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Grèce - 25 mai 2012 -HISTOIRE DE SYRIZA par Yorgos Mitralias - et réponses de RoRo et de do

samedi 18 juillet 2015 (Date de rédaction antérieure : 24 mai 2012).

Etonnant effectivement SYRIZA, dite de la gauche radicale…

Aucune expérience du pouvoir, gagner les élections et vouloir prendre la tête d’un gouvernement, là où la droite, les “socialistes”, les fachos, les milieux d’affaires, ont échoué et ont plongé le pays dans le marasme le plus complet.

Former un gouvernement censé annuler toutes les mesures anti-sociales prises contre le peuple grec, tout en voulant rester dans l’Euro-dictature capitaliste et ne pas envoyer balader l’euro, causes de tous les maux… Peut-on liquider les effets, sans s’attaquer aux causes ???

Bonne chance dans ce cas … ! La GRECE, comme les autres, ne se sauvera qu’en récupérant son indépendance et sa souveraineté nationales et que par des mesures anti-capitalistes, que par la socialisation de l’économie et de la finance…

Socialiser l’économie, une chose dont la soi-disant gauche ne parle plus aujourd’hui, un but oublié, par les partis de “gauche” et syndicats réformistes en tête …

Ce pouvoir miné par le capitalisme, l’Euro-dictature et les banques, les communistes du KKE jusqu’ici n’en veulent pas… Ils sont donc qualifiés de sectaires et de … staliniens (mais, oui … !). SYRIZA ou KKE, l’avenir nous dira qui avait raison, élections ou pas …

RoRo


Réponse de do : je n’ai pas non plus confiance dans le KKE !

Bonjour à toutes et à tous,

Le KKE (Parti « Communiste » Grec) est obligé d’être beaucoup plus radical que le Parti « Communiste » Français. En effet, ces dernier temps, la lutte de classe en Grèce a pris une ampleur telle que ce ne sont pas des discours mièvres qui pourront la canaliser et la récupérer, c’est-à-dire la vaincre.

Le KKE ne peut se contenter de discours trop médiocres ; sinon, il sera immédiatement lâché par les masses. C’est ce qui explique la pseudo-radicalité de cette réponse du KKE à Pierre Laurent du P"C"F :

http://mai68.org/spip/spip.php?article3926

Cependant, il ne faut se faire aucune illusion sur le KKE ; car, il a tout fait pour éteindre les émeutes grèques du dimanche 12 février 2012. En effet, au lieu d’aider les émeutiers à prendre le parlement et à faire la révolution, le KKE les a combattus de toutes ses forces ; et il a fait une énorme propagande pour les faire passer pour des agents provocateurs au service du gouvernement, afin de dissuader la majeure partie de la population de les rejoindre et de faire la révolution.

Bien à vous,
do
http://mai68.org

Grèce - mai 2010 - Comment le Parti communiste grec couvre les coupes sociales de Papandreou (WSWS) :

http://mai68.org/spip/spip.php?article3816

Le KKE (Parti ’Communiste’ Grec) avait déjà trahi lors des grèves du 20 octobre 2011 (vidéo 11’26) :

http://mai68.org/spip/spip.php?article3818

Grèce - 14 février 2012 - Le parti communiste grec se fait le complice des étrangleurs du prolétariat :

http://mai68.org/spip/spip.php?article3802

(Lire aussi les commentaires à ce dernier lien)

SYRIZA ou la percée magistrale d’une expérience unitaire unique et originale

Yorgos Mitralias

Athènes, 19 mai 2012

Epouvantail pour « ceux d’en haut », espoir pour « ceux d’en bas », SYRIZA fait une entrée fracassante sur la scène politique de cette Europe en crise profonde. Après avoir quadruplée sa force électorale le 6 mai, SYRIZA ambitionne maintenant non seulement de devenir le premier parti de Grèce aux élections du 17 juin, mais surtout de pouvoir former un gouvernement de gauche qui abrogera les mesures d’austérité, répudiera la dette et chassera la Troïka du pays. Ce n’est donc pas une surprise si SYRIZA intrigue fortement au delà de la Grèce, et si pratiquement tout le monde s’interroge sur son origine et sa vraie nature, ses objectifs et ses ambitions.

Cependant, SYRIZA n’est pas exactement un nouveau venu dans la gauche européenne. Né en 2004, la Coalition de la Gauche Radicale (SYRIZA) aurait due attirer l’attention des politologues et des medias internationaux ne serait-ce que parce qu’elle était, dès ses débuts, une formation politique totalement inédite et originale dans le paysage de la gauche grecque, européenne et même mondiale. D’abord, à cause de sa composition. Formée de l’alliance de Synaspismos (Coalition), un parti réformiste de gauche de vague origine eurocommuniste ayant de représentation parlementaire, avec une douzaine d’organisations d’extrême gauche, qui couvrent presque tout le spectre du trotskisme, de l’ex-maoïsme et du « movimentisme », la Coalition de la Gauche Radicale constituait déjà à sa naissance une exception à la règle qui voulait –et continue à le vouloir- que les partis plus ou moins traditionnels à la gauche de la social-démocratie ne s’allient jamais avec les organisations d’extrême gauche !

