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ÉLECTION 2012 : L’OPPOSITION EST DANS L’USINE ET DANS LA RUE (Partie 1)

mercredi 29 août 2012

Des élections anticipées, pour quoi faire ?

Des élections législatives anticipées ont été appelées au beau milieu de l’affrontement opposant les étudiant(e)s au gouvernement québécois. Cette mascarade électorale vise à liquider la grève étudiante et le mouvement de manifestations populaires qui s’y est greffé. Pour le gouvernement, l’élection du 4 septembre 2012 vise à reprendre l’initiative politique et à redonner aux institutions « démocratiques » bourgeoises leur légitimité bafouée par le défi étudiant et populaire face à l’ignoble Loi 78-12, aux injonctions des tribunaux, aux règlements municipaux et aux intimidations et agressions des forces policières. Il n’est pas suffisant cependant de simplement balayer du revers de la main cette fraude électorale et de renvoyer dos à dos tous les candidats-bouffons souhaitant représenter la classe capitaliste auprès des électeurs et à l’Assemblée nationale.

En la circonstance, le slogan « Ne votez pas, ils sont tous pareils » ne suffit pas et pourrait paraître une trahison des étudiants militants et un abandon des pauvres, des autochtones, des chômeurs, des pêcheurs, des mineurs et des ouvriers en lutte contre ce gouvernement corrompu ; en lutte également contre la classe capitaliste qui commande à ce gouvernement et à ce Parlement troufion.

La conjoncture créée par cet appel à des élections anticipées nécessite que l’on explique les motifs qui rendent nécessaire (pour la bourgeoise) la hausse des droits de scolarité et qui rendent impératives (pour les capitalistes) les hausses des tarifs des services publics (électricité, assurance maladie, assurance médicament, garderie, assurance parentale, régime des rentes, cotisation santé, transport en commun, permis de conduire, plaque d’immatriculation, TVQ, péages sur les nouveaux ponts et autoroutes, taxes municipales et scolaires) et en conséquence la dégradation du pouvoir d’achat de la classe ouvrière et des étudiants-travailleurs (72 % des étudiants post-secondaires travaillent).

À l’évidence, toutes ces hausses de tarifs, ne seront pas annoncées pendant la présente campagne électorale. Ces annonces seront faites dans les années qui suivront l’élection.

En ce qui a trait au chômage et à la pauvreté de couches importantes de la population québécoise qui fréquentent les comptoirs alimentaires et les friperies, tous les politiciens qui se disputent comme des chiffonniers n’ont absolument aucun contrôle sur les lois du développement économique capitaliste, ni sur la déprime récente de l’industrie minière, ni sur la crise financière mondiale, ce qui explique qu’ils évitent de parler de la crise économique et font comme si la pauvreté et l’exploitation de la classe ouvrière n’existaient pas au Canada.

Récession économique mondiale et surprofits

La crise économique globalisée qui frappe le monde entier requiert de chaque gouvernement qu’il soutienne fermement ses impérialistes nationaux et qu’il érige un pont d’or de subventions, de déductions fiscales, de ristournes pour achats « nordiques » , de contrats de construction surpayés, d’aide gouvernementale pour la recherche appliquée afin d’imaginer des outils d’exploitation et de surproductivité améliorés au service des profits des entreprises impérialistes privées.

Un peu comme dans une néo-colonie étatsunienne, l’économie du Québec (et du Canada) repose lourdement sur l’extraction et l’exportation des matières premières non transformées (non-ouvrées). Le Plan Nord – un modèle du genre en la matière – prévoit des investissements de plusieurs milliards de dollars de la part du gouvernement québécois afin de construire routes, voies ferrées, ports en eau profonde, afin d’accélérer la braderie des mines de diamant, d’or, de titane et de fer pour le bénéfice d’immenses trusts miniers internationaux (Rio-Tinto-Alcan, Arcelor Mittal, BRP, etc.).

