VIVE LA RÉVOLUTION
Accueil du site > Comment publier un article > Le Front national est un instrument du capitalisme

Le Front national est un instrument du capitalisme

vendredi 16 décembre 2011, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 16 décembre 2011).

Le Front national : un instrument du capitalisme

http://www.comite-valmy.org/spip.php?article2063

Serge Portejoie, le jeudi 1er décembre 2011

3 novembre 2011 à New York, Marine Le Pen et l’ambassadeur israélien aux Nations Unies Ron Prosor
Le Front national : un instrument du capitalisme

Aborder la question du Front national, on peut hésiter, il faut éviter des écueils. Le décrire tel quel, c’est peut-être déjà lui faire de la pub ? Seulement préciser, dans une condamnation convenue, qu’il est raciste et xénophobe ne saurait suffire, ce sont des qualificatifs qui aident un peu, mais pas beaucoup à le situer et qui surtout occultent la réalité des rapports de classe. Les critiques qui visent à l’instrumentaliser sont mortifères et le renforcent. L’ignorer, ce serait lui donner un ticket d’honorabilité par défaut. C’est pour toutes ces raisons, que même rédigé pour résumer, ce texte sera assez long, avec des faits, des preuves et des arguments, beaucoup de renvois par soucis de précision.

Bien que s’appuyant autant que faire se peut sur le réel, il s’agit néanmoins avec ce texte d’une analyse subjective du Front national et de son environnement social et politique, les militants sociaux seront donc à même de l’enrichir des oublis éventuels ou formuler des désaccords sur certains aspects, tout en le considérant comme un rappel à la vigilance. Il est écrit pour une utilisation large auprès des personnes moins au fait des réalités frontistes et de leurs implications. En ce sens, s’il est considéré comme utile, il peut être diffusé au gré des appréciations de chacune et chacun (tout en respectant et en rappelant le site ou le blog qui a l’amabilité de l’héberger).

En conséquence, ne croyez pas que j’ai le propos de vous révéler un mystère, il s’agit seulement, à partir de quelques rappels et vérités indubitables qui permettent de s’y retrouver, de lever quelques ambiguïtés entretenues à dessein.

Si d’aucuns affirment que le Front national, même déguisé selon certaines circonstances, en parti convenable, n’a pas changé, c’est-à-dire qu’il représente en France la version la plus autoritaire et la plus anti-démocratique ; d’autres au contraire considèrent que ce parti aurait fait sa mue, se serait apaisé et n’exprimerait, que ce que les autres partis inféodés aux institutions n’oseraient plus exprimer. Il aurait même quelques vertus qu’on aurait tort d’ignorer.

Qu’en est-il exactement ?

L’héritage historique :

Le Front national [1] créé en 1972 est une émanation d’Ordre nouveau, renommé ainsi pour les législatives de mars 1973. Il puise son passé aussi bien chez les antidreyfusards fondateurs de « l’Action française » en 1898 que dirigea Charles Maurras, désirant incarner la revanche de la monarchie et des contre-révolutionnaires en s’appuyant sur un antisémitisme virulent, que chez la « Ligue de la patrie française » créée en 1899 en réponse à la « Ligue des droits de l’homme [2] », puis chez les partisans de Vichy qui voyaient dans le régime de Pétain une revanche sur le Front populaire et ses conquêtes sociales.

Si à la fin du XIXe siècle et jusqu’en 1914, l’extrême droite en France milite pour la revanche sur 1870, entre 1920 et la libération va naître une série de groupes et de partis ouvertement fascisants tels que « les Comités de défense paysanne », « les Francistes », « le Faisceau », « les Croix de feu », « la Cagoule », « le Rassemblement national populaire », « les Jeunesses patriotes », « le Parti populaire français », pour n’en citer que quelques-uns.

Ces groupes et partis partageaient tous un point commun, c’est qu’ils étaient viscéralement anti-communistes. Ce qui amena un nombre important de leurs partisans à collaborer avec l’occupant pendant la seconde guerre mondiale et, pour certains, n’hésitant pas à s’engager sur le front de l’Est, accompagnant ainsi l’armée nazie, notamment dans la division Charlemagne (division de la Waffen-SS), comme Pierre Bousquet qui y fut oberscharführer (que l’on peut comparer à l’équivalent d’adjudant dans l’armée française), avant d’être trésorier du Front national.

En 1965, Jean-Louis Tixier-Vignancour, un ancien membre de l’Action française, qui fit le lien entre l’extrême droite des années 30 et celles de l’après-guerre, se présente à l’élection présidentielle. Pour cette occasion, il prend Jean-Marie Le Pen comme directeur de campagne. La filiation de l’extrême droite d’hier au Front national d’aujourd’hui est indiscutable.

Pour ne prendre qu’un seul autre exemple, Roland Gaucher (de son vrai nom : Roland Goguillot) fut condamné à la libération aux travaux forcés, il sera libéré en 1948 après avoir bénéficié d’une mesure de grâce. Il eut une vie tumultueuse. Ce proche de Marcel Déat pendant la guerre, s’engagea ensuite en faveur des guerres coloniales, pour créer plus tard avec Jean-Marie Le Pen, le Front national.

Les origines néofascistes des Le Pen et du Front National sont patentes et l’idéologie que porte aujourd’hui ce parti est donc issue des pires courants de pensées autoritaires et raciaux qui ont survécu à la deuxième guerre mondiale. Ce parti essaie aujourd’hui de se donner un masque de respectabilité.

L’héritage idéologique :

Dans la tradition de l’extrême droite, l’héritage idéologique du Front national s’appuie sur les vertus viriles. Le féminisme est abhorré. Le culte du corps, s’il est masculin, est encouragé. La sélection des meilleurs est une loi naturelle. La force doit être le fondement du droit. C’est l’individualisme et le système de hiérarchie portés au summum. L’homme doit soit commander soit obéir. L’obéissance ainsi mise en avant doit porter les valeurs enthousiastes du militarisme [3], C’est l’idéologie du fort contre le faible, ce dernier étant considéré comme créateur potentiel de désordre. Par opposition, le Front national se décrit d’ailleurs comme le parti de l’ordre.

L’attitude qui consiste à donner plus d’importance à l’image du chef politique qu’à la collectivité n’est, hélas, pas propre aux formations d’extrême droite, mais le système de hiérarchie et de sélection, avec son aspect originel et religieux, porté à son comble, amène tout naturellement le Front national pour son propre fonctionnement à faire son lit du culte de la personnalité. En cela, le FN n’est pas différent de tous les partis d’extrême droite qui ont un chef charismatique, guide, führer ou duce, dont l’esprit visionnaire ne fait jamais défaut, qui est au dessus, qui se présente comme le sauveur suprême et incarne autocratiquement la direction du destin collectif. En France, après son père, Marine Le Pen joue ce rôle de cicérone.

Pour des raisons de stratégie, le Front national oppose les populations entre elles en utilisant une argumentation qui a rapport à la race (et de plus en plus souvent à l’ethnicisme social ou culturel), il remplace ainsi les luttes sociales par les luttes raciales. Au Front national, la différence ne peut être source d’enrichissement, mais source de conflits puis d’appauvrissement racial. Dans la tradition frontiste, la nationalité française est liée au lien du sang et non au lien du sol. Par définition, le front national fonctionne à partir d’un présupposé de races. Il est donc raciste.

