Salut Kafirine,
Je réponds
ici à ton commentaire du 15 juillet à 10h58
Pour l'essentiel,
tu demandes, à propos du sionisme chez les anars :
« Sagit-il d'une infiltration opportuniste ? ou encore
ce parti pris sioniste a-t-il à voir avec des présuposés
idéologiques profondément ancrés dans les idéologies
anarchistes ? »
Plus tard, tu réponds
toi-même à ta propre question en disant ceci :
« il faut faire la part des choses entre ce qui relève
des blocages internes (références ideologiques, histoire des mouvements...)
et ce qui provient de manipulations externes (qui sont je le pense relativement
réduites) »
Ce qui signifie
que tu penses que c'est avant tout le terrain même du milieu anarchiste,
c'est-à-dire la Culture
intrinsèque à ce milieu, qui est responsable de l'acceptation
du sionisme par les anars ; et que l'aspect infiltration et manipulation
n'est pas du tout essentiel.
Évidemment,
une telle position, qui donne la part belle à la conception prolétarienne
de l'histoire [1]
et qui minimise au maximum la conception policière [1]
, pour expliquer un phénomène quel qu'il soit, semble très
raisonnable à priori. Cependant, dans certains cas, par exemple en ce
qui concerne le sionisme en milieu anarchiste, l'aspect infiltration et manipulation,
bref tout ce qui concerne l'aspect "conception policière de l'histoire"
est l'aspect dominant, et même très dominant, même si les
diverses infiltrations et manipulations des sionistes ont parfois trouvé
un terrain favorable, ce qui leur a facilité la tâche. Pour avoir
la preuve de ce que j'avance, il te suffira de lire cet article que j'aie publié
sur mon site en pensant à toi et qui s'intitule « HASBARA
- Des internautes payés pour diffuser la propagande israélienne
! » que tu peux lire en cliquant sur le lien ci-dessous :
http://mai68.org/spip/spip.php?article367
Bien sûr,
au sujet de l'apparente acceptation du sionisme par le mouvement anarchiste,
penser que "ce qui provient de manipulations externes" est relativement
réduit par rapport à "ce qui relève des blocages internes"
t'amène forcément à noicir énormément le
tableau quand tu décris les défauts des anarchistes. Car il te
faut noircir le tableau pour expliquer la pénétration du sionisme
en milieu anarchiste, puisque tu te refuses à prendre correctement en
considération l'infiltration et la manipulation. Et tu vas même
jusqu'à dire que les partisans du marxisme sont mieux que les partisans
de l'anarchie ! À tel point qu'on pourrait se demander pour quelle
raison tu continues à te dire "anarchiste" plutôt que
"marxiste". La raison est peut-être toute simple : au fond
de toi, tu ne crois pas à tout le mal que tu as dit des anarchistes.
C'est seulement ta conception de l'histoire, trop strictement "prolétarienne",
qui t'amène à te forcer à dénigrer à ce point
le mouvement anarchiste pour expliquer son apparente acceptation du sionisme.
Je ne nie pas que
le terrain joue un certain rôle que j'analyserai plus tard.
Mais je préfère
commencer en disant que le mouvement anarchiste a subit plusieurs influences,
influences historiques et influences idéologiques et théoriques.
Et qu'il n'existe pas un seul mouvement anarchiste, mais de nombreux mouvements
anarchistes ; sans compter les anarchistes-individualistes qui, eux, refusent
de s'inscrire dans aucun courant, ce qui leur permet de garder une liberté
absolue, du point de vu de l'action comme de la pensée. Donc, comme je
l'ai dit dans mon article, ce n'est pas tout le mouvement anarchiste qui accepte
le sionisme, et il y a de nombreux groupes anarchistes, et de nombreux anarchistes
qui refusent absolument toute forme de sionisme. Et je pense qu'ils sont les
plus nombreux, et de loin, même si sur internet on trouve énormément
de prétendus "anarchistes" qui font de la propagande sioniste.
Tout simplement ces gens sont payés par Israël pour se montrer dans
les forums, et parler beaucoup, et sous de nombreux pseudonymes qu'ils doivent
changer souvent pour faire croire qu'ils sont plus nombreux qu'ils ne sont en
réalité. Comme quoi la réalité virtuelle, il faut
parfois s'en méfier !
Je vais maintenant
dénoircir le tableau que tu as dressé du mouvement anarchiste.
