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mardi 27 novembre 2012 12h05
PARIS (Reuters) - François Fillon a exigé mardi une nouvelle élection du président de l’UMP d’ici trois mois et annoncé, en attendant l’organisation de ce scrutin, la création d’un nouveau groupe parlementaire constitué de ses partisans.
L’ancien Premier ministre, qui conteste l’élection de son rival Jean-François Copé à la présidence de l’UMP, avait réuni non loin de l’Assemblée nationale les députés et sénateurs qui le soutiennent, afin de définir une stratégie.
"Je demande à Jean-François Copé une nouvelle élection par les adhérents dans les trois mois sous le contrôle d’une commission indépendante, dont la composition devra être incontestable et qui aura seule le contrôle des opérations de vote", a-t-il déclaré à l’issue de la réunion.
"Dans l’attente de cette nouvelle élection, j’ai décidé, avec les députés qui me suivent, de constituer un groupe parlementaire qui aura pour nom le Rassemblement UMP", a ajouté l’ancien Premier ministre.
Selon un de ces proches, Jean de Boishue, François Fillon aurait la certitude d’avoir au moins 55 députés avec lui.
L’ancien Premier ministre a précisé qu’ils reviendraient dans le giron du groupe UMP à l’Assemblée nationale dès qu’un nouveau vote aura été décidé "dans des conditions optimales".
"Soit notre appel est entendu et alors nous sauverons l’UMP ensemble par la démocratie, soit notre appel est méprisé et alors j’en tirerai toutes les conséquences politiques", a-t-il ajouté après la réunion au Musée social de Paris.
Un recours en justice pour trancher le litige n’est pas exclu si sa proposition est rejetée, ont dit ses proches.
Selon le trésorier démissionnaire de l’UMP, Dominique Dord, il ne s’agit aucunement de quitter l’UMP.
"L’idée, c’est qu’on reste tous dans la grande maison commune qui est l’UMP et qu’on partage avec nos collègues copéistes", a expliqué ce partisan de François Fillon.
"En revanche, dans la grande maison, on appelle à une nouvelle élection pour la présidence de l’UMP. Le temps qu’on ait cette élection, on fait chambre à part", a-t-il ajouté.
COPÉ PERSISTE ET SIGNE
Or Jean-François Copé, dont l’élection a été confirmée lundi par les instances de l’UMP mais que François Fillon juge entachée d’irrégularités, avait rejeté par avance l’idée d’une nouvelle élection - pourtant soutenue, selon les "fillonnistes", par l’ancien président Nicolas Sarkozy.
"L’heure aujourd’hui n’est pas dans la passion du moment, dans l’amertume, dans le regret, à dire il faut revoter tout de suite. Non", a dit Jean-François Copé sur France Info.
Il a invoqué les statuts de l’UMP pour estimer qu’une nouvelle élection signifierait six mois minimum de campagne interne, ce dont elle n’a pas le luxe selon lui.
Interrogé avant la réunion des "fillonnistes", le secrétaire général sortant de l’UMP, qui s’estime légitime et rejette les accusations de son rival, avait aussi lancé une mise en garde contre toute velléité de scission des parlementaires.
"Attention, la passion, l’amertume, la déception est parfois mauvaise conseillère", a-t-il déclaré. "S’il s’agit simplement de dire cela pour faire pression, je ne pense pas que ça soit la bonne formule (…) Donnons-nous quelque temps, parlons ensemble, voyons si nous pouvons nous rassembler."
Les partisans de Jean-François Copé, qui devait s’exprimer devant le groupe UMP à l’Assemblée, dénoncent un "chantage" de la part de François Fillon et de ses amis.
L’ancienne candidate à la présidence de l’UMP Nathalie Kosciusko-Morizet, qui refuse de prendre parti dans la bataille, milite cependant aussi pour un nouveau vote et elle a lancé sur internet une pétition en ce sens. Celle-ci avait recueilli près de 20.000 signatures électroniques en milieu de matinée.
"Cette élection est douteuse, elle est contestée et donc le moyen de s’en sortir c’est d’aller chercher la légitimité là où elle est, c’est-à-dire auprès des militants", a expliqué à Reuters l’ex-ministre.
"Revoter c’est le meilleur moyen d’éviter la scission, les attaques en justice et l’explosion", a ajouté Nathalie Kosciusko-Morizet, selon qui cette opinion est majoritaire parmi les dirigeants de l’UMP.
Sophie Louet, Emile Picy, Emmanuel Jarry et Myriam Rivet, édité par Yves Clarisse