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La dette globale est-elle à l’origine de la crise économique ?

vendredi 19 octobre 2012

Prémices d’un naufrage : et si la dette globale était à l’origine de la crise économique ?

http://www.atlantico.fr/decryptage/…

Par Bruno Bertez, le 17 octobre 2012

Bruno Bertez est un des anciens propriétaires de l’Agefi France (l’Agence économique et financière), repris en 1987 par le groupe Expansion sous la houlette de Jean-Louis Servan-Schreiber. Il est un participant actif du Blog a Lupus, pour lequel il rédige de nombreux articles en économie et finance.

Depuis 2008, les Etats-Unis puis l’Union européenne sont rentrés dans une nouvelle ère, celle de la crise économique. Naufrages bancaires, injections de liquidités, plans de relance et autres crises monétaires constituent le doux refrain de ces quatre dernières années dont la dette globale serait le déclencheur.

Le système financier, c’est l’ensemble des institutions dont la matière première est la DETTE. La finance, elle émet de la dette, elle fait circuler de la dette, elle place de la dette, elle négocie de la dette". Il est important de bien lire et relire cette citation de Peyrelevade, elle est fondamentale. L’intéret de cette forte affirmation est de remettre sur les pieds ce qui marche sur la tête, ce qui est inversé.

Ce qui est premier, ce qui est la pierre angulaire du système, ce qui en constitue la matière premiére c’est la dette. La dette affirmons-nous crée, fabrique la monnaie, c’est une vérité cachée qui explique la crise actuelle, les pseudos remèdes utilisés (qui créent toujours plus de dettes), le sort commun de la dette et de la monnaie et le pourrissement final de la monnaie de crédit entraînée par le choix d’émettre de la dette à tout prix.

Depuis longtemps, nous ne faisons plus de distinctions entre le papier émis à maturité zéro, ce que l’on appelle la monnaie, et les papiers à maturité différée que l’on appelle les dettes. Pour nous, c’est "kif-kif" ! On a la monnaie d’un coté et les monnaies-like de l’autre. Toute la constitution de l’énorme stock de dettes globales a reposé sur un mythe à savoir que les monnaies-like étaient équivalentes, au sens fort, à de la monnaie.

Les assets- backed (titres adossés à des actifs) par des prêts subprimes étaient triple A , c’est-à-dire garantis money-like. Comme de la monnaie, on pouvait les échanger contre de la monnaie maturité zéro à chaque instant. C’est quand on a perçu leur caractère douteux, quand on a eu la révélation qu’ils n’étaient plus aussi bons que de la monnaie, que l’on a voulu les échanger contre de la monnaie, que la crise a éclaté et qu’il a donc fallu créer de la monnaie à partir de rien pour honorer la fausse promesse contenue dans les subprimes.

Une montagne de créances douteuses qui continue de croître

Les chiffres font froid dans le dos. L’exposition de la zone euro à la Grèce, à l’Irlande à l’Italie au Portugal et à la Grèce – c’est-à-dire les actifs de ces pays détenus par le secteur public et les banques du Vieux continent – dépasse aujourd’hui largement les 2000 milliards d’euros, soit presque l’équivalent du PIB français. Cette même exposition n’était "que" de 1600 milliards d’euros environ au printemps dernier.

Comment expliquer ce dérapage de 400 milliards d’euros, alors que les banques n’ont de cesse de réduire leur propre exposition depuis le début de la crise grecque ? Le volume d’actifs "à risque" a sans doute été revu à la hausse. Mais la principale explication est ailleurs. L’exposition de la zone euro au risque des pays du Sud s’est largement déplacée du secteur privé vers le secteur public. Et par le jeu des prêts des bilatéraux, des prêts du FESF et des emprunts contractés auprès de la BCE, ce secteur public a accumulé des créances à un rythme inquiétant. La BCE, par exemple, possèderait aujourd’hui plus de 600 milliards d’euros de titres provenant des pays d’Europe du Sud, alors qu’elle possède un capital inférieur à 100 milliards d’euros.

Des banques soumises à une cure d’amaigrissement dangereuse

Les banques sont toujours dans une position délicate, même si elles ont réduit leur exposition aux pays du sud. Sur la période qui va du troisième trimestre 2011 au quatrième trimestre 2013, les 58 plus grandes banques de la zone euro se seront délestées de 2800 milliards de dollars d’actifs, soit 200 milliards de plus que prévu il y a six mois. Ces opérations de réduction de bilan ont pour but de sortir de leurs comptes les actifs les plus douteux – quitte à se débarrasser de l’ensemble de l’activité qui les gère. Autre objectif : respecter les nouvelles normes prudentielles, lesquelles impliquent d’avoir un niveau minimal de fonds propres par rapport aux prêts accordés. Le montant d’actifs cédés atteindrait 4500 milliards de dollars (soit l’équivalent du PIB de la France et de l’Italie) et la baisse du crédit 18%. Les banques européennes pourraient se débarrasser de 2,17 milliards d’euros d’actifs, soit plus de 7% de leurs totaux de bilans d’ici la fin de l’année. Pour les banques de la périphérie, ce "deleveraging" pourrait même aller jusqu’à 10% (source : FMI).

