peste car leurs tankers traversent les couloirs maritimes comme des chauffards…

    Il y a eu sans doute plus de voiliers écrasés et coulés par ces monstres des mers que par les pirates…

    Ces négriers, alliés aux grandes compagnies pétrolières et aux industries de la pêche, ont fait beaucoup de mal à l’humanité et à la nature des fonds marins.

    Souvenez-vous de ces marins polonais, bloqués à quai, en France, sans salaire, et qui n’ont dû leur survie qu’aux syndicats des dockers…

    Comptez le nombre de marées noires causées par les compagnies maritimes…

    Calculez leurs nuisances…

    Les pirates somaliens ou malaisiens, comparés à ces grands prédateurs, ne sont que du menu fretin…

    Hier, j’écoutais sur l’émission C’est dans l’air, une canaille de reporter, appartenant à l’association des journalistes de la Défense.

    Ce va-t-en-guerre préconisait le bombardement des populations des côtes qui soutenaient l’économie de la flibuste ; il rêvait à voix haute de grands massacres !

    C’est tout juste s’il ne parlait d’un grand Tsunami pour éradiquer la piraterie du littoral de Somalie…

    L’air du grand large ennivre ces assassins…

    La Mer semble l’élément naturel de l’Impérialisme…

    Les Océans plus que la Terre sont des zones de non-droit : explosions sous-marines, pêches mortifères pour les espèces, transport, déportation et massacre massifs de gens…

    Cet élément liquide absorbe toutes les crapuleries des Maîtres de l’Univers.

    Les trois cents migrants morts et noyés, au large des côtes lybiennes ont fait moins de bruit, dans les médias, que l’attaque du "Carré d’As" et du "Tanit".

    Aucun journaliste n’a divulgué le nom de l’armateur qui avait armé le navire et la nationalité du bateau qui transportait ces clandestins.

    Les pirates somaliens sont, pour moi, marin d’eau douce et terrien, éminemment sympathiques.

  • En fait, la propagande mensongère du pouvoir sur les "pirates" de Somalie est destinée à nous faire accepter une nouvelle guerre, une guerre contre la Somalie !

  • C’est cool. Vos positions ne sont pas trop caricaturales et assez nuancées. Finalement c’est simple la géopolitique .

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