L’idée chère à l’extrême droite d’une hiérarchie fondée sur l’infériorité biologique conceptualisée en races n’est pas neutre socialement et économiquement puisqu’elle s’accorde avec le droit à exploiter, à asservir, à coloniser en toute bonne conscience les personnes prétendument inférieures. En cela, l’idée d’une race européenne s’identifie parfaitement avec celle d’une Europe supranationale à tendance néo colonisatrice. D’ailleurs, le discours du président Sarkozy, à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar de juillet 2007 stigmatisant l’Afrique et les africains, montre que l’intellectualisation d’une « mission civilisatrice des races supérieures » n’est pas propre aux droites extrêmes.

La notion de races vient donc légitimer un discours qui permet à une population d’en exploiter une autre. Ainsi le Front national légitime le capitalisme.

La France a eu ses thuriféraires des thèses raciales ; Joseph Arthur de Gobineau, Paul Déroulède, Maurice Barrès, Léon Daudet, Alexis Carrel, Alphonse de Chateaubriand, Louis Ferdinand Céline, René Benjamin, Pierre Drieu La Rochelle, Bertrand de Jouvenel, Lucien Rebatet, Georges Mauco, Robert Brasillach, Maurice Bardèche, à l’instar de Dietrich Eckart et d’Alfred Rosenberg en Allemagne ou d’Houston Stewart Chamberlain en Angleterre, pour n’en citer que quelques-uns, furent des guides particulièrement belliqueux du refus des autres et des thèses raciales. Ils ont justifié les pires atrocités.

Si l’antisémitisme fut longtemps le cheval de bataille de l’extrême droite, après dissipation des brumes matinales, le Front national, qui s’était permis de nier en partie la shoah, suite à la colonisation de la Palestine par Israël dont les dirigeants pratiquent le sionisme, le nationalisme identitaire (communauté d’origine), le racisme et utilisent le religieux (4], se reconnaît dans les particularités de cet Etat et dirige maintenant son action surtout contre les originaires d’Afrique du nord et d’Afrique noire.

A l’extrême droite, la référence à l’histoire est importante. Rome, siège d’un empire qui domine la Méditerranée dont elle a unifié les rivages avec l’aide d’une religion naissante est un modèle. De même, l’empire de Charlemagne, ayant soumis les saxons, montant la garde face aux slaves, est valorisé. Si à l’occasion Clovis et Napoléon ne sont pas oubliés, s’ajoute, pour le FN, la récupération de Charles Martel et de Jeanne d’Arc boutant l’étranger hors de France. A ce faste passé idéalisé s’oppose la décadence présente où s’effondrent les valeurs traditionnelles, à coups destructeurs du marxisme, du métissage et du cosmopolitisme et, par réalisme politicien, des libéraux. Ces thèmes sont sans cesse repris par le Front national.

L’empire romain puis l’empire carolingien constituent des modèles qui ressemblent, notamment dans leurs versions impérialistes, à l’Union européenne d’aujourd’hui. D’ailleurs, des prosélytes de l’UE n’hésitent pas à s’y référer. Par conséquent, le Front national est parfaitement euro compatible.

L’idéologie de l’extrême droite, reprise par le Front national, sur ses multiples aspects, est énoncée par affirmations péremptoires et ne relève pas du débat. De ce fait, l’idéologie du Front national est parfaitement anti-démocratique. Elle subordonne toute théorie à une action pratique immédiate qui doit pouvoir trouver l’efficacité maximale et permettre d’atteindre l’objectif fixé.

Aujourd’hui comme hier, la technique est souvent la même. Ramener un passé idéalisé au présent dénigré. Partir d’éléments vérifiables comme le chômage puis le laisser dériver vers l’amalgame, par exemple avec l’immigration, puis l’arrimer au refus des autres en espérant faire avaler, aux plus touchés par le système capitaliste, une pensée unique dont ils se serviraient le temps d’une élection pour crier leur désarroi. Finalement, se servir de la population comme outil de sa propre destruction et en terminer avec la possibilité d’une entité agissante, libre et souveraine.

L’ennemi communiste est diabolisé. De 1972 à aujourd’hui, le Front national a toujours soutenu les causes anticommunistes dans le monde. Pendant les années de « guerre froide » il a soutenu les dictatures militaires d’Amérique du sud et singulièrement celle de Pinochet, ainsi que le régime d’apartheid en Afrique du sud. Jusqu’en 1990, les Etats-Unis sont loués pour leur contrepoids aux soviétiques.

Enfin, le Front national ne se singularise pas de l’extrême droite en général et préconise en France de remettre la peine de mort au sommet de la hiérarchie des peines (programme et dixit Marine Le Pen dans un droit de réponse au Midi libre).

Le Front national et l’argent :

En France, les subventions publiques accordées aux partis politique sont encadrées par les lois du 11 mars 1988, du 15 janvier 1990, du 19 janvier 1995 et du 11 avril 2003. Pour l’instant, ces lois avantagent l’UMP et le PS. Ces subventions ne sont pas les seules sources de financement d’un parti politique. Il y a en plus, les adhésions (40 000 revendiqués par le FN) et les dons (permis par les lois précitées). Mais des parades existent pour améliorer la trésorerie, Par exemple, moins risqué que le trafic d’influence dans l’attribution de certains marchés publics ou la vente des armes, les encarts publicitaires, payés plus chers que les tirages ou écoutes le laisserait supposer, à des journaux, revues et radios faisant la propagande des idées défendues par un parti politique. Le Front national profite, comme d’autres, de cette forme de sponsorisation avec, entre autres, Nations Presse Magazine, Présent, Flash, Minute hebdo, Rivarol, Monde & vie, Radio courtoisie…

Jean-Marie Le Pen a eu un don certain pour faire coucher son nom sur les testaments. Son héritage le plus célèbre fut celui des cimenteries Lambert au grand dam de Pierre Sidos, ami d’Hubert Lambert et président de l’Œuvre française, une officine concurrente du Front National. Jean-Marie Le Pen est très riche. Depuis près de 30 ans, Jean-Marie Le Pen a des ennuis avec le fisc. Il est redevable de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Selon certains commentateurs, par divers subterfuges, il obtiendrait de payer bien moins que sa richesse réelle le laisserait supposer.

Le Front national quant à lui connaîtrait des problèmes de trésorerie. Il est difficile de faire la part de vrai et du faux concernant un parti qui, encore plus que les autres partis, a le secret comme forme de fonctionnement. Tout juste entend-t-on quelquefois que de grands patrons ne seraient pas insensibles aux charmes frontistes, sans toutefois, pour la plupart, se déclarer publiquement comme soutien au Front national. Seuls des patrons d’entreprises de taille petite ou moyenne se déclarent proches du Front national. L’entremise de Jean-Michel Dubois, un ancien du RPR, membre du comité central du FN, très présent dans des associations d’entreprises, y est vraisemblablement pour quelque chose. C’est lui qui préside la Fédération nationale entreprises modernes et libertés (FNEML) un syndicat, lié au FN, qui regroupe des chefs d’entreprises de PME. Nous n’en sommes pas encore revenus au temps où Renault, l’Oréal, le Comité des forges, la banque Worms et quelques autres, finançaient, tranquillement et au grand jour, les partis d’extrême droite. En 1924, Pierre Taittinger, des champagnes du même nom, quant à lui, créa et finança le groupe fasciste des Jeunesses Patriotes [5].