Les emprunts souverains européens, c’est la même chose : on a voulu nous les faire passer pour du money-like. Quand ils étaient émis en dépit du bon sens, on a dit qu’ils étaient aussi bons que de la monnaie, on a adossé de la création monétaire sur ces emprunts par leur leveraging (effet de levier) et leur collatéralisation. On a du se rendre à l’évidence : les dettes souveraines ne sont pas de la monnaie. Elles ne sont pas triple A, on ne peut pas les échanger contre la monnaie. L’équivalence quasi-monnaie, money-like et monnaie est brisée. Elle est brisée réellement, le papier emprunt d’etat n’équivaut pas à de la monnaie, même en lui appliquant un abattement pour tenir compte de la maturité, c’est à dire en tenant compte de la décote d’actualisation / taux d’intérêt.

C’est la raison pour laquelle il faut : rétablir l’équivalence, ce que font les pouvoirs, c’est à dire créer de la monnaie à partir de rien pour soutenir sur les marchés la valeur des emprunts d’Etat.

On veut vous faire croire que le problème n’est qu’un problème de liquidités, cest à dire de non-disponibilité, d’actualisation, alors que c’est faux, c’est un problème de valeur, de solvabilité. Indépendamment de la décote liée à la maturité différée, les emprunts d’Etat souverains européens ne valent pas le nominal, leur valeur faciale.

Le "risque" est un attrappe nigaud, car il est déjà réalisé, l’amputation est acquise.

Stimuler le risque est une opération d’escrocs un peu comme si on vous disait : "Achetez ce billet de loterie , vous avez une chance sur deux de perdre", alors que le tirage étant déjà passé et le billet étant perdant, vous êtes sûr d’avoir déjà tout perdu. Quand les taux redeviendront normaux un jour, alors la vraie valeur de tous ces papiers que vous avez achetés au nom de votre appétit pour le risque se révèlera pour ce qu’elle n’a jamais cessé d’être : zéro. Et c ‘est pour cela qu’il faudra punir les criminels qui, sciemment, précipitent les gens à l’abattoir financier.

Voila le sens profond de ce que l’on appelle la stimulation de l’appétit pour le risque : faire monter des billets de loterie à des valeurs idiotes, alors que le tirage ayant eu lieu, ils ne valent plus rien et ne vaudront jamais rien sauf si vous escroquez un plus naïf que vous, c’est à dire sauf si le ponzi (ndlr : investissement frauduleux) se prolonge.

La volonté des Pouvoirs, et des Banques Centrales, et des kleptos, de faire passer la crise actuelle pour une crise de liquidités se traduit par la stimulation de l’appétit pour le risque, ce qui est la stimulation de l’esprit de jeu, ce qui est la transformation de tout le monde en gogo. Le même procédé a été utilisé dans l’histoire vers la fin de la grande crise des Assignats en France. Cette solidarité organique entre la dette et la monnaie est fondamentale dans notre système monétaire, et le problème de surendettemment, de dettes irrécouvrables, de dettes qui ne valent pas le pair, ce problème au fil des faux remèdes se transfère sur les monnaies. Il y a unité profonde, unité à la racine, entre les dettes et les monnaies, unité de tout ce qui est morceau de papier, c’est à dire promesse.

Nous sommes les seuls à développer cette théorie , cette facon d’analyser, la dette, la monnaie , la crise ; de tout placer dans un seul champ, et de tout unifier. Nous sommes les seuls à unifier totalement le champ des papiers et à en tirer les conséquences sinistres que l’on sait pour la monnaie. Plus il y a de dettes émises, et qui ne sont en réalité pas money-like, et plus il faut, pour en soutenir le cours, la valeur, créer de monnaie. Et c’est ce que font toutes les Banques centrales sous des faux nez et appelations diverses.

Le système a tracé une équivalence : les dettes sont money-like, elles valent autant que la monnaie. Cette équivalence, base de la dérégulation des années 1980 est fausse. Elle nécessite pour être validée toujours plus de mensonges, plus de fausse monnaie, plus de contrôles .

L’équivalence a été brisée par l’excès d’émission donc on a créé de la monnaie pour soutenir cette équivalence. Pour l’imposer contre tout bon sens économique, financier et moral, on restreint les libertés et on va le faire de plus en plus.