Or, voici que la vérité s’étale au grand jour. Les milliers d’emplois promis par ces oligopoles miniers sont conditionnels à la reprise économique aux États-Unis et en Europe. Cette reprise non seulement ne survient pas mais c’est une nouvelle récession qui s’annonce à l’horizon. L’économie chinoise ralentit, l’économie indienne stagne et le minerais québécois devient inutile. Pendant ce temps Charest promet de gaspiller plus d’investissement dans le grand Nord, de dilapider les ristournes d’Hydro-Québec et du ministère des Transports, et de fournir moins d’argent aux étudiants. Pauline Marois déblatère sur les référendums d’initiative populaire, sur le sommet de l’éducation, sur la charte de laïcité, et François Legault tente de se faufiler entre les deux premiers à grand renfort de promesses grossières qui font insulte à l’intelligence populaire.

Les entreprises multinationales des pays occidentaux ne peuvent concurrencer celles des pays émergents (Chine, Inde, Brésil, Russie, Iran) dans l’attribution de salaires de misère et de pitoyables conditions de travail. La Grèce s’y emploie depuis quelques mois et ne parvient pas à briser la résistance de ses ouvriers à qui on impose une baisse de 40 % de leur salaire pour des journées de travail allongées. L’Espagne s’apprête à appliquer le même procédé avec les mêmes difficultés face à la classe ouvrière espagnole révoltée. La Grèce sera bientôt chassée de l’Union Européenne pour avoir osé résister à ses bourreaux. À l’intérieur ou à l’extérieur de l’Euro et de l’Union, le programme de la classe ouvrière grecque reste le même : chasser le Dieu de la peste des cieux du Pirée et sortir la Grèce de la domination capitaliste des armateurs helléniques.

Les salaires de misère assurent aux pays émergents l’accumulation de masses importantes de plus-value absolue (d’où proviennent toutes les formes de profits). Face à cette réalité les économies capitalistes avancées comme le Québec et le Canada n’ont qu’un scénario possible : hausser le niveau de surexploitation de la plus-value relative (d’où proviennent les surprofits) produite grâce à l’innovation technologique. Pour augmenter la productivité du travail il faut investir des sommes énormes dans la recherche-développement-appliquée via les universités et les centres de recherche privés. Les facultés de sciences, de droit, d’administration, d’informatique, de polytechnique et d’ingénierie sont à l’honneur. Les autres facultés universitaires sont des enfarges inutiles qui doivent être laissées en friche en attendant que les étudiants les désertent (éducation, sciences humaines, philosophie, littérature, arts, musique, sports, loisirs, etc.).

Chasser les étudiants des universités

Pendant la grève étudiante le gouvernement Charest a trouvé un milliard de dollars à investir en recherche appliquée dans les universités et dans les centres de recherche privés alors qu’il ne trouvait pas 265 millions de dollars pour assurer l’accessibilité accrue aux études universitaires pour les fils et les filles de la classe ouvrière.

La hausse des droits de scolarité post-secondaire visait à chasser le plus grand nombre d’étudiants des facultés jugées inutiles pour la cueillette des surprofits et elle visait à concentrer toutes les ressources ainsi libérées annuellement (30 000 $ par étudiant abandonnant les études) dans les facultés pouvant soutenir les entreprises monopolistes québécoises dans leur quête de productivité et de surprofits via l’innovation technologique. Ces surprofits ne sont nullement destinés aux ouvriers mais aux actionnaires milliardaires avides de profits maximum et qui n’arrivent pas, malgré ces subventions généreuses, à faire fonctionner leur système économique sclérosé. Heureusement, les étudiants ont déjoué les plans du gouvernement Charest qui sera bientôt chassé du pouvoir. À bon entendeur, salut.

Ils promettent l’argent qu’ils ne possèdent pas

Après quelques semaines de campagne frivole, chaque parti bourgeois y va de ses promesses de dépenses et de cadeaux électoraux ; promesses se situant entre 1 milliard de dollars pour le Parti Québécois, 2 milliards pour le Parti Libéral et 3 milliards de dollars pour la Coalition Avenir Québec, jusqu’au record de 8 milliards de dollars pour Québec Solidaire. Ces « politicailleurs » mentent effrontément aux électeurs qui par ailleurs le savent pertinemment.