Le contexte aujourd’hui

Ces trente dernières années ont vu les principaux dirigeants de « gauche [6] » devenir des gérants attentifs du capitalisme (le triomphe du consensus). Ces années ont correspondu au plus gros transfert des richesses du travail vers le capital jamais atteint précédemment. Les revenus des plus riches se sont envolés. A l’inverse les revenus de tous les autres n’ont pas cessé de baisser. Les conditions de vie se sont dégradées pour la grande majorité.

Cette situation a amené les partis institutionnels à se concentrer sur une population la moins touchée par le système économique, se rendant encore aux urnes, qui pouvait leur accorder des suffrages garants de la pérennité de leur existence et éventuellement assurer « le bout de gras ».

L’abandon des classes populaires vient d’ailleurs de nouveau d’être théorisé par une association qui se dit progressiste, Terra nova [7], financée par de grandes sociétés : Areva, Total, Microsoft, etc.…, qui sert, avec d’autres, de laboratoire d’idées pour le Parti socialiste français, qui dans un rapport titré : « Gauche, quelle stratégie pour 2012 ? », trace l’horizon de la vraie gauche européenne et invite celle-ci à se positionner sur des valeurs (des ressorts émotionnels) et non sur des positions de classe, à rassurer les marchés et à tirer définitivement un trait sur le vote des ouvriers ringards et des retraités rétrogrades, qui seraient tous acquis au Front national, sans jamais se poser la question du pourquoi ces mêmes ouvriers (et éventuellement retraités) se sont éloignés de la « gauche » européenne et faisant l’impasse de signaler que, lors des dernières élections, ce sont surtout le refus de vote, l’abstention ou le vote blanc qui ont caractérisé le positionnement d’une partie importante de ces catégories sociales et non le vote FN.

Dans cette logique, les partis de « gauche » ont, à quelques exceptions près, abandonné le militantisme politique de proximité, aussi bien dans les entreprises que dans les quartiers populaires délaissant ainsi les ouvriers et employés. Les syndicalistes et les acteurs sociaux de quartier n’ayant pas le plus souvent une vocation idéologique qui viendrait remplacer l’abandon politique des partis de « gauche ».

Le passages de la gauche à l’Elysée ou à Matignon et son lot de privatisations, son abstention sur le vote de ratification du traité de Lisbonne au congrès de Versailles, n’aidant pas à la différencier de la droite, de même que les positionnements hétéroclites de ses principaux représentants sur la colonisation de la Palestine par Israël ou sur l’aventure militaire pour la redistribution du pétrole libyen. La place est laissée ainsi au Front national et ses capacités de récupération du mécontentement, ainsi que son ultra démagogie visant à faire croire que les frontistes sont le contraire aujourd’hui de ce qu’étaient leurs prédécesseurs hier et de dire l’inverse de ce qu’ils pensent profondément.

Enfin, depuis juillet 2004, par le système des subventions accordées aux partis [8], à condition que ceux-ci aient un prolongement européen, l’Union européenne fait rentrer ces partis dans le rang et les incorpore dans sa logique, achète la tranquillité sociale autant que faire se peut et participe à remplir les caisses de formations dont les adhérents ne suffisent plus pour leur financement. Dans ces conditions, l’ambiguïté sociale et politique dans laquelle se trouvent les militants de « gauche » constitue un frein pour ces militants à se mobiliser et prendre en compte les conditions du réel.

Le Front national et la politique :

C’est à l’heure de vérité, en février 1984, que Jean-Marie Le Pen commence à se faire connaître du grand public. Après plus d’un an d’enquête, selon des journalistes auteurs du livre, « La main droite de dieu » [9], c’est François Mitterrand, alors président de la république, qui aurait ordonné le passage du dirigeant frontiste à la télévision. Le Président de la république aurait fait montre d’une certaine grandeur à appliquer la devise chère à Rosa Luxemburg, « La liberté, c’est toujours la liberté de celui qui pense autrement », mais, apparemment, seules des fins strictement électoralistes guidaient son choix.

Aujourd’hui, le Front national a fait du chemin. Il est tentant pour certains commentateurs de faire accepter celui-ci comme un parti comme les autres et d’atténuer sa violence primaire et la radicalité de sa politique en faveur des puissants en faisant des comparaisons avec d’autres mouvements issus de la même tendance idéologique qui seraient plus violents et plus radicaux encore, comme l’Œuvre française, Le FNE (Front national européen), le GRECE (Groupement de recherche et d’études pour la civilisation européenne), Le GUD (Groupe union défense), le MNR (Mouvement national républicain, mégrétiste), Le Bloc identitaire, qui sont parmi les plus connus. Certaines de ces organisations conservent un antisémitisme venimeux qui s’ajoute à un anti-islamiste haineux et un anti-communisme habituel et virulent. A noter qu’il y a beaucoup de partisans de ces organisations qui oscillent perpétuellement en passant d’une organisation à l’autre. Le Front national étant un lieu de passage parmi les autres, quelquefois un aboutissement pour celles et ceux qui aspirent à la notabilité élective en s’évitant de rejoindre l’UMP.

Le Front national compte de nombreux cercles et organisations satellites. Le Front national de la jeunesse (FNJ) regroupe les jeunes frontistes afin de les structurer dans les collèges, lycées et universités, ils sont présents dans beaucoup d’établissements scolaires. Citons encore, La fraternité française qui est la vitrine sociale du FN, le Cercle national des agriculteurs, le FN des locataires (FNL) et parmi les nouveaux, le Cercle national de défense des travailleurs syndiqués (CNDTS) qui n’est pas un syndicat mais une tentative d’organiser les salariés proches du FN de façon qu’ils noyautent les syndicats de salariés. Enfin, des associations satellites, sous différents prétextes, notamment émotionnels, ratissent pour le Front national.

Le racisme est une construction intellectuelle. Avec les avancées scientifiques, cette construction s’est déconstruite peu à peu, même s’il en reste quelques relents. Il est devenu difficile de faire croire aux fariboles et autres billevesées sur les prétendues infériorités de non européens (non blancs). L’extrême droite, dont le Front national, a bien compris, que la vitesse de circulation de l’information, lui interdisait de s’en tenir exclusivement au thème passé d’ Arthur de Gobineau et d’Alfred Rosenberg. Elle a ajouté, comme clé de voûte des représentations de la haine et de la peur de l’autre, un racisme sociologique ethniciste, dont le français, Georges Vacher de Lapouge, fut, avant 1940, l’un des premiers théoricien Ainsi, l’irréductibilité des différences culturelles vient renforcer le biologique. L’islam confondu avec l’ « arabité » deviendrait incompatible avec l’ « européité ». Au fond, un racisme différentialiste. Un racisme différentialiste, qui, le cas échéant, peut s’étendre à toutes les populations.

Les conséquences politiques de ce racisme différentialiste, en plus de désarçonner l’antiracisme traditionnel, permettent, en double jeu, des alliances pragmatiques entre des partis et organisations, religieuses ou non, d’origines géographiques diverses, ayant des intérêts communs.

En France, la défense des identités culturelles rapproche des défenseurs de revendications régionalistes des thèses du Front national où les clôtures culturelles sont théorisées. Ces clôtures culturelles renforcent la demande d’autonomie économique demandée par les régionalistes [10].