Tu dis, si j'ai
bien compris, que c'est leur idéologie raciste et européocentriste
qui pousse les anars à accepter le sionisme. Et là oui, tu noircis
bel et bien le tableaux : l'immense majorité des anarchistes ne
sont pas racistes. Sinon, pour se camoufler, les sionistes ne pourraient pas
utiliser le masque de l'antiracisme. Il est vrai qu'ils utilisent souvent aussi
celui de l'antifascisme.
J'ai surtout fréquenté
des anarchistes individualistes, et même les groupes anars que j'ai fréquentés,
je n'ai jamais rencontré de racisme chez ces gens-là. À
une exception près dont je parlerai tout à l'heure.
Quant à
la littérature, il est vrai que je ne connais pas toute la littérature
anar ; mais je crois surtout qu'il est possible de démontrer n'importe
quoi sur les anarchistes (par exemple leur supposé racisme), en mettant
la loupe sur quelques écrits anarchistes, et en oubliant l'immense majorité
de leurs autres écrits.
Je n'ai pas tout
lu de la littérature anar. Je n'ai lu qu'une douzaine (disons treize
à la douzaine) de livres sur la tentative de révolution espagnole
de 1936. Deux livres écrits par Louise Michel dont un sur la Commune
et un où elle parle un peu d'elle-même. J'ai lu aussi deux ou trois
autres livres sur la Commune. Le journal des révoltés de Cronstadt.
J'ai lu les quatre tomes d'extraits choisis par Daniel Guérin, et deux
ou trois autres petits livres par ci par là. Je n'ai pas lu grand chose
ni de Kropotkine ni de Bakounine, à part les extraits cités par
Guérin. J'ai dû avoir de la chance, je ne suis tombé sur
rien de raciste dans ces écrits. Je n'ai pas lu Grand chose de Proudhon,
car sa position sur le féminisme est inadmissible. Et aussi, c'est lui
qui a inventé les fameux syndicats verticaux de Mussolini (repris ensuite
par Franco).
C'est d'ailleurs
à cause de Proudhon que, fin XIX° et début vingtième,
beaucoup de Français-e-s qui se sentaient anars cherchèrent l'inspiration
plutôt du côté des anarchistes anglais que français.
Je sais ça parce que j'ai très bien connu un anarchiste né
en 1898 et qu'il me l'a dit. Et cette remarque me servira de transition pour
en arriver enfin à ce fameux terrain historico-idéologique qui
peut parfois favoriser l'infiltration du mouvement anarchiste par les sionistes.
En effet, parmi
les nombreuses origines culturelles et historiques du mouvement anarchiste actuel
en France, il y en a deux qui nous intéressent ici : l'origine espagnole
et l'origine anglaise.
Je vais commencer
par l'origine espagnole parce que ce sera, je pense, la plus courte. J'ai dit
plus haut que j'avais rencontré un anarchiste raciste. Il s'agissait
justement d'un anarchiste espagnol appartenant à la FAI et à la
CNT. Attention, j'ai rencontré d'autres anarchistes espagnols et les
autres n'étaient pas racistes ou alors, ils le cachaient bien. Mais lui
était raciste envers les "Arabes". Et pourquoi donc, me direz-vous ?
tout simplement parce que Franco, pour faire son insurrection contre la république
espagnole, en 1936, avait recruté une grande partie de ses troupes au
nord du Maroc, et que cet anarchiste espagnol avait assimilé ces recrues
marocaines aux "Arabes" et il leur en voulait énormément
d'avoir accepté de se battre au service de Franco contre la révolution
anarchiste espagnole. Il en était arrivé à considérer
les "Arabes" comme des ennemis ! Donc, il est possible que d'autres
anarchistes espagnols aient conservé eux aussi dans un arrière-coin
de leur mémoire une certaine haine des "Arabes" ; et que
cette haine consciente ou inconsciente ait été transmise volontairement
ou involontairement à certains courants anarchistes français.
Ce qui, forcément, si tel est le cas, permet aux sionistes de les influencer
plus facilement.