Mais, l’originalité de SYRIZA ne s’arrête pas là. Ayant été conçue comme une alliance plutôt conjoncturelle et électorale (elle a été fondée juste avant les élections de 2004), SYRIZA a résisté au temps et a su survivre à ses hauts et ses bas, à ses succès et surtout à ses crises et ses échecs, pour devenir un exemple éclatant d’une réalité que la gauche radicale internationale peine toujours à atteindre : la cohabitation de différentes sensibilités, courants et même organisations dans une même formation politique de la gauche radicale ! Huit ans après la naissance de SYRIZA, la leçon à tirer crève maintenant les yeux : Oui, cette cohabitation est non seulement possible, mais elle est aussi fructueuse et même garante, à la longue, de grands succès.

Mais, s’interrogera-t-on, comment cette douzaine de « composantes » si hétéroclites de SYRIZA ont pu d’abord se rencontrer et ensuite se mettre d’accord pour une si longue et si originale cohabitation organisationnelle ? La question est pertinente et mérite une réponse détaillée et approfondie. Non, le « miracle » de SYRIZA n’est pas tombé du ciel, et il n’est pas le fait du hasard. Il a muri assez longuement et surtout, il a germé dans les meilleures conditions possibles, dans les mouvements sociaux et altermondialistes de ces derniers quinze ans.

On pourrait dire que tout a commencé il y a quinze ans, en 1997, avec la constitution de la branche grecque du mouvement des Marches Européennes contre le chômage. Ce n’était pas seulement qu’il s’agissait du premier pas vers ce qu’on appelé un peu plus tard le mouvement altermondialiste des Forums Sociaux. Plus spécialement en Grèce, c’était que les Marches Européennes ont eu une fonction peut être encore plus importante, celle de faire quelque chose qui était jusqu’alors absolument impensable : unifier la gauche dans l’action.

C’est ainsi que grâce aux Marches Européennes, on a vu des syndicats, des mouvements sociaux, des partis et des organisations de la gauche grecque (KKE inclus, au moins pendant un certain temps !) qui ne s’étaient jamais rencontrées, ou même qui s’ignoraient mutuellement, se mettre ensemble pour participer à un mouvement européen totalement inédit, aux côtés des syndicats, des mouvements sociaux et des courants politiques d’autres pays, jusqu’alors totalement inconnus en Grèce.

Ce n’est pas donc un hasard que ce premier coup porté au sectarisme viscéral qui a toujours caractérisé la gauche grecque, donnait lieu même a des scènes émouvantes de retrouvailles, proches de psychodrames, entre les militants qui jusqu’à alors ne connaissaient pas les uns les autres, et subitement découvraient que « l’Autre » n’était pas si différent d’eux-mêmes. Manifestement, la mayonnaise avait bien pris d’autant plus que les militants grecs sortaient du pays et découvraient une réalité militante européenne en chair et en os, dont ils ne soupçonnaient auparavant pas l’existence.

Forts de ce premier rapprochement dans l’action, qui était d’autant plus solide qu’il s’effectuait dans un mouvement social d’un genre nouveau, la plupart des diverses composantes politiques des Marches Européennes grecques participaient, dès 1999, à une deuxième expérience originale qui visait à approfondir leur besoin d’unité. C’était l’Espace de Dialogue et d’Action Commune qui tout en approfondissant le nécessaire débat politique et programmatique, préparait les esprits à la prochaine expérience unitaire et movimentiste, celle du Forum Social qui allait marquer profondément l’évolution de la gauche grecque.

L’énorme succès populaire du Forum Social aidant, le pas vers la constitution de la Coalition de la Gauche Radicale a été franchi presque spontanément et dans l’enthousiasme en 2003-4. Les militants des composantes de SYRIZA qui avaient pu se connaitre dans les luttes, et qui avaient voyagé et manifesté ensemble par milliers à Amsterdam (1997) et Cologne (1999), Nice (2000) et Gènes (2001), Florence (2002), Paris (2003) etc., avaient eu le temps de développer entre eux des rapports non seulement politiques mais aussi humains avant d’arriver à la fondation de leur Coalition de la Gauche Radicale. Une coalition qui allait quand même à contre courant de ce qui se passait partout ailleurs en Europe, où une telle alliance entre un parti réformiste de gauche et des groupes d’extrême gauche était, tout simplement, impensable…

