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Egypte - Moubarak, 30 ans au pouvoir, détrôné par 18 jours de contestation

dimanche 13 février 2011, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 13 février 2011).

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Source : xinhua. Mise à jour 12.02.2011 15h50

Le vice-président égyptien, Omar Souleimane, a annoncé vendredi la démission du président égyptien Hosni Moubarak, qui a chargé le Conseil suprême des forces armées de gérer les affaires de l’Etat, mettant ainsi fin à un règne de 30 ans.

LA DEMISSION INATTENDUE

La démission intervient de manière inattendue. Jeudi soir, M. Moubarak avait réaffirmé qu’il restait de droit président jusqu’en septembre et la fin de son mandat.

Pour apaiser les tensions, M. Moubarak avait annoncé une série de mesures. Il avait destitué le gouvernement Ahmed Nazif, dont le ministre de l’Intérieur Habib el-Adli, très impopulaire, et nommé l’ancien ministre de l’Aviation, Ahmad Chafic, au poste de Premier ministre.

Parralèlement, M. Moubarak avait nommé le chef du renseignement Omar Souleimane vice-président de l’Egypte, un poste instauré pour la première fois depuis sa prise de pouvoir.

Le nouveau vice-président a dialogué avec l’opposition, qui est restée intransigeante quant à la démission de M. Moubarak.

Plus récemment, M. Moubarak avait annoncé qu’il délégueait ses prérogatives au vice-président Omar Souleimane, mais qu’il restait de droit président jusqu’à la fin de son mandat.

Les manifestants, insatisfaits par cette annonce, ont alors renforcé leur mouvement.

Vendredi, les protestataires ont marché en direction du palais présidentiel et encerclé la télévision égyptienne, jusqu’à ce que M. Souleimane annonce la démission du président.

Selon les médias locaux, M. Moubarak et sa famille sont partis à Charm el-Cheikh, dans le Sinaï, avec le lieutenant général Sami Annan Hafez et le chef d’état-major de l’armée égyptienne.

UNE FOULE EN DELIRE

A l’annonce du départ de M. Moubarak, des centaines de milliers d’Egyptiens ont explosé de joie, chantant les louanges de l’armée, qui a su sauvegarder les aspirations de la population.

Sur la place Tahrir, épicentre de la révolte, les manifestants ont célébré l’événement historique par des chants et des danses. Des feux d’artifice ont été tirés au milieu des concerts de klaxons.

"Je suis heureux d’apprendre le départ du président […] Mais je ne sais pas quel sera l’avenir du pays après la prise du pouvoir par l’armée", a déclaré un manifestant.

Adel Sabry, un membre du parti d’opposition Wafd, a fait savoir à Xinhua qu’un nouveau chapitre de la vie politique égyptienne allait s’ouvrir.

Il a souhaité que les discussions au sein des partis d’opposition puissent commencer au plus vite, et que l’armée sorte le pays du chaos.

L’ARMEE DIT RESPECTER LA LEGITIMITE DU PEUPLE

Depuis son intervention le 28 janvier, l’armée égyptienne a toujours affirmé qu’elle ne prendrait pas de mesure allant contre la volonté des civils. Vendredi, le Conseil suprême des forces armées a annoncé qu’il ne remplacerait pas la légitimité du gouvernement.

"Nous présentons notre immense gratitude à M. Moubarak qui a fait passer l’intérêt de son peuple avant le sien, nous le remercions pour tous ses efforts pour servir notre nation", a déclaré le porte-parole de l’armée.

La position de l’armée a toujours été cruciale, elle reste le facteur décisif et final de la situation.

Jeudi, le Conseil suprême des forces armées a publié un communiqué, indiquant avoir "décidé de rester en session permanente afin de considérer les procédures et les mesures à prendre pour protéger la nation et les aspirations du peuple égyptien".

"Le public n’a plus confiance en Omar Souleimane. Quand M. Moubarak a déclaré qu’il déléguerait le pouvoir à son adjoint en vertu de la Constitution, ce qui signifie que M. Souleimane ne pourrait prendre de décisions sans consulter le président. Il y aurait une certaine manipulation", a indiqué à Xinhua Nabil Abdel Fatah, expert politique du Centre d’études stratégique Al Ahram.

LE FUTUR INCERTAIN DU PND

L’avenir du Parti national démocrate (PND, au pouvoir) est incertain mais la majorité des Egyptiens souhaitent que le parti soit dissous. Récemment nommé, le secrétaire général du parti au pouvoir, Hossam Badrawi, a démissionné quelques minutes avant que M. Souleimane n’annonce la démission du président Moubarak.

Des sources ont indiqué que M. Badrawi avait accepté le poste uniquement pour assurer une transition pacifique du pouvoir. Une fois M. Moubarak parti, il n’avait plus de raison de rester à ce poste. Le PND a été fondé en 1976 lorsque le président Anouar al-Sadate a divisé l’Union socialiste arabe en trois organisations politiques séparées représentant la droite, le centre et la gauche.

Lors des élections législatives de 2010, qui ont été entâchées de fraude selon des analystes, le PND a remporté 95% des sièges au Parlement.

Bahey El Din, de l’Institut du Caire pour les droits de l’homme, a indiqué que "les élections serviront certainement à faire revivre les tendances politiques et les tendances violentes, notamment parmi les islamistes".

Beaucoup d’Egyptiens ont estimé que les résultats de cette élection portaient atteinte à la légitimité du gouvernement, tandis que la communauté internationale a critiqué les violences et les fraudes rapportées au cours du scrutin.

Les grandes manifestations et les accusations visant le gouvernement au cours de ces dernières années ont représenté un indicateur pour les manifestations du 25 janvier, ont indiqué des analystes.

L’OPPOSITION EN NEGOCIATION

L’opposition égyptienne n’a pas piloté les manifestations de protestation, les dizaines de milliers d’Egyptiens qui sont descendus dans la rue n’avaient pas de leader.

Le 27 janvier, la figure de proue de l’opposition égyptienne et déteneur du prix Nobel de la paix, Mohamed ElBaradei, est arrivé au Caire pour se joindre aux manifestations antigouvernementales.

"La barrière de la peur est brisée", a lancé M. ElBaradei, ancien chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), devant les journalistes à l’aéroport.

Il a accordé un certain nombre d’interviews à la télévision, au cours desquelles il a insisté sur le départ de M. Moubrak comme s’il était le leader de la révolte.

Entre-temps, les Frères musulmans, un groupe interdit dans le pays, a également insisté pour jouer un rôle dans la révolte. Les Frères musulmans, qui avaient précédemment déclaré ne pas vouloir prendre part aux protestations, ont demandé à M. Moubrak de démissionner et ont refusé tout dialogue avec le vice-président Souleimane avant le départ du président.

Le 6 février, M. Souleimane a tenu des négociations avec les représentants des partis politiques, y compris les Frères musulmans, ainsi que des représentants des manifestants. Un geste considéré comme une étape visant à établir un dialogue national dans le but d’apaiser les troubles en Egypte.

Le porte-parole ministériel Magdi Radi a déclaré à l’issue de la réunion que les différentes parties s’étaient accordées sur "la formation d’un comité, qui regroupe la judiciaire et un certain nombre de figures politiques, pour étudier et proposer des amendements constitutionnels et législatifs nécessaires, avant la première semaine du mois de mars".

M. Souleimane a par ailleurs refusé d’assumer la présidence, comme le lui avaient proposé par les dirigeants de l’opposition au cours de leur réunion, a révélé à Xinhua un membre des Frères musulmans présent sur place.

Par Desoukie Omnia Al

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