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LA NOUVELLE GAUCHE RADICALE ANTIQUE ET MYSTIQUE

dimanche 29 avril 2012

ILS SONT DE RETOUR

Au siècle dernier, la décennie soixante-dix connue dix années d’agitation, de débats, de militantisme ouvrier, étudiant, populaire et tiers-mondiste, une décade stimulante puis finalement décevante. Après Mai-68, suite à la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne et à la victoire du peuple vietnamien, il y eut résurrection des organisations de la gauche radicale qui s’engagèrent sur le sentier du marigot révisionniste nouvelle formule avant de disparaître, une à une, victimes des balles de sucre et des chaînes dorées de la consommation Bobo-bourgeoise.

Ces organisations de la gauche nouvelle vague étaient pilotées par d’ex-curés défroqués et par de nouveaux « prêcheurs » endimanchés. Peu importe que leurs incantations soient psalmodiées le vendredi, le samedi ou les dimanches fériés, elles présentaient toutes la guerre de classe anti-impérialiste comme une quête initiatique. Le combat marxiste révolutionnaire n’a jamais été une lutte contre l’iniquité et les inégalités et pour une meilleure répartition de la richesse et des fruits de l’exploitation capitaliste ; c’était là une vue de l’esprit pré-marxiste, pré scientifique, empreinte de religiosité blanquiste, utopiste, métaphysique et primitiviste. Présentement, à la faveur de la montée des luttes ouvrières et étudiantes de cette décennie, une nouvelle gauche radicale antique et mystique revient sur le devant de la scène ré-exécutant cette partition frelatée d’antan.

LA CONTRADICTION FONDAMENTALE ET PRINCIPALE

Le système économique et politique capitaliste a rempli sa destinée historique. Le mode de production capitaliste des biens et des services – des marchandises – a réalisé son expansion maximale, il a atteint le stade impérialiste, ordre à partir duquel il se confronte et se bute à ses propres rapports de production étroits, les rapports sociaux qu’il a lui-même tricotés et ses habits serrés sont devenus trop petits pour lui, ils entravent son évolution vers un niveau supérieur de développement.

Cette contradiction fondamentale a pour conséquence que l’on peut observer des besoins sociaux patents – de nourriture, vêtement, logement, éducation, culture, loisir, transport, soin de santé, sécurité, etc. – qui ne seront jamais assouvis et l’on entend les demandes répétées des peuples, du Tiers-monde notamment, attestant chaque jour que ces besoins concrets sont frustrés.

En effet, répondre à ces besoins des ouvriers besogneux paupérisés ne constitue nullement un « marché solvable » ayant le potentiel d’assurer la réalisation de la plus-value par la monétarisation, c’est-à-dire la vente des marchandises, assurant le profit maximum.

Le besoin préexiste, le potentiel de production existe, mais la réponse fait défaut ; elle est court-circuitée, bloquée par les rapports de production capitalistes qui n’assurent pas la distribution vers les consommateurs, faute de profits virtuels à engranger, ce qui vous vous en souviendrez constitue le fondement de l’accumulation élargie du capital.

Pourtant, les capacités matérielles pour produire et distribuer existent et la force de travail qualifiée est disponible. C’est même cette force de travail qui aimerait bien pouvoir consommer les biens produits pour se reconstituer et être en mesure de continuer à produire et à travailler. Mais ces biens à livrer ne seront jamais commercialisés : les outils, les usines, les matières premières, l’énergie et la main-d’œuvre sont là ; mais en le marché solvable est absent pour écouler ces marchandises.

Les rapports de production capitalistes entravent la commercialisation et la consommation de ces marchandises faute de crédit. Surtout que les emprunteurs sont déjà sévèrement endettés comme nous l’avons observé en 2008, dans une vaine tentative des banquiers pour prolonger l’agonie de ce système obsolescent. Chacun se souviendra de la crise des fonds pyramidaux crapuleux et des traites hypothécaires d’il y a quatre ans (1).

Les rapports de production capitalistes amènent donc le capitaliste, propriétaire exclusif des moyens de production (usines, matières premières, énergie, transport et surtout main d’œuvre), à détruire et la marchandise déjà produite et les moyens de production déjà engagés dans le processus de production. La chaîne de montage s’immobilise, l’usine est fermée, démantelée, délocalisée, l’atelier déserté, la mine abandonnée ; le paquebot reste à quai, le chômage mortel et silencieux s’abat sur le pays qui fut un temps trop prospère, malade de sa surproduction et de sa sous-consommation, après une période d’opulence factice et éphémère.