Cette situation favorise l’ethnicisme sociologique et le fantasme fédéral sur l’exemple des landers allemands. Un ethnicisme sociologique qui milite pour se débarrasser des parlements nationaux qui, sous la pression des électeurs, sont jugés, par la Commission européenne, comme des freins à la gouvernance économique en faveur du capital.

Un ethnicisme sociologique souhaité par de nombreux européistes qui souhaitent avec celui-ci favoriser l’éclatement des nations en se basant sur les principes de l’auto-détermination ethnique, c’est-à-dire comme Hitler fit contre la Pologne et la Tchécoslovaquie à la fin des années trente (depuis l’éthnicisme sociologique a favorisé l’éclatement de l’ex Yougoslavie). Pour ce faire, l’Union européenne par ses subventions augmente les pouvoirs de régions en liaison directe avec les instances supranationales bruxelloises laissant aux Etats nations, au détriment des solidarités nationales, une coquille qui se vide peu à peu.

L’argument selon lequel le régionalisme serait décentralisateur n’est pas opérant puisque la centralité européenne vient remplacer la centralité nationale et éloigne encore plus les populations des pouvoirs de décision. Comme quoi, le Front National, favorise des opérations aux finalités moins nationales qu’il le laisse entendre.

S’inspirant du National-socialisme des années trente en Allemagne qui dénonçait à juste titre le chômage, le traité de Versailles et la finance (qu’il qualifiait, pour manoeuvrer l’opinion, racialement de juive) dont le programme, pour rassembler sous sa bannière, était constitué d’emprunts disparates, à peine remaniés, de tous les mouvements sociaux et politiques classiques, le Front national, sans vergogne mais non sans cynisme, s’affiche aujourd’hui plus socialiste et plus près des préoccupations de la population que tous les autres partis et organisations réunis.

Pour que ses discours soient réceptifs, le Front national a besoin qu’ils reposent sur un fond de vérité. Ainsi, il prend parfois en compte certaines revendications populaires justifiées et critique tout ce qui lui semble pouvoir être critiqué. Il en vient même, pour son programme, à imiter, semble-t-il, avec l’aide de Laurent Ozon, un écologiste passé chez les fascistes (débarqué du FN par Marine Le Pen en août 2011), une partie du programme des Verts, en conservant toutefois l’idée écofasciste, chère à Hitler et Pinochet, selon laquelle la nature s’impose à l’homme, et non l’inverse. Plus écologiste que le FN, tu meurs !

En Allemagne, en pleine période de crise du capitalisme (dont la crise de la dette de 1929 et ses suites), Hitler était arrivé au pouvoir, par les urnes, bien aidé par l’incapacité des partis se réclamant du socialisme à s’entendre et à définir une véritable politique alternative à la crise. Une similitude avec la situation en France et en Europe aujourd’hui.

La contagion néonazie ne connaît pas de frontières, En Estonie, les zélateurs du 3e Reich sont rejoints par ceux de Lettonie pour commémorer le nazisme. En Autriche, Jörg Haider du Parti de la liberté (FPÖ), le mal nommé, fut gouverneur du land de Carinthie entre 1989 et 1999 et aux municipales d’octobre 2010, son successeur, Heinz-Christian Strache, a obtenu 27 % des suffrages à Vienne. En Italie, Berlusconi a gouverné grâce aux bons soins de l’extrême droite. En Grèce, quatre membres d’extrême droite viennent d’entrer au gouvernement pour prêter main forte aux banques et aux spéculateurs.

En France, la frontière entre la droite et l’extrême droite est poreuse, le président de la république a un ministre en provenance d’Occident (un groupuscule fasciste qui fut interdit en octobre 1968) et un transfuge de l’extrême droite comme conseiller à l’Elysée. D’autres ministres utilisent à s’y méprendre le langage et les façons du Front national, banalisant ainsi une forme de pensée et d’action. Cette situation laisse espérer aux frontistes de radicaliser encore plus la droite classique et conservatrice, voire espérer une alliance prochaine avec celle-ci pouvant les conduire au pouvoir (11).

Le Front national et l’immigration :

L’immigration [12] est un thème délicat à aborder et c’est précisément parce que Le Front national en fait son sujet de prédilection.

Concernant le Front national, sa vision est celle de Samuel Huntington et de son choc des civilisations où l’immigrant, de préférence musulman, vient à propos remplacer le juif et le rouge,

Une récente étude [13] de l’Institut national d’études démographiques (INED) montre qu’au global, l’immigration semble relativement stable en France, à un niveau nettement inférieur à celui de nos grands voisins européens. Le Front national s’appuyant sur les frustrations sociales, attise à son avantage les peurs et invite les Français à penser que les immigrés prennent leurs emplois. Pour répondre au FN, la « gauche » utilise souvent des raccourcis et se contente de formules incantatoires et moralisatrices à l’emphase indignée, sermonnant les personnes qui désignent les migrants et les immigrés comme cause du chômage, de cette manière cette « gauche » pousse ces personnes dans les bras prêts à les recevoir. Seules, le plus souvent, ce sont de petites formations, des syndicats ou des associations qui situent les apports de l’immigration, innovatrice, consommatrice, cotisante, et finalement créatrice de richesses.

Notons toutefois que comme le précise Michel Rogalski : « la libre circulation des travailleurs profite avant tout au capital, car elle favorise leur mise en concurrence à l’échelle du monde et permet d’augmenter les taux d’exploitation de toute la main-d’oeuvre, immigrée ou non » [14].

Notons encore qu’on ne peut pas à la fois piller des pays, changer leurs environnements en volant les terres (agriculture subsaharienne ou roumaine par exemple) et causer ainsi des départs puis adopter une politique répressive face à ces mêmes départs en faisant comme si on ne comprenait pas les raisons profondes de l’immigration.

On peut enfin mentionner que si les pilleurs occidentaux ou chinois étaient hors d’état de nuire et que les Africains devenaient enfin propriétaires de leurs richesses ; pétrole, forêts (bois tropicaux dits exotiques), coltan, uranium, or, cuivre, platine, chrome, manganèse, bauxite…., ils n’auraient alors aucune raison d’immigrer. Le contraire de la politique souhaitée par le Front national qui y perdrait son fond de commerce : la peur de l’étranger.

Dans la série des réalités difficiles à aborder, dont le Front national fait son terreau, il y a celle d’organisations religieuses qui tentent de manipuler la population issue de l’immigration musulmane et qui manœuvrent la population en général avec des prédicateurs de nébuleuses islamiques, notamment salafistes, qui seraient financées principalement par de généreux donateurs d’Arabie saoudite, dont certains pensent que c’est une invention des Renseignement généraux. Ces prophètes traçant des voies funestes arpentent néanmoins certaines cités cherchant à exploiter à leur profit les ressentiments des jeunes issus de l’immigration, victimes du chômage, du racisme et de l’exclusion sociale. Un militant social de quartier pointant du doigt cette réalité se verra aussitôt accusé de faire le jeu du Front national.

On peut formuler l’hypothèse selon laquelle pour subordonner la question sociale à la question confessionnelle, cette situation est encouragée depuis plus de vingt ans au plus haut sommet de l’Etat. L’Union des organisations islamiques de France (UOIF), propriétaire de mosquées, proche des Frères musulmans, fut créée en 1983 et c’est Nicolas Sarkozy en 2003, alors ministre de l’intérieur sous le gouvernement Raffarin, qui a aidé cette organisation à s’installer au sein du Conseil français du culte musulman (on souffle sur les braises en espérant enflammer la maison pour crier au feu). De crainte de renforcer le FN, cette réalité est souvent mise sous le boisseau par les organisations progressistes. C’est pourtant au FN que profitent de pareilles stratégies et nier les faits sociaux dans leurs complexités est la meilleure façon de se préparer des lendemains difficiles.

