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LE RÉCENT BUDGET DE L’ÉTAT QUÉBÉCOIS - 2012

mercredi 28 mars 2012

COMPTABILITÉ D’ÉPICIER

Mardi dernier (20.03.2012), le ministre des finances, présentait son budget 2012-2013 à l’Assemblée nationale du Québec (1). Un budget de 70 milliards de dollars (excluant les organismes parapublics sous tutelles), comportant un déficit de 3,3 milliards de dollars qui s’ajoutera à la dette publique totale avoisinant les 249 milliards de dollars, ou 30 888 $ par québécois résidant (2). Ajoutez à cette dette provinciale, la part québécoise de la dette souveraine de l’État fédéral canadien (956 milliards $), soit 239 milliards de dollars ou encore 30 253 $ pour chaque citoyen – (3). Pour faire bonne mesure ajoutez la dette des ménages et des particuliers qui s’élève en moyenne à 144 000 $ (4) et vous obtenez la dette rondelette de 205 141 $ pesant sur les épaules de chaque citoyen, homme, femme et enfant résidant ou immigrant sur le territoire du Québec au cours des prochaines années. Autrement dit, l’État québécois et chacun d’entre nous dépense présentement les argents que nos descendants ne parviendront jamais à rembourser (5).

Tout observateur attentif de la scène économique aura noté à travers les révélations de ce budget que le profil financier du Québec ressemble étrangement au profil grec, portugais, espagnol, italien, irlandais, avec une différence notable cependant, alors que ces pays européens sont exclusivement des fournisseurs de plus-value ouvrière du secondaire et du tertiaire (industrie – transport – construction), l’économie québécoise parasite également son vaste territoire aux immenses richesses naturelles un peu comme l’Arabie Saoudite emmagasine sa rente pétrolière et la République du Congo brade ses richesses minières jusqu’au jour où les pays du BRIC n’auront plus besoin de ces ressources pour cause de surproduction… Nous y sommes justement, c’est ce qui nous fait dire que La Grèce, en plus mauvaise posture dans la division internationale du travail, s’est effondrée la première, mais tôt ou tard toutes les autres économies impérialistes en déclin suivront plus ou moins la trajectoire Grècque vers la catastrophe financière.

QUI VA PAYER CES 205 000 $ DE DETTE CUMULÉE ?

Comme le quart le plus démuni, le plus appauvri, de la population québécoise ne peut et ne pourra jamais rembourser le moindre dollar de cette dette publique et privée – l’État se contentera de leur retirer toute forme d’aide et d’assistance sociale et médicale –. Étant donné que la portion la plus riche de la population ne consentira jamais à rembourser, dissimulant ses capitaux dans les paradis fiscaux et rabrouant les futiles prétentions des politiciens bourgeois à leur botte, on comprendra que ce sont les commettants de ce que les sociologues universitaires appellent la « classe moyenne », dont le revenu familial se situe autour de la moyenne et de la médiane nationale, qui hériteront de cette accumulation de dettes publiques et privées – comptez donc plus du double de la dette moyenne nationale à rembourser pour chaque artisan de la « classe moyenne » paupérisée ( environ 410 000 $ à rembourser).

Tous auront compris pourquoi cette « classe moyenne » – qui est en fait un amalgame de travailleurs spécialisés, de petits-professionnels, d’intellectuels, d’artistes, d’enseignants et de professeurs, de cadres de niveaux inférieurs, d’ingénieurs, de petits marchands et d’experts en tout genre, etc. – est aujourd’hui la cible d’attaques répétées de la part de l’appareil d’État au service de la classe capitaliste monopoliste qui n’a pas d’autre choix que d’attaquer sa frange inférieure en même temps que les ouvriers – seules couches sociales encore capable de payer.

LA GRÈVE ÉTUDIANTE CE RAPPEL AU BON SOUVENIR DU MINISTRE

C’est ce qui explique la plus récente attaque du parti Libéral du Québec à l’encontre des fils et des filles de la « classe moyenne » et de la classe ouvrière afin de leur faire payer le prix de la crise (hausse des droits de scolarités de 1625 $) et de réduire ainsi leur accès aux études supérieures. Pire, ces dernières années il y a eu perte de 39 000 emplois chez les jeunes de 15 à 24 ans où le taux de chômage atteint maintenant 15,3 % (6). Vous aurez compris le pourquoi de l’attaque gouvernementale contre l’accessibilité aux études supérieures – à quoi bon former des diplômés chômeurs – instruits – révoltés, autant les éloignés de l’université et les forcer à travailler sous-payés (7) ?