La Grèce y est déjà, l’Italie suit, l’Espagne frappe à la porte de la misère, le Portugal au porte de la famine s’effraye, la France mystifiée vote et désespère, le Canada s’illusionne, l’Islande tergiverse, l’Argentine refait le tour de piste qui l’a déjà envoyée au tapis et les États-Unis manigancent, guerroient et terrorisent pour sauver la mise, ridicules atermoiements préfigurant l’effondrement ! (2)

Comme chacun a pu le constater, le moteur de l’économie capitaliste n’est pas l’iniquité, l’injustice et l’inégalité mais une certaine rationalité, source des fortunes mal acquises, système économique et rationalité qui ont fait leur temps. En effet ce procédé a atteint le maximum de son efficacité – de ses capacités à engendrer de la plus-value et du capital à réinvestir pour ré-accaparer la plus-value – et aujourd’hui ce système doit être renversé, déboulonné, non pas au nom de la lutte contre les inégalités comme le suggère le prêtre opportuniste vulgaire, le naïf moraliste préscientifique, mais dans le but de résoudre la contradiction fondamentale du système capitaliste et permettre à l’humanité d’avancer. Au bout du chemin il y aura de surcroit l’équité, l’égalité, la justice et la vraie liberté sous le socialisme authentique, en tant que résultantes du processus, on s’entend.

Les fossoyeurs et les accoucheurs – personne ne les entend – et pourtant on les pressent, ils seront bientôt dans la rue, sur les barricades, mouvant et hurlant.

L’ERREUR MYSTIQUE À NE PAS REFAIRE

Contrairement à ce que serinait Charles Gagnon, ex-leader du groupe EN LUTTE, une organisation révisionniste nouvelle mouture apparue au Québec dans les années soixante-dix, ce n’est pas le dogmatisme ou l’attachement excessif aux principes et aux préceptes du marxisme qui fut le péché originel – pour conserver le vocabulaire théocratique suggéré par ce prêtre-ouvrier – mais plutôt leur mysticisme transcendant et agnostique en d’autres termes l’ignorance totale des concepts marxistes – qui caractérisa et stigmatisa cette secte opportuniste et toutes ses semblables partout dans le monde, en France comme au Canada.

Citons le moine-soldat « au livre » comme disent les jésuites : « Ainsi pendant une dizaine d’années, les marxistes-léninistes qui, pour la plupart, avaient fait de la lutte ouvrière contre le capital la contradiction principale de la société (souligné par nous NDLR), secondarisant ainsi la lutte nationale, ce qui a terni leur histoire d’une tache indélébile (…) ils ont mené une critique acharnée et parfois outrancière des institutions économiques et politiques (…) EN LUTTE en crise, une crise qui reposait sur la fragilité des bases théoriques (théologiques NDLR) de son idéologie (…) le marxisme tel que remis en selle dans les années 1970 par des groupes comme EN LUTTE ne tenait plus la route. » (3).

Le dominicain du groupe EN LUTTE, en rupture-de-banc avec le Vatican, a raison de souligner la fragilité de ses bases théoriques marxistes quand il confond allègrement lutte de classe et contradiction principale jusqu’à et y compris la lutte nationaliste « séparatiste » (4). Ces arguties n’ont rien à voir avec la théorie marxiste en effet (relire ci-dessus la section portant sur la contradiction fondamentale et déterminante du système capitaliste) – et oublions si vous le voulez bien ses hallucinations métaphysiques althusériennes à propos de la « surdétermination » de l’idéologique sur l’économique et le politique.

Tout un courant de mouvements opportunistes renaissants s’avance présentement sur le devant de la scène politique en s’autoproclamant marxiste-léniniste. Assurément, une sévère autocritique de leurs antécédents militants s’imposent à eux afin d’éviter de retomber dans les ornières nationalistes chauvines, utopistes, métaphysiques et préscientifiques d’antan.


(1) http://www.mecanopolis.org/?s=Bibeau

(2) http://www.agoravox.fr/actualites/e…

(3) Charles Gagnon. (2011) Il était une fois…Conte à l’adresse de la jeunesse de mon pays. Bulletin d’histoire politique. Vol. 13, no 1. Association québécoise d’histoire politique. Montréal, 2000, pages 43 – 55.

(4) Nous publierons sous peu une mise à jour de la position marxiste-léniniste sur la question de l’ « Impérialisme et question nationale » (2012).

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