S’il est probablement difficile d’essayer de tracer une ligne de démarcation entre toutes les tendances religieuses de par le monde entre l’acceptable et l’inacceptable. Il n’en reste pas moins que certaines organisations sont dogmatiques et réactionnaires, qualifiées le plus souvent d’intégristes. L‘islamisme intégriste est très minoritaire chez les musulmans de France et encore moins évidemment chez la population originaire de Maghreb qui ne se reconnaît pas dans la religion musulmane. Pour autant, l’intégrisme religieux, même très minoritaire, est capable de créer un réflexe de peur propice aux égarements.

S’agissant des islamistes, ils sont couramment instrumentalisés comme ressource électorale et pas seulement par le Front national. Pour faire peur, ils sont utilisés pour désigner sans distinction différents mouvements politiques dans le monde arabe. L’islamisme est divers et rien ne dit que c’est sa version la plus radicale ou intégriste qui va l’emporter partout. Même si les salafistes déjà cités sont préoccupants, c’est-à-dire ceux là même qui sont soutenus par les oligarchies financières et monarchiques du golfe Persique (qui imposent la Charia dans leurs pays). Ces oligarchies soutenues elles-mêmes par toutes les institutions au service du capital (FMI, OMC, Banque mondiale…).

D’ailleurs, on peut raisonnablement penser que dans l’art d’utiliser l’arme religieuse, l’islam politique le plus intégriste est devenu une forme de gestion du capitalisme (comme auparavant les monarchies utilisèrent le catholicisme intégriste en Europe). Sur ce point, la nouvelle situation en Libye vient confirmer cette approche, tout comme celle de Syrie où les salafistes et les Frères musulmans alimentent la chronique internationale et la meute occidentale attachées à se défaire du régime laïque de Damas, pour créer une nouvelle situation géopolitique dans la région (Syrie, Iran, Liban et Palestine).

Il ne faut pas se voiler la face, le cléricalisme traditionaliste chrétien du Front national, comme en Israël le sionisme, se nourrit du cléricalisme traditionaliste de l’islam. Et vice et versa. A l’instar du sionisme, le cléricalisme traditionalisme islamiste le plus intégriste, s’ajoute et se complète avec les extrêmes droites, plus qu’il ne s’oppose. Les uns et les autres ont en commun, en plus d’utiliser le religieux le plus obscurantiste, d’être au service du système capitaliste.

Pour le capitalisme, toutes les croyances sont bonnes à prendre pourvu qu’elles puissent être utilisées dans le sens de ses intérêts, c’est à dire d’augmenter son taux de profit. En Afrique subsaharienne et en Amérique latine, c’est la prolifération des sectes obscurantistes d’origines protestantes états-uniennes qui sert à manipuler les exclus, à dévoyer leur révolte et à faire accepter l’ordre existant. En conséquence, le capitalisme donne raison à Marx en se servant toujours de la religion comme d’un opium pour le peuple.

Il est d’autant plus important d’aborder la question migratoire dans toutes ses composantes que celle-ci sert à alimenter la guerre contre le prétendu terrorisme [15]. Un terrorisme quelquefois confondu avec la violence qui rejoint la thématique sécuritaire chère au Front national où est suggérée une notion de danger physique plus que social, que cherche à mobiliser l’islamophobie médiatique en espérant conditionner l’opinion publique. La propagande désignant les populations immigrées comme foyer de criminalité. Le sécuritaire et la guerre au terrorisme se légitimant l’un l’autre. Ce terrorisme, dont la presse nous abreuve (l’islamo-terrorisme international), sert à faire accepter, en plus de mettre en avant les solutions frontistes, des guerres soi-disant de prévention, c’est le terrorisme d’Etat [16], bien réel celui-ci car très théorisé, dont les finalités ne sont qu’économiques, néo coloniales et impérialistes.

L’ultra démagogie du Front national :

Concernant la politique dite politicienne, le Front national en est sans contestation possible le champion.

Dès 1972, fustigeant déjà les institutions, il s’inscrit délibérément dans celles-ci pour grappiller des sièges. Ensuite, les tentatives d’instrumentalisation par le Parti socialiste et la droite classique du Front national, amène celui-ci sur le devant de la scène.

Marine Le Pen critique l’Union européenne (en paroles) qui selon elle, menacerait les racines (sic) de la France. Ce qui n’empêche pas le Front national de présenter des candidats au parlement européen [17], crédibilisant ainsi un parlement sans pouvoirs conséquents et une illusion démocratique de l’Union européenne, puisque les décideurs réels (la commission indépendante des gouvernements) sont soustraits du suffrage universel. Un exemple du double langage fréquent du parti frontiste.

D’ailleurs, à l’opposé de sa stratégie de repli identitaire, le FN, de façon qui pourrait paraître inattendue, ne propose de débouchés politiques que dans un cadre européen. Concernant les « frontières économiques et les protections douanières », le FN, si l’on en croit son programme, n’envisage ces protections qu’à l’échelle européenne [18].

En fait, le Front national « saute sur tout ce qui bouge », et Marine Le Pen est une politicienne attrape-tout. Le brouillage et le camouflage idéologique sont les sésames pour parvenir à ses fins.

Il y a quelques années, le Front national défendait l’idée, logique avec son idéologie, que l’ultra-libéralisme était la seule solution économique sur terre et que Ronald Reagan était son champion. Oui, mais, l’ultra-libéralisme détruit les emplois et diminue les salaires. La population touchée, délaissée par la « gauche », amène le Front national, par souci électoraliste et pour conquérir le pouvoir, à chercher dans cette population les voix des plus exploitées fragilisées par le capitalisme. Inspiré par le national-socialisme du passé, il a modifié son discours et s’en est concocté un nouveau à l’opposé du précédent, dénonçant les méfaits de . . . l’ultra-libéralisme.

On peut trouver une autre preuve de ce brouillage idéologique dans la question scolaire. L’extrême droite a toujours combattu la laïcité au profit du religieux, s’appropriant certains symboles liturgiques, notamment au travers de processions et pèlerinages. Profitant que le champ de la réflexion sur la laïcité ait été déserté par la « gauche » et surfant sur les échecs scolaires, le démantèlement et la marchandisation de l’école publique, le Front national se fait l’apôtre d’un ultra-laïcisme pour le seul propos de condamner les musulmans et de proposer une « pharmacopée » qui tuerait le malade ; caporalisation des enseignants, fin de ce qui reste de la gratuité, élitisme, concurrence, écriture renforcée de l’histoire en forme d’opinion, etc. …

Marine Le Pen évite de dire qu’elle est avocate de profession. Certainement qu’elle considère cette activité ne faisant pas assez « peuple » et puisqu’il s’agit justement de tromper le peuple, il faut faire « populaire » à tout prix.