Nous connaissons la réaction farouche des étudiants et étudiantes en opposition à cette agression et la guerre de classe que ces jeunes mènent au gouvernement Charest avec le soutien de leurs parents et des travailleurs partisans.

Le présent budget du ministre Bachand constitue un aveu d’impuissance de ce gouvernement et de son incapacité à sortir de la crise économique sans faire payer chèrement ses alliés de la « classe moyenne » et ceci afin de maintenir les taux de profits des multinationales étrangères et canadiennes (comprenant sa section québécoise). C’est ce qui explique la réaction exaspérée de la « classe moyenne » et la radicalisation de son combat – poussé qu’elle se sent dans les bras du prolétariat résistant. Jusqu’à maintenant la « classe moyenne » avait toujours espérer se tirer d’impasse sans trop de casse, avec la grève étudiante que ses fils et ses filles mènent en compagnie des fils d’ouvriers contre l’appareil d’État elle réalise chaque jour davantage qu’elle devra boire le calice jusqu’à la lie ou alors elle devra se rebeller. Au prolétariat de prendre acte de cette alliance proposée.

LE CIMETIÈRE DES BUDGETS NON DÉFICITAIRES

À l’Assemblée nationale le ministre Bachand s’est empressé de réitérer le mensonge qu’il plastronne à satiété : « Le budget de la province sera équilibré en 2013-2014, nous voguons vers le déficit zéro » ce qui est totalement faux. La plupart des commentateurs – journalistes et analystes bourgeois – ont pourtant fait semblant de croire ce manant et ont propagé ce canular dans les pages de leurs canassons et à la télévision. Même les bureaucrates syndicaux et un certain parti d’opposition font semblant d’y croire et prétendent, pusillanime, que cet objectif est dérisoire (8).

Non seulement l’équilibre budgétaire n’est pas à portée de main mais il s’éloigne chaque jour davantage, au fur et à mesure que la reprise économique s’étiole dans les miasmes de la surproduction mondiale. Le petit État impérialiste québécois n’échappera pas à la crise économique globale. Non seulement le Ministre admet un taux de croissance du PIB québécois de 1,5 % en 2011 mais il confesse un maigre taux de 1,9 % pour l’année qui vient – objectif qui de toute manière ne sera pas atteint, le Ministre le sait très bien.

Une série de mesures budgétaires annoncées par ce commis de la classe des ploutocrates canadiens (comprenant une section québécoise) illustre notre propos. Le Ministre affirme lui-même que ce budget est celui du Plan Nord, un vaste « projet » de braderie des ressources naturelles dispersées au-delà du 49e parallèle (mines, hydroélectricité et forêt). Le budget de l’an dernier (2011-2012) était également le budget du PLAN NORD et malgré des tournées internationales orchestrées par le premier ministre Charest en Asie de l’Est et dans d’autres régions du globe susceptibles d’exporter leurs capitaux vers les terres expropriées aux autochtones du grand Nord québécois, peu ou prou de ces multinationales étrangères appâtées ont accepté de participer à la spoliation des richesses naturelles du nord autochtone.

Qu’à cela ne tienne, le Ministre Bachand pousse plus loin l’encan, puisque les impérialistes étrangers boudent notre patrimoine, et ce malgré 4,2 milliards de dollars d’allègements fiscaux ; puisque les impérialistes étrangers et canadiens refusent de voler les minéraux spoliés aux autochtones alors le Ministre en rajoute une couche, il accordera 1,3 milliard de dollars de soutien financier (participation du gouvernement québécois au capital de risque) aux multinationales qui accepteront ses « cadeaux ».

Il va de soi que le gouvernement Charest-Bachand assumera par ailleurs le coût de la construction des routes et des voies ferrées, et de l’électrification des régions exploitées et spoliées. Hydro-Québec a déjà reçu l’ordre de son unique actionnaire (le gouvernement du Québec) d’offrir l’énergie hydro-électrique – la moins cher du monde 0,07 $ kW/h. – en dessous du prix coutant – offre de liquidation déjà en vigueur pour toutes les alumineries implantées dans la province (5 vastes fonderies actuellement en opération faisant du Québec le 3e producteur mondial d’aluminium à bas prix).

REPRENONS CETTE INVRAISEMBLABLE DÉPOSSESSION

Difficile de comprendre que les impérialistes refusent un tel « deal » n’est-ce pas ? Résumons, le gouvernement québécois construit à ses frais les coûteuses infrastructures de transport (routes et chemins de fer) et énergétiques (hydro électriques) ainsi que les infrastructures municipales – pour les éventuels mineurs, camionneurs, cheminots et ouvriers qu’il faudra loger, ravitailler et soigner – et il offre gratuitement les minéraux que recèlent les terres autochtones expropriées et cette série de cadeaux ne suffit pas à soulever l’appétit des impérialistes canadiens et étrangers (9).