Venons-en à
l'origine anglaise du mouvement anarchiste français. Celle-ci nous intéresse
particulièrement, parce que c'est le royaume d'Angleterre qui, avec la
déclaration
Balfour, a promis le 2 novembre 1917 à Lord Rothschild et
aux sionistes : « Le
gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l'établissement en
Palestine d'un foyer national pour le peuple juif, et emploiera tous ses
efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif »
Il faut savoir
que dès leurs débuts les sionistes avaient promis une alliance
et une fidélité sans faille à un éventuel impérialisme,
quel qu'il soit, qui lui permettrait d'obtenir une "Terre promise".
Donc, le sionisme a fait cette alliance avec l'impérialisme anglo-saxon
(anglais dans un premier temps et américain ensuite). Du coup, certaines
branches de la Culture anglaise influencèrent nettement une partie de
la Culture sioniste. Notamment le puritanisme (anti-viande, anti-alcool, anti-tabac,
anti-sexe, anti-plaisir quelque soit le plaisir), j'ai eu l'occasion de m'en
rendre compte dans divers forums "anarchistes" où certains
sionistes faisaient tout autant de propagande sioniste que végétarienne.
Comme j'ai dit
plus haut, il y a pour le mouvement anarchiste français une origine Culturelle
anglaise, par rejet de Proudhon. Ce qu'il faut bien voir, c'est que, tout en
prenant une part de l'anarchisme anglais, certains anarchistes français
ont adopté en même temps divers aspects de la Culture anglaise ;
notamment son puritanisme. C'est ainsi qu'il y a un courant végétarien
chez les anarchistes français. Et de ce point de vue aussi, il y a quelques
points communs entre certains anarchistes ou courants anarchistes français
et toute une part du sionisme ; notamment le puritanisme ; mais pas
seulement, car il faut bien comprendre qu'au moins depuis la déclaration
Balfour, le sionisme est inscrit dans une part de la Culture anglaise. Ce qui
facilite forcément la pénétration du sionisme dans ceux
des milieux anarchistes qui sont plus ou moins influencés par la Culture
anglaise.
(Peut-être
aussi ces anarchistes français influencés par la Culture anglaise
ne veulent-ils pas trop entendre dire du mal des USA et de l'impérialisme
américain ?)
L'étude
du terrain idéologico-historique du mouvement anarchiste français
est maintenant terminée, je crois, en ce qui concerne ce qui peut favoriser
l'infiltration du sionisme en son sein ; mais, il faut bien comprendre
qu'on ne peut résumer le très vaste mouvement anarchiste français
ni à ses influences anglaises ni à ses influences espagnoles,
et qu'il n'y a aucun lien direct
de cause à effet qui permette d'affirmer qu'en France l'anarchisme devait
forcément devenir sioniste. La seule chose que l'étude de ce terrain
permette de comprendre c'est ce qui fait que l'idéologie sioniste peut
parfois réussir à influencer certains anarchistes ou certains
courants anarchistes en France.
Oui, l'étude
du terrain a été bien plus longue et a pris bien plus de place
que la dénonciation des manoeuvres d'infiltrations et de manipulations
effectuées par le sionisme ; mais, il faut bien comprendre que c'est
cette infiltration et ces manipulations qui sont pourtant l'essentiel. D'ailleurs,
si tel n'était pas le cas, l'État d'Israël ne serait pas
obligé de payer des internaurtes pour qu'ils fassent de la propagande
sioniste :
http://mai68.org/spip/spip.php?article367
Salut à toi,
do
http://mai68.org
LA SUITE PLUS TARD (si j'ai le courage de faire une suite)
Notes :
[1]
Les expressions "conception policière" et "conception
prolétarienne" de l'histoire sont ici prises au sens de Karl
Marx. À ceci prêt que Marx déniait d'une façon
absolue toute efficacité interprétative à la "conception
policière de l'histoire" ; C'est-à-dire qu'il n'aurait
pas accepté de dire que l'aspect manipulation puisse jouer un quelconque
rôle, ne serait-ce que minime. Sous l'influence de Marx, cette interprêtation
strictement "prolétarienne" de l'histoire a joué de
nombreux tours au révolutionnaires (quelque soit leurs tendances) et
à la révolution ; tant sur le plan théorique que pratique.
Par exemple, tout récemment, la conception strictement prolétarienne
de l'histoire a interdit à de nombreux révolutionnaires d'y voir
clair sur la manipulation du terrorisme par l'État US lors des événements
du 11 septembre 2001. Une analyse de cette problématique de la conception
prolétarienne ou policière de l'histoire est donnée dans
un chapitre de ma théorie
du concet (cliquable)]