Pourtant, on peut chercher la présence du Front national auprès des travailleurs en lutte. On ne la trouvera nulle part. Lors de la lutte pour les retraites, Marine Le Pen soutenait le projet gouvernemental et du MEDEF et demandait la répression contre les manifestants et les syndicats. Malgré le faire semblant de son programme, on ne la trouvera pas davantage pour la défense de l’environnement, lorsque la population se fait entendre sur cette question. Lorsqu’une présence du Front national sur le terrain des luttes sociales est signalée, c’est celle des nervis fournis aux classes dominantes contre les manifestants.

L’instrumentalisation du Front national

L’instrumentalisation du Front national a plusieurs tiroirs.

La peur justifiée du Front national par une partie de la population, amène certains politiques à penser que le rassemblement contre les frontistes, peut servir de démarche politique suffisante pour exister (une fin en soi) et qu’une mise en perspective progressiste dans ces conditions est secondaire. Ils en viennent à refuser d’examiner des propositions politiques anticapitalistes, sous le seul prétexte de se différencier à tout prix de Marine Le Pen qui, par opportunisme, ferait quelques allusions correspondantes. Chez ces gens là, la tentation est grande de justifier la défense des institutions capitalistes, qui les accepte et dont ils profitent souvent, par opposition au Front national et en désignant ce dernier qui serait contre. Ce qui n’est qu’apparence et leurre. Cette manière de faire, indirectement, renforce le Front national qui se nourrit ainsi d’une image anti-système et d’un éclairage médiatique car, comme l’écrivait le grand Victor Hugo : « être contesté, c’est être constaté ».

Cette image anti-système se trouve encore renforcée lorsque Laurence Parisot, la patronne du MEDEF, dans un livre [19] sur la prochaine échéance électorale (qui désignera pour la France le prochain commis voyageur de l’Union européenne), vient mettre en garde contre le vote Marine Le Pen. Lorsqu’on sait que l’imprécation des frontistes contre les étrangers sert au patronat dans sa guerre contre les salaires directs et indirects, à les compresser pour augmenter ses profits. Lorsqu’on sait également le soutien des plus riches à l’extrême droite lorsque les partis classiques ne suffisent plus pour les aider dans la recherche du profit, le comble de la perfidie est atteint. Laurence Parisot décerne, par opposition, à Marine Le Pen un brevet de politique sociale. Preuve qu’en politique l’illusionnisme est fondé sur la manipulation de l’opinion publique.

Une autre facette de l’instrumentalisation du Front national, ce sont les façons d’utiliser ce parti par les faiseurs d’opinion. Tantôt, c’est pour le mettre en valeur : il poserait les bonnes questions et pourrait se renforcer sur la base de celles-ci. Tantôt, c’est pour discréditer et invalider les propositions alternatives au capitalisme qui sont proposées et les affaiblir, sous le prétexte qu’elles ressembleraient aux propositions de Front national. Les bonnes questions de Marine Le Pen deviendraient mauvaises lorsqu’elles sont posées par d’autres sensibilités politiques. Bien entendu, ce sont les réponses aux questions, et surtout les mesures politiques qui pourraient s’ensuivre, qui ne peuvent être les mêmes, selon que l’on soit frontiste, progressiste ou révolutionnaire qui inquiètent les tenants du capitalisme, c’est-à-dire du système basé sur la logique de l’accumulation illimitée du capital.

Le Front national est utilisé pour décrédibiliser toutes les propositions alternatives au libéralisme ambiant, si minimes soient-elles. Lorsque des responsables politiques font quelques propositions dites protectionnistes [20], mêmes matinées de l’adjectif « européen », ils sont aussitôt accusés comme les tenants d’un repli sur soi et proches des thèses du Front national. Enfin, les organisations qui militent pour que la France ne soit plus subordonnée aux intérêts du capital et à l’Union européenne, subissent plus encore, les mêmes accusations. Cette intimidation médiatique a pour raison d’essayer de décourager toutes velléités de s’en prendre aux règles du libre échange qui pourrait restreindre la course aux profits.

Le même procédé est utilisé avec la monnaie européenne [21]. Marine le Pen proposerait d’en finir avec celle-ci qui n’a pas la cote auprès de la population. Mais Marine Le Pen ne propose pas de mettre les marchés financiers (bourse et finance actionnariale, banques, compagnies d’assurance) hors d’état de nuire, de réorienter la Banque de France, ni d’instaurer un contrôle des mouvements de capitaux et des changes. Conditions pourtant sine qua non d’une sortie de l’euro favorable au pouvoir d’achat et à l’emploi, auxquelles il serait possible d’ajouter le retour de services essentiels dans le giron public. D’ailleurs, si on y regarde de plus près, on s’aperçoit que le Front national propose une sortie de l’euro simultanée des pays de l’Union européenne. On voit là les limites de la proposition frontiste, c’est une posture politicienne et une imposture politique. Une sortie simultanée c’est s’en remettre à Pâques ou à la trinité, c’est-à-dire jamais.

Concernant l’euro, une parenthèse s’impose, pour celles et ceux qui pensent que la fin d’utilisation de la monnaie unique constituerait une augmentation massive de la dette publique (qui est en euros). Il faut rappeler que les dettes publiques ne sont pas dues au destin. L’article 104 du Traité de Maastricht, devenu l’article 123 du Traité de Lisbonne, stipule que les Etats membres de la Communauté européenne n’ont plus le droit d’emprunter auprès de leur banque centrale, mais sont dans l’obligation d’emprunter auprès de banques privées (22), moyennant de très forts intérêts. Ces dettes constituent une tentative sans précédent d’imposer et d’accélérer les « réformes » du capitalisme en transférant les richesses du travail vers les banques et les fonds de placement. Comme l’indique l’économiste Samir Amin, Président du Forum Mondial des Alternatives (FMA), dans un article : « … les politiques d’austérité imposées pour réduire ces dettes auront pour conséquence (recherchée) d’en augmenter le volume ». Une haine de classe que l’ancien numéro deux du MEDEF, Denis Kessler, avait bien explicité dans son interview à Challenges (4 octobre 2007) en se félicitant de la politique gouvernementale et conseillant à celle-ci d’en finir avec le programme du Conseil National de la Résistance (CNR) et promettant de la sueur et des larmes pour la population.

Dans sa période révolutionnaire, le jeune pouvoir soviétique fit savoir qu’il ne s’estimait pas comptable des sommes empruntées par le tsar. Un précédent (avec le message islandais) qui peut constituer une bonne base de réflexion pour rassembler et s’opposer au paiement de la dette. Enfin, le développement industriel et économique peut aussi résorber la part de la dette la moins spéculative. Ce qui suppose, entre autres, de créer des emplois, d’augmenter les salaires pour changer la répartition entre masse salariale et profits et de mettre un terme aux délocalisations, c’est-à-dire de prendre des mesures protectionnistes pouvant aussi servir à raccourcir les circuits de distribution de certaines marchandises. La qualité de l’environnement s’en trouverait améliorée.

Olivier Besancenot, à sa façon, instrumentalise aussi le FN. Lorsque François Ruffin pour le journal Fakir lui demande si contre le dumping social, il faudrait des taxes douanières, l’ancien porte-parole du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), lui répond : « nous sommes contre toute mesure qui pourrait réveiller les nationalistes » (Fakir n° 51 de juillet-août 2011, page 12). La réplique peut apparaître candide, toutefois on mesure bien là le piège frontiste et l’utilisation que peuvent tirer les multinationales de l’existence du Front national.

