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Les grèves respectueuses ne payent pas ! (AGEN)

dimanche 19 juillet 2009, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 19 juillet 2009).

http://agen-nanterre.over-blog.com/…

MOUVEMENT CONTRE LES LOIS PECRESSE :

Les grèves respectueuses ne payent pas !

Nous ne reviendrons pas ici sur les raisons qui auraient pu susciter la lutte. En effet, dans tous les pays européens un processus de privatisation des universités est mis en place depuis plusieurs années. Les bourgeoisies européennes offrent l’université aux bailleurs de fonds privés. Ces derniers siègent au sein des conseils décisionnels des universités. Autonomie de gestion, fonds privés, sélection à l’entrée des universités… voilà de quoi susciter le mécontentement et la lutte au sein des facs. Ce texte a pour but de montrer en quoi le mouvement de grève qui a eu lieu cette année sur les universités ne s’est pas inscrit dans le mouvement de grève des universités de ces dernières années. Il n’a repris ni la dénonciation de la politique générale commandée par la classe bourgeoise, ni les méthodes de luttes car jugées trop « radicales ».

Seulement, ce long mouvement jugé par certains « d’historique » car dirigé par les enseignants chercheurs n’a pas instauré un rapport de force face à l’état faute de participation des masses étudiantes. A la période où le capitalisme est en crise, la bourgeoisie tente de réformer l’université à son profit et c’est bien le fond du problème qui touche les universités.

Et si nous tenons à rappeler qu’il est nécessaire de lutter face au processus de Bologne et autres formes insidieuses de privatisation de l’université, il est néanmoins nécessaire de critiquer à fond les faiblesses qui ont amené le mouvement dans l’impasse.

Les enseignants-chercheurs remontés contre Pécresse :

Le mouvement démarre sur les facs au début du second semestre. L’intervention méprisante du 22 janvier de Sarkozy suscite la grogne chez les enseignants chercheurs. De plus, les enseignants reprochent à Pécresse (ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche) le décret qui modifie leur statut en le précarisant .Les enseignants commencent par pratiquer la rétention de notes pour manifester leur mécontentement face à la ministre. En plus de cette mesure, Darcos, ministre de l’éducation met en place la masterisation des concours. Dés la rentrée 2010, il faudra obtenir un bac plus cinq pour pouvoir passer les concours de l’enseignement. Cette mesure implique que les étudiants issus des quartiers populaires sont exclus du métier d’enseignant car une extrême minorité d’entre eux atteignent ce niveau d’étude. En effet, la grande majorité d’entre eux est obligée de se salarier pour pouvoir étudier. Il va sans dire qu’il est difficile d’étudier et de travailler en parallèle. C’est pour cette raison qu’uniquement une poignée de ces étudiants arrive au niveau master.

Les deux mesures (décret sur le statut des enseignants et la masterisation des concours) sont le fer de lance du mouvement des enseignants chercheurs quoique la première mesure soit leur priorité. C’est la LRU, combattu l’an passé par les étudiants, qui a permis aux ministres de sortir ces mesures. En effet, la loi votée en catimini en août 2007, élaborée par Pécresse de concert avec l’UNEF, a suscité beaucoup d’indignation et une lutte dure sur les universités. Julliard (président de l’UNEF en 2007) avait pris part aux concertations et s’était félicité de la LRU.

Les étudiants veulent rejoindre les enseignants autour de la lutte pour l’abrogation de la LRU.

A l’appel des enseignants, des étudiants se mettent en grève pour construire une mobilisation qui réunirait enseignants, administratifs et étudiants. La LRU aurait dû être le point d’accroche puisqu’elle est un jalon important du processus de privatisation. L’AGEN, à travers ces interventions et ces tracts s’est battu pour que l’abrogation de la LRU soit la revendication principale. Avec la LRU, chaque université va vouloir devenir un pôle d’excellence et la sélection déjà existante va s’amplifier. Les frais d’inscription vont augmenter. Certains pays européens comme l’Espagne ou l’Italie ont connu cette même réforme et on vu leur frais d’inscriptions augmenter de manière faramineuse. La LRU permet également la précarisation des enseignants et des administratifs. Seulement, les enseignants ne sont pas de cet avis et souhaitent rester sur leurs revendications de départ pour plusieurs raisons. Tout d’abord, au sein des enseignants mobilisés, une partie non négligeable n’est pas contre la LRU. Ce qui préoccupe cette frange du mouvement est le devenir de son statut et rien d’autre. On a pu voir des enseignants mobilisés faire l’éloge de la LRU considérant que la sélection à l’entrée de l’université permettrait de redorer le blason de celle-ci. Vous l’aurez compris, des enseignants réactionnaires pour qui le rêve a commencé quand la fac de Nanterre a changé d’appellation pour : Nanterre Paris ouest La Défense ! De plus, des enseignants ont clairement revendiqué ne pas vouloir faire grève longtemps, car ça poserait trop de problèmes et lutter contre la LRU impliquerait une lutte longue et dure ! « La sacro sainte unité » entre enseignants, étudiants et administratifs ne devait pas être brisée même s’il s’agissait d’une pseudo unité. Au bout de quelques semaines de grève, les enseignants avalèrent de travers la revendication : abrogation de la LRU car vous comprendrez qu’ils avaient tout de même besoin de l’appui de leurs étudiants. Seulement, la question de la LRU n’a jamais véritablement été le fer de lance du mouvement. Les étudiants sont restés suivistes, acceptant cette situation au nom de l’unité. Le mouvement à Nanterre n’a pas pris car les étudiants n’ont pas su se démarquer des enseignants et se mobiliser autour de la LRU. La gauche du mouvement, c’est-à-dire ceux qui voulaient construire un mouvement étudiant radical comme à Toulouse le Mirail, n’a pas su se regrouper et se renforcer. Le centre (NPA, Sud …) a suivi les profs. Quant à la droite (UNEF majo …) elle a tout simplement poussé le point de vue le plus droitier du mouvement en diluant toutes les raisons de la révolte.