Cependant, après une naissance plutôt réussie, la suite de l’aventure de SYRIZA fut loin d’être toujours heureuse, et a plusieurs reprises elle a même failli s’interrompre. Evidemment, il y a eu maintes crises de confiance entre le tronc de SYRIZA constitué par Synaspismos et ses partenaires d’extrême gauche, ce qui fut plutôt « logique ». Mais le temps passant, l’homogénéisation de SYRIZA a eu comme effet que les crises –comme d’ailleurs les débats- non seulement traversaient pratiquement toute la Coalition et chacune de ses composantes, mais qu’elles se manifestaient surtout à …l’intérieur de Synaspismos lui-même ou faisait rage l’affrontement de ses tendances en recomposition permanente.

Finalement, SYRIZA a trouvé une certaine paix interne seulement après le départ en 2010 de l’aile social-démocrate de Synaspismos (qui a donné naissance à la Gauche Démocrate) et l’éloignement de son ex-président Alecos Alavanos qui après avoir « intronisée » son poulain Alexis Tsipras est devenu son ennemi juré. Désormais, la ligne politique de la Coalition était plus claire (et plus à gauche), tandis que son jeune leader Alexis Tsipras installait son autorité et cumulait les premiers succès qui allaient donner à un SYRIZA de plus en plus radicalisé la crédibilité nécessaire pour qu’il puisse profiter des circonstances exceptionnelles créées pas la crise de la dette. SYRIZA était maintenant prêt à assumer le rôle de la formation politique qui pourrait incarner le mieux les espoirs et les attentes des pans entiers de la société grecque en révolte contre les politiques d’austérité, la Troïka, les partis bourgeois et le système capitaliste lui-même !

La leçon à tirer de cette histoire presque exemplaire est évidente : Tout compte fait, il s’agit d’une réussite que seuls des sectaires impénitents (et dieu merci, en Grèce il y en a beaucoup) pourraient nier ! Cependant, l’histoire de SYRIZA est loin d’être terminée, et les choses sérieuses viennent seulement de commencer. En somme, le bilan actuel ne peut être que provisoire. Cependant, malheur à celui qui ne le fera pas au nom de la faute grave et de la « trahison » de SYRIZA qu’il attend impatiemment pour pouvoir enfin dire… « Moi je l’avais prévue ». Non, ce bilan même provisoire et inachevé doit être fait car, par les temps (durs) qui courent, on ne peut pas se permettre le lux de ne pas profiter des expériences, des succès et des échecs d’autrui dans la gauche radicale européenne.

Formation politique au programme caractérisé en permanence par un… flou artistique, la Coalition de la Gauche Radicale a presque toujours balancé entre le réformisme de gauche et un anticapitalisme conséquent. D’ailleurs, elle a peut être tiré sa force de cette éternelle oscillation. Pourtant, il faut être clair : ce qui a pu fonctionner plutôt positivement dans des périodes « normales », pourrait devenir un handicap sinon un boomerang dans des périodes de crise aigue et d’exacerbation de l’affrontement de classe. En mots plus simples, SYRIZA qui vient de réussir magistralement sa percée, se trouve en l’espace de quelques semaines ( !), transformé de petit parti minoritaire dans une gauche grecque déjà minoritaire, à un parti dominant aux prétentions gouvernementales. Et tout ca pas dans n’importe quel pays et à n’importe quelle période historique, mais dans cette Grèce « laboratoire » et cas/test pour cette Europe de l’austérité en crise de nerfs…

Le changement d’échelle est si abrupt qu’il peut donner le vertige. Etant devenu en un temps record l’épouvantail des grands et l’espoir des petits et des sans voix en Grèce et même par l’Europe, SYRIZA est appelé maintenant à assumer des taches gigantesques et carrément historiques pour lesquelles il n’est préparé ni politiquement ni organisationnellement.

Alors, que faire ? La réponse doit être claire et catégorique : Mais, tout simplement aider SYRIZA ! Par tous les moyens. Et tout d’abord, ne pas le laisser seul. Tant en Grèce qu’en Europe. En mots simples, faire le contraire de ce que font ceux qui ne combinent pas leurs critiques à SYRIZA avec la solidarité et même le soutien à SYRIZA face à l’ennemi de classe commun. Soutien peut être critique mais… soutien quand même ! Et pas demain, mais aujourd’hui. Car, au-delà des divergences tactiques ou autres, le combat que mène actuellement SYRIZA est de fait notre combat, le combat de nous tous. Et s’en abstenir équivaut à non assistance à personne en danger. Ou plutôt à des populations et des pays entiers en danger !…

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