Il fut un temps où la « gauche » réclamait tout ou partie de proportionnelle dans les scrutins électoraux. Aujourd’hui la montée du Front national a mis cette revendication sous l’éteignoir. Par nature conservateur, le scrutin majoritaire favorise la bipolarisation, l’immobilisme institutionnel et permet à deux partis de profiter au maximum des subventions publiques, qui sont accordées, notamment en fonction du nombre d’élus siégeant à une assemblée nationale (chambre d’enregistrement, sans réels pouvoirs) qui représente en définitive assez peu la pluralité des opinions. Il est pourtant illusoire de vouloir cacher par des artifices techniques, la montée du FN. Ces artifices techniques sont contre-productifs car ils permettent au Front national de se positionner en victime des institutions. Seule une « bataille » sur les idées, et les luttes sociales qui prennent en compte les préoccupations de la population la plus touchée par le mercantilisme, peuvent permettre de se débarrasser de la tentation frontiste.

De façon générale, pour les partis politiques, soit en refusant de l’affronter sur certaines questions, soit en continuant de l’instrumentaliser pour des spéculations électorales, le Front national, incite à la facilité. Les uns et les autres se limitant à se présenter comme un « rempart » aux frontistes (il faudrait choisir Hindenburg pour éviter Hitler), particulièrement avec le chantage au 21 avril 2002.

L’instrumentalisation du Front national constitue donc un frein à définir des stratégies [23], non en termes de calculs électoraux, mais en termes de projet de société qui s’attaque aux sources des problèmes sociaux et environnementaux.

Le 3e fer au feu du capital

En France, la consanguinité de L’Union pour un mouvement populaire (UMP) avec la France d’en haut est avérée, Nicolas Sarkozy est considéré comme le président des riches, les dirigeants du Parti socialiste (PS) sont pour la plupart gagnés à l’idée du libre échange et à celle d’une France soumise à l’Union européenne, dont le droit a désormais une primauté sur notre droit interne.

Le résultat pour des millions d’ouvriers et d’employés ce sont des bas salaires, des inégalités, de l’exclusion, du chômage, de la pauvreté, une précarité accrue et des régressions de toutes sortes.

Dans un contexte de colère sociale et de discrédit des oligarchies, force est de constater que le Front national est le 3e fer au feu du capital.

En effet, le Front national est utilisé comme une voie offerte au mécontentement à s’exprimer avec les urnes, sans pour le moins du monde remettre en cause les fondements du capitalisme. Il peut servir comme perversion à la lutte de classe. C’est une voie sans issue, sauf celle de créer les conditions d’un régime autoritaire et dictatorial nous ramenant aux années les plus noires du passé. Paradoxalement, pour celles et ceux qui désireraient l’utiliser lors d’une élection pour sanctionner l’ordre existant, c’est le plus sur moyen de renforcer cet ordre et de marquer un but contre son camp.

Marine le Pen se réclame de la défense de la nation, mais une nation arrogante et fermée, réduite au plus petit dénominateur commun ; celui de la couleur et de la race où la permanence du sang fonde l’identité nationale. Un nationalisme qui milite pour une homogénéité ethnico-raciale. Une affirmation que le regard le plus superficiel peut remettre en doute tant notre « nationalité » recouvre un éventail de corpulences, de tailles et d’aspects.

Marine Le Pen milite pour un capitalisme populaire dit-elle. Elle a le mérite d’annoncer la couleur, il s’agit bien d’un capitalisme. Ce capitalisme populaire s’appliquerait aux entreprises de plus de 50 salariés. Une forme d’actionnariat qui ne concernerait pas la sous-traitance pourtant en pleine extension, un actionnariat sans droit de vote évidemment. Le Front national détestant la démocratie, notamment dans l’entreprise ou le fort, c’est-à-dire le patron et le gros actionnaire seuls ont le droit de décider. En fait, le parti frontiste propose aux salariés de s’auto exploiter. Rien de bien nouveau sous le ciel du libéralisme économique.

Le Front national n’est finalement que la droite extrême avec une logique d’exploitation salariale ultime et une démagogie de tous les instants. Il milite pour le fort contre le faible et propose d’en finir avec toutes les aides sociales. Il milite pour le rejet des autres [24], en cela, il se prononce pour une augmentation des dépenses militaires et souhaite régler les conflits par la force, c’est-à-dire par les armes. Le Front national et le libéralisme économique suprême ne font qu’un. C’est le rêve néolibéral absolu. Lorsque la droite dite classique et la « gauche », dite sociale libérale, sociale démocrate ou de compromis, sont usées, le Front national et ses flatteries sociales pour préjugés réactionnaires devient une solution pour le capitalisme.

Serge Portejoie - Comité Valmy

Mis en ligne le 30 novembre 2011

Nota bene

[1] L’organisation d’extrême droite Ordre nouveau s’est approprié, sans honte ni honneur, le nom de Front national. Rappelons que pendant l’occupation en France, le Front national fut l’organisation créée en mai 1941 par le Parti communiste français pour permettre un large rassemblement de résistants, ouvert à toute la population, hormis les collaborateurs. Les prédécesseurs du Front national actuel étaient, eux, dans l’autre camp, celui de l’occupant. Ils stigmatisaient les étrangers d’alors qui se battaient pour la liberté (par exemple, le groupe Manouchian),

[2] La Ligue des droits de l’homme, est officiellement fondée le 4 juin 1898 pour défendre le capitaine Dreyfus, se basant sur le Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789.

[3] Ce n’est pas un hasard si le Front national obtient ses meilleurs scores électoraux dans les villes de garnison. Une réalité toujours cachée. Toutefois cette réalité ne saurait éluder la question, non du vote de la classe ouvrière, mais de l’apparent abandon de celle-ci par une partie de la « gauche » institutionnelle.

[4] La plupart des mouvements d’extrême droite ont utilisé ou utilisent les religions dans leurs aspects les plus sectaires. Le Front national ayant participé quant à lui à soutenir la Fraternité Saint Pie X (Mgr Lefebvre) et Roger Holeindre, cofondateur du FN, à organiser les rassemblements de cette tendance religieuse, à Paris, dans l’église Saint-Nicolas-du-Chardonnet.

[5] Sur l’aide apportée à l’extrême droite en France, on peut lire avec intérêt l’historienne Annie Lacroix-Riz, « Le Choix de la défaite : les élites françaises dans les années 1930 », Armand Colin, 2006 et 2010, que l’on pourra compléter, du même auteur, par « Industriels et banquiers français sous l’Occupation : la collaboration économique avec le Reich et Vichy », Armand Colin, 1999, réédition 2007

[6] Le concept de « gauche » est historiquement le produit des luttes parlementaires, il est donc naturellement orienté vers les mobilisations électorales et subordonne ainsi la politique à la seule question électoraliste. Comme le souligne dans ses ouvrages Jean Claude Michéa, la notion de « gauche » suppose son contraire, la droite. Il constitue donc un clivage qui fige les positions et ne rend pas compte de la contradiction capital/travail, exploiteurs/exploités. Cependant, même si la notion de « gauche » est discutable et à géométrie variable, elle s’est néanmoins imposée dans la conscience populaire, c’est pour cela qu’elle est utilisée dans ce texte, mais avec des guillemets.

[7] http://www.tnova.fr/essai/gauche-qu…

[8] Pour l’instant, l’Alliance européenne des mouvements nationaux (AEMN) dont fait parti le FN ne remplit pas les critères pour recevoir des fonds communautaires.

