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Égypte - La rue égyptienne reste mobilisée, discussions en coulisses

samedi 5 février 2011, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 5 février 2011).

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samedi 5 février 2011, par La Rédaction

L’opposition égyptienne a réussi sa deuxième grande journée de mobilisation en réunissant des centaines de milliers de personnes à travers le pays sans toutefois faire fléchir un Hosni Moubarak dont la succession, objet d’ambitions, est au coeur de négociations en coulisses.

Pour ce deuxième rassemblement majeur, baptisé "jour du départ" qui coïncidait avec les prières du vendredi, les adversaires du président entendaient démontrer que leur détermination ne fléchissait pas.

La précédente manifestation, mardi, avait abouti à des concessions de la part de Moubarak qui avait annoncé son intention de ne pas briguer un sixième mandat lors de l’élection présidentielle prévue en septembre. Cette fois, le chef de l’Etat n’a pas cédé de terrain. Il est resté sur la position affichée la veille lors d’un entretien avec la chaîne américaine ABC.

Certes, le raïs admet, à 82 ans, qu’il en a assez après trois décennies à la tête de l’Egypte, mais il affirme qu’un départ anticipé plongerait son pays dans le chaos et risquerait de livrer le pouvoir aux Frères musulmans. Moubarak continue d’affirmer être le dernier rempart face aux risques d’anarchie.

Résonnant comme un écho à ces propos, le "guide suprême" de la Révolution iranienne, Ali Khamenei, s’est exprimé pour la première fois publiquement sur la crise politique égyptienne.

Il a salué un "mouvement de libération islamique" et a prédit que les Etats-Unis subiraient une "défaite irrémédiable" dans la région.

La possibilité de voir se reproduire en Egypte un scénario identique à celui de la révolution iranienne de 1979 constitue une crainte de la Maison blanche. L’Egypte est l’un des deux pays à avoir signé une paix avec Israël et elle joue un rôle de contrepoids à l’égard de l’Iran dans la région.

Malgré cela, Washington continue de faire pression sur son allié de 30 ans et Barack Obama a espéré vendredi que son homologue égyptien parviendra à prendre la "bonne décision".

"L’avenir de l’Egypte sera décidé par son peuple", a dit le président américain lors d’une conférence de presse commune avec le Premier ministre canadien, Stephen Harper.

"Ayant accompli cette rupture psychologique, ayant pris la décision de ne pas se représenter, je pense que la chose la plus importante qu’il doit à présent se demander, c’est comment rendre cette transition efficace, durable et légitime", a souligné Obama à l’adresse d’Hosni Moubarak, qui a annoncé qu’il ne briguerait pas un sixième mandat.

En marge de ces appels publics, les Américains ont reconnu qu’ils discutaient avec leurs partenaires égyptiens pour trouver les moyens d’une "transition ordonnée" et d’un départ anticipé du président Moubarak.

"La seule chose qui fonctionnera, c’est faire progresser une transition ordonnée qui commence tout de suite, qui engage tous les partis, qui mène à des pratiques démocratiques, des élections libres et équitables, un gouvernement représentatif qui réponde aux revendications du peuple égyptien", a expliqué Obama.

Le Premier ministre égyptien, Ahmed Chafik, a lui estimé que "plus de 95% du peuple égyptien voteraient pour que le président achève son mandat et ne se retire pas". Dans ce contexte, le vice-président, Omar Souleimane, va recevoir samedi des personnalités indépendantes qui proposent un règlement de la crise aux termes duquel il assumerait les pouvoirs présidentiels au cours d’une période de transition.

Cette option, qui se ferait avec l’appui de l’armée, acteur central dans le jeu politique en Egypte, était évoquée jeudi soir par le New York Times citant des responsables américains et des diplomates arabes.

Un "Conseil des sages" doit rencontrer Souleimane pour étudier une solution fondée sur la Constitution et permettant à Moubarak de transmettre son pouvoir à son adjoint, une option qui a l’aval des Etats-Unis et des cinq principales puissances de l’Union européenne.

Les sages pourraient se fonder sur l’article 139 de la Constitution, selon lequel le président peut nommer un ou plusieurs vice-présidents et définir leurs compétences. Mais l’article 82 complique le processus en prévoyant une délégation de pouvoir à un vice-président sans fournir à ce dernier les attributions nécessaires à la conduite des réformes constitutionnelles promises par Moubarak.

S’il reste en fonction, Hosni Moubarak voit son pouvoir être l’objet de nombreuses ambitions. L’ancien ministre des Affaires étrangères et actuel secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, s’est rendu au Caire à l’occasion de la manifestation.

Interrogé sur Europe 1, il a déclaré qu’il n’excluait pas de se présenter à l’élection présidentielle tout en affirmant ne pas croire que Moubarak quittera son poste de manière anticipée.

De son côté, l’ancien lauréat du prix Nobel de la paix, Mohamed ElBaradeï, a démenti les affirmations selon lesquelles il n’envisageait pas de se présenter à la présidentielle. "Si le peuple égyptien souhaite que je poursuive ce processus de changement, je ne le décevrai pas", a déclaré l’ancien directeur général de l’AIEA sur la chaîne Al Djazira.