Le mouvement étudiant n’a pas su se démarquer clairement du mouvement corporatiste des enseignants. Notre syndicat de combat a soutenu et défendu l’idée de la nécessité qu’un mouvement étudiant indépendant se crée et pose les questions sociales. Les questions de fond sont esquivées : d’où vient la LRU ?, quel est ce processus de privatisation des facs ? Quel rapport et comment se lier avec les ouvriers en grève ? Quelle université pour quelle société ?… La seule jonction réalisée à Nanterre fut avec l’aristocratie hospitalière (les professeurs et les médecins) et même celle là fut avortée. Vous comprendrez qu’il est plus respectable de se lier avec des médecins qui manifestent gentiment qu’avec des ouvriers qui séquestrent leurs patrons ! Parce que dire qu’effectivement le processus de privatisation des facs est mené par la bourgeoisie européenne qui est la même qui est responsable des licenciements ce serait aller trop loin pour nos intellectuels de salon. L’AGEN a porté l’idée de la jonction des luttes avec celles qui avaient lieues dans les usines et celle qui se déroulait aux Antilles. Un mouvement étudiant qui ne se lie pas aux luttes ouvrières est voué au corporatisme et à l’échec.

Les moyens d’action étaient à l’image du mouvement (lecture de cours sur les places publiques, ronde des obstinés…vers la défaite pourrait-on l’appeler)

Au fur et à mesure qu’une frange des étudiants dont nous faisions partie tentait de plus en plus de lancer le débat sur la LRU et les questions sociales, les enseignants désertaient les AG. Pour ce qui concerne la CNU, les enseignants de Nanterre retenaient ce qui les intéressaient, ce qui allait dans le sens de leur « mouvement ». Lorsque Nanterre reçut la CNU, l’abrogation de la LRU fut votée malgré les interventions opposées d’enseignants de Nanterre. Même après le vote des enseignants de Nanterre souhaitaient revenir sur le vote en prétextant qu’il y avait eu confusion.

Des enseignants qui prétendaient être contre la LRU ont préféré faire alliance avec leurs collègues de droite qu’avec les étudiants anti -LRU. Sans doute craignaient- ils de se salir les mains ou qu’une certaine radicalité s’empare de la fac .Dans les AG, l’AGEN a posé le problème de la présence dans le mouvement d’enseignants de droite (qui été attaché qu’a leur statut). Il nous a été répondu que ce n’était qu’un détail et que nous cassions l’unité. Ce a quoi nous avions répondu que l’unité avec des droitiers (qui ne combattaient pas la privatisation des facs et ne dénonçaient pas le manque de bourses et logements sociaux )conduirait au corporatisme et à l’échec pour les étudiants.

Quant à l’UNEF, elle n’a plus à prouver sa véritable nature. Huée systématiquement en AG, sur beaucoup de facs pour ses positions proches du gouvernement, son souci premier est que surtout l’ordre ne soit pas perturbé. L’essentiel était d’aller se balader sur Paris pour être pris en photos par les journalistes. Contre le blocage, la jonction avec les autres secteurs en luttes et même contre la rétention de notes elle a poussé pour que les cours reprennent en criant que l’on avait quand même obtenu des choses. Ce qui fut obtenu fut le recul d’un an pour la masterisation et la réécriture des décrets mais sans aucune garantie donnée.

Des étudiants parviennent tout de même à créer un rapport de force sur certaines facs et la répression se durcit !