[9] Emmanuel Faux, Thomas Legrand, Gilles Perez, « La main droite de Dieu », Seuil, 1994.

[10] La défense des cultures régionales est une cause intrinsèquement juste. Le problème, c’est que sous le prétexte de défendre des causes sympathiques se dissimule quelquefois des opérations de marketing identitaire encouragée par l’Union européenne, souvent à l’insu des populations participantes qui par romantisme participent à des initiatives pour la défense des langues régionales ou la célébrations d’un passé idéalisé, simple et pur (le retour aux sources). La Fédération peuples et ethnies solidaires, qui regroupe tous les mouvements séparatistes français, partisans du fédéralisme, s’inscrit dans une démarche d’éclatement de la nation. Ces mouvements ont plus d’impact que le laisse supposer le nombre de leurs adhérents. S’agissant de la Bretagne, l’histoire unissant les séparatistes bretons avec l’extrême droite a bien été démontrée par Françoise Morvan, avec son livre : « Le Monde comme si, Nationalisme et dérive identitaire en Bretagne », Ed. Actes sud, 2002, réédition Babel, 2005.

[11] Pour courir après le Front national, s’est constitué, le Collectif parlementaire de la droite populaire qui comprend 46 députés membres de l’UMP. Ils sont proches des thèses du Front national et pour certains préconisent une alliance entre l’UMP et le FN. Comme s’il en était besoin, ces députés « tirent » autant que possible la politique gouvernementale en faveur des intérêts du capital (ils ne sont populaires que chez les plus riches) et se prononcent pour toujours plus d’autoritarisme. Prenant prétexte que le Parti socialiste pourrait accorder le droit de vote aux étrangers pour les élections municipales, le ministre des Transports et cofondateur de ce collectif, Thierry Mariani (UMP), a accordé une longue interview à l’hebdomadaire d’extrême droite Minute du mercredi 19 octobre 2011. Ce collectif est le plus souvent dénommé « Droite populaire ». A ne pas confondre, mais à ajouter, avec la Nouvelle droite populaire (NDP), fondé en 2008, qui est un parti politique français d’extrême droite dont le principal objet est de lutter contre l’islamisation (sic) de l’Europe. Une copie conforme mais néanmoins concurrente du Front national.

[12] En France, selon l’Insee, « un immigré est une personne née étrangère à l’étranger et résidant en France ». Une personne continue à appartenir à la population immigrée même si elle devient française par acquisition. Le plus souvent, les définitions ne rendent pas compte de la réalité et de la diversité de l’immigration.

http://www.insee.fr/fr/methodes/def…

[13] Population et sociétés, la revue de l’INED de novembre 2010 :

http://www.ined.fr/fichier/t_public…

[14] Recherches internationales (l’article de Michel Rogalski sur l’immigration)

http://www.recherches-international…

[15] La notion de terrorisme, sans définitions juridiques précises, est à géométrie variable. Selon l’instant, le lieu ou les appréciateurs, les « terroristes » peuvent être des « combattants de la liberté », voire passer de l’un à l’autre comme en Afghanistan, en Bosnie et au Kossovo avec les « djihadistes ». Avec l’utilisation du mot « terroriste », il s’agit souvent de manipulation des consciences.

[16] Sur le terrorisme d’Etat, on peut lire avec intérêt, consacré aux Etats-Unis, le livre de William Blum, « L’Etat voyou », Ed. Parangon, 2002 et celui de Noam Chomsky, « Autopsie des terrorismes, les attentats du 11 septembre & l’ordre mondial », Ed. Agone 2001 et réédition actualisée, Ed. Agone, 2011.

[17] Bruno Gollnisch, Marine Le Pen et Jean-Marie Le Pen, sont les trois élus actuels du Front national au parlement européen.

[18] Que le FN ne propose de solutions que dans le cadre de l’Union européenne n’est pas étonnant, l’idéologie de l’extrême droite est très liée à l’Europe. En France, sous le régime de Vichy, la propagande consistait notamment à travailler l’opinion sur les thèmes de : « La France en Europe » et « L’Europe unie contre le bolchevisme ».

[19] Laurence Parisot et Rose Lapresle, « Un piège bleu marine », Calman Lévy, septembre 2011

[20] La doctrine du libre-échange est souvent remise en cause par son avocat le plus influent, les Etats-Unis, qui, en dépit de leur constitution fédérale, constituent une seule nation et un seul Etat. On parle alors de protectionnisme nord américain. Ce protectionnisme ne pourrait l’être selon certains au niveau de la France, mais à celui de l’Union européenne. Faut-il rappeler que l’UE est conçue pour faire l’inverse du protectionnisme et que ses Etats-membres, dominés par l’Allemagne, vassalisés par les Etats-Unis, sont un conglomérat de pays divers économiquement et socialement, avec des intérêts divergents (agriculture, énergie, industries, secteurs financiers), seulement d’accord pour imposer une cure d’austérité à leurs peuples, notamment par le biais du chantage autour de la dette publique, alors qu’une nation seule, et donc la France, présente l’avantage pour un protectionnisme d’un même intérêt et d’une même homogénéité socio-économique sur tout son territoire.

[21] Faut-il rappeler que parmi les 27 pays membres de l’Union européenne, 17 seulement utilisent l’euro et que cette monnaie, au cours considérablement surévalué par rapport au dollar (qui pénalise les pays aux économies en difficultés) appartient à la Banque centrale européenne (BCE) à Frankfurt, qui rappelle volontiers l’article 107 du traité de Maastricht : « … Ni la BCE, ni une banque centrale nationale, ni un membre quelconque de leurs organes de décision ne peut solliciter ni accepter des instructions des institutions ou organes communautaires, des gouvernements, des Etats membres ou de tout autre organisme. » En clair, la BCE n’a pas de compte à rendre aux élus politiques et ne sert exclusivement que la cause du système capitaliste et l’accumulation du capital.

http://eur-lex.europa.eu/fr/treatie…

[22] La France avait anticipé sur l’Union européenne avec la Loi n°73-7 du 3 janvier 1973 sur la Banque de France, dite Loi Pompidou Giscard Rothschild (Georges Pompidou étant président de la république et ancien directeur général de la banque Rothschild et Giscard d’Estaing son ministre de l’économie), cette loi interdisait déjà à la Banque de France de faire crédit à l’État.

[23] Certains syndicats ne sont pas en reste, les leçons de morale fusent et le discours contre le FN vient remplacer une véritable stratégie dans les luttes. Ainsi, les valeurs morales viennent remplacer les conquêtes sociales.

[24] Le délire idéologique n’est pas toujours très éloigné de la folie criminelle. Le rejet des autres amène des adhérents du Font national à faire l’apologie des pires extrémités, comme cet ancien candidat frontiste aux cantonales de mars 2011 de Saint Florentin dans l’Yonne qui dans son blog a fait passer un texte invitant à considérer, comme une icône, ce militant de la mouvance d’extrême droite, auteur de la récente tragédie norvégienne de juillet 2011, qui prétendait, par le meurtre, dénoncer : « la colonisation islamique et l’islamisation de l’Europe occidentale ». Notons qu’aussitôt, Marine Le Pen a rebondit, en bonne politicienne typique de l’extrême droite attrape tout, elle en a profité pour se positionner en victime d’une machination, notamment de la part du Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP) qui avait porté plainte contre son ex. candidat pour incitation à la haine raciale.

SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0