Tous ces politiciens promettent l’argent qu’ils n’ont pas et qu’ils devront d’abord arracher aux travailleurs avant de leur en retourner une infime partie puisqu’une large part devra servir à rembourser les emprunts contractés auprès des capitalistes financiers et qu’une autre partie devra servir à subventionner les compagnies privées milliardaires assoiffées de profits. Entre 2003 et 2012, le Gouvernement Charest, battant le record de son prédécesseur péquiste, a augmenté les emprunts de 77 milliards de dollars (hausse de la dette souveraine de 33 % en neuf ans) – soit une hausse de la dette souveraine de 8 000 dollars par citoyen québécois.

Le Parti Libéral de Jean Charest préconise de faire payer le peuple en appliquant la « règle » de « l’utilisateur payeur » introduite par le PQ avant lui. Cette règle ne s’applique évidemment qu’aux différentes sections du peuple (étudiants, chômeurs, assistés sociaux, patients des hôpitaux, automobilistes, prolétaires, pêcheurs, mineurs, employés de la fonction publique, retraités, autochtones, etc.), jamais aux entreprises prédatrices d’électricité, aux entreprises alimentaires gaspilleuses d’eau potable, aux minières et aux papetières pollueuses, aux entreprises de transport qui saccagent nos routes, aux firmes d’ingénierie conseil et à leurs lobbyistes dont les viaducs s’écroulent, aux firmes de construction distributrices de pots de vin.

Charest est franc, il affirme ouvertement qu’il fera payer le peuple pour sortir les riches du marasme économique. Il propose de brader les ressources naturelles et de laisser les impérialistes québécois et mondiaux s’accaparer des richesses du sous-sol et de la plus-value produite par les ouvriers québécois.

Le Parti québécois, hypocrite et parfaitement au fait de cette gabegie, laisse planer l’ambiguïté sur ses intentions cachées. Après avoir lui-même haussé les droits de scolarité il promet aujourd’hui un moratoire d’une année et il assure qu’un sommet de l’éducation guidera ses décisions par la suite. Le Parti québécois est le champion des sommets de bavardage où une section du peuple, récalcitrante à accepter la politique gouvernementale d’austérité, se fait lyncher publiquement par les représentants du patronat, des centrales syndicales et de l’administration gouvernementale, sous le regard complice des médias à la solde.

Lucien Bouchard, leur héraut renégat, parrainait en 1997 ce type de sommet de mise au pas. Pareil sommet a déjà été tenu par le Parti Libéral de Jean Charest et n’a servi qu’à isoler et à discréditer les associations étudiantes, qui n’ont compris l’arnaque qu’une fois assises dans la salle de bal sous les feux des médias. Espérons que la prochaine fois ces associations demeureront sagement dans la rue, perturbant les allées et venues. N’égarez surtout pas vos pancartes « Bloquons la hausse », camarades étudiants-étudiantes. Vos collègues du collégial et ceux du secondaire courent à votre rescousse. Félicitations pour votre victoire présente. Ce n’est qu’un début, continuons le combat dans la rue.

Pour le reste du programme et des promesses péquistes, comme un ouvrier le disait suavement : « Ces gens promettent de l’argent qu’ils n’ont pas et qu’ils nous arracheront par les taxes et les impôts avant que de nous le retourner amputé ». Que de sagesse populaire !

Québec Solidaire, n’ayant aucune chance d’être élu, promet la gratuité scolaire et tout ce qui pourrait vous plaire ; il suffit de demander puisque jamais vous ne l’obtiendrez. Oublions la CAQ, que la bourgeoisie lance dans la mêlée avec ses idées fascistes histoire de menacer ses deux partis d’alternance s’ils ne remplissent pas les promesses faites aux riches capitalistes.

Pour conclure ce tour d’horizon des grands partis de la bourgeoisie, les chances de Charest de décrocher la palme électorale sont infimes. Ses années passées aux commandes du rafiot gouvernemental l’ont discrédité et son incapacité à briser le mouvement étudiant victorieux le feront répudier par sa classe de tutelle bien décidée à l’écarter du gouvernail du « Titanic québécois » en perdition. Ne pleurez pas, croisillons, un emploi bien payé l’attend dans un quelconque conseil d’administration.