Le gouvernement Charest a même lancé une vaste offensive pour hausser les frais de scolarité de façon à décourager plusieurs étudiantes et étudiants de poursuivre leurs études et les pousser vers le marché nordique du travail mal payé.

Cette immense braderie ne suffisant pas, le budget Bachand propose d’investir le produit des taxes et des impôts des citoyens québécois en capital de risque (un milliard trois cent millions de dollars pour commencer, cette somme initiale pouvant être augmentée par décret si désiré). En clair, le gouvernement propose aux voleurs non seulement de leur donner tout ce qu’ils pourront emporter mais de prendre à charge les frais et les risques de leur équipée. Pourtant, brésiliens, russes, indiens et chinois (BRIC) se font prier et très peu acceptent de considérer l’offre honteuse de ce gouvernement de poltron, pourquoi ?

Vous aurez noté que nous n’avons nullement considéré l’exportation de capitaux en terre canadienne de la part d’entreprises étatsuniennes, allemandes, françaises, britanniques ou japonaises. C’est que ces pays impérialistes en déclin n’en sont plus à investir leurs capitaux dans l’exploitation des mines et des ressources énergétiques pour développer de nouveaux marchés tout préoccupés qu’ils sont de sauver leurs capitaux fourgués dans les pays du tiers monde – en Chine notamment – et pour une fraction d’entre eux dans la spéculation boursière parasitaire.

Le capital de l’ensemble des pays impérialistes mondiaux étant fortement intégré – aussi bien pour les capitaux chinois, étatsuniens, européens, indiens que canadiens – la présente crise économique de surproduction n’appelle pas de politiques d’expansion des investissements productifs pour rehausser la production de marchandises, les entrepôts regorgeant déjà d’invendues et les populations dont on a réduit les salaires et les autres revenus n’ayant plus le pouvoir d’achat pour acheter les marchandises disponibles il devient inutile d’inonder les marchés de produits qui ne pourront même plus être soldés. Quoi qu’entreprenne le gouvernement québécois pour appâter ses maîtres financiers ; ces velléités sont vouées à l’échec tant que cette crise de surproduction n’aura pas été surmontée en détruisant une grande partie de produits pour justifier ensuite la reprise de la production. Sous le capitalisme, la production n’est pas développée pour satisfaire les besoins de la population mais pour accumuler des profits.

CONCLUSION

Le plus récent budget du ministre Raymond Bachand annonce la déconfiture d’un gouvernement désespéré ayant bien peu d’emprise sur l’économie mondiale à la dérive et qui supplie le grand capital international et canadien d’apprécier ses efforts pour livrer l’usufruit des ressources naturelles bradées, des étudiants escroqués, des travailleurs immigrants et des ouvriers exploités, des autochtones spoliés et de la petite bourgeoisie paupérisée.


(1) http://www.budget.finances.gouv.qc….

(2) http://www.budget.finances.gouv.qc….

(3) http://lapresseaffaires.cyberpresse… et http://investglobe.wordpress.com/20… et aussi http://www.iedm.org/fr/e

(4) http://lapresseaffaires.cyberpresse…

(5) Soit 150 % du revenu disponible – un taux semblable à la Grèce avant la grande débandade de l’an dernier. http://www.cyberpresse.ca/le-soleil…

(6) Nous affirmons que le minerai est offert gratuitement car la politique du gouvernement du Québec en matière de redevances minières et énergétiques, combinées aux généreuses déductions fiscales pour la recherche-développement-prospection ajoutées aux aides financières pour encourager le développement en régions éloignées additionnés aux programmes de subventions aux entreprises fait en sorte que les firmes capitalistes reçoivent d’avantage du gouvernement qu’elle ne débourse en impôts et en redevances.

(7) http://www.vigile.net/Deux-cent-mil… et http://les7duquebec.com/2012/03/22/…

(8) Oubliez les flagorneries des bureaucrates syndicaux qui tentent de minimiser la catastrophe financière gouvernementale, la présentant comme moins pire que celle d’autres pays déjà en faillites (Grèce, Italie, Portugal, Espagne) http://rejeanparent.ca/la-verite-su… . Il est vrai que la droite politique présente la dette publique comme catastrophique afin de justifier ensuite un report accéléré du fardeau des dettes sur le dos du peuple et plus de subventions pour les entreprises capitalistes. Nous nous préconisons le renversement total de cette société capitaliste incapable de satisfaire les besoins du prolétariat et du peuple travailleur.

(9) http://www.vigile.net/Il-faut-stopp… et http://www.mondialisation.ca/index….

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