La plus grande fuite des dépôts bancaires se passe sous nos yeux, en Espagne. Depuis le début de l’année, près de 500 milliards d’euro (soit 20 % des dépôts des particuliers espagnols) ont quitté ce pays pour s’investir dans des contrées probablement plus nordiques. L’euro a donné la mobilité monétaire à ses citoyens : ils en tirent un légitime profit au détriment d’une conscience patriotique. Les pays du Sud sont accablés par une crise souveraine et un départ de l’épargne… censé financer ces mêmes dettes. Mais – surprise ! – le FMI a récemment indiqué que les pays fragilisés devraient considérer un contrôle de la sortie des capitaux. Le piège se met en place dans ces pays faibles de la zone euro : une épargne qui sera bloquée et canalisée par les banques domestiques pour financer les dettes souveraines à des conditions anormalement basses.

Tout cela laisse penser que les années heureuses de l’euro sont derrière nous. Le temps des consolidations de dettes, des contrôles de mouvements de capitaux et de la répression inflationniste est proche.

1 Message

  • Bonjour à toutes et à tous,

    Je voudrais faire quelques remarques sur cet article.

    À un moment, l’auteur signale : « Voila le sens profond de ce que l’on appelle la stimulation de l’appétit pour le risque : faire monter des billets de loterie à des valeurs idiotes, alors que le tirage ayant eu lieu, ils ne valent plus rien et ne vaudront jamais rien sauf si vous escroquez un plus naïf que vous, c’est à dire sauf si le ponzi (ndlr : investissement frauduleux) se prolonge. »

    Ce qui m’intéresse ici, c’est l’aspect "Ponzi" de la chose. La rédaction d’Atlantico a cru bon d’expliquer de quoi il s’agissait. Mais elle le fait si brièvement, en deux mots : « investissement frauduleux », que celui qui ne sait pas ce qu’est une pyramide de Ponzi (c’est ce que dans les années 1960-70 l’on appelait une "chaîne"), ne peut rien y comprendre. Tandis que la personne qui sait de quoi il s’agit n’a pas besoin de cette pseudo-explication.

    Tout d’abord, les pyramides de Ponzi, ou les chaînes, n’ont pas toujours été frauduleuses. Il y en avait énormément en France dans les années 1960-70. Certaines, à base de cartes postales étant d’ailleurs totalement innofensives, même quand la "bulle" ainsi créée se mettait soudainement à "éclater" ; et que, par conséquent, les derniers participants ne pouvaient pas recevoir les milliers de cartes postales qu’ils s’attendaient à recevoir en échange des quelques-unes qu’ils avaient envoyé pour participer.

    C’est quand les chaînes se firent de plus en plus à base d’argent, que celles-ci devenant par conséquent de véritables arnaques de la part de celui qui les avait lancées, que l’État français se mit à faire une loi pour les interdire. C’est donc seulement à ce moment-là que les pyramides de Ponzi devinrent franduleuses.

    Je veux dire qu’une pyramide de Ponzi n’est pas frauduleuse par essence, contrairement à ce que pourrait laisser penser la remarque de la rédaction d’Atlantico, mais par la loi. Un peu comme un film pornographique : Ce n’est pas en soi qu’un film est ou non "pornographique", mais par la loi, une loi qui n’a pas toujours existé. Ainsi, « L’empire des sens » a eu la chance d’échapper (de justesse !) à la classification « - de 18 ans », ce qui n’en a pas fait pour autant un film inintéressant !

    Je viens de trouver sur internet une description claire et concise de l’arnaque de Ponzi :


    http://www.jobintree.com/dictionnai…

    La Pyramide de Ponzi, est la première arnaque célèbre utilisant le système de la pyramide pour flouer les investisseurs. Elle a été mise en place par Charles Ponzi à Boston en 1920.

    Le système est simple : Ponzi proposait à ses investisseurs des rendements mirobolants de 50% en 45 jours. Comme il est impossible de réellement produire ces rendements, Ponzi utilisait les fonds des nouveaux investisseurs pour servir le taux d’interêt promis aux anciens investisseurs.

    Le système fonctionne tant que la pyramide grandit et qu’il y a suffisamment de nouveaux investisseurs pour financer les anciens. À défaut, la Pyramide s’ecroule, la "bulle explose", et tous les derniers investisseurs perdent la totalité de ce qu’ils ont investi.

    C’est ce système qui a été utilisé par Bernard Madoff, à l’origine du scandale du fonds Madoff, qui a fait perdre près de 50 milliards de dollars à ses investisseurs quand le système a explosé en décembre 2008.

    Pour le plaisir, je vais essayer de me souvenir comment fonctionnaient exactement les chaînes de cartes postales de quand j’étais gosse.

    L’on recevait par la poste une enveloppe qui contenait une carte postale ainsi qu’un mode d’emploi où étaient inscrit cinq noms et adresses complètes.

    La suite sera écrite plus tard…

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