La question nationale et le référendum « gagnant » !

On aura noté que la question nationale et référendaire sur la séparation du Québec du reste du Canada tient peu de place au cours de la présente campagne électorale. C’est que la section québécoise de la classe capitaliste monopoliste canadienne a retiré son appui à cette « Option nationale », renonçant dorénavant à la stratégie du « chantage à la souveraineté », surtout depuis qu’au deuxième référendum (1995) la clique de Jacques Parizeau a failli dépecer la vache à lait fédérale canadienne. Le capital financier québécois « de souche » ne souhaite nullement créer une « République du sirop d’érable » de ce côté-ci de l’Outaouais et en conséquence il a ordonné la fin de ce jeu dangereux de Tantale référendaire.

Les vieux roturiers du PQ, plus astucieux et resquilleurs que les autres prétendants au trône séparatiste, maintiennent le discours chauvin-nationaliste mais posent comme préalable d’être assurés de tenir un « référendum gagnant » avant de le déclencher, autant dire de proroger l’exercice sécessionniste aux Calendes grecques. Après neuf années dans l’opposition les hyènes péquistes ont faim et reniflent l’appétissante assiette de dollars à portée de leur main.

Deux groupuscules se disputent les oripeaux nationaux et le soutien des nostalgiques de Reggie Chartrand et de ses folkloriques « Chevaliers de l’indépendance » – treillis kaki sur le dos et képi du légionnaire sur la tête –. Option Nationale et Québec Solidaire devraient, sans danger, assurer, après moult séances d’atermoiement, le baroud d’honneur du national-chauvinisme-réactionnaire (1).

L’enjeu de toute élection en société bourgeoise

Dans tous les pays capitalistes les élections bourgeoises fournissent un rituel plein d’astuces ayant pour objectif de choisir la section de la classe capitaliste qui dirigera le Conseil des ministres du gouvernement des riches. Le 4 septembre 2012 la bourgeoisie invite les électeurs québécois à choisir 125 députés de fonction, chacun évalué en fonction de sa capacité à adopter les meilleures politiques de sauvegarde des profits des riches, assurant ainsi la reproduction élargie du système capitaliste.

Électeurs, électrices d’un jour, lequel d’entre vous n’a jamais remarqué que tous ces députés, une fois élus à grand frais, n’en font qu’à leur tête et ne se préoccupent jamais de vos infortunes ? Ils le voudraient qu’ils ne pourraient rien faire. Quelle emprise ce député ou cette député a-t-il sur la crise économique universelle, sur la finance et l’exploitation capitaliste, source de tous nos maux ? Jean Charest a une formule toute faite pour exprimer son mépris pour le peuple : « Un gouvernement ne doit jamais céder à la rue et il doit prendre des décisions impopulaires ». Au contraire, un gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple devrait céder aux demandes du peuple manifestant par centaines de milliers dans les rues. Mais voilà électeurs, électrices d’un jour, les députés ne sont pas élus pour vous représenter à l’Assemblée, mais pour représenter la bourgeoisie dans votre comté et pour entériner les politiques des riches au Parlement. Un député qui ne se plie pas à cette loi d’airain est aussitôt rejeté par le sérail et rien ne pourra réchapper cet épouvantail.

Quel que soit le parti politique qui formera le prochain gouvernement, il devra poursuivre dans la voie tracée par le Parti Libéral de Jean Charest car le salut des capitalistes monopolistes québécois est à ce prix. Le Parti qui tergiversera à propos du programme d’austérité, de coupures dans les programmes sociaux et les services destinés à la population ; ou qui se montrera poltron à propos de l’augmentation des subventions destinées aux patrons sera traité d’irresponsable et rejeté par les manipulateurs d’élections. Le temps n’est plus aux réformettes du système économique en décrépitude, ni aux « accommodements raisonnables » en faveur du peuple travailleur. Les temps sont difficiles pour les capitalistes monopolistes qui exigent une servilité à toute épreuve de la part de leurs thuriféraires parlementaires.


DEMAIN – 30.8.12 : LE SYSTÈME DES PARTIS POLITIQUES ÉLECTORALISTES ET L’ALTERNATIVE

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