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Égypte - 70 000 fellahs égyptiens morts pour construire le canal de Suez

dimanche 6 février 2011, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 6 février 2011).

http://www.intal.be/fr/article/70-0…

Le peuple égyptien a toujours souffert et s’est toujours battu…

Suez… Vous connaissez probablement ce nom, il est souvent inscrit sur nos factures d’électricité. Electrabel fait aujourd’hui partie du groupe ’Suez’, à l’origine de la construction du canal reliant la Méditerranée à la Mer Rouge. Au XIX siècle, ces travaux ont causé la mort de dizaines de milliers de fellahs égyptiens. Depuis plus de 150 ans, la situation n’a pas fondamentalement changée**.

L’Égypte, un enjeu stratégique

Depuis l’invasion napoléonienne, à la fin du 18e siècle, l’Égypte est la proie des puissances occidentales. Alors que la révolution industrielle se développe en Europe, les rives du Nil deviennent un enjeu stratégique. Les Français et les Anglais se disputent le contrôle économique et politique du pays.*

Réduire la distance entre l’Europe et l’Asie à travers l’isthme de Suez est un projet essentiel à la France et à l’Angleterre. En 1855, les capitalistes français lancent le projet de construction du canal. Le coût est évalué à 200 millions de francs, divisés en actions.

La construction du canal endette l’Égypte

Les Français en les Anglais investissent la majorité du capital, fondant la « Compagnie universelle du canal maritime de Suez‎ ». Le vice-roi de l’époque, Saïd Pacha, achète à crédit 22% du capital. L’Égypte s’endette de 44 millions de francs, sans pour autant obtenir une quelconque souveraineté sur le canal.

Des millers de serfs sacrifiés pour le profit d’entreprises européennes

Mais ce n’est pas tout… Le vice-roi accepte aussi de fournir la main d’œuvre non-qualifiée pour réaliser ce projet pharaonique. A l’époque, l’Égypte est encore partiellement féodale, les fellahs égyptiens sont assignés à des corvées obligatoires. Ce seront eux qui, dans des conditions épouvantables, vont construire le canal qui permettra aux multinationales anglaises et françaises de renforcer leur contrôle sur le marché mondial. Entre 70 000 et 120 000 ouvriers égyptiens y laisseront la vie. En 1869, le canal est inauguré. L’Égypte est endettée jusqu’au cou et sa population est saignée à blanc.

1869 - 2011, les données restent les mêmes

Aujourd’hui la situation n’a pas fondamentalement changée… La compagnie de Suez est devenue l’un des groupes financiers les plus puissants du monde, le pouvoir égyptien est vendu aux intérêts occidentaux, les travailleuses et les travailleurs égyptiens sont toujours exploités et dénués de droits.

Mais aujourd’hui, les arrières petits fils des forçats qui, au XIXe siècle, creusèrent la terre entre Port Saïd et Suez, ont décidé de se faire entendre. En ce mois de janvier 2011, les masses égyptiennes réclament un pays souverain, réellement démocratique, aux services de la majorité de ses habitants. Soutenons leur combat.

En savoir plus ?

Cet article fournit quelques informations très résumées et pleines de raccourcis. Si vous voulez en savoir plus, nous vous invitons au week-end de formation d’intal le 26 et 27 février. Consacré au droit à la santé, il s’adaptera à l’actualité. Comment, hier et aujourd’hui, le droit à la santé de la population égyptienne a-t-il été sacrifié à des intérêts privés, comment les multinationales européennes, américaines, sont-elles impliquées ?

Nous nous intéresserons aussi aux résistances, de Jamal Abdel Nasser aux populations qui descendent actuellement dans les rues, en passant par les mouvements populaires qui travaillent dans les bidon-villes du Caire. Comment les exemples égyptien et tunisien (mais aussi congolais, palestinien,…) nous permettent de comprendre les injustices à une échelle locale et globale, et nous laissent entrevoir les possibilités de mobilisation pour les combattre ? Programme et inscription en cliquant ici :

http://www.intal.be/fr/la-sante-une…

* Même si l’Égypte fait à l’époque toujours partie de l’Empire Ottoman, le pays est - dans les faits - détaché d’Istanbul.

** Au cours des décénies qui nous séparent de 1859, l’Égypte a traversé une période dite nassérienne. Sous Jamal Abdel Nasser, 1956 -1970, même si les problèmes n’étaient pas absents, la politique à l’égard de l’Occident (Europe, USA, Israël) était radicalement différente. Plus d’infos lors du week-end de formation.

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