A Toulouse Le Mirail, Rennes… des étudiants ont réussi à sortir des limites du mouvement imposées par les enseignants. Ils mènent véritablement la lutte. Ils ont saisi l’enjeu : seul un rapport de force digne de ce nom pourra faire fléchir le gouvernement. Occupation des facs, blocages… sont organisés. La répression a touché ces facs : intervention policière, arrestations massives lors de manifs, un étudiant de Toulouse se prend même une balle de flashball dans l’œil… La répression a été la réponse donnée à ceux qui menaient vraiment la lutte. Les interventions policières sur nos facs ne doivent pas devenir banales. Chaque intervention ou camarade de lutte réprimé doit devenir un véritable problème pour le pouvoir en place. De plus en plus durs et systématiques, le sécuritaire et la répression deviennent des questions essentielles que l’on doit poser sur nos universités. Nous avons dans nos tracts et dans les AG posait la question de la répression dans le but de développer les initiatives de solidarité autour des réprimés et que sur chaque fac naisse un collectif contre la répression.

Sur Paris, les étudiants tentent aussi de créer une dynamique de lutte en faisant des manifs sauvages, en occupant après les manifs des lieux représentant l’institution. Un exemple symptomatique de la mascarade des enseignants : un soir après une manif, des étudiants décident d’occuper l’hôtel de ville de Paris où à lieu la ronde des obstinés. Les enseignants qui mènent la ronde se démarquent des occupants et les accusent même de gâcher la lutte qui a su selon leurs propos jusqu’à présent rester pacifique et bien vue de l’opinion !

Les masquent tombent : la mascarade est finie.

Après 15 semaines de grève, les cours ont repris, les examens ont lieu à l’appel de Pécresse suivie sagement par les enseignants. A l’attaque que leur balance les étudiants : « vous avez trahi le mouvement ! ». Ils répondent soit par « vous vous trompez, ce n’est qu’une pause » ou pas de réponse du tout, n’assumant pas leurs positions hypocrites. En effet, le CEVU de Nanterre du 21 mai (Conseil des études et de la vie universitaire) est un exemple de la mascarade de leur mouvement. Ce conseil devait trancher sur la question des examens. Aucun enseignant ne parla du mouvement ni ne s’opposa à la tenue des examens. On avait même l’impression qu’il n’y avait pas eu de grève. Le mot d’ordre était : il faut rétablir l’ordre ! Quasiment tous estimaient que la validation automatique (votée à plusieurs reprises dans les AG à la grande majorité) c’était brader les diplômes et leur retirer leur fonctions au sein de l’université. Parce que ne pas donner cours pendant le semestre et demander aux étudiants de passer des examens sans contenu c’est plus logique ! Les enseignants et la direction de la fac pensent tout simplement qu’il faut faire semblant, qu’à Paris Ouest Nanterre La Défense, tout est rentré dans l’ordre. Aucune concertation sérieuse n’eut lieu entre étudiants et enseignants. Ils tranchèrent pour nous, pensant certainement que l’on ne peut être mis sur le même pied d’égalité.

Cette expérience nous sert d’enseignement y compris par ses aspects négatifs. Elle affaiblit ou démoralise uniquement si on ne se donne pas les moyens de dépasser une opposition institutionnelle aux réformes. Elle ne doit pas nous affaiblir ou nous démoraliser. Depuis des années le saccage du service public a lieu sans que ces messieurs et dames lèvent le petit doigt. Désormais le risque d’être traités comme de simples salariés de l’université les révulse mais ce dégout est insuffisant pour construire une véritable lutte contre les reformes. L’histoire nous rappelle que les luttes étudiantes ont été nombreuses et porteuses de victoires face au pouvoir. Elles ont été gênantes pour l’ordre établi car elles ont su dans certains cas poser les véritables problèmes et lutter avec combativité et détermination. Les luttes étudiantes peuvent peser et gagner si elles parviennent à poser les véritables questions, à créer un rapport de force de taille, avoir des modes d’actions percutants et notamment lier sa lutte à celles des autres secteurs opprimés. Il y a nécessité sur nos facs de rompre avec le rejet de l’organisation et il nous faut porter le projet d’un mouvement révolutionnaire de la jeunesse. Ce projet est le seul capable de synthétiser l’expérience des luttes et permet le passage à une étape supérieure de la lutte.

« De défaites en défaites jusqu’à la victoire ! »

ABROGATION DU PROCESSUS DE BOLOGNE, DE LA LRU

ET DES AUTRES JALONS DE LA PRIVATISATION !

FACS OUVERTES AUX ENFANTS D’OUVRIERS !

FACS FERMEES AUX INTERETS PRIVES !

AGEN ( pour un syndicalisme de combat)

1 Message

  • Le mouvement de grève qui a eu lieu cette année dans les universités ne s’est pas inscrit dans la tradition des grèves universitaires de ces dernières années. Il n’en a repris ni la dénonciation de la politique générale de la classe bourgeoise, ni les méthodes de lutte qu’il a jugées trop « radicales ». Ce long mouvement, jugé par certains « d’historique » parce que dirigé par les enseignants chercheurs, n’a par conséquent pas été capable d’instaurer un rapport de force favorable face à l’État, d’où sa défaite.

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