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Mobilisation forte en province

La mobilisation a également été forte en province, notamment à Alexandrie et Menoufiya (nord), Mahalla et Mansoura (delta du Nil), Suez (est), Assiout (centre) et Louxor (sud). Le mouvement de contestation avait appelé à une mobilisation générale au 11e jour d’une révolte qui a fait au moins 300 morts selon un bilan de l’ONU non confirmé par d’autres sources. Le ministère de la Santé a fait état de 5 000 blessés depuis le 28 janvier.

Le chef de la Ligue arabe Amr Moussa, très populaire dans son pays, s’est rendu dans la matinée place Tahrir pour aider à "l’apaisement". Il n’a pas exclu de se présenter à la succession d’Hosni Moubarak, qui a dit ne pas vouloir briguer un sixième mandat après 30 ans au pouvoir. Le ministre de la Défense, Mohamed Hussein Tantaoui, s’est également rendu sur la place. "L’homme vous a dit qu’il n’allait pas se représenter", a-t-il lancé à la foule à propos de Hosni Moubarak.

Dans une interview non filmée à la chaîne américaine ABC, Hosni Moubarak a dit qu’il "en avait assez d’être président" mais qu’il ne pouvait quitter son poste "de peur que le pays ne sombre dans le chaos", selon la journaliste Christiane Amanpour. Le guide suprême des Frères musulmans, principale force d’opposition, Mohammed Badie, a déclaré être prêt au dialogue avec Omar Souleimane, mais uniquement après le départ d’Hosni Moubarak, et s’est dit favorable à une "période transitoire que dirigera le vice-président".

Le guide suprême d’Iran, Ali Khamenei, dont le pays est en froid avec le Caire en raison de son traité de paix avec Israël, a appelé à un régime islamique en Égypte, position vivement condamnée par Washington.

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Décès d’un journaliste égyptien blessé lors des manifestations

Un journaliste égyptien, qui couvrait pour le quotidien gouvernemental al Ahram les manifestations contre le président Hosni Moubarak, est décédé des suites de ses blessures. Ahmed Mohammed Mahmoud avait été blessé d’une balle dans la tête alors qu’il filmait depuis le balcon de sa maison des manifestations le 29 janvier, a précisé sa femme à la chaîne de télévision Al Djazira, vendredi.

Il est le premier journaliste tué lors de la révolte lancée le 25 janvier en Egypte.

Le ministère égyptien de la Santé a indiqué vendredi que 11 personnes sont mortes depuis mercredi lorsque des partisans de Moubarak ont attaqué les manifestants installés sur la place Tahrir dans le centre de la capitale.

Selon les Nations unies, environ 300 personnes ont été tuées depuis le début de la contestation.

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Explosion et incendie d’un gazoduc égyptien dans le Sinaï

Une explosion s’est produite samedi matin dans une station de compression d’un gazoduc près d’Al Arish, dans le nord du Sinaï, déclenchant un important incendie le long de cette canalisation, rapportent des témoins et des médias égyptiens.

La télévision d’Etat égyptienne affirme qu’il s’agit d’un attentat, ce qui n’a pu être confirmé de source indépendante dans l’immédiat.

Le gazoduc, qui avait été visé en juillet dernier par des Bédouins, alimente Israël et la Jordanie. On ignore si les exportations de gaz naturel ont été affectées par cette dernière explosion et cet incendie.

La ville d’El-Arish est située dans le nord de la péninsule du Sinaï, à 70km de la Bande de Gaza.

(Vendredi, 04 février 2011 - Avec les agences de presse)

2 Messages de forum

  • Tout ce que dit Obama devant les caméras, c’est seulement du spectacle. Les conversations réelles qu’il tient avec Moubarak sont secrètes, et « relèvent du domaine du "privé" », comme l’a dit un représentant du régime américain à un journaliste pour lui dire qu’il n’en saurait pas plus.

    À mon avis, tout ce que fait actuellement le camp Moubarak en Égypte se fait sous le commandement de la CIA. Notamment la répression contre les journalistes, ainsi que les récentes et méchantes attaques de la république de Tharir par les milices du dictateur déguisées en "contre-manifestants".

    Quant à l’explosion du gazoduc, il faut se demander s’il y a eu ou non manipulation de la part de Moubarak afin de justifier la répression et pour justifier qu’il reste encore un peu au pouvoir. Je n’en sais rien.

  • En réalité, Moubarak n’est qu’un homme de main de l’impérialisme américano-sioniste. C’est en fait contre ce dernier que manifestent les Égyptiens !

    Quand Obama s’adresse aux caméras, il parle de façon à se mettre les Égyptiens dans la poche, de façon à les manipuler, pour ne pas trop se les aliéner, au cas où la révolution égyptienne finirait par réussir. Mais les ordres qu’il donne à Moubarak, il les lui donne en secret, et c’est tout le contraire de ce qu’il dit en public. La preuve : Moubarak est encore là !

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